Conférence de presse de M. Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes, sur la candidature de la Slovaquie à l'OTAN, la perspective de son adhésion à la francophonie, les négociations préalables à son entrée dans l'Union européenne et la coopération franco-slovaque, Bratislava le 22 janvier 2002.

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Circonstance : Voyage de M. Moscovici en Slovaquie les 21 et 22 janvier 2002

Texte intégral

J'achève dans quelques minutes ma deuxième visite en Slovaquie qui était à la fois extrêmement dense et fructueuse, dense - parce que j'ai pu rencontrer toute une série de personnalités, et bien sûr, le ministre Kukan, c'est la quatrième ou cinquième fois que nous nous rencontrons, mais aussi le président de la République, M. Schuster, M. Dzurinda, que je connaissais également bien, le Premier ministre, Mme Kadlecikova, que j'avais reçu à Paris il y a peu de temps, et encore M. Figel, le principal négociateur, qui sera, peut-être, le représentant de la Slovaquie dans la Convention européenne et puis, ce matin, des parlementaires, dont M. Sebej. Donc, j'ai pu avoir une très large vision de ce qui était la position de la Slovaquie sur les sujets essentiels, que sont nos relations bilatérales, l'adhésion à l'UE, l'entrée dans l'OTAN, ou encore la candidature au poste du membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.
Ma précédente visite ici était en mars 1999, et se situait donc avant l'ouverture des négociations d'adhésion à l'UE pour la Slovaquie, dans un contexte politique qui était encore incertain, et je suis frappé par l'évolution extrêmement positive des choses, sur tous les plans, en moins de trois ans en réalité. Parce que la Slovaquie a ouvert ses négociations avec l'UE à la fin de 1999, mais ne s'est pas contentée de cela et les a menées à un très bon rythme, et aujourd'hui elle a non seulement attrapé certains pays qui étaient partis avant elle, mais les a aussi dépassés puisqu'elle a déjà fait les deux tiers de chemin, et je crois que désormais, l'adhésion de la Slovaquie à l'Union européenne à la fin de l'année 2002, ou plutôt la décision de l'adhésion à la fin des 2002 est une décision réaliste, et je tiens à dire que la France la soutient, comme elle a fait au sommet de Nice, comme elle a fait à Göteborg, comme elle a fait à Laeken, c'est un mouvement irréversible qui est en train d'arriver à son port de destination.
Nous soutenons également la candidature de la Slovaquie à l'OTAN, cela nous paraît être une candidature extrêmement crédible, extrêmement forte et il nous paraît très naturel que cette candidature soit retenue lors du prochain sommet de l'organisation à Prague. Nous avons aussi discuté de la candidature de la Slovaquie pour être membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Ce n'est pas la tradition française que de s'engager dans ce type de processus, nous ne disons jamais pour qui nous allons voter, mais reconnaissons que nous avons un préjugé favorable pour cette candidature qui me paraît également tout à fait solide.
Il va de soi que nous souhaitons, l'adhésion de la Slovaquie à la Francophonie en tant qu'observateur, et je le dis d'autant plus volontiers que j'ai pu constater ce matin que le Premier ministre Dzurinda était un homme qui tenait sa parole. Quand il est venu à Paris il y a deux ans, il avait promis au Premier ministre Jospin d'apprendre le français et j'ai pu constater que ses progrès étaient très réels.
Bref, tout va bien, et je crois que tout cela se déroule sur un fond de coopération entre nous qui est bon. Je souhaite, comme Eduard Kukan, qu'il se renforce encore sur deux plans. Je conviens bien volontiers qu'il y a un déficit de visites ministérielles françaises en Slovaquie, je crois qu'il est important qu'elles se renforcent pour que nos échanges politiques soient encore plus constants, et nourris. Et puis aussi, j'ai évoqué, notamment avec le Premier ministre, mais aussi avec M. Kukan et Mme Kadlecikova, notre souhait que la présence économique française, notamment à travers des investissements, soit plus forte, et je pense, notamment, à la privatisation du secteur de l'énergie, la privatisation de l'eau, dans le cadre du processus de privatisation évidemment ouvert et transparent, des entreprises françaises, qui ont un savoir-faire international, sont et seront candidates, je pense aussi au secteur de la défense, secteur dans lequel nous pouvons encore renforcer notre coopération.
C'est là-dessus que j'arrêterai ces propos initiaux, pour dire que je crois sincèrement que c'est une très bonne visite et que la France et la Slovaquie ont un chemin important à parcourir ensemble dans l'UE qui sera notre espace commun dans très peu de mois.
Q - Il y aura probablement, un changement au poste du ministre des Finances, comment à votre avis, cela peut avoir un impact sur les négociations de la Slovaquie avec l'UE. Ma seconde question concerne la présidence tournante de l'UE - on dit que ce système va changer après l'intégration. Quel est votre avis sur ce sujet ?
R - D'abord s'agissant de la structure du gouvernement slovaque, et très honnêtement ce qui compte pour nous, c'est que la réforme soit poursuivie, c'est que les négociations soient conduites sur un pied constant, et donc nous jugerons aux résultats - c'est à dire la capacité de continuer l'intégration de l'acquis dans la législation slovaque, et aussi de renforcer la capacité administrative. Mais c'est le Premier ministre qui dirige son gouvernement, et nous avons eu, je crois, toute confiance dans son action au cours des années passées, et j'ai pu mesurer encore ce matin sa volonté de remplir l'objectif d'adhésion à l'UE.
En ce qui concerne la 2ème question, la question de la présidence tournante de l'UE fait partie des interrogations qui seront soulevées, par la Convention qui traite de l'avenir de l'UE, il n'y a pas de tabous, il n'y a pas non plus des idées préconçues, mais tout cela attendra, je crois, probablement 2004. Les réformes nécessaires seront faites dans le cadre d'une Constitution européenne, constitution qui nous sera commune, aux Français et aux Slovaques.
Q - Les élections françaises vont-elles avoir l'influence sur la prise de décision importante de l'UE ? Vous avez évoqué le processus de privatisation et la question de sa transparence, est-ce que les dernières déclarations en Slovaquie sur ce sujet peuvent réduire l'intérêt des investisseurs français de prendre part dans la privatisation des sociétés en Slovaquie ?
R - Je n'ai aucun commentaire à faire sur le processus de privatisation si ce n'est rappeler l'intérêt des sociétés françaises d'une part et l'envoi en tête de jeu en jeu dans un cadre qui soit parfaitement transparent, ouvert. Pour ce qui concerne les élections présidentielles et législatives françaises, ma réponse à votre question est double : d'abord - cela ne changera pas notre approche de l'UE notamment son élargissement quel que soit le président élu quel que soit le gouvernement qui sortira des élections législatives, vous pouvez être certains que l'élargissement reste pour nous un choix historique qui est celui de la nation tout entière et que notre soutien à ce processus ne sera pas chichement compté. Mais pour le reste c'est vrai, qu'une élection présidentielle ou législative c'est très important, c'est important pour nous, c'est important pour vous aussi, je crois qu'il y a les élections dans votre pays, et bien sur, le président élu et la nouvelle assemblée, dégageront des conceptions de l'avenir de l'Europe qui peuvent être légèrement différentes. Mais cela ne signifie pas incompatible, et vous pouvez continuer de compter sur la France comme un avocat de l'élargissement, en avocat de la Slovaquie dans l'UE.
(...)
Q - Comment vous percevez le référendum en cours en Autriche, qui concerne la centrale nucléaire de Temelin - est-ce que ce genre de manifestations ou de démarches peut avoir un impact sur l'élargissement de l'UE ?
R - Je crois qu'il s'agit d'une consultation populaire qui a en fait un impact largement indicatif et non pas obligatoire. Bien sûr, nous suivrons ses résultats avec attention pour le reste nous avons confiance à la parole des gouvernements et des Etats car ce sont eux qui négocient et il faut aussi de constance dans les négociations, et un accord intervenu entre le gouvernement autrichien et le gouvernement tchèque sur ce sujet. Nous souhaitons que cet accord soit confirmé, parce que, encore une fois, il ne faut pas mettre ou multiplier les bâtons dans les roues de l'élargissement.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 janvier 2002)