Texte intégral
Madame la Ministre,
chère Marie-George,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Notre présence conjointe à La Villette, à l'occasion de ces Rencontres " Culture et Transformation sociale " revêt à mes yeux une signification politique forte. Elle témoigne que nous partageons la responsabilité de promouvoir sur le terrain les projets qui favorisent la rencontre des enfants et des jeunes avec l'art et la culture. Elle porte également la marque de notre conviction commune qu'il ne peut y avoir de démocratisation de l'accès à la culture sans répondre aux besoins et aux attentes des jeunes dans leur diversité, sans leur donner les moyens de mener à bien leurs propres projets culturels.
En 1989, un premier protocole d'accord avait été signé entre nos deux ministères. Sa mise en uvre s'est traduite sur le terrain par des collaborations fructueuses entre nos services et entre associations d'éducation populaire et institutions culturelles. Nous réapprenons à travailler ensemble. Marie-Georges Buffet a commencé en citant Paul Puaux, et donc en citant ceux qui ont si bien su porter à la fois l'ambition de la création de la culture et le souci profond de l'éducation populaire. Pour eux, travailler ensemble n'était même pas une question, c'était une évidence. Tout récemment j'ai reçu les grandes associations d'éducation populaire.
Le protocole de coopération que nous signons aujourd'hui témoigne donc bien des progrès de notre collaboration et de la volonté de poser des jalons pour l'avenir. Nous avons choisi de mettre en perspective quatre axes de coopération :
notre partenariat dans le champ de l'éducation artistique et culturelle ;
l'accompagnement des pratiques amateurs ;
le soutien à l'émergence des jeunes talents ;
la formation professionnelle.
L'éducation artistique et culturelle,
le gouvernement a engagé fin 2000 un plan à cinq ans pour l'éducation artistique et culturelle à l'école. Le nouveau protocole de coopération entre nos deux ministères permet d'étendre ce plan au-delà du temps scolaire.
Les enseignants, les personnels des centres de loisirs, les intervenants spécialisés dans les différents domaines des arts et de la culture, les parents à travers leurs représentants, vont désormais - certains le font déjà - se retrouver sur le terrain pour remplir ensemble leurs missions éducatives et culturelles à l'égard des enfants et des jeunes. Je voudrais citer comme exemplaire à cet égard la coopération qui s'est instituée dans le domaine musical, dans le Nord-Pas-de-Calais à Dunkerque, Roubaix, Saint Omer et Valenciennes depuis 1999 et à Wattrelos depuis cette année. Elle associe la formation des enseignants et des animateurs de centres de loisirs et la présence dans les écoles et dans ces mêmes centres de compositeurs et de musiciens interprètes, prolongeant ainsi les enseignements par une ouverture à toutes les musiques.
On a donc la preuve sur le terrain de cette capacité à échanger nos savoirs-faire et à unir nos objectifs. Le protocole que nous signons aujourd'hui permettra de généraliser progressivement cette méthode d'action aux autres modes d'expression artistiques et culturels et aux collectivités territoriales qui le souhaiteront. Le rôle d'impulsion de nos services, les directions régionales et départementales de la jeunesse et des sports, les directions régionales des affaires culturelles est ici nécessaire. Evidemment, rien ne pourra se faire sans l'appui des collectivités locales. C'est pourquoi le ministère de la Culture est impliqué dans les contrats éducatifs locaux dont le ministère de la Jeunesse et des Sports assure le pilotage.
Je vous confirme aujourd'hui l'engagement de mon ministère dans ce dispositif qui constitue l'outil privilégié de l'articulation entre l'offre éducative et culturelle des établissements qui relèvent de mon département et les différents volets des politiques locales d'éducation.
L'accompagnement des pratiques amateurs
Les enquêtes que nous avons réalisées ces dernières années ont mis en évidence l'intérêt grandissant de nos concitoyens, et en particulier des jeunes, pour les pratiques en amateurs dans tous les domaines artistiques et culturels. Ces pratiques concourent à l'épanouissement personnel. Elles développent les capacités d'expression, de dialogue et de communication et facilitent, pour toutes ces raisons, l'insertion dans la société et l'exercice de la citoyenneté. Nous avons des convictions communes, il en est une en tout cas que nous partageons, que l'on prenne par le bout de l'action de la jeunesse et des sports de l'éducation populaire ou par le bout de la vie artistique et culturelle de notre pays, cette conviction c'est que l'égalité des chances qui est l'objectif numéro un d'une politique de gauche, cette égalité des chances dépend beaucoup de l'égalité d'accès à la culture.
De même le fait d'avoir une pratique artistique, culturelle de s'engager, de se doter de ses outils d'expression, compense souvent des difficultés de prise de parole qui peuvent tenir à des conditions sociales, à des origines, à des difficultés de langue, ou tout simplement au fait que tel ou tel de nos jeunes concitoyens peut parfaitement se réaliser par l'image, par le geste, par la musique et ne pas se reconnaître dans ce qui domine un peu notre forme d'enseignement et l'organisation des rapports de force dans notre société, c'est à dire la parole. Donc l'expression artistique, je crois que acquérir une pratique artistique est pour beaucoup de gens une manière de prendre la parole dans une société qui a peut être trop privilégié d'autres formes d'expressions.
Et enfin ces pratiques amateurs conduisent presque toujours à une responsabilisation. Responsabilisation par rapport à soi-même et responsabilisation au sein d'une communauté de vie. C'est pourquoi, cette reconnaissance des pratiques amateurs et les liens établis est pour nous partie intégrante de notre projet culturel pour ce pays. Nous avons dans ce domaine quatre objectifs :
mieux informer, partout en France, les amateurs des multiples possibilités qui leur sont offertes de pratiquer leurs activités favorites ; · inciter à la création d'espaces consacrés aux pratiques amateurs, en inscrivant cet objectif dans les conventions conclues avec les collectivités locales ;
encourager les rencontres entre amateurs, artistes et professionnels ; impliquer ces derniers dans des actions d'accompagnement et de formation, dont nous pouvons voir, ici, à l'occasion des Rencontres 2001 : cultures et transformation sociale : nouvelles initiatives, le résultat. C'est un rapport nouveau, fait de découverte et de respect réciproque. Et c'est assurément un aspect très positif de cette politique de rapprochement.
former un encadrement de qualité, en permettant notamment à des artistes et des professionnels de la culture de participer à l'animation des " stages de réalisation " pilotés par le ministère de la jeunesse et des sports et en encourageant les coopérations entre nos acteurs respectifs.
L'émergence des jeunes talents
Les pratiques amateurs peuvent aider au repérage de jeunes talents, à l'émergence de nouvelles formes artistiques, et constituer un des facteurs de renouvellement des professions. Les directions régionales des affaires culturelles apporteront leur concours à l'expertise technique des projets artistiques et culturels des candidats aux bourses Défi-jeunes. Elles aideront les lauréats à trouver leur place dans le milieu professionnel, à l'exemple du parcours récent de plusieurs d'entre eux comme Samuel Hercule et le tandem Etienne Bideau / Gisèle Vienne en Rhône-Alpes ou encore Loïc Deschamps, en Franche-Comté. Enfin, nous soutiendrons conjointement les opérations de mise en valeur des projets les plus exemplaires du renouveau des pratiques artistiques, comme nous le faisons avec les Rencontres de la Villette.
Enfin, la formation professionnelle
Depuis 1989, le ministère de la Culture apporte son concours aux programmes de formation initiale et continue des responsables associatifs et des équipements socio-culturels comme des personnels d'animation relevant du ministère de la jeunesse et des sports. Ainsi, un brevet d'Etat d'animateur technicien de l'éducation populaire et de la jeunesse (BEATEP) " médiateur du livre " a été créé en coopération étroite avec la direction du livre et de la lecture du ministère de la culture.
Nous allons instituer des collaborations similaires dans les autres secteurs où les personnels d'animation sont amenés à accompagner des activités artistiques et culturelles. Ainsi, par exemple, dans le domaine des arts du cirque, cette collaboration devrait permettre de concevoir une spécialisation " art du cirque " du brevet professionnel " jeunesse et sports " et un diplôme d'Etat d'enseignement des arts du cirque . Une démarche similaire sera engagée dans les secteurs du cinéma et du multimédia.
Ce chantier commun répond à un triple objectif :
- favoriser les passerelles entre les formations relevant de chacun des deux ministères ;
- renforcer la complémentarité entre les fonctions exercées par les professionnels de l'animation d'une part, et les artistes et professionnels de la culture, d'autre part ;
- favoriser l'acquisition de compétences communes dans le domaine de la transmission.
Pour conclure, Chère Marie-George Buffet, je crois que nous pouvons dire ensemble, que nous avons opté pour un travail de fond. Nous croyons vraiment à cet objectif et nous serons tenaces. Ce protocole de coopération nous y engage. Il nous a permis de faire le point sur l'état d'avancement de chantiers importants que nous menons ensemble depuis plusieurs années.
Mais surtout, il trace de nouvelles perspectives pour les mois et les années qui viennent. C'est un acte volontaire inspiré de la conviction partagée que la responsabilité culturelle de l'Etat exige de nous que nous soyons capables de surmonter les cloisonnements administratifs hérités de l'histoire de nos deux ministères. Nous pouvons vous assurer que ces obstacles seront franchis parce que le jeu en vaut vraiment la chandelle.
Je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 8 novembre 2001)
chère Marie-George,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Notre présence conjointe à La Villette, à l'occasion de ces Rencontres " Culture et Transformation sociale " revêt à mes yeux une signification politique forte. Elle témoigne que nous partageons la responsabilité de promouvoir sur le terrain les projets qui favorisent la rencontre des enfants et des jeunes avec l'art et la culture. Elle porte également la marque de notre conviction commune qu'il ne peut y avoir de démocratisation de l'accès à la culture sans répondre aux besoins et aux attentes des jeunes dans leur diversité, sans leur donner les moyens de mener à bien leurs propres projets culturels.
En 1989, un premier protocole d'accord avait été signé entre nos deux ministères. Sa mise en uvre s'est traduite sur le terrain par des collaborations fructueuses entre nos services et entre associations d'éducation populaire et institutions culturelles. Nous réapprenons à travailler ensemble. Marie-Georges Buffet a commencé en citant Paul Puaux, et donc en citant ceux qui ont si bien su porter à la fois l'ambition de la création de la culture et le souci profond de l'éducation populaire. Pour eux, travailler ensemble n'était même pas une question, c'était une évidence. Tout récemment j'ai reçu les grandes associations d'éducation populaire.
Le protocole de coopération que nous signons aujourd'hui témoigne donc bien des progrès de notre collaboration et de la volonté de poser des jalons pour l'avenir. Nous avons choisi de mettre en perspective quatre axes de coopération :
notre partenariat dans le champ de l'éducation artistique et culturelle ;
l'accompagnement des pratiques amateurs ;
le soutien à l'émergence des jeunes talents ;
la formation professionnelle.
L'éducation artistique et culturelle,
le gouvernement a engagé fin 2000 un plan à cinq ans pour l'éducation artistique et culturelle à l'école. Le nouveau protocole de coopération entre nos deux ministères permet d'étendre ce plan au-delà du temps scolaire.
Les enseignants, les personnels des centres de loisirs, les intervenants spécialisés dans les différents domaines des arts et de la culture, les parents à travers leurs représentants, vont désormais - certains le font déjà - se retrouver sur le terrain pour remplir ensemble leurs missions éducatives et culturelles à l'égard des enfants et des jeunes. Je voudrais citer comme exemplaire à cet égard la coopération qui s'est instituée dans le domaine musical, dans le Nord-Pas-de-Calais à Dunkerque, Roubaix, Saint Omer et Valenciennes depuis 1999 et à Wattrelos depuis cette année. Elle associe la formation des enseignants et des animateurs de centres de loisirs et la présence dans les écoles et dans ces mêmes centres de compositeurs et de musiciens interprètes, prolongeant ainsi les enseignements par une ouverture à toutes les musiques.
On a donc la preuve sur le terrain de cette capacité à échanger nos savoirs-faire et à unir nos objectifs. Le protocole que nous signons aujourd'hui permettra de généraliser progressivement cette méthode d'action aux autres modes d'expression artistiques et culturels et aux collectivités territoriales qui le souhaiteront. Le rôle d'impulsion de nos services, les directions régionales et départementales de la jeunesse et des sports, les directions régionales des affaires culturelles est ici nécessaire. Evidemment, rien ne pourra se faire sans l'appui des collectivités locales. C'est pourquoi le ministère de la Culture est impliqué dans les contrats éducatifs locaux dont le ministère de la Jeunesse et des Sports assure le pilotage.
Je vous confirme aujourd'hui l'engagement de mon ministère dans ce dispositif qui constitue l'outil privilégié de l'articulation entre l'offre éducative et culturelle des établissements qui relèvent de mon département et les différents volets des politiques locales d'éducation.
L'accompagnement des pratiques amateurs
Les enquêtes que nous avons réalisées ces dernières années ont mis en évidence l'intérêt grandissant de nos concitoyens, et en particulier des jeunes, pour les pratiques en amateurs dans tous les domaines artistiques et culturels. Ces pratiques concourent à l'épanouissement personnel. Elles développent les capacités d'expression, de dialogue et de communication et facilitent, pour toutes ces raisons, l'insertion dans la société et l'exercice de la citoyenneté. Nous avons des convictions communes, il en est une en tout cas que nous partageons, que l'on prenne par le bout de l'action de la jeunesse et des sports de l'éducation populaire ou par le bout de la vie artistique et culturelle de notre pays, cette conviction c'est que l'égalité des chances qui est l'objectif numéro un d'une politique de gauche, cette égalité des chances dépend beaucoup de l'égalité d'accès à la culture.
De même le fait d'avoir une pratique artistique, culturelle de s'engager, de se doter de ses outils d'expression, compense souvent des difficultés de prise de parole qui peuvent tenir à des conditions sociales, à des origines, à des difficultés de langue, ou tout simplement au fait que tel ou tel de nos jeunes concitoyens peut parfaitement se réaliser par l'image, par le geste, par la musique et ne pas se reconnaître dans ce qui domine un peu notre forme d'enseignement et l'organisation des rapports de force dans notre société, c'est à dire la parole. Donc l'expression artistique, je crois que acquérir une pratique artistique est pour beaucoup de gens une manière de prendre la parole dans une société qui a peut être trop privilégié d'autres formes d'expressions.
Et enfin ces pratiques amateurs conduisent presque toujours à une responsabilisation. Responsabilisation par rapport à soi-même et responsabilisation au sein d'une communauté de vie. C'est pourquoi, cette reconnaissance des pratiques amateurs et les liens établis est pour nous partie intégrante de notre projet culturel pour ce pays. Nous avons dans ce domaine quatre objectifs :
mieux informer, partout en France, les amateurs des multiples possibilités qui leur sont offertes de pratiquer leurs activités favorites ; · inciter à la création d'espaces consacrés aux pratiques amateurs, en inscrivant cet objectif dans les conventions conclues avec les collectivités locales ;
encourager les rencontres entre amateurs, artistes et professionnels ; impliquer ces derniers dans des actions d'accompagnement et de formation, dont nous pouvons voir, ici, à l'occasion des Rencontres 2001 : cultures et transformation sociale : nouvelles initiatives, le résultat. C'est un rapport nouveau, fait de découverte et de respect réciproque. Et c'est assurément un aspect très positif de cette politique de rapprochement.
former un encadrement de qualité, en permettant notamment à des artistes et des professionnels de la culture de participer à l'animation des " stages de réalisation " pilotés par le ministère de la jeunesse et des sports et en encourageant les coopérations entre nos acteurs respectifs.
L'émergence des jeunes talents
Les pratiques amateurs peuvent aider au repérage de jeunes talents, à l'émergence de nouvelles formes artistiques, et constituer un des facteurs de renouvellement des professions. Les directions régionales des affaires culturelles apporteront leur concours à l'expertise technique des projets artistiques et culturels des candidats aux bourses Défi-jeunes. Elles aideront les lauréats à trouver leur place dans le milieu professionnel, à l'exemple du parcours récent de plusieurs d'entre eux comme Samuel Hercule et le tandem Etienne Bideau / Gisèle Vienne en Rhône-Alpes ou encore Loïc Deschamps, en Franche-Comté. Enfin, nous soutiendrons conjointement les opérations de mise en valeur des projets les plus exemplaires du renouveau des pratiques artistiques, comme nous le faisons avec les Rencontres de la Villette.
Enfin, la formation professionnelle
Depuis 1989, le ministère de la Culture apporte son concours aux programmes de formation initiale et continue des responsables associatifs et des équipements socio-culturels comme des personnels d'animation relevant du ministère de la jeunesse et des sports. Ainsi, un brevet d'Etat d'animateur technicien de l'éducation populaire et de la jeunesse (BEATEP) " médiateur du livre " a été créé en coopération étroite avec la direction du livre et de la lecture du ministère de la culture.
Nous allons instituer des collaborations similaires dans les autres secteurs où les personnels d'animation sont amenés à accompagner des activités artistiques et culturelles. Ainsi, par exemple, dans le domaine des arts du cirque, cette collaboration devrait permettre de concevoir une spécialisation " art du cirque " du brevet professionnel " jeunesse et sports " et un diplôme d'Etat d'enseignement des arts du cirque . Une démarche similaire sera engagée dans les secteurs du cinéma et du multimédia.
Ce chantier commun répond à un triple objectif :
- favoriser les passerelles entre les formations relevant de chacun des deux ministères ;
- renforcer la complémentarité entre les fonctions exercées par les professionnels de l'animation d'une part, et les artistes et professionnels de la culture, d'autre part ;
- favoriser l'acquisition de compétences communes dans le domaine de la transmission.
Pour conclure, Chère Marie-George Buffet, je crois que nous pouvons dire ensemble, que nous avons opté pour un travail de fond. Nous croyons vraiment à cet objectif et nous serons tenaces. Ce protocole de coopération nous y engage. Il nous a permis de faire le point sur l'état d'avancement de chantiers importants que nous menons ensemble depuis plusieurs années.
Mais surtout, il trace de nouvelles perspectives pour les mois et les années qui viennent. C'est un acte volontaire inspiré de la conviction partagée que la responsabilité culturelle de l'Etat exige de nous que nous soyons capables de surmonter les cloisonnements administratifs hérités de l'histoire de nos deux ministères. Nous pouvons vous assurer que ces obstacles seront franchis parce que le jeu en vaut vraiment la chandelle.
Je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 8 novembre 2001)