Texte intégral
Peut-on considérer que la France est encore le moteur de l'Europe spatiale ?
- "Oui, tout à fait. Nous avons obtenu de grands succès à Edimbourg. Edimbourg, c'était la réunion du Conseil de l'Agence spatiale européenne, c'est-à-dire la réunion des 15 ministres européens chargés de l'espace. Et la France a obtenu gain de cause sur tous les dossiers qu'elle présentait. Notamment, sur le lanceur Ariane qui a une grande capacité de performance technologique - nous avons deux ans d'avance sur les concurrents américains. Nous avons obtenu au total 2,1 milliards d'euros à Edimbourg pour fortifier, dynamiser le lanceur Ariane. Vraiment, on est très performants par rapport aux concurrents américains."
Vous parliez de cette concurrence entre Ariane et les Américains. Va-t-on pouvoir faire plus pour moins cher ?
- "Tout à fait, c'est toujours l'objectif. Mais là, nous allons le réaliser. Faire plus, c'est améliorer la performance technologique, la charge qui peut être emportée - ce sera bientôt 12 tonnes. Vous savez qu'Ariane lance généralement deux satellites à la fois, et comme les satellites de télécommunication sont de plus en plus lourds et vont aller vers 6 tonnes chacun, il faut donc pouvoir emporter 12 tonnes, ce que les concurrents américains ne font pas. D'autre part, nous allons réduire les coûts parce que les industriels se sont mis enfin à réduire leurs coûts, à travailler davantage ensemble, notamment avec EADS."
Pourrait-on voir prochainement une fusée russe, Soyouz, partir de Kourou ?
- "Oui, ce serait parfaitement possible, il y a beaucoup de discussions avec nos partenaires russes là-dessus. Je me suis rendu d'ailleurs trois fois en six mois à Moscou. Il faut que toutes les conditions soient remplies. C'est-à-dire que Ariane-Espace soit l'opérateur unique qui commercialise, à la fois, le lanceur Ariane et le lanceur Soyouz, s'il est lancé à Kourou, de manière qu'il y ait complémentarité et non pas concurrence anarchique. D'autre part, que les Russes acceptent notamment de participer, au moins pour partie, à l'investissement nécessaire pour la construction d'un nouveau pas de tir, et qu'ils nous réservent l'exclusivité du lanceur Soyouz et de ses versions dérivées. Actuellement, ils ont un projet une fusée dite "Aurora" qui serait lancée à partir de l'Australie. Nous continuons donc la discussion."
La station spatiale internationale est habitée depuis un an et ça coûte cher à l'Europe : 1 milliard de francs par an ! Vous pensez que c'est justifié ?
- "C'est un engagement qui a été pris avant 1997, en 1995, donc, par le gouvernement précédent. La pire des solutions aurait été de payer, ce que nous faisons, sans avoir les avantages. Nous avons décidé d'utiliser cette station spatiale internationale, qui est une grande infrastructure publique. J'ai obtenu des Russes et des Américains que les astronautes français puissent voler dans la station spatiale internationale quatre ans plus tôt que prévu. Cela a été le cas pour C. Haigneré, il y a très peu de temps, qui a volé avec les Russes vers la station. Ce sera le cas avec P. Perrin, qui va voler avec la NASA vers la station au printemps prochain."
Le programme Galiléo, celui d'un GPS européen, est en difficulté depuis que le Conseil des ministres des Quinze a décidé de le suspendre. Existe-t-il une vraie menace, selon vous, pour l'indépendance spatiale européenne ?
- "Le système Galiléo est tout à fait important, c'est l'équivalent du GPS américain, un système de positionnement par satellite. Cela a des applications très concrètes, notamment pour le guidage dans les voitures. Il faut qu'il y ait un système européen indépendant. La phase dite de "développement" de Galiléo nécessite 1 milliard d'euros, financés pour moitié par l'Agence spatiale européenne et pour l'autre moitié, par l'Union européenne, le Conseil des transports. J'ai obtenu de l'Agence spatiale européenne qu'elle vote effectivement en novembre dernier la moitié du financement. Il reste maintenant du côté de l'Union européenne à faire la moitié de la route. Je pense que cela sera fait dans les prochaines semaines. Mais en réalité, derrière les discours, il y a ceux qui, comme la France et l'Italie veulent un système réellement indépendant du GPS américain, et d'autres pays qui sont moins favorables à cette prise d'indépendance."
Que pensez-vous du tourisme spatial, avec ce sud-africain milliardaire qui va partir bientôt pour l'ISS, tout là-haut ?
- "Je n'en pense pas grand bien parce que cela peut s'imaginer dans quelques années ou quelques dizaines d'années. Mais actuellement, quand il s'agit de la capsule Soyouz, il n'y a que trois places à bord. Donc, si la troisième place est occupée par quelqu'un qui n'a pas les compétences et les qualifications nécessaires..."
Oui, mais qui paye 20 millions de dollars !
- "Oui, c'est ça, il a l'argent sans avoir les compétences. En tout cas, c'est un peu difficile pour les deux autres passagers de la capsule Soyouz. Je crois qu'il vaut mieux renvoyer cela à plus tard, même si cela marque un intérêt et une fascination pour l'espace de la part de certaines personnalités à très forts moyens."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 14 décembre 2001)
- "Oui, tout à fait. Nous avons obtenu de grands succès à Edimbourg. Edimbourg, c'était la réunion du Conseil de l'Agence spatiale européenne, c'est-à-dire la réunion des 15 ministres européens chargés de l'espace. Et la France a obtenu gain de cause sur tous les dossiers qu'elle présentait. Notamment, sur le lanceur Ariane qui a une grande capacité de performance technologique - nous avons deux ans d'avance sur les concurrents américains. Nous avons obtenu au total 2,1 milliards d'euros à Edimbourg pour fortifier, dynamiser le lanceur Ariane. Vraiment, on est très performants par rapport aux concurrents américains."
Vous parliez de cette concurrence entre Ariane et les Américains. Va-t-on pouvoir faire plus pour moins cher ?
- "Tout à fait, c'est toujours l'objectif. Mais là, nous allons le réaliser. Faire plus, c'est améliorer la performance technologique, la charge qui peut être emportée - ce sera bientôt 12 tonnes. Vous savez qu'Ariane lance généralement deux satellites à la fois, et comme les satellites de télécommunication sont de plus en plus lourds et vont aller vers 6 tonnes chacun, il faut donc pouvoir emporter 12 tonnes, ce que les concurrents américains ne font pas. D'autre part, nous allons réduire les coûts parce que les industriels se sont mis enfin à réduire leurs coûts, à travailler davantage ensemble, notamment avec EADS."
Pourrait-on voir prochainement une fusée russe, Soyouz, partir de Kourou ?
- "Oui, ce serait parfaitement possible, il y a beaucoup de discussions avec nos partenaires russes là-dessus. Je me suis rendu d'ailleurs trois fois en six mois à Moscou. Il faut que toutes les conditions soient remplies. C'est-à-dire que Ariane-Espace soit l'opérateur unique qui commercialise, à la fois, le lanceur Ariane et le lanceur Soyouz, s'il est lancé à Kourou, de manière qu'il y ait complémentarité et non pas concurrence anarchique. D'autre part, que les Russes acceptent notamment de participer, au moins pour partie, à l'investissement nécessaire pour la construction d'un nouveau pas de tir, et qu'ils nous réservent l'exclusivité du lanceur Soyouz et de ses versions dérivées. Actuellement, ils ont un projet une fusée dite "Aurora" qui serait lancée à partir de l'Australie. Nous continuons donc la discussion."
La station spatiale internationale est habitée depuis un an et ça coûte cher à l'Europe : 1 milliard de francs par an ! Vous pensez que c'est justifié ?
- "C'est un engagement qui a été pris avant 1997, en 1995, donc, par le gouvernement précédent. La pire des solutions aurait été de payer, ce que nous faisons, sans avoir les avantages. Nous avons décidé d'utiliser cette station spatiale internationale, qui est une grande infrastructure publique. J'ai obtenu des Russes et des Américains que les astronautes français puissent voler dans la station spatiale internationale quatre ans plus tôt que prévu. Cela a été le cas pour C. Haigneré, il y a très peu de temps, qui a volé avec les Russes vers la station. Ce sera le cas avec P. Perrin, qui va voler avec la NASA vers la station au printemps prochain."
Le programme Galiléo, celui d'un GPS européen, est en difficulté depuis que le Conseil des ministres des Quinze a décidé de le suspendre. Existe-t-il une vraie menace, selon vous, pour l'indépendance spatiale européenne ?
- "Le système Galiléo est tout à fait important, c'est l'équivalent du GPS américain, un système de positionnement par satellite. Cela a des applications très concrètes, notamment pour le guidage dans les voitures. Il faut qu'il y ait un système européen indépendant. La phase dite de "développement" de Galiléo nécessite 1 milliard d'euros, financés pour moitié par l'Agence spatiale européenne et pour l'autre moitié, par l'Union européenne, le Conseil des transports. J'ai obtenu de l'Agence spatiale européenne qu'elle vote effectivement en novembre dernier la moitié du financement. Il reste maintenant du côté de l'Union européenne à faire la moitié de la route. Je pense que cela sera fait dans les prochaines semaines. Mais en réalité, derrière les discours, il y a ceux qui, comme la France et l'Italie veulent un système réellement indépendant du GPS américain, et d'autres pays qui sont moins favorables à cette prise d'indépendance."
Que pensez-vous du tourisme spatial, avec ce sud-africain milliardaire qui va partir bientôt pour l'ISS, tout là-haut ?
- "Je n'en pense pas grand bien parce que cela peut s'imaginer dans quelques années ou quelques dizaines d'années. Mais actuellement, quand il s'agit de la capsule Soyouz, il n'y a que trois places à bord. Donc, si la troisième place est occupée par quelqu'un qui n'a pas les compétences et les qualifications nécessaires..."
Oui, mais qui paye 20 millions de dollars !
- "Oui, c'est ça, il a l'argent sans avoir les compétences. En tout cas, c'est un peu difficile pour les deux autres passagers de la capsule Soyouz. Je crois qu'il vaut mieux renvoyer cela à plus tard, même si cela marque un intérêt et une fascination pour l'espace de la part de certaines personnalités à très forts moyens."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 14 décembre 2001)