Article de M. Alain Obadia, secrétaire de la CGT, dans "La Vie Ouvrière" du 19 novembre 1993, sur le sondage CSA-CGT sur le syndicalisme publié dans "L'Humanité" du 5 novembre.

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Média : L'Humanité - La Vie ouvrière

Texte intégral

74 % des salariés souhaitent que les syndicats exercent une influence supérieure ou égale à celle qu'ils ont aujourd'hui. Mais 58 % des personnes interrogées n'ont aucune relation avec eux. La CGT est appréciée pour sa combativité pour défendre l'emploi et le pouvoir d'achat.

La CGT joue la transparence. En présentant, hier à la presse, les résultats d'un sondage CSA pour la CGT sur "l'image des syndicats et de la CGT auprès des Français et particulièrement des salariés". Alain Obadia et Lydia Brovelli, secrétaires confédéraux, ont ainsi souhaité, d'emblée, écarter d'éventuelles supputations sur l'opportunité de la publication de cette enquête (1). "L'ambition, a notamment souligné Alain Obadia, est de mieux cerner ce qui structure la perception, par les salariés et par l'ensemble de la population du syndicalisme en général et de la CGT en particulier, et de mieux comprendre les attentes qui s'expriment".

S'agissant de cette perception, l'enquête souligne, alors que le syndicalisme est confronté à une crise de désaffection, le besoin de celui-ci. Ainsi, 74 % des salariés souhaitent que les syndicats exercent plus d'influence (49 %) ou une influence égale (25 %) dans leur entreprise. Pour autant, seulement 46 % de l'ensemble des salariés se disent prêts à se syndiquer "pour défendre leurs intérêts", alors qu'ils sont 81 % à se déclarer prêts, pour ce faire, à signer une pétition, 55 % à manifester, 43 % à faire grève. Indicatives sont également les réponses formulées par 48 % des salariés qui pensent que leurs intérêts et ceux de leurs patrons sont opposés et qu'il faut agir pour faire avancer les choses. Le rôle dévolu au syndicalisme s'exprime aussi dans les réponses qui placent les syndicats devant les partis politiques pour la défense de leurs intérêts. Alors que 36 % des personnes interrogées déclarent faire "très" ou "assez" confiance aux syndicats pour défendre leurs intérêts, ils ne sont que 12 % à faire de même pour les partis politiques. Les associations étant quant à elles plébiscitées à 61 %.

Concernant les reproches formulés à l'encontre des syndicats, la "politisation" vient largement en tête. Elle est citée par 39 % des salariés comme cause principale de la crise que traverse le syndicalisme. Dans le même registre, 36 % évoquent le chômage, 31 % l'absence de solutions" des syndicats à la crise économique et la "montée de l'individualisme" et 24 % leur "éloignement des préoccupations des salariés". La "politisation" est également le principal reproche adressé par 36 % des salariés à la CGT en particulier, alors que ses principales qualités sont attribuées à sa "combativité" et à son "efficacité". Tous les salariés interrogés placent en effet la CGT en tête de toutes les organisations syndicales sur toutes les questions revendicatives, qu'il s'agisse de l'emploi, de la protection des chômeurs, du pouvoir d'achat, de la gestion de la protection sociale, etc. La CGT apparaît également la plus unitaire auprès de 22 % des salariés, devant Force Ouvrière (17 %) et la CFDT (12 %). Pour autant, 28 % des interrogés considèrent qu'aucun des syndicats n'est unitaire.

Le sondage permet également de situer les limites actuelles rencontrées par le mouvement syndical. Ainsi, 58 % des salariés indiquent qu'ils n'ont aucune relation avec les syndicats. Ce chiffre passe à 60 % pour ce qui concerne les relations salariés-CGT. Il atteint 86 % dans la tranche des 18-24 ans. Dans le même temps, un nombre significatif de salariés (43 %) reconnaît à la CGT une capacité d'adaptation pour sortir de la crise du syndicalisme et retrouver une influence importante dans les années qui viennent. "C'est un facteur d'optimisme", a commenté Alain Obadia, avant d'estimer que ce sondage est "un grand appel à la lucidité et à l'effort pour placer toute la CGT au diapason des atteintes du monde du travail tel qu'il est aujourd'hui".

(1) L'enquête a été effectuée du 1er au 3 juillet auprès d'un échantillon représentatif de 1 004 personnes âgées de 18 ans ou plus, suivant la méthode des quotas.