Interview de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, avec France Info le 1er août 2018, sur l'affaire du chargé de mission de l'Elysée accusé de violences contre des manifestants le 1er mai à Paris, les relations euro-américaines, l'accord relatif au nucléaire iranien et sur la lutte contre le terrorisme en Syrie et en Libye.

Prononcé le 1er août 2018

Média : France Info

Texte intégral


SIMON LE BARON
Notre invité ce matin est ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. Bonjour Jean-Yves LE DRIAN.
JEAN-YVES LE DRIAN
Bonjour.
SIMON LE BARON
Et bonjour Jean-Jérôme BERTOLUS.
JEAN-YVES LE DRIAN
Bonjour.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Bonjour Jean-Yves LE DRIAN. Bonjour Simon. Alors, hier, les deux motions de censure, Monsieur le Ministre, portées par Les Républicains et la gauche à l'Assemblée nationale, ont été rejetées, sans surprise. Est-ce pour autant la fin de l'affaire ? On écoute Christian JACOB, le patron du groupe Républicains.
CHRISTIAN JACOB, PRESIDENT DU GROUPE LR A L'ASSEMBLEE, HIER A L'ASSEMBLEE NATIONALE
Alors que le président de la République a lui-même acté qu'il est le seul responsable de l'affaire MACRON-BENALLA, rappeler ces évidences institutionnelles pourrait conduire à considérer que cette sinistre affaire est close, mais alimentée par des zones d'ombre, des contradictions, des mensonges d'un grand nombre de protagonistes, du président MACRON lui-même, nous pensons qu'elle ne fait que commencer, et qu'elle laissera des traces profondes.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Compte tenu de votre expérience politique, est-ce que vous pensez que cette affaire va laisser des traces profondes, comme le dit Christian JACOB ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je pense d'abord que les comportements de monsieur BENALLA sont tout à fait condamnables, d'autant plus condamnables que lorsqu'on travaille auprès du président de la République, on doit être exemplaire, au-delà de ça, je constate que la démocratie, les institutions ont fonctionné, la presse a fait son travail. Les commissions d'enquête sont en cours.
JEAN-JEROME BERTOLUS
L'opposition a joué son rôle ?
JEAN-YVES LE DRIAN
L'opposition a joué son rôle. Il est normal que l'opposition contrôle l'exécutif et qu'elle conteste si nécessaire l'action de l'exécutif. La justice remplit son rôle, il faut maintenant la laisser avec sérénité aller jusqu'au bout de ses enquêtes et de ses investigations, pour que toute la vérité soit faite. Il faut que toute la vérité soit faite. Et donc je considère que la sérénité doit maintenant s'imposer. J'étais au débat d'hier, j'avoue que j'ai entendu des outrances quand même, quand on entend parler de destitution du chef de l'Etat…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Ça a été évoqué effectivement par monsieur CHASSAIGNE…
JEAN-YVES LE DRIAN
Par monsieur CHASSAIGNE. Quand on entend parler de police parallèle et de privatisation de la police par un ou deux individus, on est dans l'outrance, on est dans l'excès, j'ajoute un point qui m'a beaucoup frappé, et qui m'a beaucoup choqué, parce que j'ai entendu « La République est en danger », moi, qui suis ministre des Affaires étrangères, qui vais partout dans le monde, qui constate des démocraties en péril, des agressions terroristes, des dictatures, et qu'on me dise, ici, en France : la République est en danger, c'est une affaire d'Etat, évidemment, les bras m'en tombent. Donc il y a, à un moment, des excès qu'a utilisés l'opposition qui sont vraiment très exagérés, il faut raison garder. J'ai d'ailleurs remarqué que le président du groupe UDI à l'Assemblée nationale, qui n'est pas dans la majorité, avait rappelé à la raison un certain nombre d'interlocuteurs pour que les outrances soient calmées. Il faut donc regarder les choses dans la réalité…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Ce n'est pas dans la majorité, mais proche majorité…
JEAN-YVES LE DRIAN
Il y a une dérive tout à fait condamnable, il importe que les processus qui ont été mis en oeuvre puissent se poursuivre, mais il y a eu aussi, je crois, parce que, il faut essayer d'expliquer ces outrances, je pense que les oppositions ont essayé de jouer le troisième tour des présidentielles, parce qu'ils n'avaient pas réussi à faire en sorte que leur candidat soit présent, ni au premier sérieusement, ni au second tour, donc on joue le troisième tour par un fait divers…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Jean-Yves LE DRIAN, on comprend bien, oui, non, mais, Jean-Yves LE DRIAN, est-ce que ce n'est pas un troisième tour en forme de : eh bien, oui, finalement, on est une opposition qui s'oppose, pendant un an, on a été un petit peu éreinté par le rythme des réformes, on a subi les conséquences des législatives, de la présidentielle, eh bien, maintenant, la majorité retrouve une opposition, ce n'est pas sain ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Il faut une opposition, je trouve que l'outrance des propos tenus disqualifie un peu cette opposition, d'autant plus qu'elle n'a pas de projet alternatif à proposer. Mais il importe qu'elle joue son rôle. Elle a joué son rôle, mais avec beaucoup d'exagération et avec beaucoup d'outrance.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Est-ce que cette affaire n'a quand même pas révélé une relative inexpérience politique, tant au sein de la majorité qu'au sein du gouvernement auquel vous appartenez ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Moi, je considère que le Premier ministre a réagi promptement après les révélations qui ont été faites par la presse, il a réagi dès le lendemain. Je considère aussi que le groupe, les groupes de la majorité ont acquis pendant cette période, qui était une période difficile, je crois, une forme de maturité dans le conflit, ils ont gagné en cohérence, ils ont gagné en lucidité, ils ont gagné en unité, et du coup, ils ont gagné en maturité, finalement, c'est peut-être une bonne chose pour la majorité…
JEAN-JEROME BERTOLUS
C'était souhaitable peut-être…
JEAN-YVES LE DRIAN
En tout cas, hier, à l'Assemblée nationale, elle était à la fois unie et déterminée, unie et déterminée à faire en sorte que la suite du programme et du projet d'Emmanuel MACRON puisse se poursuivre.
SIMON LE BARON
Jean-Yves LE DRIAN, vous êtes ministre de l'Europe, vous regardez tous les matins les Unes de la presse étrangère, quand on voit les articles, le traitement de l'affaire dans la presse européenne, est-ce que vous pensez que cette affaire BENALLA a abîmé l'image du président ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Moi, ce qui me frappe, parce que je me déplace beaucoup dans le monde, en Europe et dans le monde, c'est que la France est attendue, la France est de nouveau respectée, la France est de nouveau entendue. La France est souhaitée comme pivot de l'action internationale, dans un monde qui est aujourd'hui Balkanisé, où l'on voit des puissances émerger, où la régulation est en train de disparaître, on se retourne vers la stabilité, et la France aujourd'hui est un pôle de stabilité, et c'est un peu le pivot de l'action diplomatique, que ce soit en Europe ou dans le monde. A chaque déplacement que je fais, les chefs d'Etat, de gouvernement, les ministres que je rencontre disent : mais qu'on puisse voir Emmanuel MACRON, on attend Emmanuel MACRON. Donc il y a, là, une nouveauté, il y a un moment France, et je ne crois pas que cette affaire va abîmer cette dynamique très forte que je constate dans tous mes déplacements.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Jean-Yves LE DRIAN, vous parlez d'un monde Balkanisé, on pourrait presque l'appliquer à l'Europe, cette Europe mal en point, qui voit effectivement le populisme surgir un petit peu partout en Europe, et on a entendu Donald TRUMP, le président américain, ces derniers jours, vanter la politique migratoire de l'Italie, alors même que les agressions racistes se multiplient dans ce pays ; comment peut-on encore parler au président américain ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Le président TRUMP, contrairement à ce que l'on peut lire ici ou là, a une très grande cohérence dans son action. Il est dans le rapport de force systématique et dans le bilatéral obligatoire. La politique américaine aujourd'hui, c'est le renoncement à toute forme de multilatéralisme. Le multilatéralisme, c‘est le fait que depuis la fin de la guerre 39-45, le monde s'est doté d'outils pour réguler, pour apaiser, pour dialoguer, pour trouver des normes, et le président TRUMP, depuis son arrivée, a entrepris de déstructurer l'ensemble de ces dispositifs, on l'a vu, d'abord, au départ, par l'accord sur le climat, mais on l'a vu sur d'autres sujets, dont on reparlera peut-être, sur l'Iran, et là, maintenant, sur le commerce international…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Et sur l'Europe…
JEAN-YVES LE DRIAN
Où il joue les Etats-Unis, grande puissance, contre tel ou tel pays, et sans prendre en considération que des pays peuvent s'allier entre eux et établir une union, comme c'est le cas de l'Union européenne. On sait très bien que l'Union européenne n'est pas obligatoirement la tasse de thé du président TRUMP. Et donc il parle avec les uns et les autres, donne son point de vue, il a le droit de le faire, mais il y a une logique, une cohérence dans cette position, à laquelle il faut répondre, et il faut répondre par la force de l'Union européenne, et ça donne des résultats.
SIMON LE BARON
Jean-Yves LE DRIAN, vous restez avec nous, nous allons continuer d'évoquer les grands sujets de politique étrangère dans cette interview qui continue juste après l'info.
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JEAN-JEROME BERTOLUS
Alors, vous disiez à l'instant « il faut répondre à Donald TRUMP », il y a une semaine Jean-Claude JUNCKER, le président de la Commission européenne, a pris la route de Washington pour tenter d'établir un armistice avec Donald TRUMP, peut-être au prix de trop de concessions. On écoute le président américain.
DONALD TRUMP, PRESIDENT DES ETATS-UNIS
C'est un grand jour, un très grand jour, nous sommes tombés d'accord, ici à la Maison Blanche, pour entamer de nouvelles relations entre l'Union européenne et les Etats-Unis, une relation de proche amitié.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Monsieur le ministre, dans cet entretien on n'a pas eu l'impression que l'Europe montrait sa force, on a eu l'impression que l'Europe se livrait, notamment que le prix de cette armistice dans cette guerre commerciale c'était de livrer les marchés agricoles aux Etats-Unis.
JEAN-YVES LE DRIAN
Non, ce n'est pas le cas. D'abord, pourquoi est-ce que le président TRUMP reçoit le président JUNCKER, après avoir déclaré, à plusieurs reprises, tout le mal qu'il pensait de l'unité européenne et après avoir dit, même, que l'Europe c'était pire que la Chine ? la réalité c'est que lorsque les Etats-Unis ont imposé des droits de douane forts à l'Union européenne, comme à d'autres, sur l'acier et sur l'aluminium, l'Europe a réagi de manière déterminée et unie, et a mis en place des contremesures qui ont eu leur effet et qui ont perturbé un certain nombre d'activités économiques aux Etats-Unis. Donc, face à des mesures unilatérales de la part des Etats-Unis, l'Europe a répondu collectivement et fermement. Et alors, et alors, le président JUNCKER a dit « moi je veux bien discuter, mais on ne discute jamais sous la menace », et donc il se rend à Washington et il obtient le principe d'une trêve dans la guerre commerciale. Parce que la guerre commerciale ce n'est jamais gagnant/ gagnant, c'est généralement perdant/perdant, c'est perdant pour celui qui la provoque, mais c'est perdant aussi pour les Etats-Unis, je pense que le président TRUMP a dû s'en rendre compte. Et là, maintenant, que va-t-il se passer ? Il y a une trêve, ça veut dire que les nouvelles mesures qui étaient annoncées, en particulier sur l'automobile, ne vont pas être mises en oeuvre, au moins pour l'instant, et que le président…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Mais on a l'impression que c'est ça qui a été arraché d'abord, quitte à livrer l'agriculture française aux mains des Américains.
JEAN-YVES LE DRIAN
Non, c'est hors de question ; et que le président JUNCKER va avoir désormais un mandat des Etats membres pour aller discuter avec les Etats-Unis, mandat des Etats membres qui va être discuté à la rentrée et sur lequel la plus grande vigilance devra être exercée pour éviter, en particulier, la rupture sur les normes. Il est hors de question que nous puissions nous engager dans une telle logique.
SIMON LE BARON
Vous évoquiez tout à l'heure, Jean-Yves LE DRIAN, le dossier de l'Iran, Donald TRUMP a rompu l'accord sur le nucléaire, il tente de briser, d'atteindre l'économie iranienne, et il explique maintenant qu'il va reprendre les discussions avec ses homologues iraniens. Est-ce que vous le croyez ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Il refait le coup de Kim JONG-UN en Corée du Nord, il attaque, il prend des mesures fortes, et après il propose de discuter. Pour l'instant, en Corée du Nord, ça n'a pas donné les résultats attendus, peut-être que ça viendra, il est souhaitable que ça vienne. En ce qui concerne l'Iran, nous avons une position divergente à l'égard du président TRUMP, et là-dessus, d'ailleurs, pour revenir sur l'Europe, l'Europe est unie, parce que l'Europe…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Sur l'Iran, oui.
JEAN-YVES LE DRIAN
Sur l'Iran, sur la guerre commerciale.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Mais en revanche on n'a peut-être pas la force de s'opposer aux Etats-Unis sur l'Iran.
JEAN-YVES LE DRIAN
On l'a fait sur les enjeux commerciaux, et on le fait aujourd'hui sur l'Iran, dans la mesure où nous considérons que l'accord de Vienne est un accord important, parce qu'il permet d'éviter la prolifération nucléaire, il permet d'éviter que l'Iran se dote de l'arme atomique, il permet donc d'éviter qu'il y ait de lourdes perturbations dans la région, même des risques et des menaces de guerre…
SIMON LE BARON
Et il est encore temps de le sauver cet accord ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Mais il est sauvé, il est sauvé, ce n'est pas parce que les Etats-Unis sont partis que l'accord n'existe plus.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Et que les entreprises françaises se retirent.
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est un autre sujet sur lequel je vais revenir, mais il y a quelques jours une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays signataires de l'accord de Vienne, ils étaient tous là sauf les Etats-Unis, mais l'accord continue, nous sommes partie prenante de cet accord. Ça veut dire que l'Iran, à partir du moment où l'accord continue, ne se dote pas de l'arme nucléaire. Alors, le président des Etats-Unis dit « maintenant je veux parler avec l'Iran », l'Iran dit « si vous voulez parler avec nous, revenez dans l'accord », c'est de bonne guerre.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Et vous vous tenez un petit peu les deux bouts, vous dites aux Iraniens « calmez-vous, arrêtez votre menace de reprendre l'enrichissement de l'uranium » et vous dites aux Etats-Unis « l'Iran c'est quand même un facteur de stabilité dans la région. »
JEAN-YVES LE DRIAN
Non, nous disons aux Iraniens « nous restons dans l'accord, mais vous aussi. Ça veut dire que si vous vous dotez, vous, de l'arme nucléaire, si vous rompez l'accord, si on constate que vous manquez aux engagements, à ce moment-là nous nous retirerons. » Donc, nous avons un élément de pression important, qui contribue à la stabilité de la région. Et puis nous disons aux Etats-Unis, « vous avez signé un texte, vous vous en retirez, le texte continue. » C'est vrai que l'Iran est une puissance dangereuse, parce qu'il n'y a pas que la dimension nucléaire, il y a la dimension des missiles, il y a la dimension de déstabilisation de la région, le rôle que joue l'Iran en Syrie, le rôle que joue l'Iran au Yémen, le rôle que joue l'Iran, par milices interposées, au Liban, tout ça n'est pas acceptable, nous disons aux Iraniens « nous voulons aussi parler de cela », et nous voulons avoir avec l'Iran un accord général pour mieux stabiliser la région. Mais ça veut dire que dans cet accord général il y a le maintien de l'accord nucléaire, et peut-être que le président TRUMP est en train de se rendre compte que c'était une nécessité.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Alors, si on vient à votre propre agenda, Jean-Yves LE DRIAN, vous partez dans quelques heures, je crois, en Jordanie. Daesh, puisque vous évoquez la menace terroriste et la stabilité de la région, on voit que la guerre avec Daesh n'est pas terminée, on a vu des combats qui ont fait de nombreuses victimes, on a vu des enlèvements de civils, la guerre se poursuit avec Daesh.
JEAN-YVES LE DRIAN
La guerre contre le terrorisme n'est pas achevée, loin de là, elle n'est pas achevée complètement avec Daesh parce que si Daesh est désorganisé et si l'armée de Daesh est aujourd'hui très très limitée, a subi de très nombreux échecs, elle est maintenant extrêmement réduite, il n'empêche qu'il y a maintenant une nouvelle manière d'agir de la part de Daesh, qui est une forme plus souterraine et qui…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Donc on n'éradiquera pas Daesh, enfin on va mettre du temps !
JEAN-YVES LE DRIAN
Qui fait qu'en Irak, puisque vous évoquez les attentats, aussi en Syrie, on trouve des résidus d'actions qui doivent nécessiter une très grande vigilance, et c'est la raison pour laquelle il faut soutenir les Etats de la région qui ont à la fois accepté, enregistré beaucoup de réfugiés, c'est le cas de la Jordanie, qui a énormément de réfugiés syriens, et puis faire en sorte qu'ils soient en situation d'être protégés, de se sentir protégés, et là, en ce qui concerne mon déplacement en Jordanie tout à l'heure, c'est plutôt de faire en sorte qu'avec la Jordanie, et avec d'autres, on puisse engager sur la Syrie un processus permettant un règlement politique, parce qu'il faudra bien aboutir à un règlement politique en Syrie.
JEAN-JEROME BERTOLUS
C'était votre objectif aussi en allant en Libye il y a quelques jours, obtenir un règlement politique, pour que cet Etat, qui n'existe plus, se reforme, puisse devenir un acteur de l'antiterroriste, et aussi de la question migratoire ?
JEAN-YVES LE DRIAN
En Libye il faut trouver les formes d'un Etat stable, et d'un Etat reconnu par la communauté internationale, et ça fait maintenant plusieurs années, depuis 2011, que le chaos a succédé à la dictature de KADHAFI, aujourd'hui aucune entité représentative des populations libyennes n'assure vraiment la stabilité de ce pays, et c'est la raison pour laquelle nous voulons qu'il y ait des élections, à la fin de l'année, qui puissent permettre cette stabilité.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Vous êtes optimiste ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Le président MACRON a réuni à Paris, c'était son rôle, je parlais tout à l'heure du rôle pivot de la France, la France assume ses responsabilités en la matière, a réuni à Paris, il y a quelques semaines, l'ensemble des acteurs, pour engager un processus aboutissant à des élections à la fin de l'année. Il faut être très déterminé, c'est reconnu par la communauté internationale, c'est validé par le Conseil de sécurité, et c'est le moyen, à la fois de lutter contre le terrorisme, parce qu'il y a encore des places qui sont tenues par Daesh en Libye, il y a aussi la résurgence d'Al-Qaïda, et puis de faire en sorte aussi que les flux migratoires soient régulés. Sans une stabilité en Libye, les flux migratoires ne seront pas régulés.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Une toute petite dernière question. Le Télégramme de Brest, dans une région qui vous est chère, donc ce quotidien annonce que vous pourriez être tête de liste aux Européennes pour la majorité. Vous confirmez ?
JEAN-YVES LE DRIAN
J'ai lu ça ; non, ce n'est pas dans mes projets…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Non, vous ne confirmez pas ? Vous n'êtes pas tête de liste, d'accord.
JEAN-YVES LE DRIAN
Je suis ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, cette tâche m'a été confiée par le président MACRON, j'essaye de l'assurer le mieux possible.
SIMON LE BARON
Merci Jean-Yves LE DRIAN d'avoir accepté l'invitation de France Info ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 août 2018