Communiqué des ministres des affaires étrangères de la CEE, en date du 22 juillet 1985, sur la situation en Afrique du Sud et en Afrique australe.

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Circonstance : Conseil des communautés européennes à Bruxelles les 22 et 23 juillet 1985

Texte intégral

Les Dix expriment la plus vive préoccupation face à la persistance des souffrances humaines que provoque en Afrique du Sud le système de l'apartheid, qu'ils condamnent avec force.
- Ils déplorent tous les actes de violence. En Afrique du Sud la violence affecte particulièrement la population noire et les Dix lancent un appel à tous les intéressés pour qu'ils y renoncent.
- L'action la plus récente des autorités sud-africaines, consistant à déclarer un état d'urgence dans certaines régions du pays, marque une grave détérioration de la situation. Il faut y mettre un terme et tous ceux qui sont détenus en vertu de ces dispositions doivent être libérés.
- Les Dix insistent auprès du gouvernement de Prétoria pour qu'il entreprenne avec détermination une politique comportant des actions spécifiques conduisant à l'abolition du système de l'apartheid et à l'application des droits politiques et civils légitimes de la population noire. Faute de progrès sensibles dans un délai raisonnable, les Dix se réservent de réexaminer leur attitude.
- A leurs yeux, l'exigence primordiale est l'ouverture rapide d'un dialogue entre le gouvernement sud-africain actuel et les représentants authentiques de la communauté non blanche dans l'objectif déclaré de, entre autres, donner une représentation adéquate à la communauté noire à l'échelon national.
- En vue d'améliorer les perspectives d'un tel dialogue, les Dix estiment que le gouvernement sud-africain devrait :
- libérer sans délai et sans condition M. Nelson Mandela,
- mettre fin à la pratique de la détention sans procès,
- Abandonner la pratique des déménagements forcés,
- supprimer la législation discriminatoire y compris les "Pass laws" et le "groupe Areas Act".
- Le code de conduite des entreprises européennes ayant des filiales en Afrique du Sud s'est révélé un instrument utile pour l'émancipation des travailleurs noirs en Afrique du Sud. Devant les changements importants qui s'y sont produits dans le domaine des rapports de travail, les Dix considèrent que l'adaptation et le renforcement du code qu'ils vont entreprendre d'urgence permettrait à celui-ci de contribuer plus efficacement à l'abolition du système de la ségrégation raciale en vigueur en Afrique du Sud.
- Les Dix constatent en outre avec une vive préoccupation la persistance de situations de conflit ainsi que l'existence de graves menaces pour la souveraineté et le développement économique des Etats en Afrique australe et, en ce qui concerne l'indépendance de la Namibie, d'obstacles qui continuent à s'opposer à l'application de la Résolution 435 du Conseil de Sécurité des Nations unies. Ils souhaitent vivement que la méthode du dialogue s'affirme, en englobant toutes les parties intéressés, dans le respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de tous les pays de la région, et du principe de non-ingérence dans leurs affaires intérieures.