Texte intégral
Q - Au total six membres du gouvernement se rendent au Brésil pour ce Forum social cela fait beaucoup, c'est une opération de communication ?
R - Ecoutez, je ne pense pas que cela ait été totalement concerté. Quand j'ai dit à Lionel Jospin mon souhait d'être à Porto Alegre, car on allait y parler de développement en particulier, il m'a évidemment tout à fait donné son accord. Je n'avais pas imaginé à ce moment là que plusieurs de mes collègues souhaiteraient également être à Porto Alegre. Jean-Luc Melenchon y était il y a quelques mois pour un accord sur l'enseignement professionnel. Ceci lui a certainement donné l'envie d'y revenir. Mme Lienemann a pu rencontrer un certain nombre de ses homologues et parler bien évidemment de politique de construction. M. Hascoët, hier, a signé un accord entre l'Ile-de-france et l'Etat de Rio Grande do Sul sur des questions de développement et de coopération. Tout le monde, j'insiste, vient à l'occasion du Forum pour rencontrer, d'abord les autorités locales, ou de l'Etat, mais aussi pour faire de la coopération. En ce qui me concerne, je ne vais pas décliner tout ce que j'ai fait depuis que je suis arrivé hier matin, mais vous pourriez y voir la preuve que cette présence là au-delà du Forum, si vous voulez, exprimait une volonté de coopération avec le Brésil à un moment intéressant de son histoire.
Q - Vous nous dites, Charles Josselin, qu'il n'y a pas de visée électorale dans votre venue, je dirais, en nombre à Porto Alegre. Il n'y a pas comme une sorte de clin d'il, à ce que Pierre Bourdieu appelait la "Gauche de gauche" ?
R - Je vais vous faire un aveu ce n'est pas trahir un secret, les électeurs de Dinan le savent, je ne serai pas candidat aux prochaines élections. Donc la préoccupation électorale, en ce qui me concerne est totalement absente, n'étant pas non plus candidat à la présidentielle.
()
Q - Justement Monsieur Josselin, quand on est membre du gouvernement Jospin aujourd'hui, on se sent plus proche du mouvement anti-mondialisation de Porto Alegre ou plus proche de la mondialisation libérale réunie à Davos-New York ?
R - Ce n'est pas seulement parce qu'on est membre du gouvernement Jospin, c'est aussi parfois affaire de sensibilité personnelle. Mais c'est le même discours que nous voulons tenir, évidemment à des publics différents. Mais le fait d'être à New York, le fait d'être à Porto Alegre, ne modifie pas le fond de notre pensée par rapport à la mondialisation et à sa nécessaire régulation et le fait qu'il y ait tant de monde à Porto Alegre est plus la preuve que la mondialisation est en marche plutôt que la preuve qu'il y a anti-mondialisation en quelque sorte. Mais en tout cas, il s'agit en effet de faire la preuve ici que les politiques français sont en résonance avec un certain nombre d'idées qui s'expriment ici et qui mettent en question un système monoculturel qui s'affiche de plus en plus. Une inégalité du monde contre laquelle on ne lutte pas avec suffisamment de force. C'est de tout cela aussi que Porto Alegre va être l'expression.
Q - Charles Josselin, ministre de la Coopération, est-ce qu'il n'y a pas une contradiction entre votre volonté d'aider les pays en développement qui sont aujourd'hui les plus pauvres et puis le recul en France des montants consacrés à l'aide publique au développement. 10 % de moins depuis 1996, c'est ce qu'indique le rapport de Michel Charasse au Sénat.
R - Oui, on peut le regretter. Je pourrais, si on avait le temps, dire les raisons techniques de cette baisse constatée partout au lendemain de la dévaluation du franc CFA, par exemple, et qui n'a pas seulement affecté l'aide publique française, mais l'ensemble de l'aide des grands pays.
Q - Elle augmente pour la Grande-Bretagne.
R - Elle a augmenté en Grande-Bretagne. La Grande-Bretagne vient de nous rejoindre, ce qui est une bonne nouvelle en soi. Nous sommes encore à un niveau important. J'ai regretté moi-même bien évidemment, comme ministre de la Coopération, que nous n'ayons pas pu maintenir à un niveau plus élevé cette aide publique au développement. J'observe que dans son discours au Conseil économique et social hier, le Premier ministre y a fait allusion et sa volonté de voir réaugmenter cette aide publique au développement. J'espère bien que, tous ensemble, nous allons bien pouvoir y arriver, sachant que la question du volume de l'aide est importante, celle de son efficacité aussi.
Q - L'Afrique n'est pas délaissée par la France, Monsieur Josselin, aujourd'hui ?
R - Non, on ne peut pas dire cela. L'Afrique reçoit encore 60 % de notre aide publique au développement. Et je parle de l'Afrique subsaharienne, c'est 50 % de l'Afrique subsaharienne. Donc, c'est de très loin. Et quand on parle de l'abandon de l'Afrique, moi je réponds "allez là-bas", et vous verrez ce que la France représente encore pour l'Afrique. Nous sommes évidemment le référent. Et quand le ministre de la Coopération va en Afrique, c'est plutôt la fête que la plainte./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 février 2002)
R - Ecoutez, je ne pense pas que cela ait été totalement concerté. Quand j'ai dit à Lionel Jospin mon souhait d'être à Porto Alegre, car on allait y parler de développement en particulier, il m'a évidemment tout à fait donné son accord. Je n'avais pas imaginé à ce moment là que plusieurs de mes collègues souhaiteraient également être à Porto Alegre. Jean-Luc Melenchon y était il y a quelques mois pour un accord sur l'enseignement professionnel. Ceci lui a certainement donné l'envie d'y revenir. Mme Lienemann a pu rencontrer un certain nombre de ses homologues et parler bien évidemment de politique de construction. M. Hascoët, hier, a signé un accord entre l'Ile-de-france et l'Etat de Rio Grande do Sul sur des questions de développement et de coopération. Tout le monde, j'insiste, vient à l'occasion du Forum pour rencontrer, d'abord les autorités locales, ou de l'Etat, mais aussi pour faire de la coopération. En ce qui me concerne, je ne vais pas décliner tout ce que j'ai fait depuis que je suis arrivé hier matin, mais vous pourriez y voir la preuve que cette présence là au-delà du Forum, si vous voulez, exprimait une volonté de coopération avec le Brésil à un moment intéressant de son histoire.
Q - Vous nous dites, Charles Josselin, qu'il n'y a pas de visée électorale dans votre venue, je dirais, en nombre à Porto Alegre. Il n'y a pas comme une sorte de clin d'il, à ce que Pierre Bourdieu appelait la "Gauche de gauche" ?
R - Je vais vous faire un aveu ce n'est pas trahir un secret, les électeurs de Dinan le savent, je ne serai pas candidat aux prochaines élections. Donc la préoccupation électorale, en ce qui me concerne est totalement absente, n'étant pas non plus candidat à la présidentielle.
()
Q - Justement Monsieur Josselin, quand on est membre du gouvernement Jospin aujourd'hui, on se sent plus proche du mouvement anti-mondialisation de Porto Alegre ou plus proche de la mondialisation libérale réunie à Davos-New York ?
R - Ce n'est pas seulement parce qu'on est membre du gouvernement Jospin, c'est aussi parfois affaire de sensibilité personnelle. Mais c'est le même discours que nous voulons tenir, évidemment à des publics différents. Mais le fait d'être à New York, le fait d'être à Porto Alegre, ne modifie pas le fond de notre pensée par rapport à la mondialisation et à sa nécessaire régulation et le fait qu'il y ait tant de monde à Porto Alegre est plus la preuve que la mondialisation est en marche plutôt que la preuve qu'il y a anti-mondialisation en quelque sorte. Mais en tout cas, il s'agit en effet de faire la preuve ici que les politiques français sont en résonance avec un certain nombre d'idées qui s'expriment ici et qui mettent en question un système monoculturel qui s'affiche de plus en plus. Une inégalité du monde contre laquelle on ne lutte pas avec suffisamment de force. C'est de tout cela aussi que Porto Alegre va être l'expression.
Q - Charles Josselin, ministre de la Coopération, est-ce qu'il n'y a pas une contradiction entre votre volonté d'aider les pays en développement qui sont aujourd'hui les plus pauvres et puis le recul en France des montants consacrés à l'aide publique au développement. 10 % de moins depuis 1996, c'est ce qu'indique le rapport de Michel Charasse au Sénat.
R - Oui, on peut le regretter. Je pourrais, si on avait le temps, dire les raisons techniques de cette baisse constatée partout au lendemain de la dévaluation du franc CFA, par exemple, et qui n'a pas seulement affecté l'aide publique française, mais l'ensemble de l'aide des grands pays.
Q - Elle augmente pour la Grande-Bretagne.
R - Elle a augmenté en Grande-Bretagne. La Grande-Bretagne vient de nous rejoindre, ce qui est une bonne nouvelle en soi. Nous sommes encore à un niveau important. J'ai regretté moi-même bien évidemment, comme ministre de la Coopération, que nous n'ayons pas pu maintenir à un niveau plus élevé cette aide publique au développement. J'observe que dans son discours au Conseil économique et social hier, le Premier ministre y a fait allusion et sa volonté de voir réaugmenter cette aide publique au développement. J'espère bien que, tous ensemble, nous allons bien pouvoir y arriver, sachant que la question du volume de l'aide est importante, celle de son efficacité aussi.
Q - L'Afrique n'est pas délaissée par la France, Monsieur Josselin, aujourd'hui ?
R - Non, on ne peut pas dire cela. L'Afrique reçoit encore 60 % de notre aide publique au développement. Et je parle de l'Afrique subsaharienne, c'est 50 % de l'Afrique subsaharienne. Donc, c'est de très loin. Et quand on parle de l'abandon de l'Afrique, moi je réponds "allez là-bas", et vous verrez ce que la France représente encore pour l'Afrique. Nous sommes évidemment le référent. Et quand le ministre de la Coopération va en Afrique, c'est plutôt la fête que la plainte./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 février 2002)