Texte intégral
Monsieur le maire,
Monsieur le député,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je suis tout particulièrement heureux de me trouver ici à Colombes aujourd'hui, avec vous, dans cette « proche couronne » où l'on peut mesurer les mutations qui se sont accomplies en un siècle en Île-de-France. À l'origine, cette région très concentrée autour de Paris est progressivement devenue une agglomération beaucoup plus éclatée et étendue, tant en ce qui concerne l'habitat que l'emploi. Dans ce contexte, les besoins de déplacements ont évolué et, pendant longtemps, les transports collectifs ont été en retard sur cette évolution, avec les conséquences que l'on connaît : congestion automobile, pollution, bruit…
Notre effort en faveur des transports collectifs doit s'amplifier particulièrement en banlieue où l'offre doit se développer sensiblement afin de commencer à corriger des inégalités qui pénalisent lourdement les populations qui y vivent.
Pour justifier cette orientation, permettez-moi de rappeler qu'actuellement 80 % des déplacements motorisés en banlieue sont effectués en voiture particulière et seulement 16 % en transports collectifs car ces derniers y sont très insuffisamment développés. Il convient donc de combler ce retard et ceci d'autant plus que les prévisions font apparaître à l'horizon 2015 une hausse très sensible des déplacements banlieue-banlieue. Ceux-ci augmenteront de 47 % alors que les déplacements dans Paris intra-muros resteront stables.
Dans cette perspective d'amélioration de la desserte en banlieue, j'ai demandé que les études menées sur les projets de lignes de rocade, que ce soit le réseau Orbitale en proche couronne, ou les lignes ferrées tangentielles empruntant la grande ceinture en moyenne couronne, soient accélérées.
Le nombre de projets concernant le secteur Nord-Ouest de la région Île-de-France, dont l'inscription au XIIe contrat de plan est pour moi prioritaire, témoigne de la volonté de développer une offre attractive et performante de transports collectifs grâce à des liaisons de rocade, articulées à des lignes radiales.
Le tramway a un rôle essentiel à y jouer car il est parfaitement adapté aux besoins des agglomérations : non polluant, peu bruyant, peu consommateur d'espace, outil de requalification urbaine, il bénéfice de nombreux atouts dans un tissu urbain dense. Qu'il soit moins coûteux, car circulant en surface, n'est pas le moindre ; je souligne, en effet, qu'à budget identique, il est possible de construire quatre à cinq fois plus de kilomètres de tramway que de métro, ce qui permet de desservir ainsi plus de population et d'emplois.
Plusieurs projets de tramway concernent Colombes et les communes environnantes. Je sais l'intérêt de la ville de Colombes pour les transports en site propre. Pour l'anecdote, je rappellerai que votre commune a été la première à recevoir au cours des années 1980 les bordurettes épaisses, dites bordurettes de type Colombes, que l'on retrouve maintenant le long des voies réservées aux autobus pour les séparer de la circulation automobile. En ce qui concerne l'avenir, j'évoquerai principalement quatre projets qui ont de sérieux atouts pour le XIIe plan.
L'extension de Tram Val-de-Seine (TVS) au pont de Bezons, puis à la cité des Indes à Sartrouville : cette opération, d'un montant d'environ 750 millions de francs pour la première phase est pour l'État une des opérations prioritaires dans le cadre des travaux préparatoires du XIIe plan. En juillet 1997, j'ai inauguré le premier tronçon de cette ligne qui relie La Défense à Issy-les-Moulineaux. À l'époque, le trafic escompté était de 25 000 voyageurs par jour à l'horizon 2000. Nous en sommes aujourd'hui à 35 000. Cette ligne est donc véritablement plébiscitée par les Franciliens et je suis persuadé que son prolongement vers Colombes et Bezons amplifiera son intérêt socio-économique pour l'ensemble de la collectivité.
Le prolongement de T1 de Saint-Denis à Nanterre fait également partie des opérations éligibles, pour assurer la jonction entre les gares des lignes C et D du RER, la gare de Colombes et la ligne A du RER à la hauteur de l'Université de Nanterre.
Faisant partie du projet Orbitale 2, ce tramway d'un coût total de 2 300 millions de francs permettra de desservir un secteur urbain dense et il répond à une véritable attente des habitants. C'est pourquoi j'ai donné des instructions fermes pour que les études soient lancées au plus tôt.
Je connais l'attachement de mon ami Dominique Frelaut, maire de Colombes à la préservation des habitations situées sur l'avenue de l'Agent-Sarre. Cette préoccupation me paraît légitime et c'est la raison pour laquelle j'ai demandé au service de la RATP de travailler à une solution souterraine sur ce tronçon, soit sur une distance d'un kilomètre. Un comité de pilotage a ainsi été constitué pour apprécier les différentes options possibles. Des études sont donc en cours pour prendre une décision. Mais d'ores-et-déjà, je peux vous dire que je considère que le surcoût financier du tracé souterrain – de l'ordre de 150 millions de francs – est largement compensé par les avantages du tramway comme cela a d'ailleurs été confirmé dans d'autres villes telles Strasbourg ou Rouen où des solutions souterraines ont été trouvées pour surmonter des problèmes d'insertion ponctuels et inévitables en milieu urbain dense.
D'autres projets devraient également contribuer à améliorer la qualité des déplacements.
Je pense au doublement du pont ferroviaire d'Argenteuil franchissant la Seine, entre les gares d'Argenteuil et du Stade, projet qui permettra non seulement de préparer la tangentielle Nord, notamment sa branche Pontoise – Le Bourget, mais aussi d'améliorer la qualité de service sur cette ligne de façon significative par une meilleure régularité et davantage de confort pour les voyageurs de Colombes. Le coût est estimé à 1 200 millions de francs et les travaux, après leur lancement, devraient durer trois ans.
Le prolongement de la ligne de métro n° 13 de Gabriel-Péri en direction du Port de Gennevilliers fait également partie des projets que je considère comme devant être examinés en priorité, comme je l'ai confirmé récemment à l'Assemblée nationale à Jacques Brunhes, député-maire de Gennevilliers. Il permettra un excellent maillage avec la rocade de tramway.
Parallèlement, la qualité de service sur cette ligne doit pouvoir bénéficier d'une amélioration. Je sais que les techniciens et les ingénieurs travaillent à ce projet avec la motivation d'aboutir et je les en remercie.
La mise en place d'une politique résolue et vigoureuse de développement de l'offre de transport, dont témoignent – on l'a vu – les nombreux projets en cours et à venir dans cette partie de la région parisienne, est indispensable pour redonner aux Franciliens le goût des transports en commun, mais elle ne saurait être suffisante. C'est pourquoi, je pense qu'il faut accompagner et stimuler la demande parallèlement, en particulier par des tarifications adaptées à l'intention de publics particuliers, avec le concours des collectivités locales. À cet égard, je voudrais rappeler les mesures nouvelles mises en oeuvre cette année :
– le chèque mobilité destiné aux demandeurs d'emploi ;
– la création de cartes jeunes destinées aux collégiens, lycéens et étudiants d'Île-de-France, qui sont, en pratique, des « cartes orange » à tarif réduit (– 25 à 45 %), permettant de surcroît une libre circulation dans la totalité de l'Île-de-France les samedis, dimanches et jours fériés (dézonage).
Ces initiatives ont, bien sûr, une dimension sociale, mais aussi une dimension commerciale de fidélisation de la clientèle.
Vous avez évoqué Monsieur le maire, l'utilisation du site de la Marine à Colombes. Mes services examinent actuellement, en concertation avec le ministère de la culture, la possibilité d'installer le Musée des transports urbains sur ce site. Une telle implantation serait bien venue non seulement pour des raisons symboliques (compte tenu de la place des transports collectifs en Île-de-France), mais aussi pour des raisons spécifiquement culturelles, à savoir la forte attractivité d'un musée technique aux collections particulièrement riches dans un secteur faiblement pourvu en équipements de ce type. Ce vaste site pourrait également accueillir les garages pour les tramways apportant ainsi de nouvelles activités à votre commune. Le ministère de la culture souhaite également utiliser une partie de ces locaux pour les réserves des musées nationaux. Je vous confirme qu'avant la fin de l'année un projet sera établi.
Vous m'avez également sollicité, Monsieur le maire, sur des problèmes de bruit sur l'autoroute A86. Vous le savez, l'autoroute A86 est le deuxième périphérique d'Île-de-France. C'est une artère essentielle au développement économique de cette mégapole de 10 millions d'habitants. La section traversant Colombes a été réalisée dans les années 70, elle irrigue de nombreuses zones d'activités industrielles et artisanales. Celles-ci se sont maintenues ou se sont implantées grâce à la proximité de cet axe stratégique.
Au-delà du contexte économique, la perception de l'autoroute au quotidien par les riverains est un souci majeur.
Or la sensibilisation aux problèmes d'environnement s'est fortement accrue en vingt ans. Aussi, importe-t-il de profiter des travaux d'élargissement de cette autoroute à 2 x 3 voies, pour apporter des solutions techniques et économiques efficaces atténuant les nuisances routières en-dessous des seuils tolérables de nos jours.
Le bruit est la première contrainte qui doit être jugulée. À ce titre, la cité des Fossés-Jean n'est que partiellement protégée par une semi couverture. Bon nombre d'immeubles sont directement exposés dans leurs étages supérieurs à cette nuisance. Un renforcement de la semi-couverture existante et son prolongement sur plus de 300 mètres permettront enfin de ramener le niveau sonore, en tout point des immeubles, en deçà des limites de la loi sur le bruit. Grâce à cette nouvelle protection, des gains notables allant jusqu'à 6 dB, soit une diminution par quatre de la puissance acoustique, seront enregistrés. Cette initiative contribuera ainsi à améliorer la qualité de vie de l'ensemble de la cité.
J'ajoute que j'ai demandé aux services d'effectuer ces travaux de protection phonique simultanément à l'élargissement de cette autoroute. Une accélération des études et la mise en place de financement permettra de réaliser ces travaux début 2000. Le coût de ces travaux se situera entre 50 et 100 millions de francs.
L'insertion de l'autoroute dans le paysage urbain est une seconde préoccupation. L'autoroute A86 est un véritable rempart qui délimite le flanc Ouest de la ville de Colombes. Dans cette zone, les entrées de ville sont particulièrement inesthétiques. Ces points importants, « les portes de la ville » recevront donc un traitement architectural. L'objectif sera de rendre ces espaces publics plus humains et plus urbains. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé à la DDE des Hauts-de-Seine d'engager en concertation avec la ville de Colombes, des études sur ce sujet.
Merci, Monsieur le maire, de votre invitation. La visite que nous avons effectuée ensemble montre le chemin à parcourir. Pour atteindre les objectifs fixés, il nous faudra travailler en partenariat pour rassembler tous les acteurs État, région, département et communes.
Aussi, en nous appuyant sur cette démarche, dès 2005, Colombes bénéficiera d'infrastructures de transport modernes, variées et respectueuses de l'environnement.