Interview de M. Paul Marchelli, président de la CFE CGC, dans "Le Quotidien de Paris" du 19 juin 1993, sur les propositions de M. Philippe Séguin concernant le GATT, le partage du travail, l'UNEDIC, et l'autorisation de licenciement.

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Média : LE QUOTIDIEN DE PARIS

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Le Quotidien : Reprenons point par point les propositions de Philippe Séguin. Êtes-vous favorable à la dissolution pure et simple du GATT ?

Paul Marchelli : Je trouve d'abord que, quand on est président de l'Assemblée nationale, si on veut engager ce genre de débat et tenir ce type de discours, on le fait à l'extérieur de la France. Sur le fond, il est vrai que nous devons nous poser des questions sur le fonctionnement du GATT et des Uruguay Rounds. Et il faudra bien sûr aller vers un certain nombre d'évolutions en la matière.

Le Quotidien : Philippe Séguin s'est dit également favorable au partage du temps de travail et à la baisse des salaires…

Paul Marchelli : Il me semble que les Français ont voté il n'y a pas si longtemps, et ont renvoyé dans leurs foyers les gens qui avaient ce genre d'idées. Que M. Séguin dise alors clairement : je quitte le RPR et j'adhère aux écolos, aux Verts ou au PS.

Le Quotidien : Il voudrait également qu'on nationalise l'UNEDIC et plus généralement qu'on rassemble sous la tutelle du ministère du Travail tous les services d'aide à l'emploi…

Paul Marchelli : C'est une histoire de fou. Je suis pour la privatisation de l'ANPE. Il n'y a que cette solution pour en faire véritablement une force de frappe en interface complète avec les offres d'emplois des entreprises. Et il faut savoir si l'on souhaite une économie administrée et une extension de la fonction publique sous toutes ses formes ou si nous voulons une France dynamique et constructive. Cette fameuse proposition de Philippe Séguin, c'est ce que les socialistes n'ont jamais osé proposer. C'est fort…

Le Quotidien : Quid du retour préconisé à l'autorisation administrative de licenciement ?

Paul Marchelli : Ça prouve que M. Séguin, du haut de son perchoir, a perdu le sens de la réalité des entreprises. Plus on multiplie les interdits, moins on travaille pour l'emploi. Si on balance ces interdits, on n'a plus qu'à fermer boutique. 

Le Quotidien : Enfin, le président de l'Assemblée souhaite que l'on relance le secteur public subventionné…

Paul Marchelli : Écoutez, il ne manque plus que les ateliers nationaux... En France, on aurait d'un côté des cantonniers, de l'autre les scribouillards. Je trouve que le président de l'Assemblée a déraillé complètement…

Le Quotidien : Qu'est-ce qui l'aurait fait « dérailler » selon vous ?

Paul Marchelli : Il était sagement sur ses rails et, tout d'un coup, il a dû rêver la nuit précédente qu'il pouvait changer de voie et partir sur la voie royale vers l'Élysée. Il a donc quitté son train de marchandises pour le TGV présidentiel. Mais, à mon avis, tout droit vers Épinal.