Texte intégral
Le Parisien : Quelle est votre première réaction en apprenant que l'OM est rétrogradé en D. II ?
Bernard Tapie : Je vous avoue que je pensais avoir tout vu, tout vécu. Finalement non, ce qu'on a vu est une tentative d'assassinat d'un club, préméditée de longue date. Souvenez-vous la Ligue avait dit qu'il n'y aurait pas de sanction avant que la justice ait fait son travail, puis sous le couvert des autorités internationales, on a été privé de 100 MF de budget. Cela représente notre non-participation à la Coupe d'Europe, à la Coupe intercontinentale et à la Super-Coupe. On a eu de la chance de vendre des joueurs – car on disposait d'un très gros effectif – pour compenser ce manque à gagner.
Le Parisien : Les sanctions vous touchent également personnellement…
Bernard Tapie : Là, aujourd'hui, je l'affirme : la justice n'a rien pu démontrer. Il n'y a pas d'indices sérieux qui impliquent mon club. Je suis totalement en dehors de cette vilaine affaire. Souvenez-vous du jugement de la chambre d'accusation de la cour d'appel de Douai. Pourtant, on sanctionne, on nous met en Division II. Et pire, on m'interdit d'œuvrer dans tout ce qui touche au club comme si on craignait que je m'en sorte encore.
Le Parisien : Comment qualifiez-vous l'attitude de ceux qui vous ont condamné ?
Bernard Tapie : Cette attitude est honteuse, scandaleuse. Elle ne grandit pas ceux qui ont pris ces décisions. Mais jamais je ne baisserai les bras face à une attitude aussi sordide.
Le Parisien : Que va devenir l'Olympique de Marseille ?
Bernard Tapie : On va participer à la Coupe d'Europe la saison prochaine, qu'on va gagner ! Oui, j'en gagnerai une deuxième, mais c'est vrai qu'en France, quand on est premier, on a face à soi des forces de médiocrité et de méchanceté. C'est ça, quand on a du succès.
Le Parisien : Avec quels joueurs continuerez-vous ? Les mêmes ?
Bernard Tapie : Avec ces joueurs-là ou d'autres.
Le Parisien : Qui va reprendre l'OM, maintenant que vous ne pouvez plus demeurer président ?
Bernard Tapie : Si l'OM n'avait pas été sanctionné, les éléments pour la reprise étaient presque faits. On aurait assuré sans difficulté la pérennité du club. Mais, même avec ce qui arrive, personne ne m'empêchera d'investir ma passion et mon argent dans ce club. Je ne crois pas qu'on puisse tuer toute l'organisation qu'on avait mise en place. Elle a des racines, on a des équipes de jeunes et un centre de formation formidables. L'OM n'est pas le même club que les autres. Regardez Franck Sauzée, qui a déjà dit qu'il était partant pour jouer en Division II.
Le Parisien : En quelque sorte, vous annoncez un nouvel élan…
Bernard Tapie : Vous allez voir un formidable élan ! Soyons francs l'an passé, notre effectif était un peu moins bon que les années précédentes. Eh bien, on a battu Milan ! Et PSG et Monaco n'arrivent toujours pas à nous battre.
Le Parisien : En attendant ce nouvel élan, ne craignez-vous pas que les Marseillais n'acceptent pas cette décision ?
Bernard Tapie : Je voudrais leur lancer un appel, notamment envers les jeunes. Vers ces ados qui aiment l'OM et qui sentent qu'on a cassé leur joie et qui ne pourront plus participer à cette folie tous les quinze jours en allant au stade. Je leur demande de ne pas céder à la provocation en donnant une image déplorable de violence. S'il y a des voyous, ils ne sont pas à Marseille.