Texte intégral
Dès sa prise de fonctions, le Gouvernement a indiqué ses grandes orientations de politique de défense.
La construction d’une armée professionnelle et la modernisation de ses armements, la réorganisation des soutiens et structures de commandement des armées, la mutation de l’industrie de défense, l’émergence de rapports nouveaux entre les armées et la Nation, sont les axes essentiels qui donnent à cette politique sa cohérence. Ils s’appuient sur une vision raisonnée de nos besoins de défense ; ils soulignent la complexité et l’importance de l’entreprise.
Depuis quinze mois, ces objectifs ont été poursuivis méthodiquement.
Le besoin de réduire rapidement les déficits publics avait conduit le Gouvernement l’an passé, à opérer une réduction temporaire de nos crédits d’investissement tout en préservant les rémunérations et moyens de fonctionnement des armées, condition de la bonne marche de la réforme. Décidant les mesures immédiates permettant de passer ce cap difficile, je veillais en même temps à éliminer l’incertitude en organisant un réexamen approfondi de l’exécution de la loi de programmation en cours. Ce travail, appelé « revue des programmes », tendait à évaluer les choix financiers de la programmation 1997-2002 et à organiser son exécution en retenant toutes les économies réalistes compatibles avec sa cohérence stratégique. Cette réévaluation méthodique a mobilisé pendant 5 mois les responsables du ministère et a permis, sans remise en cause de nos capacités et sans controverse, 40 milliards de francs d’économies (20 milliards avant 2002, 20 milliards au-delà). Le Premier ministre l’a conclue par son discours de Saint-Mandrier, après accord du Président de la République, en donnant toute la visibilité nécessaire à notre politique d’équipement militaire.
Les engagements que j’avais pris à l’occasion du budget 1998 ont été tenus.
Les priorités données à la professionnalisation des armées et, en matière d’équipement, aux capacités opérationnelles ont assurés la progression vers le nouveau modèle d’armée, tout en permettant à nos forces d’accomplir les missions qui leur ont été confiées par les autorités de l’Etat, à l’extérieur de nos frontières (évacuation et protection de nos ressortissants, participation à des opérations de maintien de la paix et aux exercices alliés) comme sur le territoire national (Vigipirate, sécurité de la Coupe du monde de football).
L’efficacité dont les armées et la gendarmerie ont su faire preuve dans ces circonstances est reconnue de tous. Elle mérite notre considération et notre reconnaissance.
Le projet du budget pour 1999 marque une nouvelle étape de la réforme de notre défense. Je veux souligner l’esprit de confiance et de coopération qui a présidé à sa préparation avec le ministère de l’économie, des finances et de l’industrie, signe tangible de l’efficacité du travail gouvernemental.
Ce projet de budget nous permet de poursuivre la transformation et la modernisation de notre outil de défense dans des conditions très satisfaisantes : les moyens de la réforme des armées sont confortés et les crédits d’équipement connaissent, conformément aux conclusions de la revue des programmes, le rattrapage auquel le Gouvernement s’était engagé. Il est ainsi mis fin au procédé traditionnel (et dommageable) consistant à conserver formellement les programmes tout en les étalant dans le temps, avec les surcoûts industriels et les altérations techniques qui en résultaient fatalement. Les coopérations d’armement européennes sont renforcées, comme le symbole la constitution de l’OCCAR (organisation conjointe de coopération pour l’armement) le jour même de la présentation de notre budget.
Je sais toutefois ce que cette période de transition impose à l’ensemble des personnels de la défense de compréhension et d’engagement individuel, dans des conditions particulièrement exigeantes. Dès ma prise de fonction j’avais assuré chacun de ma volonté de dialogue et de concertation. Elle nous a permis d’engager les grandes restructurations et de traiter les dossiers les plus difficiles de la transition en accordant aux difficultés sociales et aux situations locales un examen permanent et attentif. J’entends poursuivre avec les personnels de la défense, leurs cadres et leurs représentants, mais aussi avec tous ceux, petites et moyennes entreprises notamment, dont les intérêts sont de longue-date étroitement liés aux nôtres, ce dialogue nécessaire et constructif : il est, dans mon esprit, l’exercice même de la responsabilité auquel chacun doit s’attacher en ayant constamment à l’esprit la recherche de solutions durables qui préparent l’avenir.
L’emploi, la solidarité, la construction européenne, caractérisent les priorités du budget de l’Etat pour 1999. La Défense y trouve naturellement et pleinement sa place : ainsi, les objectifs de sécurité et de défense, qui répondent aux attentes légitimes de nos concitoyens, confortent également nos priorités économiques et sociales.
Tout démontre que le monde qui est le nôtre demeure dangereux et incertain. La sécurité de la France, la défense de ses valeurs et de celles qu’elle partage avec ses alliés, justifie la permanence d’un effort soutenu en faveur de notre défense, gage de notre influence en Europe et dans le monde. La pertinence des choix et la motivation des professionnels confèrent à cet appareil de défense une efficacité opérationnelle en hausse régulière, les moyens qu’il reçoit sont bien employés.
La transformation de notre outil de défense a pour premier cap l’année 2002. A cette échéance, la Défense doit permettre à la France, comme elle le fait aujourd’hui, d’être un acteur majeur de la construction européenne tout en assurant pleinement la sécurité des Français. J’ai pleinement confiance dans notre capacité à relever ce défi.