Texte intégral
J'ai répondu avec beaucoup de plaisir à l'invitation de mon ami Pierre Bourguignon et je suis heureuse d'inaugurer le 9e Festival des arts de la rue.
Je partage avec Pierre la même passion de la ville et je suis également convaincue du fait que les arts de la rue bouleversent la relation traditionnelle entre la ville et la création artistique et, bien entendu, entre l'art et le public.
Je présentai cette semaine à la presse les résultats de l'enquête réalisée en 1997 sur les pratiques culturelles des Français et qui vient juste de paraître.
Pour ce qui concerne le spectacle vivant, les résultats ne sont guère satisfaisants. Nous constatons une faible progression de la fréquentation des théâtres fixes et surtout cette fréquentation ne se démocratise pas.
En revanche, les chiffres élevés de fréquentation des spectacles de rue confirment le succès de ce genre artistique.
Le public ayant assisté à un spectacle de rue au cours de l'année 1997 est deux fois plus nombreux que celui des théâtres fixes.
On pourrait évidemment relativiser ce résultat en arguant du fait que cette fréquentation est parfois fortuite, tandis que la fréquentation d'une salle de théâtre requiert une plus forte adhésion du spectateur.
Mais il est notable que la vision d'un spectacle de rue a constitué un événement marquant pour les personnes interrogées dans cette enquête.
Pour ma part, je tire plusieurs enseignements de cet engouement de nos concitoyens en faveur des arts de la rue :
– L'impact social de cette expression artistique lui confère un rôle tout à fait particulier dans la réflexion et l'action conduite dans le cadre des politiques de développement culturel des villes.
Les arts de la rue vont au-devant des citoyens et rassemblent les publics les plus divers, sans discrimination sociale.
– Leur impact artistique n'en est pas moindre. Leurs formes sont métissées et puisent dans l'art dramatique, le cirque, la danse, la musique, le théâtre forain, les arts plastiques.
Ce métissage conduit à une proposition spectaculaire originale, surprenante, et toujours inventive.
Il n'y a pas meilleur cadre que les arts de la rue et le nouveau cirque pour renouveler aujourd'hui le dialogue des arts et la pluridisciplinarité.
– Enfin, l'adhésion de nos concitoyens aux arts de la rue nous apprend beaucoup sur leur rapport à la ville et au cadre urbain.
Là où nous pourrions supposer que leur demande s'ordonne spontanément autour d'une idée traditionnelle de la cité et de son organisation, nos concitoyens revendiquent aussi la création, l'interpellation, et parfois même la provocation artistique.
Voilà un vrai sujet de réflexion qui bouleverse notre vision classique de l'espace urbain.
Voilà une forme d'action culturelle qui renouvelle nos méthodes de démocratisation d'accès à la culture.
Le ministère de la Culture doit accompagner l'éclosion de ce mouvement artistique par le soutien aux compagnies, à leurs lieux de fabrication, et aux festivals.
Les collectivités locales ont bien compris l'importance de ce mouvement et la nécessité d'accompagner son émergence et d'installer sa permanence.
Sotteville-lès-Rouen est exemplaire à cet égard. Sachez, Monsieur le député-maire, cher Pierre, que mon ministère demeurera un partenaire fiable et constant à vos côtés.