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Abrogez les décrets !
Le président du groupe communiste à l'Assemblée nationale a envoyé, hier, la lettre suivante au premier ministre.
"La décision d'instaurer, sous l'intitulé de contrat d'insertion professionnelle, un sous-SMIC pour les jeunes n'a cessé de susciter depuis plusieurs semaines une émotion et une réprobation croissantes. En dépit des aménagements envisagés qui n'en modifient pas fondamentalement la nature, ce sous-SMIC ne pourrait que contribuer à substituer un emploi précaire et dévalorisé à des emplois stables, pénalisant ainsi tous les salariés, y compris cadres et diplômés. Cette nouvelle pression sur le pouvoir d'achat salarial ne pourrait que constituer un obstacle à la relance de l'activité économique et aggraver la récession :
"S'il y a, à l'évidence, des comportements frileux et conservateurs qui bloquent les chances d'une reprise, ne faut-il pas les chercher dans l'attitude du patronal qui a reçu plus de 80 milliards en un an pour supprimer 300 000 emplois de plus, délocaliser hors de France et alimenter la spéculation foncière ? Les jeunes et les parents ont été particulièrement sensibles à ce qui constituerait une dévalorisation de leurs efforts pour obtenir, après le baccalauréat, un diplôme national authentifiant des études et une réelle qualification. La réalité de cet ostracisme ne relève pas d'une interprétation malveillante.
"Des manifestations nombreuses et unitaires viennent de traduire, notamment le 12 et le 17 mars, le rejet de ce dispositif par une très large majorité des Français qui en mesurent bien les conséquences négatives pour l'emploi. Des sondages l'attestent tout aussi clairement. L'attachement à un salaire minimum égal pour tous les salariés partout en France en est renforcé. La revalorisation du SMIC, dont les députés communistes ne cessent de souligner l'exigence pour une croissance fondée sur l'investissement et la création d'emplois stables, apparaît urgente. C'est pourquoi il temps de tirer les enseignements du mouvement social. En écoutant la majorité des Français plutôt que le CNPF, le gouvernement doit abroger les mesures visant à travers le contrat d'insertion professionnelle à instaurer un sous-SMIC pour les jeunes. C'est la demande que je vous exprime au nom des députés communistes."