Texte intégral
Entretien avec l’Agence de presse iranienne (Téhéran, 23 août 1998)
Question : Le développement des relations entre la France et l’Iran, serait à long terme, à moyen terme ?
Hubert Védrine : Le développement se fera aussi vite que possible. Cela ne se décrète pas à l’avance. Nous avançons, si c’est facile d’avancer, nous continuons. Si nous nous heurtons à un vrai problème, nous prendrons le temps qu’il faut pour le résoudre. Il faut retenir qu’il y a une idée générale de part et d’autre pour développer cette coopération.
Question : Quelle est votre impression après votre rencontre avec le président Khatami ?
Hubert Védrine : J’ai été extrêmement bien reçu par le président, d’une façon très cordiale. J’ai été impressionné par tout ce qu’il m’a dit sur le dialogue des civilisations, car il m’a semblé à la fois qu’il s’intéressait vraiment au dialogue avec la civilisation occidentale et avec la culture française et en même temps. Il le faisait dans le plein respect de l’identité iranienne. C’est la conception de mon pays : un vrai dialogue dans lequel on parle de tout, avec respect et le désir d’avancer. À la fin, je lui ai dit que je sortais de cet entretien encouragé à poursuivre dans la voie qui est la nôtre.
Question : Quel est le plus grand point commun et le plus grand point de divergence entre la France et l’Iran ?
Hubert Védrine : Il n’y a pas un point plus fort que l’autre. Je crois qu’en ce qui concerne la différence, c’est toute la discussion Islam/Occident sur les droits de l’Homme. Sur certains points, les conceptions sont vraiment les mêmes et sur d’autres, il y a vraiment des divergences. Cela peut se traiter par l’affrontement ou par le dialogue. Le point commun, c’est un désir de part et d’autre de développer des relations, quels qu’aient pu être les problèmes dans le passé et quels que soient les contentieux qui existent encore. L’idée générale est de les dépasser et de créer une dynamique.
Entretien avec le correspondant en Iran d’« Al Hayat » et de la « BBC » (Téhéran, 23 août 1998)
Hubert Védrine : Le président Khatami m’a exposé sa conception du dialogue des civilisations. Je lui ai dit que cette idée éveillait un grand écho en France, car la France est à la fois un pays tout à fait occidental et européen, mais qui, de par son histoire, a été très lié à l’histoire du monde méditerranéen, de l’Afrique, du Proche et du Moyen-Orient, de l’Asie et d’autres pays. La France ressent donc profondément ce que signifie le dialogue des civilisations. Elle en ressent la nécessité, car nous sommes dans un monde qui est malheureusement encore rempli d’antagonismes et d’affrontements, encore traités par la force, alors qu’il faudrait trouver des solutions pacifiques aux conflits, et c’est un domaine dans lequel le dialogue entre la France et l’Iran peut avoir une très grande signification. Mais nous avons également parlé des perspectives politiques sur le plan bilatéral. J’ai parlé avec le président de tout ce que nous avons méthodiquement examiné et passé en revue avec le ministre Kharrazi depuis hier matin, sur le plan bilatéral – politique, économique, culturel – et aussi de nos échanges de vues sur toutes les crises, trop nombreuses à l’heure actuelle, dans toutes les différentes régions autour de l’Iran.
Question : Peut-on dire que votre visite est très positive ?
Hubert Védrine : Je suis extrêmement heureux de la façon dont j’ai été reçu. J’ai été extrêmement bien reçu, ainsi que les parlementaires et les hauts fonctionnaires qui m’accompagnent. C’était très intéressant, très constructif, très positif, très utile, et je crois que cela a permis de dégager de grandes perspectives pour développer nos relations sur tous les plans, et pour parler de tout sans rien omettre.