Texte intégral
SIMON LE BARON
L'invitée de France info ce matin est Ministre des Solidarités et de la santé. Bonjour Agnès BUZYN.
AGNES BUZYN, MINISTRE DES SOLIDARITES ET DE LA SANTE
Bonjour.
SIMON LE BARON
Merci d'être avec nous. Bonjour Jean-Jérôme BERTOLUS.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Bonjour Agnès BUZYN, bonjour Simon. Cet été, la France a connu l'un des épisodes de canicule le plus long depuis le dramatique été 2003. Est-ce qu'on peut faire déjà un premier bilan avec vous ?
AGNES BUZYN
Le bilan définitif ne sera connu qu'en septembre mais les signaux que nous avons aujourd'hui sont plutôt rassurants puisque nous n'avons pas eu un afflux massif de personnes âgées aux urgences, même s'il y a une petite augmentation d'activité. Nous n'avons pas eu de signaux inquiétants dans les maisons de retraite par exemple, pas de signaux venant des services funéraires qui étaient par exemple en alerte en 2003 lors de la canicule. Et donc a priori, un bilan qui devrait être plutôt rassurant. Nous attendons les chiffres de mortalité qui seront connus mi-septembre mais dans les visites de terrain que j'ai pu faire cet été, même s'il y a eu une petite suractivité dans les hôpitaux, il n'y a pas eu d'alerte massive.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Effectivement, vous l'avez dit, quand même une petite suractivité dans les hôpitaux, c'est votre terme. Dans certains départements, les services d'urgence ont été quand même extrêmement mobilisés. On sait que les services d'urgence sont pratiquement à un niveau de cote d'alerte. Ecoutez ce matin Mathias WARGON, le patron des urgences de l'hôpital Delafontaine dans la Seine-Saint-Denis, était notre invité.
MATHIAS WARGON, CHEF DES URGENCES DU SMUR DE L'HOPITAL DELAFONTAINE DE SAINT-DENIS
On nous demande de tenir dans un système qui s'effondre et on ne va plus y arriver. Le problème est là. C'est qu'on a l'impression d'être le dernier maillon de la chaîne et le dernier maillon de la chaîne, il est en train de craquer. Il n'y a pas d'aval en psychiatrie donc on a des patients qui restent des heures voire plus de vingt-quatre heures attachés sur un brancard parce que les conditions de sécurité ne sont pas réunies dans les hôpitaux psychiatriques. Il y a des patients qui passent des nuits aux urgences ou qui sont hospitalisés. Chez nous, on fait des efforts, on les hospitalise mais ils sont hospitalisés en chirurgie alors que c'est des patients de médecine, donc ils ne sont pas pris correctement en charge. On a des médecins : moi je n'arrive plus à embaucher de médecins français parce qu'eux, ils trouvent des boulots mieux payés, moins difficiles à l'extérieur, sans garde, sans week-end, et donc je n'embauche plus que des médecins étrangers qui sont de bonne qualité. Mais ça veut dire qu'on ne trouve plus de médecins français.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Agnès BUZYN, ça craque ? Ça craque de partout ? Est-ce que les services d'urgence peuvent encore remplir leurs missions ?
AGNES BUZYN
Oui, évidemment. Ils le remplissent tous les jours et les Français le savent mais c'est difficile dans beaucoup d'hôpitaux. Cet été par exemple, sur les six cent cinquante services d'urgence que compte la France, nous avons compté au maximum de la canicule trente hôpitaux en tension sur six cent cinquante. Donc on voit bien qu'il y a des services effectivement qui sont en tension. La plupart des hôpitaux en tension ne l'étaient pas à cause de la canicule. Ils l'étaient parce qu'ils étaient dans des zones touristiques ou dans des zones où il manquait de médecins car nous savons que nous avons des problèmes de recrutement de médecins urgentistes. Mais en réalité, le problème est en amont. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, nous avons un défaut, si vous voulez, d'organisation de la médecine en général qui fait qu'effectivement tout le monde aboutit aux urgences, même quand on n'a pas une urgence vitale et qu'on a une pathologie qui pourrait être soignée par un médecin de ville. Et donc c'est cette réorganisation que nous allons mettre en oeuvre dès la rentrée puisque je vais proposer une transformation du système de santé qui vise à moderniser notre système et à mieux l'adapter aux défis de demain.
SIMON LE BARON
Cette grande réforme du système de santé, notamment les mesures pour l'hôpital, devait être annoncée au printemps. Finalement vous aviez dit dans les premiers jours de septembre, et puis Emmanuel MACRON au congrès à Versailles a dit que ce sera à l'automne. Alors c'est pour quand ?
AGNES BUZYN
Non, elle n'aurait jamais dû être annoncée au printemps parce qu'au printemps, nous étions dans la concertation avec des groupes de travail parce que nous l'avons construite avec les professionnels de santé. Donc les groupes de travail ont effectivement émis des propositions qui ont été mises en forme cet été avec les derniers arbitrages qui sont en cours et la réforme sera présentée là évidemment à la rentrée.
JEAN-JEROME BERTOLUS
A la mi-septembre dit-on. Votre projet de réforme des hôpitaux ou, disons, d'amélioration des conditions de réception des passants dans les hôpitaux et donc l'amélioration aussi des conditions d'activité du personnel soignant repose en grande partie sur une réforme du mode de financement. Sans rentrer dans les détails techniques, Agnès BUZYN, est-ce que cette réforme du financement va permettre d'alléger le burnout généralisé que l'on constate dans les hôpitaux.
AGNES BUZYN
La réforme du financement n'est qu'un levier d'action. Ça n'est pas du tout le centre de la réforme. La réforme, c'est vraiment la réorganisation notamment de la médecine de proximité. Parce que les Français aujourd'hui peinent à trouver un médecin traitant On parle des déserts médicaux : ils sont réels.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Donc ça veut dire plus de gardes, plus de permanences pour la médecine de ville ?
AGNES BUZYN
En tous les cas, une organisation qui va se faire en proximité des gens. Aujourd'hui les gens sont inquiets de ne pas avoir accès à un médecin. Nous avons besoin d'une organisation qui prenne en compte le fait que beaucoup de malades chroniques ont besoin non seulement d'un médecin mais d'autres professionnels de santé. Donc c'est des organisations qui vont se faire autour des patients, en proximité des patients, pour répondre aux pathologies chroniques qui touchent maintenant dix millions de Français. Dix millions de Français sont atteints de maladies chroniques : des diabètes, des insuffisances cardiaques. Nous allons tout organiser autour de ces pathologies chroniques.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Mais je vous repose la question, madame la Ministre : est-ce qu'il faut effectivement plus de gardes, plus de permanences, voire plus de contraintes pour la médecine de ville ?
AGNES BUZYN
Bien sûr. Il y aura évidemment une organisation qui permette aux médecins en ville d'être présents
JEAN-JEROME BERTOLUS
Plus présents qu'aujourd'hui.
AGNES BUZYN
Plus qu'aujourd'hui sur les périodes de garde parce qu'effectivement tous nos services d'urgence réceptionnent énormément de malades qui n'ont pas besoin d'aller aux urgences. Et donc, on peut indéfiniment les nombres de services d'urgence ou de médecins urgentistes mais on n'a pas besoin d'un médecin urgentiste
JEAN-JEROME BERTOLUS
Mais ce n'est pas ce que vous souhaitez d'ailleurs.
AGNES BUZYN
Je veux juste terminer. On n'a pas besoin d'un médecin urgentiste pour soigner par exemple une cheville foulée.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Précisément. Précisément, vous souhaitez revoir la carte territoriale de la médecine d'urgence. Vous parlez de médecine de proximité. Vous allez fermer des services d'urgence, de proximité dans les zones rurales une fois de plus ?
AGNES BUZYN
Là, il y a un mythe autour des fermetures des services d'urgence. Il y a parfois des services d'urgence qui ferment mais il faut savoir que globalement, nous avons soixante-dix-huit services d'urgence qui ont ouvert en plus ces dernières années. Donc il peut y avoir des zones rurales où effectivement il n'y a plus d'activité et très peu de services, pas de besoin d'un service d'urgence, mais il y a plein de services d'urgence qui ouvrent dans des zones qui sont mieux peuplées. Et donc aujourd'hui, il y a des réorganisations qui sont permanentes, qui ont toujours eu lieu dans notre système de santé. La carte sanitaire évolue en fonction des migrations des populations et c'est normal. Donc il faut arrêter avec ce mythe que nous allons fermer. Moi, je me suis engagé sur une chose : il n'y aura aucune fermeture d'un hôpital de proximité. Les hôpitaux de proximité vont rester, les Français en ont besoin. Ils ont besoin d'une offre de services au plus près de chez eux et il n'y aura pas de fermeture d'hôpital.
SIMON LE BARON
Simplement, comment on fait pour inciter les médecins, les médecins de ville, les médecins généralistes à faire plus d'heures, en tout cas à faire des gardes comme le disait Jean-Jérôme ? A se réorganiser pour désengorger les services d'urgence ?
JEAN-JEROME BERTOLUS
Dans les déserts médicaux. Ça ne passe pas plus de contraintes aussi dans les déserts médicaux ?
AGNES BUZYN
Donc aujourd'hui, on va organiser un travail en équipe. Aujourd'hui, les médecins sont souvent isolés, trop isolés et donc effectivement, ils n'ont pas envie d'assurer des gardes tout seul quand ils sont seuls sur un territoire et donc la proposition que nous allons faire, ce sont vraiment des organisations territoriales où des groupes de médecins avec des hôpitaux de proximité pourront être en charge d'une population ou d'un territoire et s'organiseront en fonction. La réforme va être dévoilée à la rentrée.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Mi-septembre.
AGNES BUZYN
Et je pense qu'elle répond au constat qui est partagé par l'ensemble des professionnels et je crois que nous serons au rendez-vous.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Mi-septembre.
AGNES BUZYN
Mi-septembre.
SIMON LE BARON
Réforme du système de santé très attendue, Agnès BUZYN. Le plan pauvreté l'est tout autant. On va parler dans un instant, juste après le tour de l'info. ( ) Parlons, Jean-Jérôme BERTOLUS, du Plan pauvreté.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Oui, Agnès BUZYN, ce Plan pauvreté qui lui devait être présenté effectivement à la mi juillet. Son report a suscité une polémique, on s'en souvient. Ecoutez et regardez ce que disait Christophe ROBERT, à l'annonce de ce report du plan, il est le délégué général de la Fondation Abbé Pierre.
CHRISTOPHE ROBERT, DELEGUE GENERAL DE LA FONDATION ABBE PIERRE LE 10 JUILLET SUR ARTE
On se précipite sur l'ISF, on se précipite sur l'Exit-Tax, sur la Flat-Tax, on baisse les APL, on réduit la capacité d'intervention par exemple des bailleurs sociaux, on supprime des contrats aidés, et le plan pauvreté, et la stratégie pauvreté, lancé le 17 octobre, auquel on a contribué, les uns et les autres, on voit qu'elle est différée cette stratégie, en septembre, pour être mise en oeuvre en 2019. Donc il n'y a pas le même empressement en tout cas pour traiter le sujet.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Il y a un problème de priorité gouvernementale, Agnès BUZYN ?
AGNES BUZYN
Pas du tout, en fait le calendrier n'a pas du tout changé, puisque j'ai beaucoup travaillé avec Christophe ROBERT, évidemment, pour élaborer cette stratégie, et avec tous les acteurs. C'est vraiment une stratégie qui
JEAN-JEROME BERTOLUS
Enfin, vous l'aviez dit vous-même que pour cause de Coupe du monde, ça avait été différé.
AGNES BUZYN
Non, elle sera mise en oeuvre au 1er janvier, parce qu'il faut
JEAN-JEROME BERTOLUS
C'est l'annonce qui été différée alors.
AGNES BUZYN
C'est l'annonce qui a été différée.
JEAN-JEROME BERTOLUS
D'accord.
AGNES BUZYN
Mais les mesures, de toute façon, elles vont avoir, pour beaucoup d'entre elles, besoin d'un texte de loi, et donc le PLFSS, ou le PLF, c'est-à-dire les Projets de Loi de Finance qui vont être votés à l'automne, vont permettre de porter des mesures. Donc de toute façon, ces mesures seront dans ces lois, elles seront votées en décembre et ça se mettra en oeuvre le 1er janvier. Qu'on le dise en juillet ou qu'on le dise en septembre, ne changera rien au calendrier.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Est-ce qu'il y a un problème de priorité gouvernementale ?
AGNES BUZYN
Absolument pas.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Quand même, sur le fond, effectivement.
AGNES BUZYN
Ce plan est une vraie priorité, c'est un vrai changement de paradigme. Un vrai changement parce que jusqu'à présent, on a fait reposer la lutte contre la pauvreté sur les prestations monétaires, et nous, nous avons envie de lutter contre les inégalités de destins. Ça change tout. Aujourd'hui, nous savons que les prestations monétaires, elles réparent, mais elles ne permettent pas aux gens de s'inscrire dans un projet de vie. Et nous allons travailler sur les enfants, les jeunes, leur permettre une égalité des chances réelle, et travailler sur l'insertion professionnelle qui va permettre aux gens de retrouver une activité, un emploi, et de se projeter dans la vie.
SIMON LE BARON
Puisque vous parlez de priorité, qu'est-ce que vous en avez pensé, quand Emmanuel MACRON a parlé de « pognon de dingue » pour les aides sociales. Ça a du vous faire tiquer quand même, vous la ministre des Solidarités.
AGNES BUZYN
Vous avez oublié la deuxième partie de la phrase. La deuxième partie de la phrase, c'était : « Ça coute un pognon de dingue, et ça ne marche pas ».
SIMON LE BARON
Et vous êtes d'accord sur le diagnostic.
AGNES BUZYN
Et je suis d'accord sur le diagnostic, ça ne marche pas. Pourquoi ? Parce que notre pays a une spécificité, c'est reconnu par toutes les études internationales, en fait nous avons grâce aux prestations monétaires, c'est-à-dire grâce aux allocations, nous avons réduit le taux de pauvreté en France, mais nous sommes le pays dans lequel il faut le plus de générations pour sortir de la pauvreté. En fait, quand on est pauvre, on garde cet héritage, malheureusement, on reste pauvre de génération en génération, et ça c'est une spécificité française, et c'est là-dessus que nous travaillons
SIMON LE BARON
Alors, qu'est-ce qui va changer avec ce plan pauvreté ?
JEAN-JEROME BERTOLUS
Vous dites « on va changer de paradigme », mais est-ce que déjà vous garantissez qu'il ne va pas y avoir de coupe dans les prestations monétaires ou plus communément ce que les Français appellent les prestations, les allocs, sociales ?
AGNES BUZYN
Il n'y a pas de coupes dans les prestations monétaires, le plan aujourd'hui c'est un plan qui va apporter des mesures nouvelles, différentes, qui va travailler sur les inégalités de destins dès le plus jeune âge, dès la petite enfance, qui va travailler sur les jeunes qui sortent de l'aide sociale à l'enfance. On sait que ces jeunes par exemple ils sont plusieurs centaines de milliers, 25 % de personnes sans domicile fixe aujourd'hui, sont des jeunes qui sont sortis de l'aide sociale à l'enfance. A 18 ans, on les met dehors de ces centres d'accueil, et ils sont souvent sans formation, sans famille, et a représente un nombre très important de personnes sans domicile fixe. Nous ne pouvons pas nous satisfaire aujourd'hui d'investir jusqu'à 18 ans, et de lâcher ces jeunes dans la nature. Donc nous allons investir sur la jeunesse et puis nous allons investir dans la formation et l'insertion professionnelle, parce que c'est là où le bas blesse, quand vous êtes au RSA, aujourd'hui, quand vous êtes au RSA, on vous propose très rarement en fait une formation et un projet d'insertion, et c'est là-dessus que nous allons travailler.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Très vite Madame la Ministre. Votre objectif, quand même, c'est d'instaurer une prestation sociale unique, d'ici la fin du quinquennat ?
AGNES BUZYN
Alors aujourd'hui
JEAN-JEROME BERTOLUS
C'est l'objectif politique, quand même ?
AGNES BUZYN
Non, aujourd'hui ce sur quoi nous travaillons c'est une simplification d'accès aux droits, alors c'est ce qu'on appelle techniquement un « versement social unique »
JEAN-JEROME BERTOLUS
Mais à terme ?
AGNES BUZYN
A terme, se discute l'allocation sociale unique, mais c'est vraiment de toute façon, si c'est un projet, ça serait un projet tardif. Aujourd'hui, la vraie question, c'est comment on simplifie administrativement l'accès aux droits pour éviter le non-recours. Aujourd'hui vous avez droit à énormément de prestations différentes, entre les APL, les allocations familiales, le RSA, l'ASS, et vous avez plein de guichets différents qui vous demandent à chaque fois des papiers différents, avec ce qu'on appelle des bases ressources, c'est-à-dire on vous demande vos ressources d'il y a 2 ans, de temps en temps on vous demande vos ressources d'il y a 3 mois, de temps en temps
JEAN-JEROME BERTOLUS
Simplifions.
AGNES BUZYN
Donc simplifions et harmonisons tout ce qu'on demande aux gens.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Je vous presse un peu parce que vous avez beaucoup, beaucoup de réformes à porter effectivement en cette rentrée. Un mot, si je puis dire quand même, sur une réforme qui touche les Français particulièrement, la prochaine réforme des retraites. Une double question. D'abord, est-ce que vous maintenez votre calendrier, est-ce que vous serez prêts à déposer un projet de loi à l'été prochain, mais il sera présenté en Conseil des ministres dès janvier finalement, ou dès février ?
AGNES BUZYN
Je ne sais pas quand il sera présenté en Conseil des ministres, ça je n'ai pas encore la date, mais le calendrier c'est avant l'été 2019.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Et sur le fond maintenant. Le président de la République, durant la campagne des élections présidentielles, s'était engagé à ne pas modifier l'âge de départ à la retraite, pourtant le Comité d'Orientation des Retraites, pour aller vite, dit « les déficits sont devant nous. » Comment vous allez faire ? il va y avoir des gagnants et des perdants dans cette réforme.
AGNES BUZYN
Aujourd'hui on change totalement de système, et de toute façon ça s'appliquera dans quelques années, ce n'est pas une réforme qui va s'appliquer au 1er janvier 2019
JEAN-JEROME BERTOLUS
Mais comment on fait pour les déficits qui vont s'accumuler avant la fin du quinquennat ?
AGNES BUZYN
Aujourd'hui notre système de retraite est à peu près à l'équilibre, et donc l'idée c'est vraiment de le transformer pour l'avenir, pour redonner confiance, et que les Français aient un sentiment de justice dans le système de retraite, car aujourd'hui ils pensent toujours que leur voisin a une meilleure retraite qu'eux, et souvent ils ont raison. c'est-à-dire qu'il y a un système de retraite aujourd'hui qui est très injuste, et selon qu'on appartient à telle catégorie, ou qu'on ait travaillé dans le privé ou dans le public, dans un sens ou dans un autre, on a droit à des choses très différentes, et donc l'idée c'est là aussi de simplifier et de rendre plus lisible un système de retraite et de faire en sorte que les futures générations aient une retraire pérenne, garantie, ça ce n'est pas le cas aujourd'hui.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Et sans déficits, parce que vous n'avez pas complètement répondu à ma question. Vous savez, vous êtes une spécialiste, vous savez que le Comité d'Orientation des Retraites dit « les déficits vont revenir avant la fin du quinquennat », donc il va falloir revoir les paramètres nécessairement.
AGNES BUZYN
Aujourd'hui nous ne travaillons pas du tout sur les paramètres de notre système actuel, nous ne travaillons que sur l'avenir, sur une réforme d'envergure, que beaucoup de pays ont mené, puisque ce système de retraite à points beaucoup de pays l'ont mené, en Suède, en Allemagne, et donc nous nous inscrivons dans cette nouvelle démarche, qui est un système de retraite simplifié, harmonisé, où tout le monde a le droit à la même chose pour un euro cotisé.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Allez, une dernière question pour terminer, qui n'a rien à voir, mais quand même, qui peut préoccuper les Français. L'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé, nous dit qu'il y a maintenant une nouvelle épidémie de rougeole en Europe, qui touche particulièrement la France, on a des cas, comme en Ukraine, comme dans des pays où le système de santé est peut-être moins prégnant. Qu'est-ce qui se passe, on n'est pas assez attentif aux vaccins, qu'est-ce que vous dites Madame la Ministre de la Santé ce matin, aux Français ?
AGNES BUZYN
Alors, les Français en particulier, mais un certain nombre de pays d'Europe ont un scepticisme absolument incroyable vis-à-vis des vaccins, c'est-à-dire qu'ils oublient tout le rationnel scientifique et la preuve que les vaccins ont permis d'éradiquer un grand nombre de maladies dans le monde. L'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé, s'en alarme, parce que l'Europe est maintenant le parent pauvre de la vaccination, alors qu'on est normalement le continent du progrès
JEAN-JEROME BERTOLUS
Oui, mais la France
AGNES BUZYN
Et donc, en France, j'ai rendu les vaccins obligatoires pour éviter ce qui s'est passé notamment depuis le mois de janvier, plus de 2000 cas de rougeole, trois jeunes qui sont morts, trois décès, en France. L'Europe souffre d'une épidémie de rougeole très difficile à maîtriser, parce que nous ne sommes pas vaccinés, nos enfants ne sont pas vaccinés, c'est fini puisqu'à partir du 1er janvier 2018 tous les enfants nés à partir du 1er janvier 2018 devront être vaccinés pour entrer en crèche ou à l'école, donc la France rentre dans le droit chemin, c'est-à-dire le chemin de la raison.
SIMON LE BARON
Agnès BUZYN, ministre de la Santé et des Solidarités, merci à vous d'avoir accepté l'invitation de France Info ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 août 2018