Déclaration de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement, sur l'aide de l'Etat à la SNCF, Saint-Pierre-des-Corps le 24 juillet 1998.

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Texte intégral

Mesdames, Messieurs, bonjour,


J'ai souhaité vous rencontrer, rencontrer les cheminots, aujourd'hui à Saint-Pierre-des-Corps et je remercie la SNCF, sa direction nationale et régionale, d'avoir rendu possible cette rencontre.

Il me paraît important de dialoguer ensemble des perspectives qui se présentent pour l'avenir de la SNCF. Il est probable que vous vous interrogez sur cet avenir, que vous ayez besoin d'être éclairés sur les intentions du Gouvernement sur vos principaux sujets de préoccupations : les grandes orientations en matière de politique des transports, le maintien de la séparation entre RR, propriétaire des infrastructures ferroviaires, et la SNCF – les perspectives d'investissement tant sur le réseau classique que sur le développement du réseau à grande vitesse, les évolutions de l'emploi, de l'organisation et du fonctionnement de votre entreprise, le régime spécial de protection sociale des cheminots, la réduction du temps de travail et je ne sais quel autre sujet encore.

J'ai souhaité venir en discuter directement avec vous, vous exposez sur ces sujets mes orientations, répondre à vos questions et recueillir vos observations. Avant de vous passer la parole, je voudrais vous préciser mes orientations et mes actions à l'égard d'une entreprise auquel, comme vous le savez, je suis très attaché.

Dès mon arrivée, en juillet 1997, j'ai pris la décision de rompre avec la politique de réduction massive des emplois à la SNCF. J'ai aussi demandé à cette dernière de prévoir un recrutement complémentaire de 1 000 emplois supplémentaires de cheminots au statut et de 1 000 emplois jeunes afin d'obtenir une quasi-stabilisation des effectifs pour la première fois depuis plus de 15 ans. Il faut rappeler qu'au cours des 14 années précédentes la SNCF avait connu une véritable hémorragie avec la perte de 81 000 emplois soit une moyenne de près de 5 800 en moins chaque année. Pour les années suivantes, sans préjudice des impacts à venir de la discussion dur la réduction du temps de travail, je compte bien maintenir l'inflexion amorcée en 1997.

J'ai également décidé en juillet 1997 de retirer 28,3 milliards de francs de dettes à la SNCF en les transférant dans le service annexe d'amortissement de la dette, soulageant de ce fait la SNCF de 1,3 milliard de francs par an les frais financiers de la SNCF pendant plus de 15 ans afin de lui donner les moyens de son développement.

Concernant les subventions de l'Etat aux investissements ferroviaires, j'ai fait passer le budget de 800 milliards de francs en 1997 à 1,3 milliard de francs. Ce montant devrait augmenter dans les années à venir pour atteindre environ 2,3 milliards de francs annuels à l'horizon du prochain contrat de plan Etat/Région. Ce budget permettra comme le Gouvernement l'a annoncé le 4 février dernier de rendre crédible la réalisation du TGV Est et d'amorcer le TGV Rhin-Rhône au cours du prochain contrat de plan Etat/Région. Pour autant tous les investissements n'iront pas au seul développement du réseau TGV. Ainsi pour le prochain contrat de plan Etat/Région, la part Etat sera supérieure à 500 millions de francs par an. Ceci permettra d'investir pour les besoins des actions tant fret que services régionaux de voyageurs.

Pour se représenter pleinement ce que cela signifie, il faut se rappeler que jusqu'en 1995 l'Etat ne versait pas un centime pour ces investissements qui étaient financés par l'endettement de la SNCF.

Si nous réalisons tous ces efforts c'est parce que nous croyons qu'ils sont nécessaires et qu'il y a une réelle perspective de développement des chemins de fer comme le montre l'évolution depuis un an des trafics voyageurs et fret. Je considère qu'il peut y avoir, qu'il y a déjà, un renouveau des chemins de fer. Les trafics sont en connaissance, l'opinion publique, et de protection de l'environnement. Il me paraît certain que tant de choses qui sont compromises voire impossibles en période de déclin comme les chemins de fer l'ont connu deviennent possible dans une phase de croissance qu'il nous appartient tous, cheminots, direction de l'entreprise et pouvoirs publics de consolider.

Mon arrivée à la tête du Ministère des transports coïncidait également avec la mise en place de la réforme décidé par le Gouvernement précédent et notamment la mise en place de RFF.

J'ai à ce sujet très rapidement annoncé mon intention de réformer la réforme selon l'expression consacrée.

Je me dois donc de préciser les raisons qui m'ont fait repousser l'idée d'une suppression pure et simple de l'entreprise publique RFF.