Article de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, dans "Présent" le 20 novembre 1993 ("L'impuissance du gouvernement") et interview à RMC le 24 novembre 1993, sur le projet de loi instituant la "perpétuité réelle" et sur l'immigration.

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Média : Présent - RMC

Texte intégral

Présent : 20 novembre 1993

L'impuissance du gouvernement, par Jean-Marie Le Pen

I. – Face à l'imbroglio provoqué par le garde des Sceaux avec son invraisemblable projet de « perpétuité réelle », les Français ne peuvent que se sentir indignés. Les incessantes volte-face du gouvernement, conscient des souhaits profonds de l'électorat mais prisonnier de la censure idéologique des prétendues « autorités morales », consacrent son impuissance à régler les véritables problèmes des Français.

Le Front national rappelle que seule la peine de mort est à même de mettre fin aux sempiternelles récidives des tueurs d'enfants qui reprennent leurs forfaits sitôt sortis de prison ou d'hôpital psychiatrique.

II. – Par une nouvelle révision de la Constitution, le gouvernement prétend s'armer pour mieux contrôler le droit d'asile. Il tente ainsi de faire oublier aux Français que le RPR et l'UDF ont voté avec la gauche l'accord de Schengen qui détruit nos frontières. Provoquant l'afflux massif d'immigrés, clandestins ou non, cet accord irresponsable aggrave la situation de la France, radeau de la Méduse où vont continuer de s'entasser tous les demandeurs d'asile du monde.


RMC : mercredi 24 novembre 1993

P. Lapousterle : Les SDF, qui est responsable et que faire ?

J.-M. Le Pen : Je crois que c'est d'abord le froid et ensuite une certaine viscosité de la réaction des organisations caritatives, plus encore que de l'État. Mais il faut relativiser le problème. C'est vrai que les morts baptisés aujourd'hui SDF masquent une paupérisation, un appauvrissement considérable de la société française, mais les solutions à ce problème-là ne sont pas constituées par la construction, l'ouverture des stations de métro ou la construction de différents bâtiments caritatifs. Le vrai problème c'est : pourquoi n'y a-t-il pas assez de logements en France ? C'est parce qu'en 30 ans, il est rentré 10 millions d'immigrés que nous avons dû loger. C'est ça le vrai problème.

P. Lapousterle : Ça m'aurait étonné ! 10 millions aujourd'hui, alors ?

J.-M. Le Pen : Mais il faut bien regarder les choses. Il en est rentré 10 millions. Ce sont les chiffres du collaborateur de M. Pasqua, le responsable de l'Office de « l'immigration » internationale. Or il est évident que tant qu'on continue à laisser rentrer, puisqu'il n'y a plus de frontières, l'option immigration zéro de M. Pasqua se traduit par l'entrée de 100 000 immigrés nouveaux officiels, sans parler des clandestins, par conséquent il faut les loger et on les loge par priorité. Vous noterez que les gens qui sont morts, sont tous des Français de souche.

P. Lapousterle : On peut vraiment dire que les SDF sont morts parce que les immigrés ont pris leur place ?

J.-M. Le Pen : C'est évident. Les Français n'osent plus défendre leurs droits chez eux. Ce sont les Français de souche qui sont, dans leur pays, les plus malheureux.

P. Lapousterle : La crise et le chômage n'y sont pour rien ?

J.-M. Le Pen : Le chômage aussi, mais ce sont des effets cumulatifs. Le chômage est provoqué en partie par le fait que beaucoup d'emplois sont employés par des gens qui auraient dû rester chez eux. Il faut que l'on applique le principe de la préférence nationale qui est celui que défend le FN.

P. Lapousterle : M. Pasqua a lancé un avertissement aux Islamistes, vous l'approuvez ?

J.-M. Le Pen : J'ai encore sous les veux l'image de M. Pasqua intronisant des imams à la mosquée. Par conséquent, pour ne pas avoir de problèmes avec les islamistes, peut-être fallait-il ne pas laisser rentrer par millions des étrangers musulmans dans notre pays. M. Pasqua est bien mal placé aujourd'hui pour venir nous faire peur avec les risques de terrorisme. Si ces gens étaient surveillés comme ils devraient l'être, il ne devrait pas y avoir de problèmes. M. Pasqua est un prestidigitateur remarquable. C'est un monsieur qui sait que ce qui compte aux yeux de l'opinion, hélas, ce ne sont pas les mesures concrètes qui sont prises, c'est l'apparence des mesures. Il faut dire que M. Pasqua avec les 101 Maliens, les 11 islamistes et demain, les 222 Kurdes fait des opérations qui laissent intact hélas les risques que courre la population française. Ce qui risque surtout d'arriver et ce que les Français ne perçoivent pas, c'est que la victoire probable du FIS en Algérie, va se traduire par l'arrivée massive, d'un ou deux, ou plusieurs millions de FLN et de leurs familles. La France sera contrainte de donner asile à ceux qui l'ont jetée à la mer il y a trente ans.

P. Lapousterle : Vous êtes fermement dans l'opposition ?

J.-M. Le Pen : Oui parce que bien que je constate que E. Balladur a un comportement plus courtois, plus cool comme diraient les jeunes, à l'égard de l'opposition de droite et des oppositions en général, il ne touche pas par des actions précises, concrètes et fermes la solution des problèmes qui sont le chômage, l'insécurité, le fiscalisme, l'immigration. Je constate que les promesses électorales qu'avait fait E. Balladur n'ont pas été tenues et qu'il a remis dans le fond, ses pieds dans les pas du gouvernement Bérégovoy à quelques détails près, comme les privatisations. Évidemment, la course à la décadence est peut-être freinée mais elle n'a pas changé de sens, elle va toujours dans le sens d'une décadence molle.

P. Lapousterle : La lenteur de E. Balladur alimente les électeurs du FN ?

J.-M. Le Pen : L'immense déception qui ne va pas manquer de suivre l'impuissance du gouvernement ou l'incapacité va se traduire par un désenchantement des électeurs qui ont porté à l'Assemblée 485 députés RPR et UDF. Je suis sûr que si le président de la République utilisait demain, comme je pense qu'il le fera, l'arme de la dissolution avant les élections présidentielles, la majorité actuelle perdrait 200 ou 250 députés.

P. Lapousterle : Le projet de loi sur la perpétuité réelle ?

J.-M. Le Pen : Je suis partisan de la peine de mort. Il s'agit là de réprimer les crimes de récidivistes presque automatiques. Alors je ne vois qu'une seule manière d'empêcher la récidive, c'est d'éliminer les gens qui sont des criminels particulièrement odieux.

P. Lapousterle : Vous voteriez la levée de l'immunité parlementaire de B. Tapie ?

J.-M. Le Pen : Sans doute, mais je constate qu'on fait plus de bruit sur la levée de l'immunité parlementaire de B. Tapie que sur la mienne au Parlement européen demandé par M. Nallet, de MME. Cresson parce que j'avais déclaré, ce que je maintiens, que le gouvernement socialiste était composé de voleurs, de racketteurs.

P. Lapousterle : Nice, c'est une bonne solution ce qui a été choisi ?

J.-M. Le Pen : C'est une bonne solution pour ceux qui sont au pouvoir. C'en est une très mauvaise pour la démocratie. On se moque du peuple. Il y avait la nécessité de revigorer cette ville qui est en état d'asthénie, et au lieu de faire appel au peuple, on a consolidé la vieille boutique tant bien que mal. Le but de ces gens-là étant d'empêcher la victoire du FN.