Déclaration de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, sur le développement des initiatives sur l'accès au cinéma pour les jeunes publics, notamment la politique tarifaire, Trappes le 25 août 1999.

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Circonstance : Opération "un été au ciné" à Trappes le 25 août 1999

Texte intégral

Madame la ministre et chère Catherine Tasca
Monsieur le Maire
Chers amis,
S'il en était besoin, l'atelier de création plastique, que nous venons de visiter, et les projections auxquelles nous venons d'assister, ne peuvent que confirmer l'exceptionnel intérêt de l'opération " Un été au Ciné ", initiée par le ministère de la culture et de la communication par l'intermédiaire du Centre National de la Cinématographie dont je salue ici le nouveau directeur général, Jean-Pierre Hoss, en collaboration avec la délégation interministérielle à la ville et le ministère de la jeunesse et des sports, (nom des représentants). Je n'oublierai pas les différentes professions du cinéma qui y sont également associées et notamment l'association française des cinémas d'art et d'essais dont le président Patrick Brouiller, ici présent, est par ailleurs intimement mêlé à l'histoire de la salle où nous sommes ce soir réunis.
Le ministère de la culture et de la communication est plus que jamais au service du développement de la création sous toutes ses formes et pour toutes les disciplines artistiques. Il s'efforce de toutes les façons, y compris les plus modernes, de favoriser la diffusion des oeuvres artistiques. Or, nous savons aujourd'hui, que la multiplication des équipements culturels n'entraîne pas automatiquement la rencontre entre les oeuvres d'arts et un public nouveau qui en était auparavant éloigné pour des raisons éducatives tout autant que financières.
C'est pourquoi, il est tout à fait nécessaire de mettre en place et de développer, avec des moyens accrus, des initiatives permettant une rencontre plus facile entre le public, les artistes et leurs oeuvres. C'est vrai pour le cinéma comme pour la musique ou les arts plastiques.
Le cinéma est à la fois l'un des loisirs préférés des jeunes et un art majeur. Un art qui risquerait de disparaître sous le poids des enjeux industriels et commerciaux qui y sont liés, si, par malheur, la volonté politique de le défendre venait à s'effacer devant ceux qui considèrent l'uvre d'art comme une simple marchandise.
Le cinéma est un art populaire mais dont le coût d'accès éloigne des salles une trop grande partie de la population.
Le cinéma est un art qui procure d'autant plus de plaisir que l'on dispose des clés qui permettent d'en approcher les secrets.
Le grand mérite d'un " Eté au ciné " est justement de répondre à l'ensemble de la problématique que je viens rapidement d'évoquer.
Un été au cinéma présente à la fois un effort de médiation pour donner au jeune public des clés de compréhension, un effort financier pour diminuer les obstacles tarifaires et une défense de la création en valorisant des films de grande qualité.
Ainsi le volet politique tarifaire a permis cette année à 156.000 jeunes de moins de 25 ans de bénéficier de réduction tarifaire dans près de 400 salles pour le films de leur choix.
" Un été au ciné " a aussi proposé des moments de pur plaisir cinématographique en rassemblant, à la tombée du jour, devant des écrans géants, 195.000 jeunes et leur famille.
Ce sont 18.000 jeunes qui, par ailleurs, ont assisté aux 218 séances spéciales qui leur ont permis de découvrir et d'apprécier des films d'auteurs français et francophones en compagnie de professionnels, heureux de partager avec des jeunes leur expérience et l'aventure de la création.
Des réalisateurs comme Cheik Doukouré, Malik Chibane, Jacques Doillon ou Djamet Bensalah, des acteurs comme Philippe Ambrosini, Amina Bedjoubi ou Jérôme Deschamp ont ainsi rencontré un public chaleureux et souvent enthousiaste.
Enfin, plus de 3.000 enfants et adolescents, encadrés par des professionnels, ont participé à 283 ateliers de création. Quatrième volet de la manifestation ces ateliers en constituent le volet le plus original car ils permettent aux jeunes d'apprendre à manipuler les outils et surtout de comprendre les bases du langage audiovisuel.
A Trappes et à Aulnay-sous-Bois, mais aussi un peu partout en France et dans les DOM TOM, de jeunes réalisateurs ont ainsi participé à la vie de la Cité en filmant une fête de quartier comme en Aquitaine, en ravivant la mémoire des spectateurs d'un cinéma du quartier du Panier à Marseille ou en réalisant, comme les jeunes de Martinique, un reportage en République Dominicaine.
Au-delà des chiffres qui font " d'Un été au ciné " la première opération culturelle du dispositif " Ville Vie Vacances ", il est important de noter que cette manifestation génère de nombreux effets positifs.
" Un été au ciné " a notamment permis de constituer un réseau d'acteurs culturels et sociaux composés de professionnels, d'élus, d'animateurs de quartiers : plus de 3.000 partenaires qui ont pris l'habitude d'élaborer ensemble un programme et des actions.
Ce réseau métropolitain s'étend désormais aux DOM TOM puisque la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et Mayotte développent depuis quelques années leurs propres actions. Au-delà du territoire national, des échanges s'organisent dans le cadre européen et en direction des pays du sud. En février 1999, les premières rencontres européennes des jeunes et de l'image organisées à Marseille par le cinéma l'Alhambra, l'association Kyméa et La Friche Belle de Mai avec le soutien du Centre national de la cinématographie ont ainsi permis de fructueux débats entre professionnels et jeunes de plusieurs pays européens.
Par ailleurs, l'organisation de cette manifestation a entraîné la création de nouveaux emplois dont une cinquantaine d'emplois jeunes. Plus de la moitié des coordinateurs régionaux travaillent désormais toute l'année sur cette opération.
Enfin, le travail partenarial développé avec le ministère de la jeunesse et des sports s'est concrétisé par la création de plusieurs brevets d'animateur technicien de l'éducation populaire et de la jeunesse de médiateurs du cinéma connus sous le sigle BEATEP.
Toutes ces actions concentrées durant l'été avaient toutefois besoin d'un autre cadre pour s'ancrer durablement dans le paysage culturel c'est pourquoi nous avons décidé, au début de l'année 1999, de lancer un nouveau programme intitulé " Cinéville ". Il permettra de poursuivre et de développer, tout au long de l'année, les actions entreprises dans la plupart des régions. " Un été au ciné " deviendra ainsi le volet estival et festif d'une action annuelle construite en partenariat avec les ministères concernés, les collectivités territoriales, les associations et les professionnels du cinéma et de l'audiovisuel.
Dès l'année 2000, 15 régions, dont la Martinique, devraient être concernées par cette action qui pourra être étendue à certaines zones rurales qui connaissent également des difficultés.
Nous fêterons l'an prochain, la 10e édition d'un été au ciné. A cette occasion, nous prendrons de nouvelles initiatives pour donner plus d'éclats à cette manifestation qui à mes yeux revêt une importance égale à celle des autres grandes journées ou fêtes organisées par le ministère de la culture et de la communication. Nous allons dans un premier temps réunir un jury national qui sélectionnera les meilleurs des films réalisés cet été par les jeunes des ateliers.
Cette sélection fera l'objet d'une édition en cassette qui sera mise à disposition de toutes les institutions participantes. Ainsi les jeunes d'Aulnay et de Trappes pourront découvrir ce que ceux d'Audincourt ou de Tarascon ont réalisé de leur côté et réciproquement.
De plus, je compte réunir, sous une forme qui sera précisée ultérieurement, l'ensemble des partenaires, professionnels et bénévoles, qui assurent le succès de " Cinéville " et d'" Un été au ciné ".
Voilà, chers amis, le premier bilan que je souhaitais dresser ici à Trappes de cette 9e édition d'un " été au ciné ". Un bilan qui me confirme dans la nécessité de fédérer, l'an prochain, autour de ce projet, encore plus de municipalités, encore plus de salles, encore plus de professionnels et bien entendu encore plus de jeunes pour qui le cinéma ne sera plus seulement un rêve.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 26 août 1999)