Texte intégral
Madame la présidente de la Fédération Française de Cardiologie, chère Pr Claire Mounier-Vehier,
Monsieur le président honoraire de l'Académie nationale de médecine, cher Pr André Vacheron,
Monsieur le secrétaire perpétuel de l'Académie nationale de médecine, cher Pr Daniel Couturier,
Mesdames et messieurs les professionnels de santé,
Chers collègues,
Mesdames, messieurs,
Merci de me faire l'honneur de conclure vos échanges qui, j'en suis sûre, nourriront la réflexion sur notre système de santé.
Je veux saluer le rôle majeur, le rôle moteur qu'a eu la Fédération française de cardiologie (FFC),
- en soulignant l'inégalité dans l'accès aux soins des femmes par rapport aux hommes.
Merci à vous tout particulièrement, Madame la Présidente, pour l'impulsion, l'énergie que vous mettez dans toutes ces missions énergie unanimement saluée.
1. Mobiliser l'ensemble de notre société à cet enjeu majeur, vous le savez, est un travail de long-terme, sinon de longue haleine.
Rappelons-nous qu'en 2016, le ministère avait tenu entre ses murs le colloque intitulé « les femmes au coeur du risque cardiovasculaire » - colloque organisé avec Santé Publique France.
- Ce fut un premier pas important, impliquant les acteurs de proximité comme les médecins généralistes ou les ateliers santé-ville.
1.1. A voir l'ampleur du défi que nous devons relever, je le disais, notre travail s'apparente à une course de fond.
Les maladies cardio-neurovasculaires sont la première cause de décès chez les femmes.
Elles sont à l'origine de 140 000 décès par an dans notre pays, et représentent un coût de 30 milliards d'euros pour l'Assurance Maladie.
1.2. Les interventions de cette matinée l'ont très bien dit :
les jeunes femmes présentent des signaux inquiétants, qui sont l'effet du tabac, de la sédentarité, du surpoids, ou encore de facteurs psychosociaux.
Quant aux écarts dans les parcours de soins, ils sont au détriment des femmes et ce dans toutes les étapes de la chaine de soins :
- délais de recours aux soins d'urgence,
- délais d'accès aux filières spécialisés,
- traitements de désobstruction,
- et protocoles de prise en charge intensive ou de prévention secondaire.
Outre les spécificités cliniques et les inégalités de prise en charge, nous observons un déficit de données sur les femmes dans les essais cliniques et les travaux de recherche.
- La Fédération française de cardiologie (FFC), je le sais, sensibilise à ce sujet tant les professionnels et le grand public que les organisations de soins.
- L'inclusion des femmes dans les essais cliniques fait dorénavant l'objet de recommandations, formulées par les autorités de santé et de régulations internationales.
Aujourd'hui :
- les femmes sont autant représentées que les hommes dans les essais de phase 3 de type confirmatoire,
- et les femmes participent à toutes les phases des essais dans une proportion qui est encore à améliorer.
2. Mesdames, Messieurs, j'ai à coeur de répondre à tous ces enjeux, avec efficacité et célérité.
La stratégie nationale de santé (SNS), adoptée en décembre, doit actualiser les leviers de prévention des maladies cardio-neurovasculaires, dans toutes ses dimensions, qu'il s'agisse :
- de promotion de la santé,
- de qualité, de sécurité et de pertinence des prises en charge,
- ou encore d'innovations.
Le plan national de santé publique (PNSP) doit lui aussi prévenir les facteurs de risque, de façon plus opérationnelle.
2.1. L'enjeu est à notre portée, tant les facteurs de risque sont parfaitement identifiés.
Je pense à l'activité physique :
- en 10 ans, le pourcentage de femmes actives physiquement a baissé de 16%, alors qu'il a augmenté de 10% chez les hommes.
Je pense à l'accès aux soins spécialisés :
- la proportion de femmes accédant directement à la salle de coronarographie est un peu plus faible que la proportion d'hommes.
- Le recours est également moindre en ce qui concerne les traitements de reperfusion et les protocoles médicamenteux du post infarctus chez les femmes l'écart étant d'un tiers.
La prévalence du surpoids et de l'obésité chez les femmes a, quant à elle, augmenté de 21% pour les 40-54 ans.
2.2. J'aimerais insister sur l'un des facteurs de risque les plus graves : le tabac.
Vous le savez, la consommation de tabac a progressé chez les femmes puis s'est stabilisée à un niveau élevé 1 femme sur 4 fume.
La fréquence du tabagisme chez les femmes est encore plus préoccupante, de l'ordre de 75%.
C'est pourquoi, depuis le 1er mars, le prix du paquet de cigarettes est de 8 euros.
Il me fallait assumer ce choix : ne rien faire était exclu.
Je porterai le prix du paquet de cigarettes progressivement à 10 euros, tout en luttant sans relâche contre les trafics en tout genre, qui minent notre politique de santé.
En la matière, j'ai voulu des objectifs ambitieux :
- diminuer le nombre de fumeurs de 500 000 par an, pour qu'il soit inférieur à 1 Français sur 5 en 2024.
Un deuxième programme de réduction du tabagisme est prévu pour cette année. Il complétera les mesures existantes telles que :
- l'interdiction de fumer dans les lieux publics et dans les aires de jeux pour enfants,
- l'interdiction des arômes et additifs particulièrement attractifs pour les jeunes,
- les aides au sevrage tabagique,
- le remboursement des substituts nicotiniques,
- ainsi que le « moi(s) sans tabac »
2.3. J'en suis convaincue, nous gagnerons cette lutte contre le tabac ; et, déjà, quelques succès s'esquissent.
Quand un tiers de nos adolescents disaient fumer tous les jours en 2014, ils ne sont plus qu'un quart trois ans plus tard.
Ces diminutions se révèlent davantage le fait des jeunes femmes, dont la consommation quotidienne a diminué d'un quart, contre un cinquième chez les garçons.
Les premiers résultats d'efficacité de l'édition MoisSansTabac 2016 sont eux aussi encourageants :
- 380 000 fumeurs ont fait une tentative d'arrêt en lien avec Mois Sans Tabac.
3. Par ailleurs, nous devons redoubler nos efforts contre chacun des facteurs de risque. Je pense en particulier à la classe d'âge des 45 - 65 ans.
Vos exposés l'ont bien montré, cette classe d'âge cumule les expositions aux facteurs de risque : tabac, sédentarité, surpoids, stress, hypertension artérielle (HTA), ou encore diabète.
C'est justement parce que le risque est multifactoriel, que notre approche du patient, de la personne, doit être globale.
Pour ce faire, nous devons :
- améliorer des habitudes de vie doit être visée, en accompagnant la personne lors de ses soins de proximité, afin qu'elle puisse prendre des décisions éclairées dans ses choix de prévention ;
- et renforcer la qualité et l'équité des soins entre femmes et hommes.
Mesdames, Messieurs,
Nous l'aurons compris, nous devons redoubler d'efforts :
- pour mener ce combat contre les maladies cardio-vasculaires,
- et pour que les femmes aient les mêmes chances de survivre, de surmonter la maladie.
1 femme sur 3, je l'ai dit, décède d'une maladie cardiovasculaire, 1ère cause de mortalité.
Quant au temps séparant les symptômes du 1er contact médical, il est plus long chez la femme ; dont la survie à long terme reste moins bonne.
Merci à vous tous pour votre présence, pour votre travail au quotidien, qui me rend d'autant plus optimiste et combative.
Médecins cardiologues, journalistes, partenaires en prévention, membres de la Fédération Française de Cardiologie (FFC) et de ses associations régionales, donateurs de la Fédération Française de Cardiologie (FFC), mutuelles, et membres du Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Lille,
- vous tous êtes, à votre manière, en première ligne pour sensibiliser la population, et combattre la maladie.
Gardons toutes et tous à l'esprit que l'exposition à ces différents facteurs touche, avant tout, nous concitoyens les plus précaires.
- Or, je ne suis pas seulement ministre de la santé, mais aussi des solidarités.
- Ces exigences médicales que vous avez très bien rappelées, nous devons les avoir pour tous les malades, quelle que soit leur condition, quel que soit leur territoire.
Je tiens à saluer, en ce sens, le travail du photographe Loic Trujilo :
- son exposition, intitulée « Femmes de Coeur, Coeurs de Femmes », a su peindre toute l'humanité, toute la fragilité
- auxquelles la ministre, et la médecin que je suis, doit toujours avoir à l'esprit, et au coeur.
Je vous remercie.
Source https://www.fedecardio.org, le 30 juillet 2018