Texte intégral
Madame la Présidente,
Messieurs les Parlementaires,
Messieurs les Élus,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec un très grand plaisir que j'ai répondu à l'invitation que vous m'avez faite de venir visiter les 7e Thermalies organisées comme chaque année dans le cadre du Salon mondial du tourisme et des voyages.
Je tiens tout d'abord à saluer les personnalités du monde médical, scientifique, économique ou politique dont la présence ici aujourd'hui, témoigne, s'il en était besoin, de l'intérêt qu'elles portent au thermalisme en même temps qu'elle atteste de la vitalité de ce secteur d'activité dans la vie économique et sociale de notre pays.
Ainsi, il est intéressant de rappeler que bien que les propriétés thérapeutiques des eaux thermales soient connues depuis l'Antiquité, il faudra attendre un arrêt du Conseil du roi du 7 mai 1781 pour que les pouvoirs publics se penchent sur la réglementation des eaux minérales. Cet arrêt prescrivait à tout propriétaire découvrant une source d'eau minérale, je cite, « d'en instruire la société royale de médecine, pour quelle en fasse l'examen et que la distribution en soit permise ou prohibée ».
Mais c'est surtout au XIXe siècle, sous le Second Empire et la IIIe République que l'engouement pour les « eaux » a connu son âge d'or, ce qui conduisit le législateur et les Pouvoirs publics à intervenir pour que les impératifs de santé publique soient pleinement pris en compte.
Puis à cette mode succéda, un demi-siècle plus tard, une crise durant laquelle tous les responsables, médecins et auxiliaires médicaux, ainsi que les élus locaux se mirent à douter de l'efficacité des cures thermales. C'est ainsi qu'en 1970, le Doyen Cuvelier, responsable d'une étude sur le thermalisme français pouvait affirmer que la situation n'était pas satisfaisante, et parlait même d'un « État de stagnation ».
Qu'il me soit permis en particulier d'exprimer toute ma gratitude à Mme Lamarche, présidente du Comité d'organisation des thermalies, à M. Grivet, conseiller général, maire de Plombières-les-Bains et à M. Boulange, professeur d'hydrologie à Nancy et président du Haut Comité du thermalisme et du climatisme que je viens de renouveler dans ses fonctions. Je sais, en effet combien l'éclat et la renommée que connaît aujourd'hui cette manifestation annuelle sont dus en particulier à leurs compétences, à leur dynamisme et à l'intérêt constant qu'ils portent à l'essor du thermalisme dans notre pays.
Mais avant d'aborder devant vous la place que le thermalisme peut et doit, à mon sens, occuper à l'avenir, à la fois dans notre système de soins, mais aussi dans notre économie et plus particulièrement dans notre tourisme, il ne me paraît pas inutile d'évoquer brièvement quelques dates qui ont marqué son histoire et sa reconnaissance progressive par les Pouvoirs publics, soucieux de veiller à la qualité des traitements offerts aux curistes.
Ainsi, ma conviction profonde est qu'à l'heure où la médecine, grâce à l'essor des technologies, s'appuie sur les thérapeutiques les plus sophistiquées, le thermalisme, loin d'être dépassé, a au contraire un brillant avenir devant lui.
Grâce à la crénothérapie, en effet, deux préoccupations essentielles d'une politique moderne de la santé trouvent une réponse adaptée.
En premier lieu, la crénothérapie constitue un complément utile aux thérapeutiques modernes dans le traitement des affections somatiques et ce, alors que les progrès thérapeutiques spectaculaires réalisés au cours des 30 dernières années ont davantage transformé la médecine qu'elle ne l'avait été durant les siècles passés.
Chacun s'accorde également pour reconnaître l'importance de son rôle dans la prévention et dans le traitement des séquelles ou des récidives d'affections invalidantes telles que les affections rénales, rhumatismales et cardio-vasculaires ; or, la population de notre pays vieillit et du fait d'une durée de vie plus longue, les personnes âgées présentant des handicaps seront de plus en plus nombreuses. Pour elles, en particulier, l'indication d'une cure thermale apparaît pleinement adaptée.
Aujourd'hui, et chacun d'entre nous ici ne peut que s'en féliciter, nous assistons à un véritable renouveau du thermalisme qui constitue pour nombre de nos communes françaises un atout économique essentiel. Ces septièmes thermales sont là, une nouvelle fois, pour en témoigner.
En effet notre pays bénéficie d'un patrimoine thermal exceptionnel, avec :
– près d'un millier de sources d'eaux thermales ;
– 150 établissements thermaux accueillant chaque année plus de 650 000 curistes et employant de façon permanente ou saisonnière plus de 60 000 personnes ;
– et un chiffre d'affaires de près de 3 milliards de francs.
Ces chiffres montrent à l'évidence que le thermalisme français connaît depuis quelques années un nouvel essor et renoue avec l'âge d'or qui fut le sien.
Mais ce renouveau, dont je me félicite doublement, en tant que ministre des Affaires sociales et de l'Emploi tout d'abord, mais aussi en tant qu'élu des Vosges, département particulièrement riche en stations thermales, s'inscrit aujourd'hui dans un nouveau contexte scientifique et culturel.
Toutefois si les propriétés thérapeutiques des eaux thermales sont reconnues et appréciées depuis l'antiquité, il convient maintenant de mieux mettre en valeur leur efficacité au plan scientifique.
Tout le monde s'accorde aujourd'hui pour reconnaître que l'empirisme qui a régné trop longtemps dans ce domaine est maintenant dépassé.
En effet, aujourd'hui plus que jamais, toute action de soins prise en charge par les organismes d'assurance maladie doit faire la preuve de son efficacité au regard de son coût pour la collectivité.
Il importe donc de développer l'analyse clinique des troubles présentés par les curistes avant, pendant et après une cure pour connaître de façon précise l'apport de la crénothérapie dans notre système de soins.
En second lieu, la crénothérapie voit s'ouvrir de nouvelles perspectives et un nouvel essor dans la thérapie des maladies de notre civilisation, maladies de surcharge et de stress, conséquences d'un environnement toujours plus agressif pour l'homme.
A ce titre, je voudrais souligner tout particulièrement le rôle que la crénothérapie peut être amenée à jouer dans le domaine de la prévention, au sens large du terme. En effet, les séjours dans les villes thermales sont souvent, et doivent être de plus en plus, une occasion privilégiée pour les curistes d'être plus attentifs à leur santé, plus réceptifs aux conseils d'éducation sanitaire grâce aux contacts permanents qu'ils permettent entre les médecins et leurs patients.
Le séjour thermal peut être ainsi l'endroit idéal pour apprendre à mieux connaître les effets nocifs de l'alcool, du tabac, et faire siennes un certain nombre de règles de diététique et d'hygiène de vie, conditions essentielles pour entretenir et valoriser ce que je dénommerais le « capital santé » qui constitue, à n'en pas douter un des biens les plus précieux pour chacun d'entre nous.
Il serait souhaitable également de pourvoir mieux asseoir sur des analyses techniques précises ce que l'on perçoit trop souvent de manière intuitive, à savoir l'intérêt au plan financier pour la collectivité de recourir aux cures thermales dont chacun sait qu'elles ont l'immense mérite de réduire d'une part la consommation de soins, qu'il s'agisse de médicaments, de consultations médicales, et de journées d'hospitalisation et d'autre part de diminuer l'absentéisme dont le coût est souvent élevé dans notre société.
C'est dans cette voie que de nombreux médecins et chercheurs orientent leur recherche et je voudrais saisir l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui pour les en remercier chaleureusement.
Les outils informatiques et les techniques statistiques dont nous disposons actuellement permettent d'ailleurs une évaluation de plus en plus précise comme en témoignent, notamment, les études réalisées par deux équipes médicales, l'une à la faculté de médecine de Marseille, l'autre à Barbotan-les-Thermes qui ont fait l'objet de communications particulièrement remarquées lors du symposium national de médecine thermale et climatique qui s'est déroulé en 1987.
Dans ce même esprit, je m'en voudrais de passer sous silence l'enquête fort intéressante réalisée récemment par le service national du contrôle médical de la CNAMTS en liaison avec la Fédération thermale et climatique française qui avait pour but d'apprécier les effets des cures thermales sur l'état de santé des malades qui en bénéficient et sur leur consommation de soins.
Les résultats de cette enquête qui portait sur le suivi des 3 000 curistes pendant 3 ans ont permis de démontrer que la pratique des cures thermales entraîne une réduction de la consommation médicamenteuse chez les malades et que cette réduction est par ailleurs corrélée avec le nombre de cures suivies.
Voilà qui devrait permettre, à mon sens, aux médecins conseils des caisses de Sécurité sociale d'être mieux éclairés sur les bienfaits des soins thermaux et les inciter à replacer les analyses qu'ils sont amenés à faire dans une perspective à moyen terme, en appréciant les économies qui peuvent résulter pour la collectivité de leur décisions d'autoriser ou non les assurés sociaux à bénéficier d'une cure.
Cet effort de recherche clinique et statistique doit être poursuivi et généralisé.
C'est pourquoi le Haut Comité du thermalisme et du climatisme dont je viens de renouveler la composition et d'élargir les compétences par décret et arrêté parus au Journal officiel du 16 février 1988, aura, en particulier, pour mission de promouvoir, de coordonner et de mieux faire connaître les travaux de recherche en thermo-climatisme réalisés par les laboratoires, les établissements thermaux, les universités, les collectivités locales et l'État.
Il aura par ailleurs, compte tenu du développement du thermalisme, du climatisme et des soins en milieu marin, à connaître également des questions relatives à certaines formes de traitement qui jusqu'à présent n'ont pas donné lieu à une réglementation spécifique.
Les missions de ce nouveau comité seront nombreuses et j'aurai l'occasion de les préciser lorsque je procéderais très prochainement à son installation. J'attends beaucoup des travaux qu'il sera amené à conduire pour éclairer les Pouvoirs publics quant aux solutions à mettre en oeuvre pour résoudre certains des problèmes auxquels est confronté actuellement le thermalisme dans notre pays et dont j'ai pleinement conscience, notamment en ce qui concerne la tarification des cures thermales et l'organisation interne des stations elles-mêmes.
A ce titre, je suis ouvert à toutes les suggestions qui pourraient m'être faites en ce domaine.
C'est parce que j'ai la conviction profonde que ces questions sont délicates, et qu'elles conditionnent l'avenir même du thermalisme dans notre pays que j'ai souhaité modifier la composition du Haut Comité du thermalisme et du climatisme et adapter ses missions en assurant en particulier une meilleure représentativité des différentes parties intéressées par le thermalisme.
J'ai le désir profond que ces travaux aboutissent à des propositions concrètes, mais je souhaite que ceux-ci se fassent dans la sérénité, faute de quoi à mon sens c'est l'ensemble du thermalisme français qui risque d'en pâtir.
C'est également dans le souci de renforcer la technicité des membres du comité que le nombre des personnalités a été porté de huit à douze pour permettre la présence de sept médecins exerçant dans une spécialité correspondant aux principales indications thérapeutiques relevant des soins thermaux, climatiques ou en milieu marin.
Ainsi, grâce à une composition élargie, à la valeur des membres qui le compose, je ne doute pas que ce nouveau comité apportera aux Pouvoirs publics une aide inestimable et qualifiée dans la mise en oeuvre d'une politique de développement du thermalisme fondée sur une évaluation précise de son efficacité thérapeutique et sur la justification de son coût par rapport aux autres méthodes de soins.
Mais au-delà de la vocation première des stations thermales, visant à répondre à la demande des soins des curistes, il apparaît de plus en plus évident que la croissance future des stations thermales reposera à l'avenir sur leur capacité à offrir à la fois des séjours orientés vers la cure classique, et qui donne lieu à prise en charge par la Sécurité sociale, et des séjours de « remise en forme » qui correspond à l'aspiration de nos concitoyens de tirer le meilleur parti de leur temps libre, en vue d'entretenir ce capital inestimable que constituent pour chacun d'entre nous sa santé et son équilibre psychologique et ce, dans un environnement naturel privilégié.
Je suis convaincu qu'il n'y a pas d'antinomie, bien au contraire, entre les activités curatives classiques et traditionnelles et cette forme nouvelle du thermalisme qui se développe actuellement dans de nombreuses stations.
Elle correspond à une véritable aspiration de nos concitoyens et répond à une transformation de notre société. Aujourd'hui l'espérance de vie est plus grande, le temps des loisirs plus long et les tensions de la vie quotidienne toujours plus vives.
Les périodes de rupture dans la vie professionnelle sont devenues une nécessité et pour beaucoup l'aspiration à une remise en forme, selon l'expression consacrée, occupera une place de plus en plus importante au sein des loisirs et deviendra complémentaire du tourisme d'agrément plus traditionnel.
Je suis certain que c'est en améliorant constamment la qualité des établissements thermaux et des infrastructures hôtelières, en adaptant les équipements aux besoins de la population accueillie, en assurant une complémentarité entre les activités de soins et les activités de tourisme de loisirs que nos stations thermales pourront faire face dans de bonnes conditions au défi nouveau que constituera la mise en place du marché unique européen en 1992.
Pour ma part je suis confiant dans l'avenir du thermalisme de notre pays grâce en particulier aux nombreuses potentialités de développement de nos stations qui offrent un large éventail d'indications thérapeutiques et de soins dans un environnement particulièrement privilégié.
La visite que je viens d'effectuer, la présence ici, à ce salon, des représentants de la plupart des stations thermales françaises apportent la preuve irréfutable du dynamisme et de la vitalité du thermalisme dans notre pays.
J'ai tenu aujourd'hui à vous apporter le témoignage de ma confiance en l'avenir. Je compte sur le capital de compétence et de combativité que vous représentez ici pour accomplir cette tâche, certes difficile, mais combien exaltante de rendre le thermalisme français capable de faire face à l'échéance de 1992 et de supporter à son avantage la compétition avec les autres stations européennes.
Je forme des voeux, Madame la Présidente, pour le succès et le bon déroulement de ces septièmes thermalies. Ce salon permettra, je n'en doute pas, de mieux faire connaître en France et à l'étranger les ressources, les potentialités et la diversité de nos stations thermales qui constituent une richesse inestimable que nous devons tous nous attacher à mettre pleinement en valeur.