Message de Mme Paulette Guinchard-Kunstler, secrétaire d'Etat aux personnes âgées, sur "l'aide aux aidants", par l'information des familles, la construction d'un service d'aides à domicile de qualité, la possibilité d'offrir un répit aux aidants, Mulhouse le 18 mai 2001.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral

Le projet de loi sur l'allocation personnalisée d'autonomie met en lumière les difficultés rencontrées par les personnes âgées dépendantes. C'est aussi l'occasion de trouver des solutions aux familles qui à plus de 80 % assurent leur prise en charge.
Cette aide est toujours difficile, car elle s'effectue dans des situations de crise au sein même de la famille. Cette réalité ne peut plus être ignorée par l'Etat. Nous avons le devoir de prendre en considération et de soulager l'état d'épuisement dans lequel se trouvent celles et ceux qui cherchent à aider leur parent en difficulté.
Nous devons prendre en compte et soulager ce sentiment de culpabilité, si largement partagé par celles et ceux qui pensent ne pas savoir ou ne pas pouvoir répondre convenablement aux besoins manifestés par leurs ascendants.
Les milliers de personnes qui entourent, accompagnent, soignent les personnes âgées dépendantes sont une aide irremplaçable. Mais nous savons qu'ils le font parfois au prix d'une très grande souffrance ; parfois même au prix de très grands sacrifices : c'est pour eux qu'une politique déterminée d'aide aux aidants doit être mise en uvre.
Cette politique s'inscrit dans la logique de l'APA, car nous ne pourrons relever le défi de rendre toute leur dignité aux personnes âgées dépendantes qu'en prenant appui sur ces milliers d'hommes et de femmes qui entourent et soutiennent leur parent.
Pour cela, l'Etat, par le biais de la solidarité nationale et de la solidarité locale, doit les aider ; faute de quoi, à la souffrance des personnes âgées viendrait s'ajouter le désarroi, et même le désespoir, d'être incapable d'assurer cette dette générationnelle que tout homme contracte et qui fonde sa condition d'homme.
Cette politique nouvelle part d'un quadruple constat :
- les personnes âgées souhaitent pour la plupart d'entre elles rester dans leur domicile, dans leur environnement en poursuivant aussi longtemps que possible une vie sociale complète.
- les aides qui sont actuellement proposées manquent de lisibilité et de coordination.
les structures intermédiaires, accueil de jour, hébergement temporaire qui permettent aux aidants d'obtenir une véritable aide au répit, sont insuffisamment développées dans notre pays.
Enfin, il n'y a pas actuellement une mobilisation suffisante pour soutenir et encourager, pour valoriser l'aide aux aidants .

Partant de ce constat, la politique d'aide aux aidants que nous voulons promouvoir s'articule autour de trois axes :
Faire des CLIC un véritable lieu d'accueil et d'information
Bâtir un service d'aides à domicile de qualité
Offrir aux aidants des possibilités de répit
1- Faire des CLIC un véritable lieu d'accueil et d'information
Les Centres Locaux d'Information et de Coordination assurent principalement les trois fonctions suivantes :
- Lieu d'accueil de proximité et d'écoute des personnes âgées et de leur entourage, il assure un rôle de soutien aux familles, soutien psychologique, entraide, groupes de paroles, actions de formation
- Lieu d'information et guichet d'entrée unique quelle que soit la nature de la ou des demandes, il assure la mise à disposition gratuite d'une documentation relative à l'ensemble du dispositif d'aides existant (aide ménagère à domicile, garde à domicile, accueil de jour, accueil temporaire, services d'urgence, portage de repas, adaptation du logement, aides techniques, fiscalité, mesures de protection juridique, animation, loisirs ). Pour cela, un lien permanent avec les relais et lieux d'information, s'ils sont distincts de la coordination, est indispensable : il s'agit d'identifier clairement un lieu d'information des usagers et des familles ;
- Lieu de coordination des dispositifs existants permettant l'élaboration d'un plan d'aide pour les personnes âgées sur la base d'une évaluation pluridisciplinaire (physique, psychologique, financière, sociale et environnementale) dans leur lieu de vie par une équipe pluridisciplinaire médico-sociale ;
Instance d'information, de conseil et d'aide à la décision, le CLIC est ouvert à l'ensemble des personnes concernées par le vieillissement et pas seulement à celles qui sont susceptibles de bénéficier de prestations financières.
2- Bâtir un service d'aides à domicile de qualité
Dans le cadre de la loi APA, la création du fonds de modernisation de l'aide à domicile répond clairement au souci de soutenir des actions de formation, des projets innovants, et toute mesure susceptible de favoriser la professionnalisation des services d'aide à domicile. C'est un aspect très important de la loi et très attendu par les professionnels de ce secteur car avec cet outil budgétaire, l'Etat va leur offrir les moyens de sortir d'une trop longue période de fragilité et de précarité.
Le fond doit permettre d'apporter, de façon coordonnée, non seulement des réponses en direction des professionnels mais également contribuer à l'amélioration de la qualité et de la diversité des services rendus aux usagers et à leurs familles.
La formation des personnels de l'aide à domicile et l'aide à la modernisation des associations gestionnaires de service de maintien à domicile seront les axes majeurs d'intervention du fond.
Enfin, le fond pourra être mobilisé pour développer des expériences de coordination inter-services et de diversification des services offerts.
3- Offrir aux aidants des possibilités de répit
- En instaurant un congé-dépendance voire un congé familial valable pour l'ensemble des circonstances de la vie
Ce congé est très demandé par les associations familiales. Sur le modèle du congé parental d'éducation, il permettrait à un salarié de pouvoir se consacrer à l'accompagnement de son parent âgé. Il pourrait également consister en un temps partiel. Nous en étudions les modalités.
- en développant les hébergements temporaires et les accueils de jour
Parallèlement, et en cohérence avec ce congé, il convient de favoriser la création de structures intermédiaires qui permettent l'aide au répit pour les aidants.
- en développant la mise en place de Groupes de paroles
Ils doivent permettre aux aidants, en particulier dans le cadre de la prise en charge des démences séniles, d'échanger sur des questions qui se posent au quotidien, de vaincre une forme d'isolement et de détresse, et d'acquérir des connaissances dans le champ de la vieillesse.
Conclusion :
Le projet de loi sur l'Allocation Personnalisée d'Autonomie offre l'occasion d'un grand débat national sur la situation qui est faite aux personnes âgées dépendantes et sur la nécessité de leur offrir plus de dignité.
Dans ce débat, il ne faut pas oublier toutes celles et tous ceux qui ont besoin de notre soutien pour aider leur conjoint, leur parent, leur proche à vivre dignement le dernier âge de la vie.



(source http://www.social.gouv.fr, le 3 janvier 2002)