Texte intégral
Messieurs les Premiers Ministres,
Monsieur le Président du Conseil Economique et Social,
Monsieur le Président,
Cher René Rémond,
Chères Georgette Elgey et Annette Wieworka,
Mesdames,
Messieurs,
En ouvrant ce colloque, le Premier Ministre a brossé une large fresque des archives en France. Il a dessiné les perspectives essentielles qui marquent la volonté du gouvernement de donner " un nouvel élan " à sa politique pour les archives, une politique qu'il veut moderne et ambitieuse pour mieux répondre aux attentes des chercheurs et à l'intérêt croissant des français .
Je me suis réjouie, tout comme vous, j'en suis sûre, d'entendre réaffirmer l'existence d'un lien direct et nécessaire entre identité, mémoire et archives. La ministre responsable de ce domaine ne peut qu'être satisfaite des possibilités nouvelles qui s'ouvrent pour une meilleure adaptation de la gestion des archives aux exigences du temps présent, pour le réaménagement de ses fondements juridiques et l'élargissement de son champ.
Ce " nouvel élan " doit s'appuyer sur plus et mieux d'interministérialité, sur une prise de conscience plus aiguë du caractère patrimonial des archives ; il trouve sa traduction concrète dans la décision annoncée par Lionel Jospin de créer une nouvelle Cité des archives. C'est un projet à la réalisation duquel je m'attacherai tout particulièrement avec mon administration.
L'ambition a été fortement affirmée de même que la mission qui incombe désormais à tous les responsables des archives est clairement définie. Elle se situe dans le prolongement des initiatives rappelées ici ce matin. Je pense aux archives présidentielles dont le Président Giscard d'Estaing a rappelé la création et le difficile passage du statut de propriété privée à celui à terme d'Archives Nationales ; aux archives de Matignon dont le Premier Ministre Pierre Mauroy a passé le premier protocole et aussi aux archives du travail auxquelles il a donné enfin dès 83 droit de cité ; aux archives militaires auxquelles le Premier Ministre Pierre Messmer s'est attaché et je le remercie de l'annonce qu'il nous a faite du futur dépôt des fonds de l'Institut de France à la Cité ; aux archives de la justice présentées par Jean-Noël Jeanneney ; aux archives de la Constitution dont Didier Maus a souligné l'importance.
J'ai bien entendu aussi le propos de Guy Braibant dont la contribution à vos réflexions a été décisive sur la nécessité d'une nouvelle loi sur les archives non seulement pour regrouper les textes mais selon ses mots pour en pallier les désordres et les lacunes.
Vos interventions, Messieurs, ont illustré plus de vingt années de réflexion, toutes tendues vers un seul but : " rendre leurs archives aux Français ", permettre à notre peuple d'aller à la rencontre de sa mémoire et d'en faire ainsi le terreau du projet républicain. Cette tâche est exaltante et je ne saurais, dans mes fonctions, en tracer les étapes futures, sans évoquer cette grande administration des archives de France à qui nous devons quatre siècles de vigilance, de collecte et de conservation, ce mot qui désigne l'indispensable passerelle lancée entre notre passé et notre avenir et qui prend tout son sens dans notre capacité à mettre ce bien commun à la disposition de nos concitoyens.
Des archives royales aux actuelles archives de France, en passant par le décret révolutionnaire du 7 septembre 1790, c'est un fonds unique que vos prédécesseurs, Mesdames et Messieurs les personnels des Archives de France, nous ont légué. Vous êtes les dépositaires d'un bien patrimonial et d'une fonction de souveraineté qu'ils vous appartient de faire fructifier. Vous le savez désormais, l'Etat est prêt à vous en donner les moyens. Mais il n'y a pas que l'Etat. Le rôle des départements est aussi très important. Les services d'archives départementales sont aujourd'hui, du fait de la loi de 1983, des services décentralisés, financés par les Conseils Généraux, dirigés par des agents de l'Etat, investis de missions de l'Etat, et soumis à son contrôle scientifique et technique.
Ce sont parmi les plus fréquentées des institutions culturelles. De 1983 à 1998, l'augmentation du nombre de lecteurs a été en moyenne de 4,3% par an. Dans la majorité des cas, cette demande croissante a été satisfaite par les Conseils généraux avec le soutien de l'Etat. L'aspect le plus spectaculaire de cette politique est sans doute la modernisation des bâtiments. Depuis 1983, une cinquantaine d'entre eux ont été réaménagés ou construits. Plusieurs réalisations importantes sont actuellement en cours.
L'Etat y participe et accompagne ainsi l'effort de modernisation entrepris par les collectivités. Quoi de plus normal, quand on sait que près de 70% des archives conservées dans les archives départementales sont des archives provenant des services déconcentrés de l'Etat. Les Archives départementales reconnaissent et souhaitent le contrôle scientifique et technique de l'Etat. Je veillerai à ce que la Direction des Archives de France soit, dans sa structure et ses moyens, pleinement apte à assumer cette mission.
Mais aucun de ces investissements ne serait possible s'il n'était porté par la demande de la communauté nationale. Les associations les plus diverses, sociales, syndicales, professionnelles, sportives et d'éducation populaire, dont nous avons récemment célébré le centenaire, ont aussi le souci de transmettre la mémoire des valeurs qui ont fondé leurs choix et leurs actions et Pierre Mauroy a rappelé fort justement leur contribution à notre mémoire collective.
Aujourd'hui nos archives s'inscrivent dans l'histoire du temps présent, archives orales, chères à Georgette Elgey et, bien sûr, à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire immédiate, archives scientifiques et techniques, archives urbaines qui racontent désormais les destins de la grande majorité de nos compatriotes. Les archives appartiennent totalement à notre modernité. Elles sont sorties de la poussière où on les avait parfois commodément cantonnées. J'en veux pour preuve les débats passionnants du colloque de mars dernier sur les archives électroniques, que j'ai eu le privilège d'ouvrir et où l'avenir de nos archives se mesurait aux promesses et aux interrogations des nouvelles technologies.
Il y a là de larges perspectives que je souhaiterais voir pensées, balisées, par le nouveau Conseil supérieur des archives dont je viens d'arrêter la composition. Je l'installerai prochainement. Il sera présidé par vous, cher René Rémond et je vous en remercie. Je compte beaucoup sur votre conseil pour accompagner la relance voulue de notre politique, dans le droit-fil des rapports de Guy Braibant et de Philippe Bélaval, et dans le sillage de l'élan mobilisateur que l'Association pour la Cité des archives a suscité.
Les archives font partie intégrante de la politique culturelle de notre pays. Par la diversité de leurs origines, par la modernité de leur gestion, elles participent aussi au progrès de notre société et à l'aménagement du territoire. Elles sont, enfin, un facteur de rayonnement international qui touche aujourd'hui de nombreux pays partenaires à travers le monde. N'oublions pas qu'elles sont pour la communauté francophone dans le monde un instrument irremplaçable de partage des connaissances.
A tous ces titres, elles méritent l'ambition que le Premier Ministre a tracée pour elles. Elles justifient aussi pleinement la mobilisation qui nous vaut d'être aujourd'hui rassemblés au Conseil économique et social, où je suis déjà venue il y a quelques mois écouter l'excellent rapport de Georgette Elgey. Je salue tout particulièrement l'attention personnelle que le Président Dermagne porte à cette matière.
Je tiens à remercier aussi Le Monde et France Culture de leur contribution à l'organisation de ce colloque. Il sera, je crois, en ce tout début de siècle, un moment important dans l'histoire et la vie des Archives de France.
Un moment important pour la relation des Français à leur mémoire dont nous mesurons tous la valeur : celle du savoir ; indispensable au progrès ; celle de la lumière et du partage, nécessaire à la démocratie.
Je remercie l'Association de son initiative. Je vous remercie de votre présence et serai très attentive à vos travaux.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 12 novembre 2001)
Monsieur le Président du Conseil Economique et Social,
Monsieur le Président,
Cher René Rémond,
Chères Georgette Elgey et Annette Wieworka,
Mesdames,
Messieurs,
En ouvrant ce colloque, le Premier Ministre a brossé une large fresque des archives en France. Il a dessiné les perspectives essentielles qui marquent la volonté du gouvernement de donner " un nouvel élan " à sa politique pour les archives, une politique qu'il veut moderne et ambitieuse pour mieux répondre aux attentes des chercheurs et à l'intérêt croissant des français .
Je me suis réjouie, tout comme vous, j'en suis sûre, d'entendre réaffirmer l'existence d'un lien direct et nécessaire entre identité, mémoire et archives. La ministre responsable de ce domaine ne peut qu'être satisfaite des possibilités nouvelles qui s'ouvrent pour une meilleure adaptation de la gestion des archives aux exigences du temps présent, pour le réaménagement de ses fondements juridiques et l'élargissement de son champ.
Ce " nouvel élan " doit s'appuyer sur plus et mieux d'interministérialité, sur une prise de conscience plus aiguë du caractère patrimonial des archives ; il trouve sa traduction concrète dans la décision annoncée par Lionel Jospin de créer une nouvelle Cité des archives. C'est un projet à la réalisation duquel je m'attacherai tout particulièrement avec mon administration.
L'ambition a été fortement affirmée de même que la mission qui incombe désormais à tous les responsables des archives est clairement définie. Elle se situe dans le prolongement des initiatives rappelées ici ce matin. Je pense aux archives présidentielles dont le Président Giscard d'Estaing a rappelé la création et le difficile passage du statut de propriété privée à celui à terme d'Archives Nationales ; aux archives de Matignon dont le Premier Ministre Pierre Mauroy a passé le premier protocole et aussi aux archives du travail auxquelles il a donné enfin dès 83 droit de cité ; aux archives militaires auxquelles le Premier Ministre Pierre Messmer s'est attaché et je le remercie de l'annonce qu'il nous a faite du futur dépôt des fonds de l'Institut de France à la Cité ; aux archives de la justice présentées par Jean-Noël Jeanneney ; aux archives de la Constitution dont Didier Maus a souligné l'importance.
J'ai bien entendu aussi le propos de Guy Braibant dont la contribution à vos réflexions a été décisive sur la nécessité d'une nouvelle loi sur les archives non seulement pour regrouper les textes mais selon ses mots pour en pallier les désordres et les lacunes.
Vos interventions, Messieurs, ont illustré plus de vingt années de réflexion, toutes tendues vers un seul but : " rendre leurs archives aux Français ", permettre à notre peuple d'aller à la rencontre de sa mémoire et d'en faire ainsi le terreau du projet républicain. Cette tâche est exaltante et je ne saurais, dans mes fonctions, en tracer les étapes futures, sans évoquer cette grande administration des archives de France à qui nous devons quatre siècles de vigilance, de collecte et de conservation, ce mot qui désigne l'indispensable passerelle lancée entre notre passé et notre avenir et qui prend tout son sens dans notre capacité à mettre ce bien commun à la disposition de nos concitoyens.
Des archives royales aux actuelles archives de France, en passant par le décret révolutionnaire du 7 septembre 1790, c'est un fonds unique que vos prédécesseurs, Mesdames et Messieurs les personnels des Archives de France, nous ont légué. Vous êtes les dépositaires d'un bien patrimonial et d'une fonction de souveraineté qu'ils vous appartient de faire fructifier. Vous le savez désormais, l'Etat est prêt à vous en donner les moyens. Mais il n'y a pas que l'Etat. Le rôle des départements est aussi très important. Les services d'archives départementales sont aujourd'hui, du fait de la loi de 1983, des services décentralisés, financés par les Conseils Généraux, dirigés par des agents de l'Etat, investis de missions de l'Etat, et soumis à son contrôle scientifique et technique.
Ce sont parmi les plus fréquentées des institutions culturelles. De 1983 à 1998, l'augmentation du nombre de lecteurs a été en moyenne de 4,3% par an. Dans la majorité des cas, cette demande croissante a été satisfaite par les Conseils généraux avec le soutien de l'Etat. L'aspect le plus spectaculaire de cette politique est sans doute la modernisation des bâtiments. Depuis 1983, une cinquantaine d'entre eux ont été réaménagés ou construits. Plusieurs réalisations importantes sont actuellement en cours.
L'Etat y participe et accompagne ainsi l'effort de modernisation entrepris par les collectivités. Quoi de plus normal, quand on sait que près de 70% des archives conservées dans les archives départementales sont des archives provenant des services déconcentrés de l'Etat. Les Archives départementales reconnaissent et souhaitent le contrôle scientifique et technique de l'Etat. Je veillerai à ce que la Direction des Archives de France soit, dans sa structure et ses moyens, pleinement apte à assumer cette mission.
Mais aucun de ces investissements ne serait possible s'il n'était porté par la demande de la communauté nationale. Les associations les plus diverses, sociales, syndicales, professionnelles, sportives et d'éducation populaire, dont nous avons récemment célébré le centenaire, ont aussi le souci de transmettre la mémoire des valeurs qui ont fondé leurs choix et leurs actions et Pierre Mauroy a rappelé fort justement leur contribution à notre mémoire collective.
Aujourd'hui nos archives s'inscrivent dans l'histoire du temps présent, archives orales, chères à Georgette Elgey et, bien sûr, à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire immédiate, archives scientifiques et techniques, archives urbaines qui racontent désormais les destins de la grande majorité de nos compatriotes. Les archives appartiennent totalement à notre modernité. Elles sont sorties de la poussière où on les avait parfois commodément cantonnées. J'en veux pour preuve les débats passionnants du colloque de mars dernier sur les archives électroniques, que j'ai eu le privilège d'ouvrir et où l'avenir de nos archives se mesurait aux promesses et aux interrogations des nouvelles technologies.
Il y a là de larges perspectives que je souhaiterais voir pensées, balisées, par le nouveau Conseil supérieur des archives dont je viens d'arrêter la composition. Je l'installerai prochainement. Il sera présidé par vous, cher René Rémond et je vous en remercie. Je compte beaucoup sur votre conseil pour accompagner la relance voulue de notre politique, dans le droit-fil des rapports de Guy Braibant et de Philippe Bélaval, et dans le sillage de l'élan mobilisateur que l'Association pour la Cité des archives a suscité.
Les archives font partie intégrante de la politique culturelle de notre pays. Par la diversité de leurs origines, par la modernité de leur gestion, elles participent aussi au progrès de notre société et à l'aménagement du territoire. Elles sont, enfin, un facteur de rayonnement international qui touche aujourd'hui de nombreux pays partenaires à travers le monde. N'oublions pas qu'elles sont pour la communauté francophone dans le monde un instrument irremplaçable de partage des connaissances.
A tous ces titres, elles méritent l'ambition que le Premier Ministre a tracée pour elles. Elles justifient aussi pleinement la mobilisation qui nous vaut d'être aujourd'hui rassemblés au Conseil économique et social, où je suis déjà venue il y a quelques mois écouter l'excellent rapport de Georgette Elgey. Je salue tout particulièrement l'attention personnelle que le Président Dermagne porte à cette matière.
Je tiens à remercier aussi Le Monde et France Culture de leur contribution à l'organisation de ce colloque. Il sera, je crois, en ce tout début de siècle, un moment important dans l'histoire et la vie des Archives de France.
Un moment important pour la relation des Français à leur mémoire dont nous mesurons tous la valeur : celle du savoir ; indispensable au progrès ; celle de la lumière et du partage, nécessaire à la démocratie.
Je remercie l'Association de son initiative. Je vous remercie de votre présence et serai très attentive à vos travaux.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 12 novembre 2001)