Discours de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur la coopération décentralisée, le rôle des sociétés civiles du Sud dans la coopération internationale et les activités du Haut Conseil pour la Coopération internationale (HCCI), Paris, le 11 décembre 2001.

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Circonstance : Remise des prix de la coopération du Haut Conseil pour la Coopération internationale (HCCI), à Paris, le 11 décembre 2001

Texte intégral

Monsieur le Président du Haut Conseil,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Je ferai un très bref discours car cette soirée est, avant tout, la soirée des primés et je souhaiterais remettre personnellement leur prix à chacun d'entre eux.
L'intérêt que portent nos concitoyens aux relations internationales vient d'être renforcé par les événements du 11 septembre. Les images des tours jumelles effondrées de New York, des bombardements en Afghanistan, des attentats ou des représailles au Proche-Orient, leur font prendre conscience de l'interactivité du monde. Si cette mondialisation de l'information contribue au sentiment général d'insécurité, dans le même temps elle fait naître aussi un besoin de solidarité, lié au sentiment d'appartenance à un même univers. Insécurité et solidarité apparaissent ainsi en quelque sorte comme les deux faces de la médaille de la mondialisation. Il nous faut convaincre que développer la seconde est un des moyens de lutter contre la première.
N'est ce pas pourtant parce qu'elles-mêmes en sont convaincues que vos associations, vos syndicats, vos collectivités locales se mobilisent depuis des années, parfois des décennies sur des thèmes aussi importants que la coopération au développement, la promotion et la défense des Droits de l'Homme, la question des biens publics globaux, de l'environnement en général ou le commerce éthique. Aujourd'hui, vous et nous, qui sommes à la fois les témoins et les porte-paroles de cette ouverture du citoyen à l'international, devons saisir la mondialisation comme une opportunité de renforcer la solidarité internationale. Dans ce cadre, votre rôle est irremplaçable et c'est pourquoi je suis honoré d'avoir à vous remettre aujourd'hui les prix que le Haut conseil pour la Coopération internationale vous a décerné.
Le défi que nous devons relever aujourd'hui c'est la montée en puissance des sociétés civiles du Sud, sans l'implication desquelles le développement n'a pas véritablement de sens ni de réelles perspectives, en particulier dans le cadre de l'élaboration des stratégies de lutte contre la pauvreté et de la mobilisation des fonds dégagés en faveur des secteurs sociaux par l'initiative d'annulation de la dette.
Car si notre action doit contribuer à renforcer les Etats dans leur capacité à remplir les fonctions qui sont les leurs et pour ce faire les aider à moderniser leurs institutions, leur organisation et leur fonctionnement, la société civile à un rôle évidemment majeur dans les processus d'élaboration, d'application et de suivi de la décision politique. L'action des sociétés civiles du Nord, et leur capacité à s'engager auprès des sociétés civiles du Sud dans des partenariats les encourageant à prendre toute leur place dans la construction de modèles de sociétés plus justes, a là un rôle à jouer. C'est en tout état de cause une des conclusions qui s'est dégagée des récentes assises de la coopération décentralisée organisées les 26 et 27 novembre à l'Institut du monde arabe.
L'action du HCCI s'inscrit tout à fait dans ce cadre général, et je ne puis que saluer le travail considérable qui a été accompli depuis deux ans, avec en particulier la publication d'une quinzaine d'avis dont les derniers concernent les accords union européenne ACP, les institutions financières internationales et la Conférence de Monterrey. Pour rester bref, je citerai par ailleurs le séminaire 2001 organisé par le Haut Conseil du 3 au 5 septembre sur la problématique des biens publics globaux, dont les actes devraient servir de référence en la matière.
L'initiative qui nous réunit aujourd'hui est la deuxième du genre ; je suis tout particulièrement heureux d'y participer à nouveau. Je souhaite qu'elle contribue à donner de la publicité aux actions menées par les associations de solidarité internationale, les collectivités locales et aussi par les entreprises en faveur des plus démunis. Ces prix récompensent à la fois l'exemplarité et le travail d'éducation au développement, susceptible de faire naître encore davantage de vocations vers le Sud, des lauréats.
Il me plaît par ailleurs de constater que 8 des 10 projets primés sont des opérations ayant fait l'objet de cofinancements instruits par le ministère des Affaires étrangères, ce qui souligne aussi la qualité du partenariat entre le ministère des Affaires étrangères et la société civile.
Mais place aux lauréats...
1) Le lauréat du Grand prix ex-aequo de la coopération internationale est attribué au projet de coopération décentralisée entre la ville de Luang Prabang (Laos) et la ville de Chinon. Il est doté de 50.000 F. Ce projet a été conçu pour protéger et mettre en valeur la cité, autour d'une maison du Patrimoine.
2) le second lauréat du Grand prix ex-aequo de la coopération internationale est attribué au projet de banque des paysans mené par le Comité français pour la Solidarité Internationale au Mali. Il est doté de 50.000 F. Ce réseau de banques rurales regroupe aujourd'hui plus de 100.000 sociétaires et 120 Caisses locales touchant jusqu'au plus petit village du Sud-Mali.
3) le troisième prix est attribué au projet de développement d'une filière de production dans la région des temples d'Anglcor au Cambodge, mené par l'association coopération développement (CODEV). Il est doté de 50.000 F. Il s'agit de la mise en place d'un programme de formation professionnelle aux métiers de l'artisanat.
4) J'en viens maintenant aux deux prix décernés conjointement par le HCCI et le MEDEF. Le "prix de l'esprit d'initiative en matière de coopération d'entreprise", doté de 100.000 F est attribué à Bauchan SARL pour son partenariat avec Kanza Bio aux Comores. Cette PME met à la disposition des populations comoriennes, dans des conditions très favorables, des petits équipements de la vie quotidienne.
Le "prix pour une démarche exemplaire d'entreprise en matière de coopération", doté de 50.000 F est attribué à la société INGEROP pour son projet d'implantation en Afrique du Sud.
5) Je souhaiterais maintenant remettre le "prix du courage, de l'exemplarité et du dévouement" décerné conjointement par la fondation Giacento Accornero, sous l'égide de la Fondation de France, et par le HCCI et doté de 150.000 F au programme éducatif et psychosocial pour les enfants réfugiés palestiniens au Liban mené par Enfants réfugiés du monde.
6) Je voudrais maintenant remettre le "prix de la formation professionnelle agricole", doté de 25.000 F et attribuée à l'association "Anamorphose" pour son projet de formation agricole professionnelle à l'Ecole d'Agriculture et d'Elevage de Tolo en République de Guinée.
7) Le "prix combat pour la terre et l'insertion" est doté de 25.000 F et est attribué au CICDA pour son appui à la viabilisation des périmètres de réforme agraire et des exploitations familiales dans la région de Bagé au Brésil.
8) Le prix "soins et éducation sanitaire et nutritionnelle" doté de 25.000 F est attribué à l'association NUTRIPA pour sa lutte contre la malnutrition des enfants et l'éducation professionnelle des mères au Rwanda.
9) Le prix "femmes, organisations sociales et économiques", doté de 25.000 F est attribué à la Fédération des peuples solidaires pour son programme de rencontres échange-formation entre groupements féminins du Bénin, du Burkina Faso, du Mali, du Sénégal et du Togo.
10) les projets que je vais citer maintenant ont été retenus comme méritant d'être mentionnés, même s'ils ne sont pas primés. Il s'agit de :
- Ville en transition, un projet de développement urbain au Vietnam,
- l'Association régionale pour le développement de la coopération décentralisée entre la Franche-Comté et la Côte d'ivoire, ARDECOD, pour son projet de démarche globale sur une composante de l'environnement urbain, l'accès à l'eau potable en Côte d'Ivoire.
- l'Association ESSOR, pour un centre d'appui pour rendre accessible le crédit productif aux populations urbaines défavorisées de Teresina au Brésil.
- Le Secours catholique, Caritas France pour son projet de captage et d'aménagement des sources dans le diocèse de Bukavu, en République Démocratique du Congo.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 décembre 2001)