Texte intégral
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président du Conseil général (ou son représentant ?)
Monsieur le Président,
Monsieur le Maire,
Mesdames,
Messieurs,
Je dois d'abord vous dire combien fut grande ma curiosité à l'égard de cette exposition parce qu'en effet son intitulé intrigue. Qu'est-ce qu'une maison modèle ? Exemplaire au sens de vertueuse et, donc, reflétant une vision sociale (de classe aussi) de ce que peut être la vertu au XIXème bourgeois, industriel et banquier, mais aussi ouvrier ? A moins que ce ne soit modèle parce que modélisable, reproductible en quantité industrielle, première tentative du kit ou du " clef en mains " ? Bref j'avais la curiosité de comprendre comment allaient être interrogés et présentés ces éléments apparemment ordinaires de la vie quotidienne -l'habitation- et ce qu'en termes sociologiques, historiques et patrimoniaux ces éléments allaient nous apprendre à propos de ce département qui, vous le savez, me tient particulièrement à cur.
La dramaturgie de l'exposition répond à ces questions en trois actes ou trois tableaux : le premier parcourt la trame économique et technique du pavillon de banlieue et de son voisinage avec l'immeuble de rapport ; le deuxième tableau, nous fait mesurer à travers les premiers catalogues de vente, la subtilité de l'impératif de rentabilité quand, au coût moindre de la construction, il associe une diversité et une créativité de l'offre et dédramatise ainsi l'acte d'achat comme d'endettement d'ailleurs...;
Troisième tableau, celui des cinq familles constructrices dont la présentation et les illustrations ne sont pas sans évoquer la famille des Rougon-Macquart : une histoire d'esprit d'entreprise (de classe aussi) qui, dans la succession des générations et par l'héritage, se perpétue, se transforme ou se diversifie au point de donner des entrepreneurs, des architectes, mais aussi des administrateurs de biens ainsi que, me semble-t-il, des élus...
Logique de l'enchaînement des parcours en même temps que surprise... Je retiendrai ensuite un autre aspect de cette exposition, celui de la coopération qui s'est instaurée entre le CAUE 92 et le service régional de l'inventaire de la DRAC Ile de France pour produire la publication illustrée de cet ouvrage de Catherine Boulmer " Hommes et métiers du bâtiment, 1860 - 1940 : l'exemple des Hauts de Seine ".
L'ouvrage de Catherine Boulmer nous fait cheminer dans quelques trente six localités du département -d'Antony à Villeneuve-la-Garenne, de Bagneux à Suresnes- et nous conduit ainsi à prendre la pleine mesure de ce département dont je crois juste de dire qu'il a été un véritable laboratoire d'expérimentation architecturale et sociale. L'action que je conduis au ministère de la Culture en tant que Secrétaire d'Etat au Patrimoine et à la décentralisation culturelle s'inspire d'abord de la force objective que la coopération ou encore le partenariat Etat-Collectivités territoriales a insufflé au développement culturel.
C'est une réalité chiffrable certes -l'engagement des collectivités territoriales représente deux fois et demie celui de l'Etat- c'est aussi, sinon d'abord, la réalité d'une solidarité autour d'un projet culturel, d'une solidarité en quelque sorte " ordinaire " parce systématique. Les débats autour de la décentralisation sont nombreux, passionnés. Il n'en demeure pas moins vrai que notre réalité, singulièrement culturelle, participe de cette alliance des puissances publiques -Etat et collectivités territoriales- et s'est nourrie de ses financements croisés si critiqués parfois. C'est en tout cas, sur cette réalité incontestable du développement culturel, le sens que nous avons souhaité donner aussi aux " Protocoles de décentralisation culturelle " comme à la très prochaine loi relative à la création des " Etablissements publics de coopération culturelle ".
Ceci étant, je voudrais saluer ici le travail de conception et d'élaboration, la prise de risque aussi, du CAUE 92. C'est qu'en effet, il n'est jamais aisé d'interroger les traces ou les témoignages de l'histoire, soit qu'elles dérangent, soit au contraire qu'elles servent à une auto-satisfaction aux relents identitaires. Je dois dire ici que je suis très impressionné par la qualité, je devrais dire la rigueur, de ce travail que vous avez engagé avec le concours de Françoise Hamon, professeur d'histoire du patrimoine de l'université de Paris IV. Il n'est pas non plus aisé de donner à voir et à comprendre à la population, aux usagers. Une instance de conseil et d'aide à la décision telle que les CAUE est aussi un outil que l'on pourrait vouloir instrumentaliser. J'observe que le département des Hauts-de-Seine s'est tout au contraire associé, que les services de l'Etat se sont engagés aussi sur la démarche dont vous nous présentez aujourd'hui le fruit.
C'est là l'occasion, si besoin était, de saisir pleinement le rôle et l'utilité des CAUE. Catherine Tasca et moi-même avons, je peux le dire, pris la pleine mesure de ce rôle charnière des CAUE ainsi que -je le rappelle- de la fragilité relative, voire de la précarité, que constitue leur mode de financement actuel qui pourrait compromettre à terme et leur fonction de conseil et leur fonction " pédagogique ". Le ministère de la Culture à cet égard s'est engagé à organiser le remplacement de l'actuelle taxe départementale par une taxe sur le foncier bâti, davantage en prise avec l'économie de la construction.
Nous aurons, nous élus, un rôle primordial à jouer dans le vote et la mise en uvre de cette nouvelle assiette de financement. Je voudrais pour conclure observer que lorsque l'on traite du patrimoine et de l'architecture -comme ici avec autant d'exigence intellectuelle et de passion- nous sommes tous immanquablement conduits à faire le lien entre la mémoire et la création, entre l'histoire et sa réalité contemporaine.
C'est dire que cette exposition et l'ouvrage qui l'a inspirée, prouvent remarquablement que patrimoine et architecture traitent aussi de politique citoyenne.
Je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 21 décembre 2001)
Monsieur le Président du Conseil général (ou son représentant ?)
Monsieur le Président,
Monsieur le Maire,
Mesdames,
Messieurs,
Je dois d'abord vous dire combien fut grande ma curiosité à l'égard de cette exposition parce qu'en effet son intitulé intrigue. Qu'est-ce qu'une maison modèle ? Exemplaire au sens de vertueuse et, donc, reflétant une vision sociale (de classe aussi) de ce que peut être la vertu au XIXème bourgeois, industriel et banquier, mais aussi ouvrier ? A moins que ce ne soit modèle parce que modélisable, reproductible en quantité industrielle, première tentative du kit ou du " clef en mains " ? Bref j'avais la curiosité de comprendre comment allaient être interrogés et présentés ces éléments apparemment ordinaires de la vie quotidienne -l'habitation- et ce qu'en termes sociologiques, historiques et patrimoniaux ces éléments allaient nous apprendre à propos de ce département qui, vous le savez, me tient particulièrement à cur.
La dramaturgie de l'exposition répond à ces questions en trois actes ou trois tableaux : le premier parcourt la trame économique et technique du pavillon de banlieue et de son voisinage avec l'immeuble de rapport ; le deuxième tableau, nous fait mesurer à travers les premiers catalogues de vente, la subtilité de l'impératif de rentabilité quand, au coût moindre de la construction, il associe une diversité et une créativité de l'offre et dédramatise ainsi l'acte d'achat comme d'endettement d'ailleurs...;
Troisième tableau, celui des cinq familles constructrices dont la présentation et les illustrations ne sont pas sans évoquer la famille des Rougon-Macquart : une histoire d'esprit d'entreprise (de classe aussi) qui, dans la succession des générations et par l'héritage, se perpétue, se transforme ou se diversifie au point de donner des entrepreneurs, des architectes, mais aussi des administrateurs de biens ainsi que, me semble-t-il, des élus...
Logique de l'enchaînement des parcours en même temps que surprise... Je retiendrai ensuite un autre aspect de cette exposition, celui de la coopération qui s'est instaurée entre le CAUE 92 et le service régional de l'inventaire de la DRAC Ile de France pour produire la publication illustrée de cet ouvrage de Catherine Boulmer " Hommes et métiers du bâtiment, 1860 - 1940 : l'exemple des Hauts de Seine ".
L'ouvrage de Catherine Boulmer nous fait cheminer dans quelques trente six localités du département -d'Antony à Villeneuve-la-Garenne, de Bagneux à Suresnes- et nous conduit ainsi à prendre la pleine mesure de ce département dont je crois juste de dire qu'il a été un véritable laboratoire d'expérimentation architecturale et sociale. L'action que je conduis au ministère de la Culture en tant que Secrétaire d'Etat au Patrimoine et à la décentralisation culturelle s'inspire d'abord de la force objective que la coopération ou encore le partenariat Etat-Collectivités territoriales a insufflé au développement culturel.
C'est une réalité chiffrable certes -l'engagement des collectivités territoriales représente deux fois et demie celui de l'Etat- c'est aussi, sinon d'abord, la réalité d'une solidarité autour d'un projet culturel, d'une solidarité en quelque sorte " ordinaire " parce systématique. Les débats autour de la décentralisation sont nombreux, passionnés. Il n'en demeure pas moins vrai que notre réalité, singulièrement culturelle, participe de cette alliance des puissances publiques -Etat et collectivités territoriales- et s'est nourrie de ses financements croisés si critiqués parfois. C'est en tout cas, sur cette réalité incontestable du développement culturel, le sens que nous avons souhaité donner aussi aux " Protocoles de décentralisation culturelle " comme à la très prochaine loi relative à la création des " Etablissements publics de coopération culturelle ".
Ceci étant, je voudrais saluer ici le travail de conception et d'élaboration, la prise de risque aussi, du CAUE 92. C'est qu'en effet, il n'est jamais aisé d'interroger les traces ou les témoignages de l'histoire, soit qu'elles dérangent, soit au contraire qu'elles servent à une auto-satisfaction aux relents identitaires. Je dois dire ici que je suis très impressionné par la qualité, je devrais dire la rigueur, de ce travail que vous avez engagé avec le concours de Françoise Hamon, professeur d'histoire du patrimoine de l'université de Paris IV. Il n'est pas non plus aisé de donner à voir et à comprendre à la population, aux usagers. Une instance de conseil et d'aide à la décision telle que les CAUE est aussi un outil que l'on pourrait vouloir instrumentaliser. J'observe que le département des Hauts-de-Seine s'est tout au contraire associé, que les services de l'Etat se sont engagés aussi sur la démarche dont vous nous présentez aujourd'hui le fruit.
C'est là l'occasion, si besoin était, de saisir pleinement le rôle et l'utilité des CAUE. Catherine Tasca et moi-même avons, je peux le dire, pris la pleine mesure de ce rôle charnière des CAUE ainsi que -je le rappelle- de la fragilité relative, voire de la précarité, que constitue leur mode de financement actuel qui pourrait compromettre à terme et leur fonction de conseil et leur fonction " pédagogique ". Le ministère de la Culture à cet égard s'est engagé à organiser le remplacement de l'actuelle taxe départementale par une taxe sur le foncier bâti, davantage en prise avec l'économie de la construction.
Nous aurons, nous élus, un rôle primordial à jouer dans le vote et la mise en uvre de cette nouvelle assiette de financement. Je voudrais pour conclure observer que lorsque l'on traite du patrimoine et de l'architecture -comme ici avec autant d'exigence intellectuelle et de passion- nous sommes tous immanquablement conduits à faire le lien entre la mémoire et la création, entre l'histoire et sa réalité contemporaine.
C'est dire que cette exposition et l'ouvrage qui l'a inspirée, prouvent remarquablement que patrimoine et architecture traitent aussi de politique citoyenne.
Je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 21 décembre 2001)