Texte intégral
Q - La France a-t-elle rompu la solidarité occidentale à Bonn ?
- R - Absolument pas. L'objet des Sommets annuels des 7 pays les plus industrialisés de la planète n'est pas de prendre des décisions, ni d'exercer un quelconque directoire mondial. En revanche, les participants ne sont pas en situation d'antagonisme avec le reste du monde, mais, au contraire doivent examiner les moyens qu'ils ont à leur disposition pour contribuer au progrès économique du monde entier.
- La solidarité occidentale repose sur un ensemble de principes et de valeurs démocratiques et humanistes qui ont connu la plus solennelle des réaffirmations par la déclaration faite à l'occasion du 40ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. Dans cette déclaration, les Sept ont, notamment, "évoqué avec douleur la mémoire de tous ceux qui sont morts du fait de la guerre ou ont été victimes de l'inhumanité, de la répression et de la tyrannie", et réaffirmé leur engagement à "sauvegarder la paix tout en protégeant nos libertés démocratiques". Ils ont déclaré qu'ils s'emploieront à réduire les risques de conflit et qu'ils "apprécient les propositions positives des Etats-Unis d'Amérique dans le cadre des négociations de Genève".
Q - La France a-t-elle adopté une position protectionniste à Bonn ?
- R - Absoulment pas. La France a affirmé sans ambiguité son accord pour combattre les tendances protectionnistes qui se font jour dans le monde. Cette position n'est pas nouvelle pour notre pays qui, comme ses partenaires de la Communauté, constitue un marché très ouvert : les importations représentent 25 % de notre PNB (contre 13 % aux Etats-Unis et 5 % au Japon). La France souscrit à la déclaration du Conseil des ministres de la Communauté européenne du 19 mars, affirmant que "sous réserve de parvenir à un degré adéquat de consensus international sur les objectifs, la participation et le calendrier, la Communauté se déclare prête à participer au lancement d'un (nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales au sein du GATT)".
- Toutefois, conformément à la déclaration communautaire du 19 mars la France estime que si certaines précautions ne sont pas prises, si certaines conditions ne sont pas remplies, le lancement d'une telle négociation, loin de favoriser la reprise économique, la croissance et la coopération internationale, risque d'attiser les antagonismes économiques dans le monde, au sein des pays occidentaux et entre ceux-ci et le tiers monde. Les points d'achoppement concernent notamment :
- La nécessité de recueillir des garanties quant au maintien des principes fondamentaux et des mécanismes de la politique agricole commune, qui demeure, jusqu'à présent, l'élément le plus solide de la construction européenne. Tout recul sur ce point serait un recul pour l'Europe.
- Or, en l'absence de toute précision sur l'agenda d'une future négociation, il apparaît clairement que le premier sujet à l'ordre du jour serait précisément les échanges internationaux de produits agricoles, ce qui exposerait la PAC aux contestations des Etats-Unis qui l'ont toujours combattue.
- Cette certitude est encore confortée par les réactions américaines à l'issue du Sommet de Bonn. Ainsi, le New York Times, s'appuyant sur les indications fournies par des officiels américains, indique que la nécessité de protéger la PAC alléguée par les Français, "était inacceptable pour l'administration Reagan qui essaie d'éliminer ses propres subventions à l'agriculture américaine".
- Les intérêts du tiers monde.
- La France ne pouvait souscrire à une démarche ne prenant pas en considération les aspirations exprimées par les pays en développement, qui auraient été ainsi mis devant le fait accompli. Une telle démarche aurait, par ailleurs été contradictoire avec la déclaration économique de Bonn elle-même, affirmant : "Nous continuerons à travailler avec les pays en développement dans un esprit de véritable coopération.
- Enfin "il est vain de vouloir traiter les problèmes commerciaux sans traiter en même temps les problèmes monétaires. En effet, qui dit échange, dit monnaie : or, nous sommes dans un monde où les monnaies varient d'un jour à l'autre - voyez le dollar, qui est une monnaie forte et importante dans le commerce international et dont on sait les variations. Il faut donc une nouvelle conférence monétaire qui aille en parallèle avec la conférence commerciale.
- Là-dessus, nous n'avons pas fait de progrès, plus exactement nos partenaires n'ont pas envisagé ce parallèlisme". (M. Dumas sur TF1 le 5 mai 1985).
- Il est donc inexact que l'attitude française soit dictée par une prétendue inspiration protectionniste. Elle est, au contraire, animée par le souci d'assurer aux futures négociations commerciales - dont nous souhaitons l'ouverture - le maximum de chances de succès et de garantir, de façon équilibrée, les garanties des participants, et en premier lieu ceux de l'Europe et ceux du tiers monde.
Q - Les thèses françaises se sont-elles exprimées à Bonn uniquement d'une façon négative et seulement sur la question des négociations du GATT ?
- R - Il n'en est rien. Au contraire, les textes adoptés font une large part aux préoccupations françaises :
- sur le plan politique, la déclaration sur le 40ème anniversaire de la fin de la guerre énonce sur les relations est-ouest et la sécurité en Europe les positions qui ont toujours été celles de la France : équilibre des forces au plus bas niveau possible, dialogue, réduction équilibrée des niveaux d'armements, interdiction des armes chimiques, Surtout, la déclaration réaffirme l'appui des Etats concernés aux efforts visant à renforcer la dissuasion.
- En outre, cette déclaration ne contient aucune référence à l'initiative de défense stratégique proposée par le Président Reagan qui ne correspond pas à nos conceptions en matière de sécurité.
- sur le problème du développement, la déclaration économique répond intégralement aux préoccupations, que nous avons exprimées concernant les conséquences catastrophiques de la sécheresse en Afrique, et, surtout, elle reprend les propositions françaises dans ce domaine : poursuite de l'aide alimentaire et de la coopération avec les pays africains fondée sur les priorités suivantes :
- fourniture d'intrants agricoles tels que semences, pesticides et engrais, dans le cadre de projets de développement agricole,
- amélioration des systèmes d'alerte et des dispositions en matière de transports,
- création d'un réseau de recherche sur les céréales des zones sèches,
- lutte contre la désertification.
- Dans ce but, il a été décidé de créer un groupe d'experts qui devrait préparer les propositions de mise en oeuvre dont il fera rapport aux ministres des affaires étrangères en septembre 1985.
- Enfin les Sept ont confirmé "la nécessité pour l'Europe de maintenir et d'accroître sa capacité autonome en matière d'activités spatiales" et s'est félicité du programme spatial européen à long terme avec ses objectifs.
- A ce sujet, il est compréhensible que le programme Eurêka (création d'une politique européenne de la recherche et des technologies de pointe) n'ait pas été évoqué par le Sommet car il est du ressort de la Communauté européenne. En revanche le Président de la République y a fait longuement référence lors de sa conférence de presse du samedi 4 mai.
Q - La France a-t-elle été isolée à Bonn ?
- R - Il est incontestable que la France a été relativement isolée sur la question de la fixation d'une date pour l'ouverture des négociations commerciales (NCM) demandée par les Etats-Unis.
- En revanche, la question de l'IDS n'a pas été abordée formellement par le Sommet car elle n'entre pas dans le champ de cet exercice.
- Toutefois, sur la question des NCM il faut considérer le fait que la France était adossée à la position claire des 10 pays membres de la Communauté européenne exprimée par la déclaration du 19 mars. Elle a dans ce domaine exercé le rôle de "conscience des intérêts européens" et notamment pour la défense de la politique agricole commune.
- De plus, la France a, comme l'a dit le Président de la République, "beaucoup de compagnons" à l'extérieur du Sommet des Sept, parmi les pays du tiers monde qui avaient pu voir dans la fixation d'une date un diktat inacceptable.
- Sur les autres questions, la France a recueilli le soutien des Six : par exemple sur ses propositions en vue de combattre les effets de la sécheresse en Afrique, également dans son appréciation sur la décision prise par les Etats-Unis d'infliger un embargo commercial au Nicaragua. Sur ce point, ce sont les Etats-Unis qui se sont trouvés tout à fait isolés.
- R - Absolument pas. L'objet des Sommets annuels des 7 pays les plus industrialisés de la planète n'est pas de prendre des décisions, ni d'exercer un quelconque directoire mondial. En revanche, les participants ne sont pas en situation d'antagonisme avec le reste du monde, mais, au contraire doivent examiner les moyens qu'ils ont à leur disposition pour contribuer au progrès économique du monde entier.
- La solidarité occidentale repose sur un ensemble de principes et de valeurs démocratiques et humanistes qui ont connu la plus solennelle des réaffirmations par la déclaration faite à l'occasion du 40ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. Dans cette déclaration, les Sept ont, notamment, "évoqué avec douleur la mémoire de tous ceux qui sont morts du fait de la guerre ou ont été victimes de l'inhumanité, de la répression et de la tyrannie", et réaffirmé leur engagement à "sauvegarder la paix tout en protégeant nos libertés démocratiques". Ils ont déclaré qu'ils s'emploieront à réduire les risques de conflit et qu'ils "apprécient les propositions positives des Etats-Unis d'Amérique dans le cadre des négociations de Genève".
Q - La France a-t-elle adopté une position protectionniste à Bonn ?
- R - Absoulment pas. La France a affirmé sans ambiguité son accord pour combattre les tendances protectionnistes qui se font jour dans le monde. Cette position n'est pas nouvelle pour notre pays qui, comme ses partenaires de la Communauté, constitue un marché très ouvert : les importations représentent 25 % de notre PNB (contre 13 % aux Etats-Unis et 5 % au Japon). La France souscrit à la déclaration du Conseil des ministres de la Communauté européenne du 19 mars, affirmant que "sous réserve de parvenir à un degré adéquat de consensus international sur les objectifs, la participation et le calendrier, la Communauté se déclare prête à participer au lancement d'un (nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales au sein du GATT)".
- Toutefois, conformément à la déclaration communautaire du 19 mars la France estime que si certaines précautions ne sont pas prises, si certaines conditions ne sont pas remplies, le lancement d'une telle négociation, loin de favoriser la reprise économique, la croissance et la coopération internationale, risque d'attiser les antagonismes économiques dans le monde, au sein des pays occidentaux et entre ceux-ci et le tiers monde. Les points d'achoppement concernent notamment :
- La nécessité de recueillir des garanties quant au maintien des principes fondamentaux et des mécanismes de la politique agricole commune, qui demeure, jusqu'à présent, l'élément le plus solide de la construction européenne. Tout recul sur ce point serait un recul pour l'Europe.
- Or, en l'absence de toute précision sur l'agenda d'une future négociation, il apparaît clairement que le premier sujet à l'ordre du jour serait précisément les échanges internationaux de produits agricoles, ce qui exposerait la PAC aux contestations des Etats-Unis qui l'ont toujours combattue.
- Cette certitude est encore confortée par les réactions américaines à l'issue du Sommet de Bonn. Ainsi, le New York Times, s'appuyant sur les indications fournies par des officiels américains, indique que la nécessité de protéger la PAC alléguée par les Français, "était inacceptable pour l'administration Reagan qui essaie d'éliminer ses propres subventions à l'agriculture américaine".
- Les intérêts du tiers monde.
- La France ne pouvait souscrire à une démarche ne prenant pas en considération les aspirations exprimées par les pays en développement, qui auraient été ainsi mis devant le fait accompli. Une telle démarche aurait, par ailleurs été contradictoire avec la déclaration économique de Bonn elle-même, affirmant : "Nous continuerons à travailler avec les pays en développement dans un esprit de véritable coopération.
- Enfin "il est vain de vouloir traiter les problèmes commerciaux sans traiter en même temps les problèmes monétaires. En effet, qui dit échange, dit monnaie : or, nous sommes dans un monde où les monnaies varient d'un jour à l'autre - voyez le dollar, qui est une monnaie forte et importante dans le commerce international et dont on sait les variations. Il faut donc une nouvelle conférence monétaire qui aille en parallèle avec la conférence commerciale.
- Là-dessus, nous n'avons pas fait de progrès, plus exactement nos partenaires n'ont pas envisagé ce parallèlisme". (M. Dumas sur TF1 le 5 mai 1985).
- Il est donc inexact que l'attitude française soit dictée par une prétendue inspiration protectionniste. Elle est, au contraire, animée par le souci d'assurer aux futures négociations commerciales - dont nous souhaitons l'ouverture - le maximum de chances de succès et de garantir, de façon équilibrée, les garanties des participants, et en premier lieu ceux de l'Europe et ceux du tiers monde.
Q - Les thèses françaises se sont-elles exprimées à Bonn uniquement d'une façon négative et seulement sur la question des négociations du GATT ?
- R - Il n'en est rien. Au contraire, les textes adoptés font une large part aux préoccupations françaises :
- sur le plan politique, la déclaration sur le 40ème anniversaire de la fin de la guerre énonce sur les relations est-ouest et la sécurité en Europe les positions qui ont toujours été celles de la France : équilibre des forces au plus bas niveau possible, dialogue, réduction équilibrée des niveaux d'armements, interdiction des armes chimiques, Surtout, la déclaration réaffirme l'appui des Etats concernés aux efforts visant à renforcer la dissuasion.
- En outre, cette déclaration ne contient aucune référence à l'initiative de défense stratégique proposée par le Président Reagan qui ne correspond pas à nos conceptions en matière de sécurité.
- sur le problème du développement, la déclaration économique répond intégralement aux préoccupations, que nous avons exprimées concernant les conséquences catastrophiques de la sécheresse en Afrique, et, surtout, elle reprend les propositions françaises dans ce domaine : poursuite de l'aide alimentaire et de la coopération avec les pays africains fondée sur les priorités suivantes :
- fourniture d'intrants agricoles tels que semences, pesticides et engrais, dans le cadre de projets de développement agricole,
- amélioration des systèmes d'alerte et des dispositions en matière de transports,
- création d'un réseau de recherche sur les céréales des zones sèches,
- lutte contre la désertification.
- Dans ce but, il a été décidé de créer un groupe d'experts qui devrait préparer les propositions de mise en oeuvre dont il fera rapport aux ministres des affaires étrangères en septembre 1985.
- Enfin les Sept ont confirmé "la nécessité pour l'Europe de maintenir et d'accroître sa capacité autonome en matière d'activités spatiales" et s'est félicité du programme spatial européen à long terme avec ses objectifs.
- A ce sujet, il est compréhensible que le programme Eurêka (création d'une politique européenne de la recherche et des technologies de pointe) n'ait pas été évoqué par le Sommet car il est du ressort de la Communauté européenne. En revanche le Président de la République y a fait longuement référence lors de sa conférence de presse du samedi 4 mai.
Q - La France a-t-elle été isolée à Bonn ?
- R - Il est incontestable que la France a été relativement isolée sur la question de la fixation d'une date pour l'ouverture des négociations commerciales (NCM) demandée par les Etats-Unis.
- En revanche, la question de l'IDS n'a pas été abordée formellement par le Sommet car elle n'entre pas dans le champ de cet exercice.
- Toutefois, sur la question des NCM il faut considérer le fait que la France était adossée à la position claire des 10 pays membres de la Communauté européenne exprimée par la déclaration du 19 mars. Elle a dans ce domaine exercé le rôle de "conscience des intérêts européens" et notamment pour la défense de la politique agricole commune.
- De plus, la France a, comme l'a dit le Président de la République, "beaucoup de compagnons" à l'extérieur du Sommet des Sept, parmi les pays du tiers monde qui avaient pu voir dans la fixation d'une date un diktat inacceptable.
- Sur les autres questions, la France a recueilli le soutien des Six : par exemple sur ses propositions en vue de combattre les effets de la sécheresse en Afrique, également dans son appréciation sur la décision prise par les Etats-Unis d'infliger un embargo commercial au Nicaragua. Sur ce point, ce sont les Etats-Unis qui se sont trouvés tout à fait isolés.