Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse d'inaugurer ce jour, à Lyon, l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI), au terme d'un long cheminement dont l'acte fondateur fut la loi d'orientation de juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions qui a fait du combat contre l'illettrisme une priorité nationale.
Vous connaissez les chiffres de l'illettrisme en France. Ils sont une blessure en même temps qu'un défi. Il peut sembler paradoxal dans un pays, qui se situe parmi ceux dont le taux de scolarisation est le plus élevé au monde, qu'un nombre non négligeable d'adultes ne disposent pas de ces savoirs fondamentaux que sont l'écriture et la lecture. Des estimations font état d'une proportion de 10 p. cent de la population adulte qui ne maîtrise pas couramment la communication par l'écrit. Certains d'entre eux n'ont pu avoir accès, en raison de leur parcours personnel, à un enseignement leur permettant de développer ces capacités. D'autres, ont suivi une scolarité élémentaire mais ont petit à petit perdu ces savoirs, faute d'un environnement stimulant leur désir de communiquer à travers l'écrit.
Pendant de nombreuses années nous avons sous-estimé les conséquences de l'illettrisme. Aujourd'hui, ne pas maîtriser la lecture et l'écrit, c'est s'enfermer dans un univers étroit, dans la crainte de tout ce qui lui est étranger. C'est sentir de la gêne, parfois de la honte, dans les actes les plus courants de la vie quotidienne. C'est vivre une exclusion qui est d'abord sociale et professionnelle. Il y a vingt ans encore, on pouvait trouver un métier sans savoir parfaitement lire et écrire. Nous savons tous que ce n'est plus possible aujourd'hui. L'environnement de travail a changé, y compris dans les emplois peu qualifiés. Ne pas pouvoir lire une consigne ou transmettre des informations sous forme écrite condamne à une exclusion du monde du travail. La vie quotidienne s'est également profondément transformée et place ceux qui ne maîtrisent pas l'écriture dans une situation de dépendance qui les prive de la participation à la vie sociale et les handicape dans leur vie personnelle.
Dans notre société de l'information et de la communication, l'écart ne peut que s'accroître entre ceux qui possèdent des savoirs sans cesse plus sophistiqués et ceux qui ne disposent pas des capacités nécessaires pour accéder à la connaissance et à la compréhension du monde environnant. La lutte contre l'illettrisme est donc une exigence de justice.
C'est pourquoi le Gouvernement a décidé de faire de la lutte contre l'illettrisme une priorité. Elle figure en bonne place dans le programme de lutte contre les exclusions adossé à la loi du même nom. Les moyens qui y sont consacrés ont été quasiment triplés au cours des trois dernières années et s'élèvent pour l'année 2001 à 68,6 millions de francs. Nous nous engageons résolument dans cette voie car l'expérience nous a appris qu'il n'y a pas de fatalité dans ce domaine. Certes, il n'est pas facile de surmonter les difficultés d'apprentissage de certains élèves qui, pour des raisons personnelles, ne parviennent pas à maîtriser la lecture et l'écriture aussi rapidement que leurs camarades. De même il est difficile d'aider des adultes à combler les retards accumulés dans ce domaine pendant parfois de longues années. Pourtant les efforts déployés par l'Education nationale mais aussi par le réseau d'acteurs animé par le Groupement permanent de lutte contre l'illettrisme (GPLI) ont montré qu'il est possible, à tout âge, d'acquérir cette maîtrise de l'écriture et de la lecture.
Toutefois, suite aux conclusions du rapport remarqué de Madame Marie-Thérèse GEFFROY intitulé "Lutter contre l'illettrisme", établi à la demande de Martine AUBRY et de moi-même, il est apparu nécessaire de donner un nouveau souffle à ce combat. A cette fin, il a été constitué un Groupement d'intérêt public (GIP), structure qui permet d'associer pour un même objet, des personnalités morales de droit privé et de droit public. Ainsi, l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI) regroupe divers ministères (Emploi et solidarité, Justice, Education nationale, Défense, Culture et la communication, Agriculture et pêche, Jeunesse et sports et Outre-mer) Elle regroupe aussi des établissements publics ou sous tutelle l'Agence nationale pour l'emploi, l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, l'Institut national de la recherche pédagogique, l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire et l'Agence nationale pour l'insertion et la promotion des travailleurs d'outre-mer. Des collectivités territoriales se sont engagées, les régions Poitou-Charentes et Nord-Pas de Calais et le département de l'Essonne ainsi que des branches professionnelles et des entreprises l'Association nationale de l'industrie agroalimentaire, la Fédération de la propreté à travers leurs organismes collecteurs paritaires et l'entreprise Sanofi-Synthélabo. Car ce ne sont pas tant de grands programmes nationaux qui viendront à bout de l'illettrisme, qu'une action la plus décentralisée possible -l'implantation de l'agence à Lyon est un symbole de ce point de vue- et un partenariat étroit entre tous les acteurs.
Ce partenariat doit laisser toute sa place aux réseaux associatifs et aux bénévoles qui consacrent temps et énergie à apporter une aide précieuse aux personnes en situation d'illettrisme. L'animation de l'ensemble de ces acteurs sera dévolue aux chargés de mission régionaux de l'agence qui seront placés au sein des Secrétariats généraux aux affaires régionales (SGAR). Le Premier ministre vient d'adresser une circulaire dans ce sens aux Préfets de région.
L'efficacité des actions exigera de plus en plus une compétence assise sur l'expérience accumulée par ceux qui oeuvrent dans ce domaine depuis de nombreuses années dans des organismes spécialisés ou des centres de ressources. Le professionnalisme des intervenants est un champ sur lequel nous devons sans doute encore beaucoup investir. D'autant que de nouveaux moyens sont à notre disposition grâce aux technologies de l'information et de la communication. Leur utilisation ouvre de nouvelles voies de progrès, à condition de concevoir des outils adaptés et d'en maîtriser l'utilisation.
Il y a également beaucoup de pistes encourageantes dans les actions conduites en lien avec les entreprises. Les changements dans l'organisation du travail liés à l'introduction de nouvelles technologies ou à la réduction du temps de travail révèlent souvent des handicaps dont l'illettrisme n'est pas absent. Certaines entreprises ont fait le choix de lutter contre l'exclusion et de consacrer une part importante de leur effort de formation à surmonter ces difficultés. Elles ont le plus souvent enregistré des succès importants.
La lutte contre l'illettrisme relève, certes, de l'action sociale ; mais le travail préventif qui peut être réalisé dans le milieu professionnel est certainement un facteur de réussite essentiel. Nous devons relancer impérativement cette dimension de notre action.
Il nous reste un chemin important à parcourir. L'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme que j'ai le plaisir d'inaugurer aujourd'hui, contribuera, j'en suis certaine, à donner un nouvel élan pour promouvoir ce droit élémentaire pour tout citoyen d'accéder à l'écriture et, à travers elle, à la vie sociale et démocratique. Je salue Monsieur Antoine MARTIN son Président et sa Directrice, Madame Marie-Thérèse GEFFROY.
C'est un outil que nous avons voulu au service de tous ceux qui sont engagés dans cette lutte. J'attends de l'agence qu'elle soit un lieu de capitalisation des méthodes et des démarches, qu'elle favorise les échanges entre les acteurs concernés mais surtout qu'elle mobilise et coordonne toutes les institutions, publiques ou privées, qui aujourd'hui encore ne prennent pas suffisamment en compte cet enjeu de société. Je sais que je peux compter sur vous.
(source http://www.anlci.fr, le 15 janvier 2002)
Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse d'inaugurer ce jour, à Lyon, l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI), au terme d'un long cheminement dont l'acte fondateur fut la loi d'orientation de juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions qui a fait du combat contre l'illettrisme une priorité nationale.
Vous connaissez les chiffres de l'illettrisme en France. Ils sont une blessure en même temps qu'un défi. Il peut sembler paradoxal dans un pays, qui se situe parmi ceux dont le taux de scolarisation est le plus élevé au monde, qu'un nombre non négligeable d'adultes ne disposent pas de ces savoirs fondamentaux que sont l'écriture et la lecture. Des estimations font état d'une proportion de 10 p. cent de la population adulte qui ne maîtrise pas couramment la communication par l'écrit. Certains d'entre eux n'ont pu avoir accès, en raison de leur parcours personnel, à un enseignement leur permettant de développer ces capacités. D'autres, ont suivi une scolarité élémentaire mais ont petit à petit perdu ces savoirs, faute d'un environnement stimulant leur désir de communiquer à travers l'écrit.
Pendant de nombreuses années nous avons sous-estimé les conséquences de l'illettrisme. Aujourd'hui, ne pas maîtriser la lecture et l'écrit, c'est s'enfermer dans un univers étroit, dans la crainte de tout ce qui lui est étranger. C'est sentir de la gêne, parfois de la honte, dans les actes les plus courants de la vie quotidienne. C'est vivre une exclusion qui est d'abord sociale et professionnelle. Il y a vingt ans encore, on pouvait trouver un métier sans savoir parfaitement lire et écrire. Nous savons tous que ce n'est plus possible aujourd'hui. L'environnement de travail a changé, y compris dans les emplois peu qualifiés. Ne pas pouvoir lire une consigne ou transmettre des informations sous forme écrite condamne à une exclusion du monde du travail. La vie quotidienne s'est également profondément transformée et place ceux qui ne maîtrisent pas l'écriture dans une situation de dépendance qui les prive de la participation à la vie sociale et les handicape dans leur vie personnelle.
Dans notre société de l'information et de la communication, l'écart ne peut que s'accroître entre ceux qui possèdent des savoirs sans cesse plus sophistiqués et ceux qui ne disposent pas des capacités nécessaires pour accéder à la connaissance et à la compréhension du monde environnant. La lutte contre l'illettrisme est donc une exigence de justice.
C'est pourquoi le Gouvernement a décidé de faire de la lutte contre l'illettrisme une priorité. Elle figure en bonne place dans le programme de lutte contre les exclusions adossé à la loi du même nom. Les moyens qui y sont consacrés ont été quasiment triplés au cours des trois dernières années et s'élèvent pour l'année 2001 à 68,6 millions de francs. Nous nous engageons résolument dans cette voie car l'expérience nous a appris qu'il n'y a pas de fatalité dans ce domaine. Certes, il n'est pas facile de surmonter les difficultés d'apprentissage de certains élèves qui, pour des raisons personnelles, ne parviennent pas à maîtriser la lecture et l'écriture aussi rapidement que leurs camarades. De même il est difficile d'aider des adultes à combler les retards accumulés dans ce domaine pendant parfois de longues années. Pourtant les efforts déployés par l'Education nationale mais aussi par le réseau d'acteurs animé par le Groupement permanent de lutte contre l'illettrisme (GPLI) ont montré qu'il est possible, à tout âge, d'acquérir cette maîtrise de l'écriture et de la lecture.
Toutefois, suite aux conclusions du rapport remarqué de Madame Marie-Thérèse GEFFROY intitulé "Lutter contre l'illettrisme", établi à la demande de Martine AUBRY et de moi-même, il est apparu nécessaire de donner un nouveau souffle à ce combat. A cette fin, il a été constitué un Groupement d'intérêt public (GIP), structure qui permet d'associer pour un même objet, des personnalités morales de droit privé et de droit public. Ainsi, l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI) regroupe divers ministères (Emploi et solidarité, Justice, Education nationale, Défense, Culture et la communication, Agriculture et pêche, Jeunesse et sports et Outre-mer) Elle regroupe aussi des établissements publics ou sous tutelle l'Agence nationale pour l'emploi, l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, l'Institut national de la recherche pédagogique, l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire et l'Agence nationale pour l'insertion et la promotion des travailleurs d'outre-mer. Des collectivités territoriales se sont engagées, les régions Poitou-Charentes et Nord-Pas de Calais et le département de l'Essonne ainsi que des branches professionnelles et des entreprises l'Association nationale de l'industrie agroalimentaire, la Fédération de la propreté à travers leurs organismes collecteurs paritaires et l'entreprise Sanofi-Synthélabo. Car ce ne sont pas tant de grands programmes nationaux qui viendront à bout de l'illettrisme, qu'une action la plus décentralisée possible -l'implantation de l'agence à Lyon est un symbole de ce point de vue- et un partenariat étroit entre tous les acteurs.
Ce partenariat doit laisser toute sa place aux réseaux associatifs et aux bénévoles qui consacrent temps et énergie à apporter une aide précieuse aux personnes en situation d'illettrisme. L'animation de l'ensemble de ces acteurs sera dévolue aux chargés de mission régionaux de l'agence qui seront placés au sein des Secrétariats généraux aux affaires régionales (SGAR). Le Premier ministre vient d'adresser une circulaire dans ce sens aux Préfets de région.
L'efficacité des actions exigera de plus en plus une compétence assise sur l'expérience accumulée par ceux qui oeuvrent dans ce domaine depuis de nombreuses années dans des organismes spécialisés ou des centres de ressources. Le professionnalisme des intervenants est un champ sur lequel nous devons sans doute encore beaucoup investir. D'autant que de nouveaux moyens sont à notre disposition grâce aux technologies de l'information et de la communication. Leur utilisation ouvre de nouvelles voies de progrès, à condition de concevoir des outils adaptés et d'en maîtriser l'utilisation.
Il y a également beaucoup de pistes encourageantes dans les actions conduites en lien avec les entreprises. Les changements dans l'organisation du travail liés à l'introduction de nouvelles technologies ou à la réduction du temps de travail révèlent souvent des handicaps dont l'illettrisme n'est pas absent. Certaines entreprises ont fait le choix de lutter contre l'exclusion et de consacrer une part importante de leur effort de formation à surmonter ces difficultés. Elles ont le plus souvent enregistré des succès importants.
La lutte contre l'illettrisme relève, certes, de l'action sociale ; mais le travail préventif qui peut être réalisé dans le milieu professionnel est certainement un facteur de réussite essentiel. Nous devons relancer impérativement cette dimension de notre action.
Il nous reste un chemin important à parcourir. L'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme que j'ai le plaisir d'inaugurer aujourd'hui, contribuera, j'en suis certaine, à donner un nouvel élan pour promouvoir ce droit élémentaire pour tout citoyen d'accéder à l'écriture et, à travers elle, à la vie sociale et démocratique. Je salue Monsieur Antoine MARTIN son Président et sa Directrice, Madame Marie-Thérèse GEFFROY.
C'est un outil que nous avons voulu au service de tous ceux qui sont engagés dans cette lutte. J'attends de l'agence qu'elle soit un lieu de capitalisation des méthodes et des démarches, qu'elle favorise les échanges entre les acteurs concernés mais surtout qu'elle mobilise et coordonne toutes les institutions, publiques ou privées, qui aujourd'hui encore ne prennent pas suffisamment en compte cet enjeu de société. Je sais que je peux compter sur vous.
(source http://www.anlci.fr, le 15 janvier 2002)