Interview de M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’Etat, porte-parole du Gouvernement, à BFM TV le 3 août 2018, sur les conséquences politiques de l'affaire Benalla.

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Média : BFM TV

Texte intégral

APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Benjamin GRIVEAUX.
BENJAMIN GRIVEAUX
Bonjour Apolline de MALHERBE.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être avec nous. Vous êtes le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, porte-parole du gouvernement, et c'est aujourd'hui le dernier Conseil des ministres, c'est dans quelques heures, clap de fin donc pour cette première saison complète de macronie. On va faire une sorte de bilan, mais d'abord ces vacances qui tombent finalement un peu à pic, non, les dernières semaines ont été un peu dures ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Les dernières semaines ont été consacrées d'abord à beaucoup de travail parlementaire, je rappelle que trois textes, malgré les événements des dernières semaines, dont je suis certain vous allez me parler, ont été votés cette semaine, des textes importants, formation professionnelle, un texte sur la loi Asile-immigration, définitivement votée, et puis sur les violences faites aux femmes, et donc vous voyez que le gouvernement travaille malgré le tumulte médiatique.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais quand vous dites malgré le tumulte médiatique, c'est un tumulte que médiatique pour vous ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ça a été un tumulte à l'Assemblée nationale, aussi, où les oppositions ont utilisé ce qu'ils ont voulu faire croire être une affaire d'Etat, qui était en fait un sujet BENALLA et non pas une affaire d'Etat, disons-le, ils ont voulu en faire une crise politique, ils ont voulu l'instrumentaliser, ils sont même allés jusqu'à déposer deux motions de censure sur cette fameuse affaire dite BENALLA, eh bien je crois que nos compatriotes ont regardé cela avec un air interrogatif. L'affaire BENALLA…
APOLLINE DE MALHERBE
Pour vous ce n'est pas grave ?
BENJAMIN GRIVEAUX
L'acte en lui-même, je l'ai dit dès le départ, dès le premier jour, est éminemment condamnable, et d'ailleurs il a été sanctionné, il est évidemment inacceptable d'avoir ce type de comportement, mais ce n'est pas une affaire d'Etat.
APOLLINE DE MALHERBE
Le problème c'est qu'il n'y a pas que l'acte, Benjamin GRIVEAUX, il y a l'acte et puis ensuite les mois qui ont suivi, où rien ne s'est véritablement passé.
BENJAMIN GRIVEAUX
Apolline de MALHERBE, il y a eu une sanction 2 jours après l'acte, tout début du mois de mai, ont été auditionnés par ailleurs, depuis 15 jours maintenant, le ministre de l'Intérieur, le préfet de police de Paris, le directeur de cabinet du président de la République, le secrétaire général de l'Elysée, le directeur général de la Police nationale, le directeur général de la Gendarmerie nationale, tout ça…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais Benjamin GRIVEAUX, tout ça c'est arrivé depuis que la presse a révélé l'affaire, de vous-même…
BENJAMIN GRIVEAUX
Et elle a été parfaitement dans son rôle, mais tout cela en 15 jours, en 15 jours. Il y a eu une enquête administrative, faite par l'Inspection générale de la Police nationale, une enquête judiciaire ouverte par le Parquet de Paris, deux enquêtes parlementaires avec des commissions d'enquête.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais quand vous voyez qu'on découvre par exemple qu'Alexandre BENALLA, mais aussi son comparse Vincent CRASE, étaient armés, qu'il y avait des armes… tout ça, ça vous paraît anodin, par grave, affaire individuelle ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Tout a été dit et c'est par ailleurs sous le coup d'une enquête judiciaire, donc vous comprendrez que je ne m'exprime pas sur l'enquête judiciaire qui est en cours, par ailleurs…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est confortable.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ce n'est pas confortable, c'est le respect des institutions. je sais qu'on est peu habitué dans notre pays, depuis de nombreuses années, et que le politique, y compris à l'Assemblée nationale, on aimerait que le politique se substitue aux juges. Il y a une institution…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais ça vous permet de dire que ce n'est pas une affaire politique, il y a quand même un aspect politique, vous ne pouvez pas le nier.
BENJAMIN GRIVEAUX
D'abord, il y a une institution judiciaire, le rôle du président de la République, le rôle du gouvernement, c'est aussi d'être les garants de ces institutions, de la séparation des pouvoirs, et moi quand je vois des députés se transformer en procureurs, ce n'est pas leur rôle.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais précisément, est-ce que le rôle du président de la République ce n'est pas de respecter chacun et notamment, par exemple, les CRS, les gardes-du-corps, qui ont parfois eu le sentiment d'avoir été court-circuités ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Non, ils n'ont pas eu ce sentiment-là, depuis le premier jour de la présidence d'Emmanuel MACRON, les seuls habilités à gérer sa sécurité ce sont les gendarmes et la Police nationale, il leur a dit à maintes reprises la confiance qu'il leur faisait dans l'exercice de cette mission difficile. Donc, à nouveau, pas de fausse polémique. Les oppositions ont essayé d'instrumentaliser, elles ont surtout obtenu une petite victoire, un peu tactique, le report de la révision constitutionnelle. Pourquoi ? Parce que cette révision…
APOLLINE DE MALHERBE
Report ou abandon ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Report, pas abandon, nous y reviendrons très rapidement, pas abandon.
APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire que, à la rentrée, sur la table de l'hémicycle, il y aura cette réforme ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Pourquoi tenaient-ils tant à ce report ? Nous allons baisser d'un tiers le nombre de parlementaires, ils ne veulent pas de cette réforme, c'est une réforme qu'ils combattent parce qu'ils veulent conserver leur mandat…
APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous êtes en train de dire qu'ils ont instrumentalisé l'affaire BENALLA…
BENJAMIN GRIVEAUX
Ils ne veulent pas que nous modernisions nos institutions, c'est cela au fond, cette histoire, et donc ils ont instrumentalisé une affaire qui est, je l'ai dit, condamnable, dans le comportement inacceptable, mais qui n'est certainement pas une affaire d'Etat.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc en fait ils ont simplement instrumentalisé ce qu'ils ont pu trouver pour pouvoir garder leur pouvoir en gros, si on vous suit ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ils ne veulent pas de la révision constitutionnelle. Les Français ont tranché, dans le cadre des élections présidentielles, et des élections législatives, c'est un projet qui est sur la table depuis le premier jour du programme présenté par le président de la République lorsqu'il était candidat à l'élection présidentielle, et donc nous mettrons en place ce pourquoi nous avons été élus.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais, Benjamin GRIVEAUX, pour vous tous, est-ce qu'il y a eu quand même un choc, est-ce que vous estimez que ces quelques semaines ont été révélatrices de quelque chose, ou alors est-ce que vous dites ça passera et puis il n'y aura aucune conséquence ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Un, moi je connaissais évidemment Alexandre BENALLA, il avait été un compagnon de route dans la campagne, il avait assuré la sécurité des meetings, et donc il était présent, et j'ai évidemment été très choqué par les images que j'ai vues. Mais enfin, est-ce que, très sincèrement, on nous expliquait il y a 15 jours que la République allait s'arrêter et que tout allait vaciller, ce n'est pas sérieux. Depuis 1 an nous avons transformé en profondeur ce pays, tant sur la question du travail, la question de l'éducation, la question du financement de notre économie, la question de la réforme ferroviaire, bref nous avons procédé à de très nombreuses transformations, et ce n'est pas cette affaire dite BENALLA qui va arrêter les projets de transformation pour lesquels nous avons élus.
APOLLINE DE MALHERBE
Richard FERRAND il dit « c'est pour nous la fin de l'innocence. »
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez, vraisemblablement pour nos parlementaires qui ont été des parlementaires au travail et de manière acharnée pendant une année, on les a, je me souviens l'été dernier, affublé de tous les épithètes, des amateurs, des gens qui ne travaillaient pas, qui ne connaissaient pas le Parlement, les rouages, la procédure, etc., ils ont été admirables dans l'année, jamais autant de textes n'avaient été votés, et surtout les décrets d'application, ça c'est le rôle du gouvernement, ont été pris pour que les textes aient un impact, et changent réellement la vie des gens. Est-ce que c'est la fin de l'innocence ? Peut-être, parce qu'ils ont été confrontés à des oppositions qui ne voulaient pas, au fond, faire de la politique de la manière la plus noble, mais qui voulaient empêcher, qui voulaient obstruer, qui voulaient caricaturer, et qui voulaient, au fond, délégitimer un pouvoir. Ils ne se sont pas remis de la victoire du président de la République à l'élection présidentielle l'an dernier.
APOLLINE DE MALHERBE
Ah donc, en fait c'est juste ça ? C'est une sorte de petite vengeance quoi, de l'ancien monde !
BENJAMIN GRIVEAUX
Vous savez, il y a un procès en illégitimité… mais, ce n'est pas une question de vengeance, c'est, à chaque fois, « vous avez gagné par effraction », « vous n'êtes pas légitimes », « vous n'avez pas 20 ans de vie politique derrière vous, donc comment pouvez-vous être députés ou parlementaires ? »
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous-même vous jouez aussi un peu cette carte-là, de fausse paranoïa.
BENJAMIN GRIVEAUX
Non, ce n'est pas une fausse paranoïa, il suffit d'écouter les débats à l'Assemblée nationale, ce sont les mots qu'ils emploient, par effraction nous aurions braqué la République.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous l'avez revendiqué.
BENJAMIN GRIVEAUX
Nous n'avons pas braqué la République, les Français ont souhaité un changement profond, et nos parlementaires, et le gouvernement, depuis 1 an, se consacrent à la mission qui leur a été confiée par les Français.
APOLLINE DE MALHERBE
Benjamin GRIVEAUX, vous parliez justement à l'instant de ce nombre de textes qui avaient été votés, alors, c'est toujours un peu un effet de miroir ces histoires de textes, ou de loupe, mais par contre, en termes de chiffre, ce n'est pas vous qui détenez le record puisque, en 1 an, quand on regarde les trois dernières présidences, vous avez voté effectivement 55 textes sous Emmanuel MACRON…
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais vous avez des textes d'1 article et des textes de 50 articles, donc…
APOLLINE DE MALHERBE
69 sous François HOLLANDE et 96 sous Nicolas SARKOZY, est-ce que c'est parce que vous, vous avez regroupés des textes, je voudrais simplement qu'on s'arrête sur ces chiffres.
BENJAMIN GRIVEAUX
Alors, un grand principe, la quantité ne fait pas la qualité, ça c'est la première chose. Deuxième chose, vous avez des textes…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais je reviens là-dessus parce que vous avez dit « jamais autant de textes n'avaient été votés », ce n'est pas le cas.
BENJAMIN GRIVEAUX
Des textes d'une telle ampleur. Vous ne pouvez pas comparer des textes qui vont 2 ou 3 articles et puis des textes qui en font 150, parce que, évidemment, ça prend un temps un peu moindre à l'Assemblée nationale et au Sénat. Donc, nous avons beaucoup de textes qui ont été votés, des textes d'ampleur, quand nous modifions le Code du travail, quand nous modifions la fiscalité du capital, quand nous modifions tout ce qui a trait à la formation professionnelle, à la loi Avenir sur la formation professionnelle, sur l'apprentissage, bref, des textes qui sont importants sur l'éducation et l'enseignement supérieur en particulier, il y a des décrets d'application. Et, le Premier ministre, nous avions pris un engagement, qui était que dans les 6 mois après la promulgation d'un texte important, les décrets seraient pris, et nous sommes quasiment à 100 %…
APOLLINE DE MALHERBE
Donc que ce serait des lois qui seraient véritablement appliquées, c'est ça que vous voulez dire.
BENJAMIN GRIVEAUX
Oui, parce que vous avez des lois votées…
APOLLINE DE MALHERBE
Parce que ça a été un petit peu la dérive…
BENJAMIN GRIVEAUX
Et vous avez, les deux derniers quinquennats, des exemples nombreux de lois votées avec des décrets d'application qui ne sont jamais pris, jamais, donc les gens n'y comprennent rien. Vous débattez d'un texte à l'Assemblée nationale, vous venez le présenter à vos micros le matin, etc., vous le votez, et puis le texte n'est jamais appliqué, c'est incompréhensible. Donc là, nous donnons 6 mois, une fois que la loi est promulguée, pour que les textes, les décrets d'application, soient pris, réellement, et que donc ça ait un impact et que ça change concrètement la vie de nos concitoyens, de leur quotidien.
APOLLINE DE MALHERBE
Toute la question c'est effectivement celle de l'impact dans la vie quotidienne des Français. Les chiffres qui sont tombés récemment, notamment dans le domaine de l'économie, sont assez décevants, ils sont assez mous au minimum, le chômage est légèrement remonté, la croissance a très nettement baissé, les prévisions que vous espériez…
BENJAMIN GRIVEAUX
Prévisions.
APOLLINE DE MALHERBE
Sont obligées… le chiffre du deuxième trimestre est clairement décevant, donc là ce n'est pas de la prévision, c'est du sonnant et trébuchant.
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est juste.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc, comment est-ce que vous expliquez cette déception du point de vue des résultats ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Bruno LE MAIRE l'a dit, je crois, à votre micro, vous avez des facteurs que nous ne maîtrisons pas. Quand vous bâtissez un budget, vous avez des éléments, comme le prix de l'énergie par exemple, comme les grèves, qui ont coûté beaucoup d'argent, plus de 330 millions d'euros à AIR FRANCE, pour une entreprise…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais les grèves vous n'y êtes pas pour rien, ça faisait partie du bras de fer.
BENJAMIN GRIVEAUX
Pour une entreprise qui ne va pas bien, c'est beaucoup d'argent. Bref, vous avez des éléments hexogènes qui font, que, elles viennent impacter un peu la croissance.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que ça veut dire que la politique ne peut pas tout ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ça ne veut pas dire que la politique ne peut pas tout, mais ça veut dire que si nous souhaitons transformer le pays, c'est à chacun de se retrousser les manches. Ceux qui pensent que c'est l'Etat qui crée des emplois, que l'Etat est le seul responsable de la croissance économique, ils vivent dans une économie administrée bolchévique, ce n'est pas mon cas. Nous avons besoin de chacun. Ça a été le sens des voeux du président de la République, souvenez-vous le 31 décembre dernier, quand il dit que, au fond, c'est à la société civile de s'emparer des transformations du pays, c'est aux entreprises désormais… nous avons mis à la disposition des entreprises, des éléments qu'elles attendaient depuis longtemps, pour encourager l'investissement, pour baisser le coût du travail, pour leur permettre d'être plus compétitives, c'est à elles, désormais, de faire leur part du chemin et de montrer que c'est parce qu'il y a ce contrat de confiance qui a été passé entre les pouvoirs publics, et la société civile dans sa totalité, le monde entrepreneurial, le monde associatif, que nous allons pouvoir transformer ce pays. Personne ne peut raisonnablement croire que seul un président, ou un gouvernement, ou un Parlement, pourrait transformer le pays.
APOLLINE DE MALHERBE
Précisément, Benjamin GRIVEAUX, vous attendez beaucoup des Français…
BENJAMIN GRIVEAUX
On attend beaucoup, et ils attendent beaucoup de nous.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais précisément est-ce que, là j'en reviens quand même au contexte de l'affaire BENALLA, mais au sens large, c'est-à-dire que la baisse quand même, dans les sondages, récente, d'Emmanuel MACRON, est-ce que ça ne va pas… c'est-à-dire que vous demandez aux Français beaucoup d'efforts, et peut-être qu'ils ont le sentiment, là, que l'exemple n'est pas venu d'en haut.
BENJAMIN GRIVEAUX
Vous savez, la baisse des sondages, je ne commente pas, pour une raison simple, c'est que, vous le savez vous-même, vous avez un sondage, deux sondages sortis hier, l'un où c'est -5, l'un où c'est +2, donc moi je ne sais pas lequel dit la vérité, et je m'en moque. Je ne gouverne pas avec le nez rivé sur les sondages.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais ce n'est pas la question des sondages ou des chiffres, c'est la question de l'effort que vous allez demander aux Français, il faut que, pour cela, ils y croient.
BENJAMIN GRIVEAUX
Il faut que pour cela ils y croient, et je leur dis aussi que, à la rentrée, il va y avoir la baisse sur les… l'augmentation du salaire net, avec la suppression des cotisations salariales, il va y avoir la baisse de la taxe d'habitation pour 80% d'entre eux, un tiers du montant de la taxe d'habitation sera supprimé. Il y a des éléments concrets tangibles qui vont venir. Nous ne pouvons pas changer un pays comme le nôtre en 1 an, en un coup de baguette magique. Nous ne serons pas de ceux qui, depuis trop longtemps, ont expliqué qu'il suffisait d'un claquement de doigts pour régler tous les problèmes des Français, ces problèmes ils ont sédimenté depuis de très nombreuses générations, notre rôle c'est de les prendre un à un et de redonner la confiance. La confiance ça se gagne dans le temps et dans la durée, pas avec des coups de menton et des slogans.
APOLLINE DE MALHERBE
Une question qui concerne les Français, vraiment dans les moments que nous sommes en train de vivre : la canicule. Agnès BUZYN dit que globalement ça va, c'est plutôt sous contrôle, même si elle est un peu inquiète dit-elle du chassé-croisé. Patrick PELLOUX, le président de l'Association des médecins urgentistes, était à ce même micro hier, et lui il constatait que les systèmes, notamment d'urgences, étaient déjà saturés. Comment vous faites face ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais vous savez, en 20 ans, les urgences accueillaient 10 millions de personnes y a 20 ans, 20 millions aujourd'hui, Deux fois plus. 70 % des gens qui passent aux urgences n'ont pas à passer aux urgences. Et donc, et Patrick PELLOUX le sait, et on en a discuté à maintes reprises…
APOLLINE DE MALHERBE
Il dit qu'il n'y a pas beaucoup de dialogue.
BENJAMIN GRIVEAUX
Tout notre sujet c'est la transformation des gens, c'est de faire en sorte que vous n'entriez pas dans le système de soins par les urgences, parce que ça n'est pas, pour 70 % des cas qui y rentrent, le bon point d'entrée. Ça peut vouloir dire qu'il faut développer les maisons de santé, c'est ce qu'on fait on va doubler le nombre. Ça veut dire qu'on va développer la médecine de ville pour permettre d'avoir des premières … qui ne soient pas les urgences. Ce qui « embolise » les urgences, c'est que parfois eh bien, il n'y a pas d'autre possibilité, pas d'autre option et pas d'autre possibilité d'avoir un premier recours aux soins, donc c'est ce combat-là. En 15 ans, on a fait beaucoup de travail parce que la première canicule c'était il y a 15 ans, c'était en 2003, il y a eu la canicule de 2006 qu'on a oublié aussi…
APOLLINE DE MALHERBE
Et depuis vous estimez, et Agnès BUZYN était mon invitée cette semaine, elle dit que…
BENJAMIN GRIVEAUX
Des choses ont été dites, et puis vous savez, c'est aussi une acculturation collective, c'est, quand on fait des longs trajets en voiture, beaucoup de nos concitoyens…
APOLLINE DE MALHERBE
Là encore c'est à chacun de prendre ses responsabilités.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ce n'est pas à chacun de prendre ses responsabilités, mais dire que l'Etat va être derrière chaque concitoyen, derrière chaque enfant, derrière chaque voiture, et que oui, quand on fait des longs trajets, eh bien on s'arrête plus fréquemment quand il y a des fortes températures pour se rafraîchir, se mettre à l'ombre, boire de l'eau, ça relève du bon sens et donc on compte aussi sur le bon sens, mais c'est le rôle des pouvoirs publics d'informer et de rappeler…
APOLLINE DE MALHERBE
Et de rappeler ce bon sens.
BENJAMIN GRIVEAUX
… ces bons comportements et ce bon sens.
APOLLINE DE MALHERBE
Benjamin GRIVEAUX, je recevais lundi Mounir MAHJOUBI, il vous grille la politesse sur Paris.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez, ça ne m'intéresse pas, je savais que vous alliez me poser cette question…
APOLLINE DE MALHERBE
Ça ne vous intéresse pas, Paris ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ça ne m'intéresse pas les questions de personnes, ce qui m'intéresse moi, vous le savez, je suis député de Paris, c'est que, un, cette ville aille mieux j'ai eu l'occasion de le dire, que je considérais qu'elle pouvait sans doute aller mieux qu'elle ne va aujourd'hui, qu'il y a des choses qui se passent bien mais qu'il y a des endroits où ça se passe moins bien et qu'il y a des politiques qui sont sans doute, qui ont trouvé un moindre assentiment et un moindre accord auprès des Parisiens. Bon. Les élections municipales c'est dans 18 mois, si on commence par expliquer qui on met sur l'affiche, ça ne va pas intéresser grand monde. Pardon de vous le dire. Et donc on va commencer par aller écouter ce que nous disent les Parisiens, ça c'est à l'automne, donc on va faire une grande opération dans Paris, d'écoute des gens…
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que l'élection du maire, ce n'est pas aussi une rencontre avec quelqu'un ? Il y a un moment… On peut le sentir malgré tout, on sait que ça vous a intéressé, peut-être que ça ne vous intéresse plus, peut-être que ça ne fait plus partie de vos objectifs, on peut tout à fait le comprendre, mais vous vous imaginez bien que pour les Français c'est important Quand Mounir MAHJOUBI leur dit : voilà, j'aime Paris, pourquoi est-ce que quelqu'un comme moi n'incarnerait pas Paris ? C'est quelque chose qu'ils peuvent entendre, non ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais c'est très bien. Moi, ce que je sais, c'est que les Parisiens ils attendent du futur maire de Paris, un projet solide, qu'il s'occupe de leur quotidien La question ce n'est pas un concours pour savoir lequel est le plus parisien, lequel et aime le plus Paris, on aime tous Paris, on est tous Parisiens, on est tous élus de Paris. Ce n'est pas ça le sujet, c'est au fond de savoir est-ce qu'on a envie de changer le quotidien des Parisiens dans leurs transports, sur les questions de mobilité, sur les questions de logement…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais là encore, vous êtes tous d'accord ?
BENJAMIN GRIVEAUX
… sur les questions de sécurité. Non on n'est pas tous d'accord, et nous aurons vocation à mettre dans le débat public, des propositions différentes, et c'est là-dessus…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous y travaillez ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Et c'est là-dessus que les Parisiens nous jugerons et ils auront raison, et donc c'est ce seul sujet-là qui nous intéresse, d'abord aller à l'écoute des Parisiens, et ça, nous le ferons tous ensemble, et ce travail d'écoute c'est la signature de la manière dont on veut, nous, faire de la politique.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous n'avez pas un peu peur de vous retrouver dans la fable du lièvre et de la tortue ? C'est-à-dire vous vous dites : je ne pars pas tout de suite, tout va bien, et puis les tortues auront quand même commencé à avancer.
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais vous savez, je sais que vous aimez les fictions, que vous aimez raconter des histoires, et que les seules choses qui vous intéressent sont les questions de personnes, j'ai peur que nos auditeurs, ça ne les intéresse pas.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous le direz à Mounir MAHJOUBI qui n'a absolument pas évacué ces questions, puisque visiblement ça lui tient à coeur
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais moi, je vous le dis, ça n'est pas mon sujet, le seul sujet c'est le projet que nous portons pour les gens, les questions de personnes, les gens n'en ont rien à faire, mais je vous ai apporté, Apolline de MALHERBE, vous allez partir pour un congé un peu long pour un heureux événement, j'ai apporté un petit roman, un petit livre qui s'appelle « Le goût de Paris », puisque je sais que vous êtes une Parisienne amoureuse de Paris, et donc je n'ai pas de doute que non seulement vous vous intéresserez à Paris, à ce qu'on peut faire à Paris et un peu moins aux personnes et un peu plus aux projets.
APOLLINE DE MALHERBE
Je n'ai besoin d'aucune leçon. Benjamin GRIVEAUX, merci infiniment.
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais ça n'est pas une leçon, c'est un cadeau que je vous fais, avant les vacances.
APOLLINE DE MALHERBE
C'est une leçon, Benjamin GRIVEAUX, c'est une leçon. Bonnes vacances ?
BENJAMIN GRIVEAUX
C'était « Le goût de Paris ».source : Service d'information du Gouvernement, le 6 août 2018