Texte intégral
Monsieur le Président,
Messieurs les Sénateurs, Messieurs les Députés,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous dire que j'ai beaucoup de plaisir à pouvoir visiter aujourd'hui, en votre compagnie, la centrale nucléaire de CHOOZ. Cette visite constitue un symbole, fort et significatif : Ministre chargé de l'énergie, je tenais à venir sur un site nucléaire, que je considère comme modèle car il intègre les derniers développements d'une technique de pointe, dans les six premiers moins de mon mandat, ce que tous mes prédécesseurs n'ont pas toujours accompli. Mais surtout, la centrale nucléaire de CHOOZ n'est pas tout à fait une centrale comme les autres. J'ai dit "la" centrale, mais je devrais peut-être dire "les" centrales nucléaires de CHOOZ si l'on considère la trentaine d'années qui a séparé le démarrage de CHOOZ A et des deux tranches de CHOOZ B. CHOOZ est bien un site historique, étant donné le caractère innovant de ses deux centrales.
CHOOZ A tout d'abord. C'est le premier réacteur à eau sous pression en France, et donc un prototype. L'expérience retirée de CHOOZ a convaincu EDF, avec le plein accord des pouvoirs publics, de retenir cette filière des réacteurs à eau sous pression pour équiper le parc électronucléaire français. Et aujourd'hui, nous pouvons tous nous féliciter d'avoir surmonté ses difficultés de démarrage et de disposer aujourd'hui d'un parc composé de 56 réacteurs de ce type couplés au réseau, et bientôt 58 lorsque les deux tranches de CIVAUX seront couplées à leur tour. J'ai effectivement donné l'autorisation de chargement de la première tranche de Civaux le mois dernier. Nous disposons aujourd'hui d'un parc sûr, avec une excellente disponibilité, que beaucoup de pays nous envient, et qui met la France en très bonne place pour affronter l'ouverture du marché de l'électricité.
CHOOZ A, c'était également l'époque où nous commencions à travailler sous la licence du constructeur américain de chaudières nucléaires Westinghouse. Je ne peux d'ailleurs m'empêcher de penser au chemin parcouru quand on constate qu'aujourd'hui FRAMATOME est le premier constructeur mondial de chaudières nucléaires, et que Westinghouse envisage de vendre ses activités nucléaires.
CHOOZ A, enfin, c'était le début d'un partenariat de long terme avec la Belgique pour la construction et l'exploitation de centrales nucléaires. Partenariat qui s'est concrétisé également par la construction de la centrale nucléaire de TIHANGE en Belgique, et qui s'est poursuivi plus récemment avec la nouvelle centrale de CHOOZ B puisque nos amis belges ont participé à hauteur de 25 % à cet investissement.
CHOOZ B, c'est bien sûr la tête de série du palier N4, et donc la première centrale à eau sous pression de conception complètement française. C'est aujourd'hui, notamment grâce à sa salle de commande informatisée et à son système de contrôle-commande, la centrale nucléaire en exploitation de la filière à eau sous pression la plus avancée de sa génération. Et je crois très sincèrement que les hommes et les femmes qui ont participé à la conception, à la construction et à l'exploitation de cette centrale peuvent être tout particulièrement fiers de cette réalisation qui témoigne de l'excellence de la technologie française. Les Américains ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, puisqu'ils ont décerné il y a quelques semaines le "Power Plant Award 1997" à la centrale nucléaire de CHOOZ B, récompensant ainsi l'avancée technologique de ce nouveau réacteur.
Mais aussi excellente que puisse être notre technologie, nous devons pouvoir nous adapter sans cesse aux nouvelles réalités et regarder en face ce qu'est l'avenir du programme nucléaire en France. En premier lieu, le palier N4, malgré ses performances, ne comportera pas, autant de réacteurs que le palier P4-P'4 pour les réacteurs de 1300 MW, ou que le palier CP0-CP1-CP2 des réacteurs de 900 MW. En effet, l'évolution des besoins en électricité pour les années à venir sont tels qu'ils ne justifient pas de commander de nouvelles tranches nucléaires d'ici 2010.
Mais même le renouvellement intégral du nucléaire par du nucléaire n'est pas gagné d'avance, même si la filière nucléaire reste indispensable pour assurer l'indépendance énergétique d'un pays comme la France, qui ne dispose pas de ressource fossile en quantité. La filière nucléaire demeure aujourd'hui la filière de production d'électricité la plus compétitive en base dans la plupart des hypothèses, comme le montre l'étude sur le "coûts de référence de la production d'électricité" conduite en 1997 par un groupe animé par la direction du gaz, de l'électricité et du charbon placée sous mon autorité. Mais son avantage par rapport au cycle combiné au gaz s'est réduit ces dernières années : dans un contexte d'ouverture à la concurrence, le nucléaire, s'il veut subsister, doit montrer qu'il reste compétitif par rapport aux autres sources d'énergie. L'exemple de la centrale de CHOOZ démontre bien que le nucléaire de la dernière génération est toujours plus compétitif : le coût des centrales construites ailleurs dans le monde est supérieur de 60 % en moyenne à celui du palier N4.
En effet, l'hypothèse selon laquelle le choix serait plus ouvert qu'aujourd'hui en 2010-2020, entre la filière nucléaire et la filière gaz pour la production d'électricité centralisée n'est nullement à exclure, notamment pour la semi-base.
EDF joue par ailleurs, à la demande du Gouvernement, un rôle essentiel en matière d'économies d'énergie et d'Energies Renouvelables (ENR). Ainsi EDF s'est-elle engagée dans un processus de revalorisation des conditions d'achat de l'électricité produite par cogénération, ou à partir d'énergies renouvelables telles que l'énergie éolienne , le bio-gaz, le bois-combustible ou la petite hydraulique. Dans ce but, j'ai demandé à EDF de se fixer un objectif ambitieux pour les deux ans à venir d'achat d'électricité à partir de ces sources énergétiques. Je compte, en effet, renforcer les actions en faveur des ENR afin de préparer une réelle diversification des moyens de production d'électricité dans notre pays.
Par ailleurs, le secteur nucléaire, pour rester durablement un atout pour la France, doit aussi gérer la question de l'aval du cycle nucléaire. Cette question devra trouver des réponses industrielles au moment du choix de renouvellement du parc.
Sur cette question la loi du 31 décembre 1991 est le texte de référence qui guide la politique gouvernementale.
En ce qui concerne la gestion des déchets radioactifs à vie longue et de haute activité, le Gouvernement a dorénavant pratiquement tous les éléments en mains pour prendre une décision sur le choix définitif pour l'implantation de laboratoires souterrains de recherches. Tous les rapports des commissions d'enquêtes ont été remis avec avis favorable, que ce soit dans la Vienne, dans le Gard ou dans l'Est. Et la plupart des collectivités locales consultées se sont exprimées en faveur de l'implantation d'un laboratoire souterrain. Le Gouvernement attend désormais le rapport de la Direction de la Sûreté des Installations Nucléaires pour prendre une décision.
J'entends ainsi accentuer les recherches concernant l'entreposage de déchets radioactifs à vie longue, et, j'ai écrit à l'administrateur général du CEA en ce sens.
J'ai parlé tout à l'heure du succès industriel de la filière des réacteurs à eau sous pression. La filière des réacteurs à neutrons rapides n'a malheureusement pas connu le même succès, et je le déplore. Ce projet était judicieux sur le plan économique dans les années 70, avec un pétrole rare et cher ; il ne l'est plus dans le contexte actuel, et c'est ce qui a motivé la décision du Premier ministre annoncée le 19 juin dernier d'abandonner ce réacteur. Je sais que cette décision a créé certaines interrogations au sein d'EDF et en particulier parmi les personnes qui ont travaillé sur ce projet. Je connais également les difficultés soulevées au plan local par cette décision. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement s'est donné le temps de la réflexion pour fixer les modalités d'abandon de SUPERPHENIX. Ces modalités devraient être arrêtées d'ici la fin de l'année, et le Gouvernement a nommé M. Jean-Pierre AUBERT comme médiateur afin de proposer des solutions au plan local et régional. Mais à l'évidence, l'arrêt de Superphénix ne met en rien en cause l'engagement convaincu et durable de la France en faveur du nucléaire, comme je l'ai régulièrement, au nom du Gouvernement réaffirmé devant le Parlement. Je l'ai rappelé en particulier devant la mission "énergie" présidée par le Député-Maire de Gardane, Monsieur Roger MEI.
Enfin, le maintien de la filière nucléaire doit avoir comme condition indispensable une politique en matière de sûreté nucléaire irréprochable, transparente et efficace. La situation actuelle est globalement satisfaisante, mais c'est un domaine où l'on doit toujours chercher à faire mieux. J'ai ainsi proposé, en accord avec mes collègues de l'Environnement, du Travail et de la Santé qu'une mission soit rapidement menée, afin de recueillir l'avis du parlement sur ce sujet.
Ma conviction est claire : ne dissocions jamais nucléaire, transparence et démocratie.
Je considère, en particulier, que des réponses doivent être apportées rapidement aux questions que vous vous posez : liens entre culture médicale de la radioprotection et culture scientifique de la sûreté nucléaire, organisation et inspection du travail pour l'ensemble des personnels travaillant sur les sites. Avec mes collègues, j'ai lancé un chantier de réflexion au plan de la structure des administrations concernées, sur ces différents sujets qui concernent tous les volets de protection des personnels, de santé publique et de sûreté des populations. J'ai même demandé aux dirigeants des entreprises publiques du secteur nucléaire d'oeuvrer en faveur d'une totale transparence vis-à-vis des populations. Je me félicite ainsi de l'initiative prise (début octobre), par la COGEMA autour du site de La Hague et qui rejoint l'excellent travail d'EDF en matière de communication depuis plusieurs années.
J'attends aussi beaucoup de l'implication des entreprises, menée avec les élus, au sein des commissions locales d'information.
Mais il est clair que la sûreté d'une centrale nucléaire, c'est l'exploitant qui en est le premier responsable, et donc tous ceux qui travaillent dans les installations nucléaires telles que celle de CHOOZ.
EDF a développé depuis l'origine une culture de sûreté qui n'a eu de cesse de progresser, et tout le monde doit s'en féliciter. Non seulement cette culture doit être maintenue et doit continuer de progresser, mais il convient également d'en faire profiter les autres : je pense en particulier aux exploitants situés dans les pays de l'Est, où la notion de transparence est un concept encore récent, et où les déclarations d'incidents étaient suivies de sanction. Je suis, comme beaucoup de gens en France, très préoccupé par la sûreté des installations nucléaires de l'Est, même si des progrès sont intervenus, notamment avec la mise en place d'un plan de cessation d'activité à Tchernobyl qui devrait s'arrêter en 2000. La communauté internationale et en particulier les pays du G7 s'en préoccupent et tentent d'améliorer la situation. Mais l'action que peuvent avoir les exploitants occidentaux pour faire bénéficier de leur expérience ceux de l'Est reste irremplaçable, et j'encourage vivement les exploitants de centrales françaises à développer des jumelages avec leurs homologues des pays de l'Est.
Si je voulais résumer mes propos, je dirais que je crois très profondément que le nucléaire, au côté des énergies fossiles et des énergies renouvelables, a un avenir tant en France qu'à l'étranger. C'est pourquoi, des industriels français de la filière nucléaire m'accompagneront lors de mon prochain déplacement au Japon. En France en tout cas, le nucléaire dispose aujourd'hui de nombreux atouts et peut être fier de nombreuses réussites : la centrale de CHOOZ en est clairement une.
Je félicite ses personnels : ingénieurs, techniciens, opérateurs, employés.
Mesdames, Messieurs, le Ministre de l'industrie est convaincu que la France, pour rester une grande puissance, doit poursuivre ses efforts industriels dans des secteurs -où comme le nucléaire- elle occupe un leadership mondial incontestable. Ce grand service public auquel le Gouvernement est très attaché doit offrir aux particuliers et aux entreprises une énergie compétitive et garante de l'indépendance du pays.
C'est pourquoi le nucléaire, fierté technologique française et réussites économique et industrielle demeure incontournable en France.
(source http://www.minefi.gouv.fr, le 29 novembre 2001)
Messieurs les Sénateurs, Messieurs les Députés,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous dire que j'ai beaucoup de plaisir à pouvoir visiter aujourd'hui, en votre compagnie, la centrale nucléaire de CHOOZ. Cette visite constitue un symbole, fort et significatif : Ministre chargé de l'énergie, je tenais à venir sur un site nucléaire, que je considère comme modèle car il intègre les derniers développements d'une technique de pointe, dans les six premiers moins de mon mandat, ce que tous mes prédécesseurs n'ont pas toujours accompli. Mais surtout, la centrale nucléaire de CHOOZ n'est pas tout à fait une centrale comme les autres. J'ai dit "la" centrale, mais je devrais peut-être dire "les" centrales nucléaires de CHOOZ si l'on considère la trentaine d'années qui a séparé le démarrage de CHOOZ A et des deux tranches de CHOOZ B. CHOOZ est bien un site historique, étant donné le caractère innovant de ses deux centrales.
CHOOZ A tout d'abord. C'est le premier réacteur à eau sous pression en France, et donc un prototype. L'expérience retirée de CHOOZ a convaincu EDF, avec le plein accord des pouvoirs publics, de retenir cette filière des réacteurs à eau sous pression pour équiper le parc électronucléaire français. Et aujourd'hui, nous pouvons tous nous féliciter d'avoir surmonté ses difficultés de démarrage et de disposer aujourd'hui d'un parc composé de 56 réacteurs de ce type couplés au réseau, et bientôt 58 lorsque les deux tranches de CIVAUX seront couplées à leur tour. J'ai effectivement donné l'autorisation de chargement de la première tranche de Civaux le mois dernier. Nous disposons aujourd'hui d'un parc sûr, avec une excellente disponibilité, que beaucoup de pays nous envient, et qui met la France en très bonne place pour affronter l'ouverture du marché de l'électricité.
CHOOZ A, c'était également l'époque où nous commencions à travailler sous la licence du constructeur américain de chaudières nucléaires Westinghouse. Je ne peux d'ailleurs m'empêcher de penser au chemin parcouru quand on constate qu'aujourd'hui FRAMATOME est le premier constructeur mondial de chaudières nucléaires, et que Westinghouse envisage de vendre ses activités nucléaires.
CHOOZ A, enfin, c'était le début d'un partenariat de long terme avec la Belgique pour la construction et l'exploitation de centrales nucléaires. Partenariat qui s'est concrétisé également par la construction de la centrale nucléaire de TIHANGE en Belgique, et qui s'est poursuivi plus récemment avec la nouvelle centrale de CHOOZ B puisque nos amis belges ont participé à hauteur de 25 % à cet investissement.
CHOOZ B, c'est bien sûr la tête de série du palier N4, et donc la première centrale à eau sous pression de conception complètement française. C'est aujourd'hui, notamment grâce à sa salle de commande informatisée et à son système de contrôle-commande, la centrale nucléaire en exploitation de la filière à eau sous pression la plus avancée de sa génération. Et je crois très sincèrement que les hommes et les femmes qui ont participé à la conception, à la construction et à l'exploitation de cette centrale peuvent être tout particulièrement fiers de cette réalisation qui témoigne de l'excellence de la technologie française. Les Américains ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, puisqu'ils ont décerné il y a quelques semaines le "Power Plant Award 1997" à la centrale nucléaire de CHOOZ B, récompensant ainsi l'avancée technologique de ce nouveau réacteur.
Mais aussi excellente que puisse être notre technologie, nous devons pouvoir nous adapter sans cesse aux nouvelles réalités et regarder en face ce qu'est l'avenir du programme nucléaire en France. En premier lieu, le palier N4, malgré ses performances, ne comportera pas, autant de réacteurs que le palier P4-P'4 pour les réacteurs de 1300 MW, ou que le palier CP0-CP1-CP2 des réacteurs de 900 MW. En effet, l'évolution des besoins en électricité pour les années à venir sont tels qu'ils ne justifient pas de commander de nouvelles tranches nucléaires d'ici 2010.
Mais même le renouvellement intégral du nucléaire par du nucléaire n'est pas gagné d'avance, même si la filière nucléaire reste indispensable pour assurer l'indépendance énergétique d'un pays comme la France, qui ne dispose pas de ressource fossile en quantité. La filière nucléaire demeure aujourd'hui la filière de production d'électricité la plus compétitive en base dans la plupart des hypothèses, comme le montre l'étude sur le "coûts de référence de la production d'électricité" conduite en 1997 par un groupe animé par la direction du gaz, de l'électricité et du charbon placée sous mon autorité. Mais son avantage par rapport au cycle combiné au gaz s'est réduit ces dernières années : dans un contexte d'ouverture à la concurrence, le nucléaire, s'il veut subsister, doit montrer qu'il reste compétitif par rapport aux autres sources d'énergie. L'exemple de la centrale de CHOOZ démontre bien que le nucléaire de la dernière génération est toujours plus compétitif : le coût des centrales construites ailleurs dans le monde est supérieur de 60 % en moyenne à celui du palier N4.
En effet, l'hypothèse selon laquelle le choix serait plus ouvert qu'aujourd'hui en 2010-2020, entre la filière nucléaire et la filière gaz pour la production d'électricité centralisée n'est nullement à exclure, notamment pour la semi-base.
EDF joue par ailleurs, à la demande du Gouvernement, un rôle essentiel en matière d'économies d'énergie et d'Energies Renouvelables (ENR). Ainsi EDF s'est-elle engagée dans un processus de revalorisation des conditions d'achat de l'électricité produite par cogénération, ou à partir d'énergies renouvelables telles que l'énergie éolienne , le bio-gaz, le bois-combustible ou la petite hydraulique. Dans ce but, j'ai demandé à EDF de se fixer un objectif ambitieux pour les deux ans à venir d'achat d'électricité à partir de ces sources énergétiques. Je compte, en effet, renforcer les actions en faveur des ENR afin de préparer une réelle diversification des moyens de production d'électricité dans notre pays.
Par ailleurs, le secteur nucléaire, pour rester durablement un atout pour la France, doit aussi gérer la question de l'aval du cycle nucléaire. Cette question devra trouver des réponses industrielles au moment du choix de renouvellement du parc.
Sur cette question la loi du 31 décembre 1991 est le texte de référence qui guide la politique gouvernementale.
En ce qui concerne la gestion des déchets radioactifs à vie longue et de haute activité, le Gouvernement a dorénavant pratiquement tous les éléments en mains pour prendre une décision sur le choix définitif pour l'implantation de laboratoires souterrains de recherches. Tous les rapports des commissions d'enquêtes ont été remis avec avis favorable, que ce soit dans la Vienne, dans le Gard ou dans l'Est. Et la plupart des collectivités locales consultées se sont exprimées en faveur de l'implantation d'un laboratoire souterrain. Le Gouvernement attend désormais le rapport de la Direction de la Sûreté des Installations Nucléaires pour prendre une décision.
J'entends ainsi accentuer les recherches concernant l'entreposage de déchets radioactifs à vie longue, et, j'ai écrit à l'administrateur général du CEA en ce sens.
J'ai parlé tout à l'heure du succès industriel de la filière des réacteurs à eau sous pression. La filière des réacteurs à neutrons rapides n'a malheureusement pas connu le même succès, et je le déplore. Ce projet était judicieux sur le plan économique dans les années 70, avec un pétrole rare et cher ; il ne l'est plus dans le contexte actuel, et c'est ce qui a motivé la décision du Premier ministre annoncée le 19 juin dernier d'abandonner ce réacteur. Je sais que cette décision a créé certaines interrogations au sein d'EDF et en particulier parmi les personnes qui ont travaillé sur ce projet. Je connais également les difficultés soulevées au plan local par cette décision. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement s'est donné le temps de la réflexion pour fixer les modalités d'abandon de SUPERPHENIX. Ces modalités devraient être arrêtées d'ici la fin de l'année, et le Gouvernement a nommé M. Jean-Pierre AUBERT comme médiateur afin de proposer des solutions au plan local et régional. Mais à l'évidence, l'arrêt de Superphénix ne met en rien en cause l'engagement convaincu et durable de la France en faveur du nucléaire, comme je l'ai régulièrement, au nom du Gouvernement réaffirmé devant le Parlement. Je l'ai rappelé en particulier devant la mission "énergie" présidée par le Député-Maire de Gardane, Monsieur Roger MEI.
Enfin, le maintien de la filière nucléaire doit avoir comme condition indispensable une politique en matière de sûreté nucléaire irréprochable, transparente et efficace. La situation actuelle est globalement satisfaisante, mais c'est un domaine où l'on doit toujours chercher à faire mieux. J'ai ainsi proposé, en accord avec mes collègues de l'Environnement, du Travail et de la Santé qu'une mission soit rapidement menée, afin de recueillir l'avis du parlement sur ce sujet.
Ma conviction est claire : ne dissocions jamais nucléaire, transparence et démocratie.
Je considère, en particulier, que des réponses doivent être apportées rapidement aux questions que vous vous posez : liens entre culture médicale de la radioprotection et culture scientifique de la sûreté nucléaire, organisation et inspection du travail pour l'ensemble des personnels travaillant sur les sites. Avec mes collègues, j'ai lancé un chantier de réflexion au plan de la structure des administrations concernées, sur ces différents sujets qui concernent tous les volets de protection des personnels, de santé publique et de sûreté des populations. J'ai même demandé aux dirigeants des entreprises publiques du secteur nucléaire d'oeuvrer en faveur d'une totale transparence vis-à-vis des populations. Je me félicite ainsi de l'initiative prise (début octobre), par la COGEMA autour du site de La Hague et qui rejoint l'excellent travail d'EDF en matière de communication depuis plusieurs années.
J'attends aussi beaucoup de l'implication des entreprises, menée avec les élus, au sein des commissions locales d'information.
Mais il est clair que la sûreté d'une centrale nucléaire, c'est l'exploitant qui en est le premier responsable, et donc tous ceux qui travaillent dans les installations nucléaires telles que celle de CHOOZ.
EDF a développé depuis l'origine une culture de sûreté qui n'a eu de cesse de progresser, et tout le monde doit s'en féliciter. Non seulement cette culture doit être maintenue et doit continuer de progresser, mais il convient également d'en faire profiter les autres : je pense en particulier aux exploitants situés dans les pays de l'Est, où la notion de transparence est un concept encore récent, et où les déclarations d'incidents étaient suivies de sanction. Je suis, comme beaucoup de gens en France, très préoccupé par la sûreté des installations nucléaires de l'Est, même si des progrès sont intervenus, notamment avec la mise en place d'un plan de cessation d'activité à Tchernobyl qui devrait s'arrêter en 2000. La communauté internationale et en particulier les pays du G7 s'en préoccupent et tentent d'améliorer la situation. Mais l'action que peuvent avoir les exploitants occidentaux pour faire bénéficier de leur expérience ceux de l'Est reste irremplaçable, et j'encourage vivement les exploitants de centrales françaises à développer des jumelages avec leurs homologues des pays de l'Est.
Si je voulais résumer mes propos, je dirais que je crois très profondément que le nucléaire, au côté des énergies fossiles et des énergies renouvelables, a un avenir tant en France qu'à l'étranger. C'est pourquoi, des industriels français de la filière nucléaire m'accompagneront lors de mon prochain déplacement au Japon. En France en tout cas, le nucléaire dispose aujourd'hui de nombreux atouts et peut être fier de nombreuses réussites : la centrale de CHOOZ en est clairement une.
Je félicite ses personnels : ingénieurs, techniciens, opérateurs, employés.
Mesdames, Messieurs, le Ministre de l'industrie est convaincu que la France, pour rester une grande puissance, doit poursuivre ses efforts industriels dans des secteurs -où comme le nucléaire- elle occupe un leadership mondial incontestable. Ce grand service public auquel le Gouvernement est très attaché doit offrir aux particuliers et aux entreprises une énergie compétitive et garante de l'indépendance du pays.
C'est pourquoi le nucléaire, fierté technologique française et réussites économique et industrielle demeure incontournable en France.
(source http://www.minefi.gouv.fr, le 29 novembre 2001)