Déclaration de M. Jacques Chirac, président du RPR, sur la lutte contre la xénophobie, les droits de l'homme et le statut des minorités nationales, à Paris le 14 octobre 1993.

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Circonstance : Discours prononcé à l'occasion du colloque sur la xénophobie tenu à l'UNESCO les 14 et 15 octobre 1993

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,

L'écho rencontré par ce colloque consacré à la Xénophobie, le nombre et la qualité des participants, prouvent, s'il en était besoin, combien chacun se sent concerné par ce sujet de tous les temps et de tous les lieux.

Il y a un an, s'était tenu à Lyon un autre colloque qui portait le beau nom de "Résistance et Mémoire". Résistance à l'oppresseur nazi. Mémoire des horreurs commises pendant la deuxième guerre mondiale et les années noires de l'Occupation, horreurs dont les juifs ont été les premières victimes.

J'ai le sentiment que le colloque qui s'ouvre aujourd'hui est aussi un colloque sur la résistance, résistance contre les forces obscures qui menacent chaque époque, chaque peuple, chaque être humain. C'est pourquoi, je me sens très honoré d'ouvrir ces Rencontres. Au cours de ces deux journées, c'est la tolérance, le respect de l'autre, sa protection quand il est menacé qui seront au cœur de vos réflexions et de vos travaux. C'est assez dire l'enjeu.

Alexandre Soljenitsyne a déclaré récemment que "le XXème siècle ne correspond à aucune avancée morale de l'espèce humaine parce qu'il a été le théâtre d'exterminations sans précédent, d'une anémie saisissante de la culture, d'un déclin de l'esprit humain." Comment ne pas souscrire à ce jugement sévère quand on évoque les atrocités du siècle, et en particulier le génocide érigé en système de pensée ? Comment ne pas y souscrire quand, à deux heures d'avion de Paris, la barbarie est à l'œuvre dans l'ex-Yougoslavie, sous les yeux d'une Europe impuissante ?

C'est vrai, le progrès scientifique, les avancées de l'esprit n'ont pas été accompagnés, comme le croyaient les positivistes, d'un progrès dans l'ordre moral. Faut-il pour autant baisser les bras, et désespérer du genre humain, comme de l'Histoire ? Je ne le pense pas.

Notre siècle n'est pas entièrement sombre. Dans bien des pays, la démocratie s'est imposée là où, hier encore, régnait la dictature la plus aveugle. Des régimes fondés sur l'exclusion, le rejet de l'autre, je pense notamment à l'Apartheid en Afrique du Sud, se transforment sous nos yeux grâce, bien sûr, au courage de leurs dirigeants et à l'acquiescement de leur peuple. Grâce aussi à l'action opiniâtre des pays occidentaux qui doive tirer une leçon d'espérance et de persévérance.

C'est particulièrement vrai pour la France, berceau des Droits de l'Homme. Si "l'exception française" a un sens, c'est bien dans ce domaine-là : le combat pour la tolérance, pour le respect de l'autre, pour le droit à la différence.

Ce combat, comment le mener, en France et ailleurs ?

Il n'y a pas une réponse à la xénophobie, mais des réponses, tout à la fois économiques, politiques, juridiques, éducatives, culturelles, pour faire en sorte que l'autre, le "xenos" grec, celui dont on a peur parce qu'il est perçu comme étranger, cesse d'être rejeté en tant que tel.

Au moment où le chômage, et au-delà du chômage, le processus infernal de l'exclusion menace presque chaque famille, comme c'est le cas en France, il est évident que le combat contre la xénophobie est d'abord économique. Quand on perd son travail, quand on s'engage sur les voies de la marginalisation, quand on perd son identité même, l'autre, l'étranger, en l'occurrence l'immigré, focalise les frustrations, les échecs, les angoisses pour l'avenir. Je n'y insisterai pas tant chacun de nous en est conscient. Je dirais simplement que parmi les raisons qui nous imposent de tout mettre en œuvre pour sortir de la crise, pour donner un coup d'arrêt au chômage, pour réamorcer la croissance, le renforcement des liens sociaux, la renaissance d'une cohésion sociale où chacun aurait sa place viennent au premier rang. Quand un pays compte cinq millions d'exclus, il n'y a plus de collectivité, il n'y a plus de solidarité. Les intérêts de ceux qui ont un travail ne coïncident pas forcément avec les intérêts de ceux qui n'en ont plus. De là à penser que les intérêts des étrangers, régulièrement installés sur notre sol, sont contradictoires avec les intérêts des Français de souche plus ancienne, il n'y a qu'un pas que les mouvements extrémistes s'empressent de franchir. C'est pourquoi la volonté, l'audace, l'imagination dans le domaine de l'emploi sont tellement essentielles : c'est en réalité l'une des lignes de front du combat contre la xénophobie.

J'évoquais à l'instant les étrangers installés en France, qui y travaillent, et qui y trouvent leur place. Un mot à ce sujet. Je crois que l'angélisme et le laxisme en matière d'immigration nourrissent la xénophobie. Mais je crois aussi que nous avons de vraies responsabilités à l'égard des immigrés qui sont venus dans les années 60, années d'expansion et de croissance. Ils sont intégrés à notre communauté. Ils ont des enfants qui ont vocation à être des citoyens Français, s'ils en manifestent le désir. Si la vigilance et la rigueur sont nécessaires pour faire obstacle à une immigration non maîtrisée qui viendrait alimenter les vieux démons, la volonté politique de faciliter la vie ensemble ne l'est pas moins. Nous savons très bien que les problèmes majeurs sont liés au logement et à l'école. Il n'y a pas, en la matière, de solution miracle, mais des objectifs à poursuivre patiemment. Mettre fin aux ghettos. Faire évoluer l'habitat. Donner aux zones prioritaires les moyens d'attirer les enseignants, d'accroître l'encadrement, de développer le soutien scolaire, ce qui passe par des actions concertées avec tous les acteurs, y compris les collectivités locales, telles sont les voies à suivre. En temps de crise, tout ce qui contribue à "cimenter" la collectivité nationale est la priorité des priorités.

Et en attendant ? Quand la xénophobie se montre sans fard, quand le racisme et l'antisémitisme inspirent les actes les plus odieux, que faire ?

La réponse tient en un mot : la loi. Il faut appliquer la loi, la compléter si besoin est.

La Constitution est naturellement le premier rempart de la dignité et de la liberté humaines. Ainsi, notre Constitution de la Vème République proclame notamment, dans son préambule, "son attachement aux Droits de l'Homme tels qu'ils ont été définis par la Déclaration de 1789", Déclaration qui affirmait que "les hommes naissent libres et égaux en droit". C'est pourquoi nous, les démocrates, avons le devoir de peser de tout leur poids, quand des pays se dotent d'une nouvelle Constitution, pour que celle-ci prenne en compte les droits de la personne humaine.

Bien sûr, cela ne suffit pas. La Constitution énonce des principes, mais c'est la loi qui en permet l'application et la défense. C'est la loi qui ordonne, qui fonde la contrainte, voire la répression.

En matière de xénophobie, la France dispose d'un dispositif judiciaire et administratif efficace, qui a été plusieurs fois renforcé depuis l'adoption, en 1972, de la première loi contre le racisme. Qu'il s'agisse des comportements discriminatoires. Des dérives racistes dont pourrait se rendre coupable une certaine presse – je pense par exemple aux thèses "révisionnistes" qui, hier encore, pouvaient s'exprimer librement–. Qu'il s'agisse des actes barbares inspirés par le racisme et l'antisémitisme, telles les profanations de cimetières, qui se sont multipliées, notamment en Allemagne. Qu'il s'agisse enfin de l'action de groupuscules, nostalgiques du IIIème Reich, et propagandistes obstinés de tous les racismes, l'État de droit a désormais les moyens d'imposer sa loi.

Faut-il aller encore plus loin ? Peut-être, mais l'essentiel est fait. Ce qui importe, à mes yeux, c'est d'abord d'appliquer sans faiblesse les lois qui existent. C'est ensuite d'humaniser et de faciliter la vie quotidienne des étrangers. Ainsi, renforcer les moyens des "administrations-guichets", Préfecture de Police, services sociaux, etc., qui sont en contact avec les immigrés, afin que ceux-ci soient traités avec dignité et courtoisie, me semble plus urgent que d'inventer d'autres textes, d'autres circulaires.

Légiférer, réglementer, sanctionner est indispensable. Mais former, enseigner, faire découvrir ne l'est pas moins. C'est la réponse éducative que l'on peut apporter à la xénophobie.

L'école est un enjeu considérable. C'est par l'enseignement que l'on peut lutter en faveur de l'égalité des chances, qui reste l'idéal de l'école républicaine.

C'est par l'enseignement, l'information, que l'on peut combattre les idées reçues. Comment ne pas avoir, par exemple, une vision ouverte et évolutive de l'idée de nation quand on découvre, dans les cours d'histoire, la manière dont s'est constituée la nation française, avec ses apports successifs ?

C'est par l'enseignement que l'on peut dénoncer les erreurs du passé, et prémunir les jeunes contre elles. Dans cet esprit, j'avais souhaité, étant Premier Ministre, que la période noire de l'Occupation soit étudiée dans les écoles, sans que rien n'en soit occulté. Les jeunes sont les défenseurs naturels de la liberté et de la dignité humaines. Encore faut-il que leurs connaissances viennent étayer leurs convictions spontanées.

C'est par l'enseignement, enfin, que l'on peut faire l'apprentissage des différences. L'homme est ainsi fait qu'il déteste souvent ou qu'il méprise ce qu'il ne comprend pas. L'ignorance et l'intolérance sont des sœurs jumelles. Apprendre à connaître, c'est apprendre à accepter, à estimer.

Naturellement, l'école n'est pas l'unique source "pédagogique" contre la xénophobie. Le film remarquable de Claude Lanzmann "Shoah" a plus fait pour dénoncer l'horreur de l'holocauste que tous les manuels d'histoire. Il n'en demeure pas moins que sa mission est primordiale. Si la xénophobie, comme l'écrivait Jorge Luis Borges, est une "pédagogie de la haine", il revient à l'école de mettre en œuvre une pédagogie de la compréhension et du respect.

Comprendre et respecter. Est-ce à dire qu'il faut tout comprendre et tout respecter, au nom des différences culturelles ? Je ne le pense pas. Le combat culturel contre la xénophobie ne passe certainement pas par l'abdication de nos principes. Je crois qu'une nation est d'autant plus respectueuse de l'autre qu'elle se sent assurée de ses propres valeurs, et qu'elle est décidée à les défendre. Le xénophobe, écrivait encore Borges "est celui qui n'a pas foi dans les vertus de son propre peuple". Pour accepter l'autre, il faut croire en soi et se battre pour ce que l'on croit.

Certes, l'école est le lieu où s'apprennent les différences. Mais c'est aussi le lieu où s'apprend la France, sa culture, ses traditions, son unité dans la diversité. Contrairement à certains pays, je pense notamment aux États- Unis, la France ne saurait être une juxtaposition de communautés. Rien ne serait plus étranger notre vieux pays jacobin qu'une dérive "tribale". Cela veut dire en clair que l'école de la République ne doit jamais transiger avec les principes de la laïcité. Cela veut dire que l'État de Droit ne doit pas céder sur ses lois, son Code de la famille, ses normes de vie en société, et qu'il ne saurait s'accommoder très longtemps de pratiques contraires aux valeurs qui le fondent. Je pense par exemple à la polygamie, dont les femmes sont les premières victimes, et qui est bien plus répandue en France qu'on ne l'imagine, ainsi que l'a montré une enquête récente. Il y a certainement une réflexion à mener, et des initiatives à prendre rapidement pour que la France, pays des Droits de l'Homme, fasse respecter les droits de tous les hommes, de toutes les femmes et de tous les enfants sur son territoire.

Combattre le racisme, c'est aussi combattre ce qui donne des armes aux racistes.

Telle est la France que je souhaite. Une France vigilante, impitoyable au racisme et à l'antisémitisme parce qu'elle est forte de ses convictions, de ses idéaux, et décidée à ne pas transiger. Cette France-là pourra se faire entendre sur la scène internationale, aux avant-postes de la défense des Droits de l'Homme.

La tâche est rude. Dans ces temps de nationalisme exacerbé, la xénophobie fait chaque jour, à nos portes, des milliers de victimes. Ce qui est en jeu, c'est la question cruciale des minorités et de leur sort.

Chacun sait que s'opposent aujourd'hui deux logiques contradictoires qui plongent leurs racines dans l'histoire contemporaine. D'un côté, le principe sacré de la nationalité, c'est-à-dire le droit reconnu à chaque communauté nationale, aussi petite soit-elle, de prétendre à une puissance étatique exercé par un État. On sait ce que donna l'application de ce principe dans l'Europe de l'entre-deux guerres, la balkanisation qu'il engendra, et le terreau qu'il offrit à la renaissance du nationalisme allemand.

De l'autre, le principe de l'intangibilité des frontières, qui présida notamment à l'Organisation des Nations-Unies, principe au nom duquel les minorités sont condamnées à vivre tant bien que mal à l'intérieur des États. Il va de soi que ce principe était parfaitement adapté à l'ordre géopolitique né de la guerre froide, l'Europe étant divisée en deux blocs apparemment intangibles, chacun sous l'influence d'une superpuissance.

Depuis le 9 novembre 1989, date de la chute du Mur de Berlin, ce monde bipolaire n'existe plus. Dans l'Est bouleversé, certains États, protégés par le glacis communiste, sont apparus pour ce qu'ils étaient : des constructions artificielles qui cachaient des passions nationalistes d'autant plus vives qu'elles avaient été bridées pendant des décennies. Face à ce constat, la communauté internationale, privée de ses repères, ne cesse d'hésiter entre ces deux logiques, de plus en plus inconciliables : droit des nationalités et respect des frontières. C'est ainsi que les Nations Unies ont défendu dans le Golfe l'intégrité territoriale du Koweït puis se sont arrêtées sans avoir résolu le problème kurde. Quelques mois plus tard, l'ONU a reconnu le droit des Croates, des Slovènes, puis celui des Bosniaques à disposer d'un État, sans pour autant faire appliquer ce droit. C'est ainsi que la Bosnie, qui a été reconnue en 1992, par l'ensemble de la communauté internationale, a été ensuite abandonnée à son triste sort.

Dans ce contexte, l'Europe Occidentale et la France peuvent-elles rester indifférentes à la situation des minorités, aux souffrances qui accablent les unes et aux menaces qui pèsent sur les autres ? Je ne le pense pas. Nous avons le devoir impérieux d'aider les minorités, et de lutter aussi contre la xénophobie à l'extérieur de nos frontières.

Nous devons d'abord assumer nos responsabilités économiques. Plus la situation économique d'un pays s'améliore, plus les valeurs démocratiques et la paix civile ont des chances de s'imposer. C'est pourquoi, nous avons un rôle à jouer, tant vis à vis des pays avec lesquels nous avons des liens historiques – je pense naturellement à l'Afrique – que vis à vis des pays qui composent l'autre Europe, cette Europe de l'Est que Georges Bidault appelait "L'Europe du désir", désir précisément de faire partie de l'Europe. Nous œuvrerons contre la xénophobie en élargissant à cette Europe-là notre zone de prospérité. Chacun en est désormais conscient.

Nous devons ensuite faire de l'adhésion pleine et entière à la philosophie des Droits de l'Homme la condition sine qua non de l'entrée dans l'Europe, d'abord l'Europe politique et culturelle, ensuite l'Europe économique. Il s'agit évidemment de la philosophie qui a inspiré la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme adoptée en 1948 par l'Assemblée Générale des Nations Unies, et qui s'exprime dans la "Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés Fondamentales" conclue en 1950 entre les États-membres du Conseil de l'Europe. Rejoindre l'Europe, c'est adhérer à un idéal de liberté et de dignité de la personne humaine. Cela ne peut souffrir aucune exception.

Enfin, nous devons, je crois, réfléchir à un statut des minorités. La semaine dernière, a eu lieu, à Vienne, un sommet des Chefs d'État des pays-membres du Conseil de l'Europe. Ainsi que vous le savez, a été adopté le principe d'un protocole additionnel à la Convention Européenne des Droits de l'Homme de 1950, protocole destiné à garantir "les droits individuels, notamment pour les personnes appartenant à des minorités nationales" et, en particulier les droits culturels et religieux. Ce sont indiscutablement des avancées dont je me réjouis, qui vont dans le sens de la stabilité et de la sécurité du continent.

Toutefois, face au caractère dramatique de ce problème, qui est, et qui sera demain générateur de toutes sortes de conflits, ne faut-il pas aller vers un véritable statut des minorités, qui devrait, ensuite, être appliqué ? Ce statut ne présente pas d'immenses difficultés dans sa conception. Il devrait garantir un certain nombre de droits, et notamment l'égalité des droits civiques, politiques, économiques et sociaux, avec les autres citoyens d'un État donné. Il pourrait également prévoir, dans certains cas, le droit à une relative autonomie administrative.

Plus difficile, nous en sommes tous conscients, est la définition même du concept de "minorité", définition qui peut donner lieu à d'éventuelles dérives. Je suis pourtant convaincu que le Conseil de l'Europe peut assumer ses responsabilités à l'égard des minorités tout en se prémunissant contre les dangers éventuels d'une définition trop vague ou trop ambiguë.

La vraie difficulté, pour la Communauté internationale, ce sera de faire respecter ce statut. Chacun voit bien, aujourd'hui, que le fameux "droit d'ingérence humanitaire" n'est pas le moyen de rétablir la paix – l'exemple de la Somalie est là pour le prouver –, et qu'il ne saurait se substituer à une vraie politique étrangère des grandes nations. Si la communauté internationale acceptait le principe de ce statut, il lui appartiendrait d'intervenir avant que se produise l'irréparable, c'est à dire l'éclatement des États, qui met précisément en péril les minorités. Ce serait enfin la preuve, à mes yeux, que l'Europe est décidée à mieux assumer ses responsabilités et son destin.

Tel est, Mesdames et Messieurs, le sens de ce colloque : placer chacun devant ses responsabilités dans le combat toujours renouvelé contre la xénophobie. Responsabilités de l'Europe. Responsabilités de la France. Responsabilités de chacun d'entre nous à la place qu'il occupe. Qu'il me soit permis d'emprunter à un étranger la conclusion de ce propos liminaire. Né à Rome d'une mère polonaise, elle-même fille d'un Polonais et d'une Italienne qui étaient "sujets russes", il était arrivé en France à l'âge de cinq ans. Connu en littérature sous le nom d'Apollinaire, il écrivait de sa patrie d'adoption qu'elle était destinée "à devenir la patrie de tous les hommes". Car, poursuivait-il "c'est en toi, ô France éternelle, que se mêlent toutes les races, non pas comme dans les pays nouveaux d'Amérique ou d'Australie, mais pour donner au monde entier le bénéfice de la grande civilisation que t'ont transmise Rome et la Grèce". Tout est dans ce texte. L'amour fou de l'étranger pour le pays qui l'accueille. Ce que la France doit au génie venu d'ailleurs. Les multiples origines du peuple français. Enfin, l'idée que la France a un message spécifique à délivrer au monde, un message de civilisation. Je souhaite qu'elle s'en montre digne.