Texte intégral
F. Laborde Hier est arrivé à Paris D. Schuller, longuement entendu par le juge en charge de l'affaire des HLM des Hauts-de-Seine. D. Schuller n'a pas fait de déclarations, mais son arrivée a suscité beaucoup de commentaires, notamment au sein du RPR, des commentaires parfois agacés. Est-ce que ces commentaires vous semblent à la mesure de l'évènement ou peut-être un peu disproportionnés ?
- "Puisque vous dites "disproportion", avant de parler de cette affaire, il me semble qu'il serait bien - en tout cas, moi, je veux avoir une pensée pour le préfet Erignac, qui a été assassiné il y a quatre ans aujourd'hui. C'était le 6 février 1998, son assassin n'est toujours pas arrêté et naturellement, je pense à ses proches et à ceux qui l'ont aimé."
Hier, L. Jospin disait à ce propos qu'il avait la certitude absolue que les assassins du préfet Erignac seraient retrouvés.
- "Eh bien, qu'on y arrive !"
Revenons à l'affaire Schuller : il dit qu'il ne rentre pas pour régler ses comptes, en même temps, il parle très directement d'E. Balladur, ancien Premier ministre, de C. Pasqua, de J. Chirac. Il dit qu'il revient pour son fils, lequel a dit hier sur France 2 qu'il n'a pas ce sentiment. M. Alliot-Marie disait ici-même encore hier que c'était "le meilleur argument de campagne des socialistes" qui revient. Vous partagez ou comprenez ce sentiment d'inquiétude du RPR ?
- "Je n'ai qu'une pensée : maintenant, c'est le temps de la justice. On a eu le temps du sensationnel, le temps des rebondissements, maintenant, c'est le temps de la justice et celui-ci impose que l'on se taise et qu'on laisse faire."
Il y a tout de même des hasards un peu troublants...
- "Si vous voulez dire qu'il a des hasards curieux, naturellement, c'est mon sentiment. Mais la politique française vit hélas ainsi depuis des années. Il y a des années que des dossiers apparaissent et sortent au moment opportun, au moment critique et c'est d'ailleurs une des taches noires sur la politique française que ce sentiment qu'il y a, d'un bord et de l'autre, des pratiques qui visent à cultiver des dossiers et à les faire sortir au moment opportun."
Vous voulez dire que les politiques eux-mêmes donnent cette image navrante et entretiennent la distance que les Français peuvent avoir à l'égard du politique ?
- "Non, je ne dis pas "les politiques", je n'emploie pas ce pluriel, parce qu'il y a des gens qui ne vivent pas et ne gouvernent pas de cette manière. S'il y a un enjeu pour la France, c'est que les Français retrouvent confiance dans ceux qui les gouvernent et dans les pratiques ce ceux qui les gouvernent. Il n'y a pas de confiance sans loyauté. Est-ce que la loyauté est au pouvoir depuis des années ? Sur ces affaires, on peut en douter. Et donc, pour retrouver la loyauté, retrouver la confiance, que les citoyens se disent de nouveau qu'ils peuvent croire et écouter ceux qui les gouvernent, lorsqu'ils assurent que la justice passent et qu'ils n'interviennent pas. Je trouve que c'est vraiment un très grand enjeu pour le printemps."
A propos de loyauté, vous-même, vous avez subi de la part du RPR des pratiques qui n'étaient pas toujours d'une élégance ébouriffante, il y a eu des sarcasmes au début, des débauchages de certains de vos fidèles...
- "Elégance ébouriffante ? Je trouve que vous avez de bonnes expressions, tôt le matin, comme ça !"
Comment avez-vous vécu cette déloyauté ?
- "Cela n'a aucune importance. Et les sentiments que je ressens expliquent en partie pourquoi je suis engagé dans cette élection : pour que les choses changent. Parce que ce climat délétère, malsain, déloyal, c'est exactement la raison pour laquelle les gens n'écoutent plus la politique, c'est la raison pour laquelle ils s'en détournent, car ils pensent au fond que c'est un monde qui vit avec de telles règles que cela ne vaut pas la peine de lui faire confiance. Pour le reste, l'immense chance que donne l'élection présidentielle, c'est le contact direct avec les Français et que le moment venu - il viendra dans trois ou quatre semaine, un mois, un mois et demi, cela n'a aucune importance, puisque les principaux favoris ont décidé de retarder le plus possible leur entrée en campagne, mais ce moment viendra -, les Français trancheront."
Ne pensez-vous pas que ces affaires qui occultent tout le reste - parce qu'il n'y a même pas de débat sur le fond des projets - ne pourraient pas inciter les deux candidats à sortir du bois et à commencer une campagne qui pour l'instant se joue à coups de dossiers plus ou moins nauséabonds ?
- "Je ne sais pas quelle sera la décision qu'ils prendront, vous voyez bien que leur choix, c'est surtout que l'on ne parle pas de l'essentiel, c'est-à-dire du projet pour la France et aussi du changement nécessaire en France. C'est leur choix. Tiendront-ils sur ce choix? Je n'en suis pas sûr. La demande des Français ou le sentiment d'exaspération ironique - ils sont exaspérés et ironiques en même temps, parce qu'on ne la leur fait plus ! - des hommes qui, en principe, ne sont pas candidats mais qui désignent des directeurs de campagne et choisissent des locaux de campagne... Ils trouvent cela un peu abusif !"
On voit que le conflit des médecins continuent, qu'une coordination est créée, les chiffres du chômage ne sont pas très bons et pourtant, la cote de popularité de L. Jospin se maintient, cela ne semble pas avoir une influence directe sur les sondages. Vous allez me dire qu'il faut peut-être s'en méfier...
- "La question devant nous, la question à laquelle les Français devront répondre au printemps, c'est précisément celle de la manière dont on gouverne la France. Et cela fait des années que l'on gouverne la France avec ce mépris pour les gens, de l'avis des Français. On ne les écoute pas, on ne les entend pas, on ne leur fait pas la moindre place, quelles que soient leurs demandes, justifiées ou pas, on ne les reçoit. Je veux dire simplement qu'ils n'ont pas le droit de s'asseoir à la table avec les gouvernants, pour dire qu'ils ont un problème dans leurs conditions de vie. Les médecins, les spécialistes par exemple, n'ont pas été augmentés depuis huit ans. Je ne sais pas combien de Français accepteraient qu'on ne discute même pas de leurs revenus, de leurs conditions de vie, alors qu'ils n'ont pas été augmentés depuis huit ans. Les infirmières : 17 francs et quelques pour un déplacement, une visite, une piqûre, une prise de sang. Pourquoi est-ce que l'on n'en parle pas ? Donc, la nature du gouvernement, la manière dont les Français sont exclus du pouvoir, ce sera une question centrale des élections qui viennent."
Est-ce que vous imaginiez qu'une campagne présidentielle, c'était aussi violent ?
- "Oui, je l'imaginais. Le vivre, c'est encore autre chose. Mais je l'imaginais parce qu'en France, ceux qui sont au pouvoir y sont tellement attachés pour eux-mêmes. Vous voyez que pour l'instant, les questions, les projets, les idées principales, rien n'est sur la table. Ce qui est défendu, c'est le pouvoir pour soi-même. Mais d'ici deux mois et demi, toutes ces barrières vont sauter, parce que les Français vont se voir remettre la clef, c'est eux qui vont dire, dans la serrure : "Nous choisissons d'ouvrir une porte nouvelle". Du moins, je le crois."
(Source :Premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 6 février 2002)
- "Puisque vous dites "disproportion", avant de parler de cette affaire, il me semble qu'il serait bien - en tout cas, moi, je veux avoir une pensée pour le préfet Erignac, qui a été assassiné il y a quatre ans aujourd'hui. C'était le 6 février 1998, son assassin n'est toujours pas arrêté et naturellement, je pense à ses proches et à ceux qui l'ont aimé."
Hier, L. Jospin disait à ce propos qu'il avait la certitude absolue que les assassins du préfet Erignac seraient retrouvés.
- "Eh bien, qu'on y arrive !"
Revenons à l'affaire Schuller : il dit qu'il ne rentre pas pour régler ses comptes, en même temps, il parle très directement d'E. Balladur, ancien Premier ministre, de C. Pasqua, de J. Chirac. Il dit qu'il revient pour son fils, lequel a dit hier sur France 2 qu'il n'a pas ce sentiment. M. Alliot-Marie disait ici-même encore hier que c'était "le meilleur argument de campagne des socialistes" qui revient. Vous partagez ou comprenez ce sentiment d'inquiétude du RPR ?
- "Je n'ai qu'une pensée : maintenant, c'est le temps de la justice. On a eu le temps du sensationnel, le temps des rebondissements, maintenant, c'est le temps de la justice et celui-ci impose que l'on se taise et qu'on laisse faire."
Il y a tout de même des hasards un peu troublants...
- "Si vous voulez dire qu'il a des hasards curieux, naturellement, c'est mon sentiment. Mais la politique française vit hélas ainsi depuis des années. Il y a des années que des dossiers apparaissent et sortent au moment opportun, au moment critique et c'est d'ailleurs une des taches noires sur la politique française que ce sentiment qu'il y a, d'un bord et de l'autre, des pratiques qui visent à cultiver des dossiers et à les faire sortir au moment opportun."
Vous voulez dire que les politiques eux-mêmes donnent cette image navrante et entretiennent la distance que les Français peuvent avoir à l'égard du politique ?
- "Non, je ne dis pas "les politiques", je n'emploie pas ce pluriel, parce qu'il y a des gens qui ne vivent pas et ne gouvernent pas de cette manière. S'il y a un enjeu pour la France, c'est que les Français retrouvent confiance dans ceux qui les gouvernent et dans les pratiques ce ceux qui les gouvernent. Il n'y a pas de confiance sans loyauté. Est-ce que la loyauté est au pouvoir depuis des années ? Sur ces affaires, on peut en douter. Et donc, pour retrouver la loyauté, retrouver la confiance, que les citoyens se disent de nouveau qu'ils peuvent croire et écouter ceux qui les gouvernent, lorsqu'ils assurent que la justice passent et qu'ils n'interviennent pas. Je trouve que c'est vraiment un très grand enjeu pour le printemps."
A propos de loyauté, vous-même, vous avez subi de la part du RPR des pratiques qui n'étaient pas toujours d'une élégance ébouriffante, il y a eu des sarcasmes au début, des débauchages de certains de vos fidèles...
- "Elégance ébouriffante ? Je trouve que vous avez de bonnes expressions, tôt le matin, comme ça !"
Comment avez-vous vécu cette déloyauté ?
- "Cela n'a aucune importance. Et les sentiments que je ressens expliquent en partie pourquoi je suis engagé dans cette élection : pour que les choses changent. Parce que ce climat délétère, malsain, déloyal, c'est exactement la raison pour laquelle les gens n'écoutent plus la politique, c'est la raison pour laquelle ils s'en détournent, car ils pensent au fond que c'est un monde qui vit avec de telles règles que cela ne vaut pas la peine de lui faire confiance. Pour le reste, l'immense chance que donne l'élection présidentielle, c'est le contact direct avec les Français et que le moment venu - il viendra dans trois ou quatre semaine, un mois, un mois et demi, cela n'a aucune importance, puisque les principaux favoris ont décidé de retarder le plus possible leur entrée en campagne, mais ce moment viendra -, les Français trancheront."
Ne pensez-vous pas que ces affaires qui occultent tout le reste - parce qu'il n'y a même pas de débat sur le fond des projets - ne pourraient pas inciter les deux candidats à sortir du bois et à commencer une campagne qui pour l'instant se joue à coups de dossiers plus ou moins nauséabonds ?
- "Je ne sais pas quelle sera la décision qu'ils prendront, vous voyez bien que leur choix, c'est surtout que l'on ne parle pas de l'essentiel, c'est-à-dire du projet pour la France et aussi du changement nécessaire en France. C'est leur choix. Tiendront-ils sur ce choix? Je n'en suis pas sûr. La demande des Français ou le sentiment d'exaspération ironique - ils sont exaspérés et ironiques en même temps, parce qu'on ne la leur fait plus ! - des hommes qui, en principe, ne sont pas candidats mais qui désignent des directeurs de campagne et choisissent des locaux de campagne... Ils trouvent cela un peu abusif !"
On voit que le conflit des médecins continuent, qu'une coordination est créée, les chiffres du chômage ne sont pas très bons et pourtant, la cote de popularité de L. Jospin se maintient, cela ne semble pas avoir une influence directe sur les sondages. Vous allez me dire qu'il faut peut-être s'en méfier...
- "La question devant nous, la question à laquelle les Français devront répondre au printemps, c'est précisément celle de la manière dont on gouverne la France. Et cela fait des années que l'on gouverne la France avec ce mépris pour les gens, de l'avis des Français. On ne les écoute pas, on ne les entend pas, on ne leur fait pas la moindre place, quelles que soient leurs demandes, justifiées ou pas, on ne les reçoit. Je veux dire simplement qu'ils n'ont pas le droit de s'asseoir à la table avec les gouvernants, pour dire qu'ils ont un problème dans leurs conditions de vie. Les médecins, les spécialistes par exemple, n'ont pas été augmentés depuis huit ans. Je ne sais pas combien de Français accepteraient qu'on ne discute même pas de leurs revenus, de leurs conditions de vie, alors qu'ils n'ont pas été augmentés depuis huit ans. Les infirmières : 17 francs et quelques pour un déplacement, une visite, une piqûre, une prise de sang. Pourquoi est-ce que l'on n'en parle pas ? Donc, la nature du gouvernement, la manière dont les Français sont exclus du pouvoir, ce sera une question centrale des élections qui viennent."
Est-ce que vous imaginiez qu'une campagne présidentielle, c'était aussi violent ?
- "Oui, je l'imaginais. Le vivre, c'est encore autre chose. Mais je l'imaginais parce qu'en France, ceux qui sont au pouvoir y sont tellement attachés pour eux-mêmes. Vous voyez que pour l'instant, les questions, les projets, les idées principales, rien n'est sur la table. Ce qui est défendu, c'est le pouvoir pour soi-même. Mais d'ici deux mois et demi, toutes ces barrières vont sauter, parce que les Français vont se voir remettre la clef, c'est eux qui vont dire, dans la serrure : "Nous choisissons d'ouvrir une porte nouvelle". Du moins, je le crois."
(Source :Premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 6 février 2002)