Texte intégral
P. Poivre d'Arvor : Avant de lancer votre candidature au Perchoir, aviez-vous prévenu le président de l'UDF ?
D. Baudis : Bien sûr. J'en avais parlé avec le président de l'UDF. J'ai voulu que ma candidature soit un acte libre et spontané. Je suis député maire de Toulouse, j'avais indiqué que, en raison de ma charge de travail à la mairie de Toulouse, je ne souhaitais pas entrer au gouvernement. Mais je suis prêt, si mes collègues me font confiance, à animer la vie parlementaire, à veiller à la cohésion de la majorité, à veiller au respect scrupuleux des droits de la minorité et à ouvrir l'Assemblée nationale sur la réalité des problèmes que rencontrent les Français. Telles seront je crois les missions du prochain président de l'Assemblée.
P. Poivre d'Arvor : Certains se disent : il est un petit peu jeune…
D. Baudis : … 45 ans. J'ai l'âge qu'avait J. Chaban Delmas quand il a été élu président en 1958. Je crois d'ailleurs qu'il faudrait rendre à la présidence de l'Assemblée le rayonnement et la dignité que le président Chaban Delmas avait su lui donner. Parce que depuis cinq ans, les présidents socialistes successifs avaient un peu annexé au parti socialiste la présidence de l'Assemblé. Il faut qu'elle redevienne la maison de tous les députés.
P. Poivre d'Arvor : Vous avez estomaqué tout le monde, notamment au RPR…
D. Baudis : Il n'y a pas de bataille. Il y a un choix et il est normal que les députés opèrent librement, directement, personnellement, le choix de leur président. Si j'ai annoncé ma candidature de façon un peu originale, c'est parce que je n'ai pas voulu passer par des combinaisons d'état-major. Tout au long de cette campagne, j'ai constaté que les citoyens sont lassés par les combinaisons d'état-major. Il me paraît normal que l'ensemble des députés de l'UPF choisissent librement l'un des leurs.
P. Poivre d'Arvor : Mais le groupe le plus nombreux, c'est tout de même le RPR ?
D. Baudis : Oui, mais je ne pense pas qu'il faille poser l'élection du président en terme de dosage, en terme d'équilibre. S'ils choisissent un autre président, j'irai le féliciter et je serai heureux de travailler à ses côtés.
P. Poivre d'Arvor : Qu'est-ce que vous pensez de la nomination d'E. Balladur ?
D. Baudis : C'est logique. C'est un homme de très grande qualité. C'est un homme d'État. Je souhaite la réussite d'E. Balladur et de l'équipe gouvernementale qu'il va constituer. Mais le parlement aura un rôle essentiel à jouer pour appuyer l'action du gouvernement et pour relayer les attentes de l'opinion publique.
29 mars 1993
France Inter
J.-L. Hees : Vous vous êtes porté candidat à la présidence de l'Assemblée nationale. Certains vous reprochent d'être allé un peu vite.
D. Baudis : Les Français veulent une vie politique plus claire avec moins de combinaisons d'états-majors. Je suis député-maire de Toulouse, j'entends le rester. Je ne souhaite pas entrer au gouvernement. Mais il faut aussi faire vivre l'Assemblée nationale. Il ne faut pas une chambre introuvable. Il faut assurer l'ouverture de l'Assemblée sur la réalité des problèmes des Français. Il faut veiller scrupuleusement au respect des droits de la minorité.
P. Le Marc : Quels sont vos appuis ?
D. Baudis : J'ai reçu l'appui de F. Léotard, V. Giscard d'Estaing m'avait indiqué qu'il souhaitait que cette fonction soit occupée par quelqu'un d'une génération nouvelle. La présidence de l'Assemblée, c'est le visage de la nouvelle majorité. C'est aux députés de voir quel visage ils veulent donner à cette majorité. Je serai député non-inscrit jusqu'à l'élection à la présidence de l'Assemblée nationale.
P. Le Marc : Il faut rénover cette nouvelle majorité ?
D. Baudis : Il faut imaginer un mode de fonctionnement du parlement avec une Assemblée nationale qui est un peu hors norme. Il faut veiller au respect des droits de la minorité. Il faut assurer la cohésion de la majorité. Il faut que le gouvernement soit très ouvert sur les réalités de la vie des Français. Durant cette campagne, tous les candidats ont fait des campagnes de proximité. Il-faut que ce soit de même pour l'Assemblée nationale. Au cours des dernières années, il y a eu une attitude abusive de certains présidents. Je voudrais que la présidence de l'Assemblée nationale retrouve le rayonnement que J. Chaban-Delmas avait su donner à l'institution.
J.-L. Hees : Le clivage droite-gauche va perdurer ?
D. Baudis : M. Rocard avait annoncé un big bang. En réalité, ce fut un véritable séisme politique. Il y a une France politique à réinventer et à reconstruire.
30 mars 1993
France Inter
P. Lapousterle : Vous avez annoncé dimanche soir votre candidature à la présidence de l'Assemblée nationale. Pourquoi tant de précipitation et comment parvenir au perchoir ?
D. Baudis : Ce n'est pas de la précipitation, mais de la spontanéité. Durant cette campagne, je me suis rendu compte que les Français souhaitaient dans leur vie publique un peu plus de spontanéité, moins d'opacité, plus de transparence. Donc, à partir du moment où je pense pouvoir rendre service à mon pays dans cette fonction, pourquoi ne pas le dire sans attendre. Et puis, si j'avais attendu, ma démarche serait apparue comme une combinaison d'état-major. Je voulais que ça soit la démarche libre et spontanée d'un député parmi les députés, s'adressant à ses collègues.
P. Lapousterle : Donc, c'est non aux tractations d'état-major ?
D. Baudis : Les députés viennent d'être élus et beaucoup de choses leur échappent en ce moment. C'est le président de la République qui nomme le Premier ministre. C'est le Premier ministre qui, avec les principaux responsables de partis, vont constituer le gouvernement. On ne donne rien aux députés. Il faut tout de même que les élus de la nation puissent dans les tous premiers jours de l'exercice de leur mandat, effectuer un choix libre, personnel et direct. Le seul choix que nous ayons, nous les députés, c'est celui de notre Président et de voter la confiance.
P. Lapousterle : Vous ne vouliez pas aller au gouvernement, ou on ne vous a pas donné de place ?
D. Baudis : J'avais la possibilité d'y aller, j'ai choisi de ne pas y entrer pour une raison simple : je suis député et maire de Toulouse. La mairie de Toulouse c'est beaucoup de travail. Et je ne veux pas devenir maire à mi-temps. Or ceux qui vont entrer au gouvernement ont devant eux une tâche immense, peu de temps pour réussir. Il faut essayer d'obtenir des résultats aussi vite que possible. Il faudra donc qu'ils soient ministres à 150 % de leur temps. Et quand on est maire d'une grande ville ça me paraît difficile. C'est pour ça que je veux exercer mon mandat de député à représenter les Toulousains à l'Assemblée nationale et si mes collègues l'acceptent, exercer la présidence de cette Assemblée. Ceci avec trois objectifs : 1/ Assurer une bonne cohésion de la majorité qui doit rester unie. 2/ Ouvrir l'Assemblée sur la réalité des problèmes du pays. 3/ Veiller très, très, scrupuleusement au respect des droits de la minorité.
P. Lapousterle : Appartenir à une équipe annoncée restreinte, cohérente pour le redressement de la France, ce n'était pas un pari aussi intéressant, sous la direction d'E. Balladur ?
D. Baudis : Oui, c'est intéressant. Quand on vous propose de participer à cette action, on en est très honoré. Mais il faut savoir faire des choix. J'ai fait celui de Toulouse, celui de gérer la quatrième ville de France. Il faudrait à propos de l'Assemblée, qu'elle redevienne la maison de tous, de tous les députés. Au cours des dernières années, les présidents socialistes avaient eu un peu tendance d'en faire l'annexe du PS. Il faut rendre à la présidence de l'Assemblée, la dignité qu'avait su lui donner J. Chaban-Delmas.
P. Lapousterle : L'Assemblée comptera 15 % pour l'ensemble de l'opposition sans compter les partis qui ne sont pas représentés. N'est-ce pas une Assemblée qui sera un peu vide de sens et qui ne sera pas un lieu de discussion pour la démocratie ?
D. Baudis : Ce sont les effets conjugués de la volonté des Français et du scrutin majoritaire qui, en effet, génèrent une Assemblée avec une majorité très nombreuse. Et donc, une minorité très restreinte. C'est pourquoi il faut veiller très attentivement au respect du droit de la minorité. Il faut aussi que cette Assemblée vive. Il ne faut pas que ce soit une Chambre introuvable. Il faut que les députés qui arrivent, puissent s'exprimer, être associés à l'action et travailler.
P. Lapousterle : Votre candidature à la présidence de l'Assemblée nationale, c'est une candidature individuelle, ou bien vous avez le soutien de l'UDF dans cette affaire ?
D. Baudis : C'est une démarche spontanée d'un député se mettant à la disposition de ses collègues. Il y a sans doute beaucoup d'autres collègues qui seront candidats, beaucoup méritent d'exercer cette fonction. Si je suis choisi, j'en serais très heureux, si je ne le suis pas, je féliciterai celui qui sera élu et je travaillerai avec lui.
P. Lapousterle : Mais est-il possible qu'un candidat UDF, présenté par l'UDF, soit présenté contre vous au perchoir ?
D. Baudis : Je suis élu de la nouvelle majorité et tous les élus l'ont été sous les mêmes couleurs, celle de l'UPF, ils ont été élus sur les mêmes objectifs. Dans quelques jours, tous ces députés vont se répartir dans des groupes différents, mais pour le moment ils sont tous ensemble élus sous les mêmes couleurs. Je souhaite que ce soit l'ensemble des députés de la nouvelle majorité qui choisisse leur Président.
P. Lapousterle : Si le RPR n'acceptait pas que ce soit quelqu'un de l'UDF qui soit au perchoir, ce serait mauvais signe ?
D. Baudis : Je ne veux pas rentrer dans des problèmes de pondération, d'équilibre, de relations antagonistes entre les groupes. Encore une fois, ma démarche est personnelle, et je ne veux pas que ce soit le produit d'une combinaison d'état-major.
P. Lapousterle : Pour la future Assemblée, les écoles s'affrontent notamment à l'UDF, pour savoir s'il faut un groupe pour résister au RPR et d'autres au contraire, pensent que chacun doit rester dans sa famille d'origine. Vous êtes de quel école ?
D. Baudis : Étant candidat au perchoir, je suis un député non-inscrit et je ne veux pas prendre position sur des problèmes de constitution de groupes.
P. Lapousterle : Avez-vous annoncé votre candidature avec précaution, en sachant que tel ou tel vous soutenait ou y êtes-vous allé à la hussarde ?
D. Baudis : J'ai voulu m'assurer d'un soutien, celui de l'opinion. J'ai donc la semaine dernière fait réaliser un sondage, et j'ai pu mesurer que l'opinion était favorable à cette candidature. J'ai ensuite informé un certain nombre de personnes par courtoisie. Ces personnes ne m'ont pas découragé. J'ai téléphoné au Président J. Chaban-Delmas, et ensuite une fois que les résultats ont été publiés, que le scrutin était clos, j'ai annoncé ma candidature.
P. Lapousterle : Tous les députés ont reçu une lettre, ça veut dire que votre décision est antérieure à dimanche, 20 heures.
D. Baudis : J'ai écrit cette lettre dimanche.
P. Lapousterle : Quand on demande à V. Giscard d'Estaing s'il a entendu parler de votre candidature, il fait une petite moue et dit : "Non, je n'en ai pas entendu parler, et en plus, ce n'est pas très bon d'annoncer sa candidature avant que les députés soient réunis."
D. Baudis : Il y a des usages et des traditions, mais ils évoluent. J'ai dit à V. Giscard d'Estaing que je serai candidat et il m'avait dit "qu'il considérait que cette fonction devrait être exercé par quelqu'un de ma génération."
31 mars 1993
France 2
G. Leclerc : Êtes-vous satisfait du nouveau gouvernement ?
D. Baudis : C'est un bon gouvernement. C'est un gouvernement resserré, donc plus rapide dans l'action, plus efficace. Je me réjouis de voir que c'est un gouvernement avec beaucoup de visages nouveaux. Maintenant, il faut former des vœux et les accompagner dans leur travail parce qu'il y a beaucoup de choses à faire.
G. Leclerc : Vous ne regrettez pas de ne pas en faire partie ?
D. Baudis : Je ne regrette pas, puisque je n'ai pas voulu en faire partie. Cela m'a été proposé, je n'ai pas accepté parce que je suis député-maire de Toulouse, la quatrième ville de France. Ceux qui vont entrer au gouvernement vont devoir s'y consacrer sept jours sur sept. Il faut être ministre à plein temps. Or Toulouse a besoin d'un maire. Avec un petit pincement au Cœur, j'ai dit non.
G. Leclerc : P. Séguin a dit que les problèmes de cohabitation se poseraient davantage entre le gouvernement et l'opinion publique.
D. Baudis : Il y a toujours un problème de relations entre le gouvernement et l'opinion publique. Les Français attendent beaucoup du gouvernement. Personne n'a promis de miracle. La campagne a été raisonnable de ce point de vue. Mais il faudra des résultats. Les Français savent bien que ce n'est pas en quelques jours ou quelques semaines que les résultats vont arriver. Il faudra des mois.
G. Leclerc : Quand ?
D. Baudis : Tout dépend du domaine. Dans celui de l'emploi, il faudra attendre la fin de l'année ou le début de j'année prochaine. Dans ce qui relève de la sécurité, de la lutte contre la délinquance, les résultats peuvent être plus rapides. C'est un problème de volonté politique. Les résultats peuvent être immédiats.
G. Leclerc : Êtes-vous toujours candidat à la présidence de l'Assemblée ?
D. Baudis : Oui ! Si mes collègues me font confiance, je suis prêt à animer la vie de l'Assemblée.
G. Leclerc : On vous a reproché de vous être précipité ?
D. Baudis : Oui ! Je n'ai pas respecté les usages et les traditions, parce que je crois qu'il faut rétablir de la spontanéité en politique. Je ne voulais pas que ma candidature apparaisse comme celle d'un comité ou d'une fraction. Il y a une nouvelle majorité à laquelle j'appartiens. Je suis candidat devant les députés de l'UPF. Il faut que les votes s'expriment librement, il y aura beaucoup de choix et de candidats.
G. Leclerc : MM. Mazeaud et Séguin sont candidats ; à l'UDF, il pourrait s'en déclarer d'autres ?
D. Baudis : C'est normal. Il y a entre 450 et 500 députés. Il est normal que ceux qui ont envie de travailler dans ce parlement se présentent devant leurs collègues. Je souhaite que les choix se fassent librement et directement, sans esprit de parti, de chapelle ou de groupe.
G. Leclerc : Qui doit trancher le problème ?
D. Baudis : Ce sont les députés qui doivent choisir. Il est normal de leur laisser librement le président qu'ils veulent donner à leur Assemblée. Il faut assurer la cohésion de la majorité. Il faut ouvrir le parlement sur les problèmes de la vie des Français. Il faut veiller au respect des droits de la minorité, d'autant plus qu'elle est peu nombreuse. Voilà l'état d'esprit du président de l'Assemblée.
G. Leclerc : Maintiendrez-vous votre candidature jusqu'au bout ?
D. Baudis : Oui !
G. Leclerc : Faut-il un groupe UDC ?
D. Baudis : C'est un débat dans lequel je ne veux pas entrer. Pour le moment, les députés de la nouvelle majorité sont unis. Je ne veux pas entrer dans les logiques de fractionnement, d'affrontements, d'antagonismes. C'est pourquoi j'ai annoncé tôt cette candidature avant que tout commence à se compartimenter.
2 avril 1993
Europe 1
J.-P. Elkabbach : Pourquoi tenez-vous tellement à la présidence de l'Assemblée nationale ?
D. Baudis : Je sens que c'est une mission dans laquelle je pourrais être utile à mon pays. Il est normal que les députés aient le choix.
J.-P. Elkabbach : Vous ne vouliez pas d'un ministère, mais vous pensez être plus utile à l'hôtel de Lassay ?
D. Baudis : Quand on est maire de Toulouse, on a énormément de travail. Donc pour rentrer au gouvernement il fallait disposer de tout son temps pour se consacrer à une énorme tâche de redressement. Il n'est pas plus noble d'être ministre que député.
J.-P. Elkabbach : Cette élection divise d'une certaine façon la majorité.
D. Baudis : Pas du tout. J'ai la plus grande estime pour M. Séguin, M. Deniau. Mais quand 450 personnes se réunissent, elles choisissent un président parmi plusieurs candidats.
J.-P. Elkabbach : Quelles sont les différences entre P. Séguin et vous ?
D. Baudis : On n'a pas tout à fait la même sensibilité sur deux questions : l'Europe et la décentralisation, questions auxquelles je suis très attaché. Ce n'est pas du tout une compétition RPR-UDF.
J.-P. Elkabbach : Mais que le quatrième personnage de l'État ait fait campagne contre Maastricht, cela vous semble normal ?
D. Baudis : C'est aux députés d'en juger cet après-midi. S'ils veulent choisir un président européen et décentralisateur, ou un président plus jacobin et plus réservé face à l'Europe. C'est un débat qui a toute sa noblesse.
J.-P. Elkabbach : Mais si vous êtes élu par l'UDF, vous n'allez faire que de la figuration parce que arithmétiquement le RPR est plus nombreux.
D. Baudis : Ce n'est pas une affaire RPR-UDF. Si c'était cela, je n'y participerais même pas. Il s'agit pour les députés de choisir le visage qu'ils veulent donner à leur nouvelle majorité parlementaire.
J.-P. Elkabbach : Vous en appelez à des députés RPR ?
D. Baudis : Je m'adresse à mes collègues de l'ensemble de la nouvelle majorité.
J.-P. Elkabbach : Quelles qualités faut-il à un président d'assemblée en 93 ?
D. Baudis : Je ne vais pas vous parler des qualités mais des objectifs qui doivent être les siens. Assurer la cohésion de la majorité parlementaire, voilà pourquoi je ne veux pas du tout placer ma démarche dans une perspective de compétition RPR-UDF. Assurer l'ouverture du parlement sur la réalité des problèmes de la vie quotidienne de la vie des Français. Troisièmement, un respect très scrupuleux des droits de la minorité. Elle est peu nombreuse sur les bancs de l'Assemblée, il faut être d'autant plus respectueux à son égard.
J.-P. Elkabbach : C'est-à-dire qu'il faut lui donner aussi des responsabilités dans les commissions, il faut qu'elle ait des présidences ?
D. Baudis : Bien sûr, il faut en discuter. Il faut qu'elle soit respectée. Quand on a une Assemblée avec une majorité aussi importante, il faut veiller à ce que la minorité ne soit pas marginalisée, elle représente beaucoup d'électeurs. Elle a droit à avoir des moyens de travail, de s'exprimer dans de bonnes conditions.
J.-P. Elkabbach : Qu'est-ce qui fait que vous représenteriez mieux l'UDF que J. F. Deniau ?
D. Baudis : Encore une fois, il ne s'agit pas de représenter l'UDF mais de choisir un candidat.
J.-P. Elkabbach : Qu'est-ce qui fait la différence entre Deniau et vous ?
D. Baudis : Peu de choses à vrai dire. J'ai annoncé ma candidature au début de la semaine, J.-F. Deniau a annoncé la sienne hier. Nos collègues doivent choisir.
J.-P. Elkabbach : Vous pensez que les postes, on ne les attend pas, on se les arrache ?
D. Baudis : À l'Assemblée, il s'agit d'une élection. Donc si on est candidat, il est normal de l'annoncer.
J.-P. Elkabbach : J. Chirac considère que E. Balladur est désormais le chef de la majorité, pour vous aussi ?
D. Baudis : Le Premier ministre est effectivement le chef de la majorité parlementaire. C'est la vocation.
J.-P. Elkabbach : Que pensez-vous des débuts de Édouard ?
D. Baudis : À mon avis excellent, car j'ai l'impression qu'il a su inspirer un climat de confiance et d'efficacité. On a l'impression que tout le monde se met vite au travail. Le fait que cette équipe soit resserrée et peu nombreuse, correspond à une attente des Français qui veulent un peu plus de rationalité, d'efficacité dans l'action gouvernementale.
J.-P. Elkabbach : Et la cohabitation commence dans un climat tranquille, vous êtes surpris ?
D. Baudis : On devait s'y attendre. Il faut que le président de la République laisse au gouvernement toute sa liberté d'action.
J.-P. Elkabbach : Souhaitez-vous que les centristes aient un groupe pour garder leur identité ou qu'ils se fassent hara-kiri ?
D. Baudis : Les centristes existent, ils représentent une famille essentielle dans la vie politique française. Sous la dernière législature, nous avions un groupe à part d'une quarantaine de député. La question se pose aujourd'hui de savoir si nous allons devenir l'une des composantes d'un grand groupe. Je pense que si ceux qui nous accueillent font aux centristes la place qui doit leur revenir. Si on respecte notre sensibilité, notre identité, il faut se rassembler parce qu'on sera plus efficace, plus cohérent.
J.-P. Elkabbach : V. Giscard d'Estaing aura un groupe UDF unique, ce qui serait une belle arme.
D. Baudis : Vous posez tout en termes de compétition ou de rivalité.
J.-P. Elkabbach : Je suis obligé, car vous dites tout le temps : nous nous aimons tellement, il n'y a pas de rivalité…
D. Baudis : Les députés centristes sont prêts à rejoindre le groupe de l'UDF, ils demandent quelques garanties pour pouvoir avoir leur autonomie et exprimer leur sensibilité. Et je sens que nos collègues de l'UDE sont prêts à reconnaître notre personnalité.