Texte intégral
Le Parisien. – Reste alors une possible augmentation des cotisations. Il semble d’ailleurs, comme vous l’avez laissé entendre en sortant de Matignon, que vous soyez favorable à cette solution ?
André Bergeron. – Je n’ai rien proposé du tout, contrairement à ce qu’on m’a fait dire ! J’ai seulement précisé que, mathématiquement, pour équilibrer les comptes de l’Unedic, il faudrait environ deux points de cotisations de plus. Encore une fois voilà les données techniques.
Mais André Bergeron, en tant que président du conseil d’administration, ne peut que poser le problème, c’est au conseil d’administration qu’il appartient de se prononcer. Quelle décision prendrait-il ? Je suis incapable de vous le dire pour le moment.
Le Parisien. – Certains de vos partenaires se sont d’ores et déjà prononcés contre une nouvelle augmentation des cotisations. Comment trouver un terrain d’entente ?
André Bergeron. – D’ici là, j’aurai des conversations officieuses afin d’essayer de clarifier un peu la situation. Les déclarations actuelles, laissons-les… Une seule chose compte : tout le monde, en tout cas je l’espère, souhaite préserver le régime d’assurance chômage. Imaginez ce qui se produirait s’il disparaissait… Dans ces conditions, je ne peux pas préjuger de ce qui se passera lundi, même si j’ai conscience que la réunion sera très difficile. Je veux seulement espérer encore que, de part et d’autre, le bon sens l’emportera.
Le Parisien. – Autre échéance pour l’Unedic, la renégociation de la convention doit aboutir avant le 19 novembre. Où en est-on ?
André Bergeron. – C’est un problème de très très grande dimension. Après les difficultés de l’année dernière, le CNPF, la CG-PME ont dénoncé la convention qui supporte l’Unedic et l’Assedic. De ce fait, il faudra bâtir un nouveau système d’indemnisation. Voilà l’optique des organisations patronales. Si les négociations n’ont pas encore commencé, je sais néanmoins que la discussion sera des plus ardues, étant donné qu’à la base de la philosophie patronale, il y a le fait qu’une partie des chômeurs sont de véritables chômeurs (ceux qui ont déjà travaillé notamment) et que d’autres (jeunes à la recherche d’un premier emploi, femmes en difficulté…) relèveraient de l’assistance étatique.
Pour moi, ce problème est pratiquement insoluble : à quel endroit faut-il situer la frontière entre ceux qui sont supposés être de vrais chômeurs, par rapport à ceux qui doivent relever de l’assistance ? Il faudrait pour cela examiner chaque cas particulier… quasiment impossible.
Quoi qu’il en soit, si par malheur nous ne parvenions pas à un accord – dans le cas où la discussion s’engage – nous courrions alors le risque de voir dénaturer complètement le système d’assurance chômage, car l’Etat aurait à intervenir. Dans ce cas, l’Unedic et l’Assedic perdraient leur indépendance de comportement au profit d’un renforcement des pouvoirs de l’Etat. C’est vrai que si nous avons des difficultés quand nous discutons avec les patrons, nous en avons bien davantage quand nous avons l’Etat comme partenaire.
Propos recueillis par J.-M. Plantade
1,3 % de hausse
Si le nombre des demandeurs d’emploi, qui, en données brutes, est en baisse depuis novembre, a encore chuté en mai (1 9913 000 contre 1 949 000 en avril), ce même nombre, en données corrigées des variations saisonnières, a progressé, et cela pour la première fois depuis octobre 1982, en passant de 2 004 100 à 2 029 000, soit une hausse de 1,3 %.