Texte intégral
A. Ardisson : Que pensez-vous des velléités sécessionnistes du PR ?
C. Millon : Dans cette affaire, ce qui est en cause, ce n'est ni l'expression, ni l'organisation du groupe parlementaire. Ce sont plutôt les modes de décision de la confédération. C'est la raison pour laquelle un certain nombre de députés on fait preuve de mauvaise humeur. Plutôt que de renforcer le groupe UDF avec une scission, il vaut mieux le renforcer pour que le groupe serve de référence à toute la confédération et qu'elle puisse faire évoluer ses modes de décision.
A. Ardisson : Qui est visé à l'intérieur de la confédération ?
C. Millon : Ce ne sont pas des personnes qui sont visées. C'est un mode d'organisation et de décision. Il y a un certain nombre de députés du Parti républicain qui sont satisfait du respect de l'identité du PR à l'intérieur du groupe, qui sont favorables à une union de l'UDF, mais en même temps à un respect de la spécificité de chaque composante, souhaitent qu'à l'intérieur même de la confédération il y ait cette même approche. Le bureau de l'UDF doit se réunir jeudi prochain. Je pense que des décisions seront prises dans ce sens là. V. Giscard d'Estaing en tant que président de l'UDF l'a annoncé hier.
A. Ardisson : Est-ce qu'il faut modifier les statuts ?
C. Millon : Je crois que c'est plutôt au niveau de la procédure et de l'habitude de vivre ensemble. À l'intérieur du groupe UDF, je veille quotidiennement à ce respect des identités. Je pense qu'à l'intérieur de la confédération on pourrait faire un effort dans ce sens là.
A. Ardisson : Le vrai problème, c'est la présidentielle ?
C. Millon : C'est la préparation des futures échéances, et en particulier de l'élection présidentielle.
A. Ardisson : Est-ce que vous n'auriez pas intérêt très vite, à clarifier les choses ?
C. Millon : Il n'y a pas aujourd'hui à désigner un candidat aux élections présidentielles. D'abord, parce qu'on est dans la Cinquième République et que ce seront les candidats qui se déclareront et les formations politiques qui décideront de soutenir tel ou tel. Et que, deuxièmement, aujourd'hui la situation économique et sociale française est telle qu'il est peut-être plus nécessaire de se rassembler pour provoquer le développement économique, la reprise, ainsi que la solidarité nationale plutôt que d'aller faire des jeux politiques auxquels ne comprennent pas grand chose nos concitoyens.
A. Ardisson : On vous a reproché de donner une expression trop dure vis-à-vis du gouvernement…
C. Millon : C'est tout le problème des rapports entre l'exécutif et le pouvoir législatif. Soit les groupes parlementaires sont des godillots, ne disent rien et ne font que voter, et les députés deviennent des boîtes à vote. Soit le groupe parlementaire, et c'est sa mission et son honneur, se doit d'être constructif, critique dans certains cas, présente des amendements, fait connaître ses suggestions et ses réserves, et ainsi aide le gouvernement dans sa démarche. Et les événements récents tels que la loi quinquennale ou le CIF ont démontré qu'il serait peut-être souhaitable que dans un certain nombre de cas il y ait un vrai dialogue entre le gouvernement et le Parlement et que le gouvernement serait bien inspiré de retenir des réserves ou des propositions des groupes parlementaires.