Déclaration de Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat, sur le développement du réseau des plates-formes d'initiatives locales accueillant et orientant les créateurs d'entreprise et sur la garantie des prêts d'honneur qui leur sont accordés, Paris, le 9 juin 1999.

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Circonstance : Assemblée générale de France Initiative Réseau, à Paris, le 9 juin 1999

Texte intégral

Dans un premier temps, je tiens à remercier le Président David de nous accueillir aujourd'hui dans ce très bel auditorium du siège de la Banque du Développement des Petites et Moyennes Entreprises.
Je remercie aussi très chaleureusement Jean Pierre Worms de m'avoir proposé d'intervenir à ce grand rendez-vous annuel qu'est votre Assemblée Générale.
J'espère que vous avez eu le temps d'examiner l'ensemble des points à l'ordre du jour que je sais fort riche, et que mon arrivée n'interrompt pas vos débats.
L'organisation de votre assemblée générale dans les murs de la BDPME est un événement dont je me réjouis sincèrement car votre présence ici aujourd'hui n'est pas le fruit du hasard.
En effet, j'ai bien compris qu'il faut y voir une manifestation très concrète du rapprochement volontaire de deux acteurs économiques majeurs au service des créateurs d'entreprise.
Les deux accords que vous avez signés récemment constituent pour le réseau des plates-formes une étape importante de sa construction et de sa consolidation, et pour la BDPME une intervention qui entre, à l'évidence, pleinement dans le champ des missions qui lui ont été confiées,
La délégation de l'engagement de la garantie SOFARIS pour les prêts d'honneur tout d'abord.
Cet accord prévoit un engagement automatique de la garantie ; il vous permettra, à dotations équivalentes, d'octroyer plus de prêts d'honneur aux créateurs grâce aux indemnisations qui vous seront versées en cas de défaillances.
Ne nous y trompons pas, cette délégation est l'expression de la reconnaissance du professionnalisme et de l'expertise des plates-formes d'initiative locale.
C'est cette même reconnaissance qui a poussé la Banque du Développement des PME à vous confier la commercialisation et l'instruction des Contrats de Développement Création.
Cet accord est exemplaire, à mes yeux, car il permet de démultiplier votre capacité d'intervention, sans compliquer la vie du créateur.
A ce propos, je vous félicite tous très sincèrement car je sais quels efforts il faut déployer pour parvenir à un produit fini simple pour le créateur.
Les démarches que j'ai moi-même engagées pour simplifier les formalités administratives de la création d'entreprise me font apprécier vos travaux à leur juste valeur.
Au-delà des deux accords que je viens d'évoquer, les motifs de satisfaction sont nombreux et j'en retiendrai quelques-uns :
Le développement spectaculaire du nombre de plates-formes au cours de l'année écoulée et par voie de conséquences du nombre d'entreprises accueillies, financées et accompagnées.
Si j'en crois les documents que Jean Pierre Worms m'a communiqués, vous avez accueilli et réorienté plus de 10 000 projets en 1998. Bravo !
L'accueil des créateurs est essentiel, nous en sommes tous ici persuadés.
Mais l'orientation l'est peut-être plus encore. Un exemple :
Le 28 mai dernier, je présidais les Assises de la création d'entreprise que j'avais décidées d'organiser à Brest -auxquelles j'ai d'ailleurs noté la participation active d'un représentant d'une plate-forme d'initiative bretonne, M. Gouriten, et de Bretagne Développement, M. Granet.
Ce jour là, donc, j'ai constaté que dans bien des cas, malgré les efforts pourtant bien réels de l'ensemble des réseaux d'accompagnement de proximité, des réseaux consulaires et des collectivités territoriales, et de bien d'autres encore, les créateurs d'entreprises ne savent pas encore à qui s'adresser.
Bien souvent, le premier interlocuteur reste le banquier, ce qui, somme toute, est un réflexe naturel. Mais ce n'est pas forcément la bonne solution quand on connaît les réticences des banques à financer la création.
Vous êtes tous des professionnels avertis et je ne m'attarderai pas sur les raisons désormais bien connues de cette frilosité : le coût du risque et celui des frais d'instruction des dossiers de faible montant.
Ce n'est pas mon propos du jour et surtout, c'est un état de fait avec lequel il nous faut composer.
Toujours à Brest, j'ai constaté que les missions des uns et des autres n'étaient pas toujours clairement identifiées et différenciées :
" dois-je plutôt m'adresser à une plate-forme d'initiative, à la CCI, à la pépinière d'entreprise, aux boutiques de gestions ?" demandait un créateur d'entreprise présent dans la salle ce jour-là.
Face à cette situation, je sais que la tentation de constituer un guichet unique d'accueil des créateurs continue d'animer certains.
Je suis pour ma part aujourd'hui persuadée que ce n'est pas la bonne solution.
La grande variété des structures d'accueil est une richesse ; elle est le résultat de la diversité des projets de création d'entreprise : la création d'entreprise de haute technologie ne pose pas les mêmes problèmes que la création d'entreprise artisanale par exemple.
En revanche, je suis convaincue que la solution réside dans la qualité de l'orientation ou de la réorientation rapide vers le bon interlocuteur.
Notons au passage que cela passe par une connaissance réciproque des activités de chacun des acteurs d'accompagnement et d'appui aux créateurs.
Les candidats créateurs sont suffisamment rares pour que l'on prenne soin de ne pas les décourager en les renvoyant de bureau en bureau.
C'est pourquoi je suis très sensible au travail de réorientation que vous effectuez au quotidien.
Au rang des satisfactions, je note, bien sûr l'augmentation sensible des prêts d'honneur que vous avez accordés, près de 2 000 prêts en 1998. Je souligne aussi immédiatement la confirmation de l'effet de levier de vos interventions sur les concours bancaires que vos interventions ont permis de déclencher.
Sur ce point aussi, le témoignage d'un des créateurs d'entreprise présents à Brest était particulièrement édifiant : il nous a expliqué comment il a levé 750 000 F de prêts de diverses origines après avoir obtenu un prêt d'honneur de 150 000 F.
On voit bien que le banquier intervient beaucoup plus volontiers lorsque le travail d'instruction est réalisé et que le projet et validé par vos soins.
C'est logique : les frais d'instruction se trouvent limités et l'accompagnement du créateur que vous effectuez permet d'augmenter sensiblement le taux de survie.
Les deux obstacles qui brident l'intervention des banquiers et que j'évoquais il y a quelques instants sont donc largement atténués.
Je viens de faire allusion au dernier point très positif de votre action sur lequel je m'attarderai un instant : l'accompagnement du créateur.
C'est désormais devenu une évidence pour chacun, c'est l'accompagnement qui permet :
de déclencher des projets qui n'auraient peut-être pas vu le jour autrement, et d'améliorer sensiblement la pérennité des jeunes entreprises.
Vous le savez, le gouvernement a décidé de déléguer aux structures d'accompagnement de proximité l'instruction du nouveau dispositif d'aide remboursable aux jeunes créateurs et aux bénéficiaires de minima sociaux.
Cette démarche de délégation est tout à fait novatrice, croyez-le.
Et c'est la qualité du travail de réseaux tels que le vôtre qui a permis cette grande évolution des mentalités et des procédures.
Il ne vous aura d'ailleurs pas échappé que l'octroi de l'avance remboursable est soumis à l'acceptation par le créateur de l'accompagnement réalisé par la structure instructrice du projet.
Il vous aura encore moins échappé, j'en suis sûre, que la structure d'accompagnement sera rémunérée pour la réalisation de cette prestation.
Le réseau des plates-formes d'initiative locale me semble donc très bien armé pour affronter les prochaines années.
Pour autant, beaucoup reste encore à faire :
Le maillage du territoire n'est pas encore achevé.
Votre réseau compte aujourd'hui 150 implantations, j'ai bien noté que vous considérez qu'il faut multiplier par deux ce nombre pour parvenir à une couverture satisfaisante de notre pays.
Une région aussi centrale que l'Ile de France est encore très en retard.
Je l'ai dit et je le répète, il faut que tout créateur puisse trouver un professionnel proche de son domicile à qui parler : c'est essentiel.
Le développement lorsqu'il est aussi rapide que celui que vous connaissez implique nécessairement une coordination renforcée.
L'affirmation du rôle de France Initiative Réseau est clairement un moyen d'y parvenir.
La mise en place d'un comité d'agrément des nouvelles plates-formes va à l'évidence également dans le bon sens.
La démarche qualité que vous avez engagée est à mon avis totalement indispensable à plusieurs titres.
Indispensable pour harmoniser les méthodes travail des structures existantes, et pour permettre aux nouvelles plates- formes d'être plus rapidement opérationnelles en bénéficiant de l'expérience des premières.
Indispensable aussi pour les créateurs qui auront accès à une qualité de service homogène sur l'ensemble du territoire aussi bien au niveau de l'accueil et de l'orientation que de l'accompagnement.
Indispensable aussi pour permettre à la tête de réseau de communiquer largement sur la nature de vos missions. Je ne reviens pas sur les difficultés de compréhension du rôle de chacun que j'ai déjà évoquées.
Indispensable enfin pour tous vos partenaires apporteurs de compétence, de capitaux ou de garantie : chefs d'entreprises, réseaux consulaires, collectivités territoriales, banquiers, CDC, BDPME, etc. Tous sont vitaux pour la poursuite du développement de votre réseau.
L'amélioration de la lisibilité de vos activités est un excellent moyen d'entraîner leur adhésion et le développement de leur partenariat.
Le Secrétariat d'Etat aux PME, au Commerce et à l'Artisanat dont j'ai la responsabilité entend marquer son soutien à votre démarche en apportant sa contribution financière à cette partie stratégique du plan de Développement de FIR.
Son programme est actuellement étudié avec le plus grand intérêt par mes services, et je ne doute pas que nous parvenions à signer, cher Président Worms, une convention dans les toutes prochaines semaines pour parfaire cet accord.
Voilà, je pourrais encore parler longuement de mes convictions et de mes souhaits en matière d'accompagnement des créateurs, mais Jean-Pierre Worms m'a prévenu que certains d'entre vous souhaitent me poser quelques questions.
J'avais bien volontiers accepté et prévu d'y répondre, mais l'actualité bouscule un peu mon agenda ces depuis quelques jours et je dois impérativement vous quitter à 11h40 pour répondre aux questions de la presse avec Jean Glavany et Bernard Kouchner .
Avant de répondre à une ou deux questions si le temps nous le permet, je tiens à vous dire que j'aimerais pouvoir vous donner rendez-vous l'année prochaine ici même pour pouvoir mesurer le chemin que vous n'aurez pas manqué de parcourir.
Malheureusement, si je m'en tiens au programme de développement que Jean-Pierre Worms m'a envoyé, l'auditorium de la BDPME, n'en prenez pas ombrage cher Jacques-Henri David, ne devrait plus suffire à héberger l'ensemble des représentants de votre réseau.
C'est la seule difficulté que je vous souhaite très sincèrement.
En revanche, je tiens à vous signaler à tous un rendez-vous important. Dominique Strauss Kahn et moi-même organiserons les Assises nationales de la création d'entreprise l'automne prochain.
Ces Assises ont pour objectif de faire le point sur la situation de la création d'entreprise dans notre pays et surtout d'annoncer les nouvelles mesures qui s'avéreraient nécessaires pour la redynamiser.
Le Département ministériel dont j'ai la charge travaille actuellement sur ces mesures :
Les Assises de Brest dont je vous ai parlé aujourd'hui avaient pour but de préparer ces assises,
elles seront suivi de deux autres rencontres en région : à Lille le 28 juin prochain puis dans une ville du sud-est à la rentrée.
J'invite dès aujourd'hui tous ceux d'entre vous qui voudraient participer à l'une de ces rencontres et apporter leur contribution à ces travaux préparatoires.
Merci de votre attention
(source http://www.pme-commerce-artisanat.gouv.fr, le 15 juin 1999)