Déclaration de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, sur l'enseignement des arts décoratifs et artistiques et la place des technologies nouvelles dans les équipements de l'ENSAD, Paris mai 1999.

Prononcé le 1er mai 1999

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Circonstance : Inauguration du bâtiment "Erasme" de l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs à Paris en mai 1999

Texte intégral

Je suis particulièrement heureuse d'inaugurer aujourd'hui ce nouveau et remarquable bâtiment de l'Ecole nationale supérieur des arts décoratifs.
Nouveau, parce qu'il vient d'être construit par l'équipe Luc Arsène-Henry - Philippe Starck et tout juste livré à l'école. Mais nous devons faire un point d'histoire rapide pour situer ce bâtiment dit " Erasme " dans l'ensemble auquel il appartient.
Ce bâtiment est dans le prolongement de l'immeuble historique du 31 rue d'Ulm. Il a été construit sur l'emplacement d'un bâtiment conçu par Robert Joly, dévolu à l'époque à l'Institut de l'environnement puis cédé à l'ENSAD (1976) et qui a dû être démoli après être resté hors d'usage plusieurs années.
Un bâtiment d'angle a été construit , par Robert Joly également, pour relier les deux sites. Cet "angle " a été rénové à l'occasion de cette première tranche de travaux dont nous saluons la réalisation.
Il accueille la salle d'exposition en rez-de-chaussée ; à chaque étage, il conduit naturellement vers le bâtiment " Ulm " dont le chantier, qui constitue la 2ème tranche des travaux engagés, va démarrer prochainement.
Dans ce nouveau bâtiment " Erasme ", l'Ecole a installé la part de ses enseignements consacrés au domaine de l'Image (graphisme, typographie, impression textile, photo, vidéo, illustration, gravure, sérigraphie, multimédia, informatique). En attendant la rue d'Ulm, elle continue à louer à Ivry, à la Manufacture des illets, des locaux adaptés pour ses enseignements consacrés à l'Espace (scénographie, architecture intérieure, mobilier, design, vêtement ainsi que les ateliers d'art plastique et les cours de dessin).
C'est ainsi que " Erasme " ne représente qu'une partie de l'Ecole, sans oublier la cafétéria, point central de la vie conviviale de l'établissement dont la construction s'inscrit aussi dans la 2ème tranche des travaux. Cette cafétéria trouvera sa place dans le jardin, lui-même réaménagé avec une volonté d'ouverture vers l'Ecole normale supérieure.
Mais si ce bâtiment n'est qu 'une partie de l'Ecole, il en est désormais le point fort, comme le signal à la fois du renouvellement et d'une inscription plus forte dans le prestigieux campus de la Montagne Sainte-Geneviève.
Je rends donc hommage aux architectes pour ce véritable geste, jusque dans l'aménagement intérieur de cet immeuble, qui consacre aussi l'importance accordée aujourd'hui à cette ancienne maison qu'est l'ENSAD et qui, doit-on le souligner, a attendu longtemps ce moment.
Je rends donc hommage également, en ce jour de " Portes ouvertes " qui donne à l'Ecole l'occasion de se montrer dans son fonctionnement et dans les travaux de ses élèves, à
M. Richard Peduzzi, directeur, qui a su avec toute son équipe faire entendre les besoins d'un établissement d'enseignement moderne.
Je rends hommage aux enseignants et aux responsables techniques des ateliers pour le travail de réflexion engagé aux côtés de la direction de l'Ecole, dès le départ, avec le Service national des travaux, auprès du maître d'uvre. Chacun sait qu'un grand chantier comme celui-ci est l'occasion d'une " remise à plat " fondamentale. Celle-ci correspond à l'élaboration d'une réforme pédagogique visant à faire des élèves qui sortent de cette école au terme de 4 ou 5 ans d'études des professionnels armés dans divers domaines ; la traditionnelle notion " d'arts décoratifs ", ouverte sur le cadre de vie et l'environnement social, permet en effet de rassembler les différentes disciplines enseignées, tournées vers les métiers de la communication visuelle, de l'aménagement de l'espace et de la conception d'objets.
J'ai visité l'exposition des travaux d'élèves avec grand intérêt et j'adresse mes félicitations aux professeurs qui se sont investis dans la scénographie qui nous est proposée. Quelle richesse ! Diversité des techniques, des savoirs, des regards, tout est là. C'est un poème qui guide les pas du visiteur pour lui rappeler avec force que l'Ecole est un lieu de transmission, certes, mais aussi un lieu de passage où se succèdent les générations. L'identité de l'Ecole, c'est aussi cela.
Dans le cadre du budget 1999, j'ai souhaité que nous soyons en mesure de faire un effort sensible dans le domaine des enseignements artistiques qui, au cur de la problématique culturelle et de la vie artistique de demain, sont pour moi une priorité.
C'est un grand plaisir pour moi, sans oublier la part décisive qui revient à mes prédécesseurs, de consacrer aujourd'hui à l'ENSAD, et dans ce lieu emblématique, l'effort fait en faveur de ces enseignements.
Je souhaite mettre l'accent sur les équipements dont l'Ecole s'est dotée à l'occasion de ce qui est pour elle une véritable restructuration, succédant à du matériel obsolète, ils permettent aux élèves la maîtrise de techniques traditionnelles (sérigraphie, gravure par exemple) mais aussi l'exploration des techniques les plus avancées : l'informatique et le numérique tiennent désormais une grand place à l'ENSAD.
L'Ecole va franchir un cap déterminant dans son évolution pour répondre pleinement aux attentes de ceux qui vont être les élèves du prochain siècle.
Celui-ci sera déjà entamé lorsque le bâtiment " Ulm " sera relié à " Erasme ". Je souhaite que l'Ecole retrouve vite son unité. Je n'ignore pas, dans cette attente, les difficultés rencontrées par le personnel, et les éléves : la place manque, certains vont être logés dans ces préfabriqués, d'autres n'occupent que des locaux provisoires comme la bibliothèque ou l'Atelier national de recherche typographique, locaux qui ne sont pas adaptés à leurs besoins. La cafétéria également devra occuper un local préfabriqué.
Je sais aussi qu'"Erasme", seul, peut donner un sentiment de confinement : ce bâtiment est déjà " plein comme un uf " ; n'oublions pas qu'il représente, avec le bâtiment d'angle, seulement la moitié d'une surface utile totale de 8500 m2 qui sera offerte aux usagers
-nombreux- de cette grande école.
Le Service national des travaux, que je salue pour cette première opération aboutie, va donc poursuivre sa mission et je souhaite que très vite l'Ecole retrouve son unité.
Monsieur le directeur, je connais vos objectifs : vous avez la tâche de poursuivre ce chantier, de le nourrir de tous les éléments nécessaires pour que cette école soit unique dans le paysage des enseignements artistiques de notre pays.