Interview de M. Jack Lang, ministre de la culture de la communication des grands travaux et du bicentenaire, à RTL le 16 juillet 1988, sur les festivals culturels de l'été, l'audiovisuel et la commémoration du bicentenaire de la Révolution française.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Jack Lang - Ministre de la culture, de la communication, des grands travaux et du bicentenaire ;
  • Yves Mourousi - Journaliste

Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

R/ Bonjour, Yves !

Q/ Vous êtes sur le tour de France des festivals ?

R/ Je suis à quelques pas d'Avignon, et ce soir je vais voir le « Hamlet » mis en scène par P.CHERRAU dans la cour d'honneur du Palais des Papes.

Q/ Il y a un regain d'intérêt pour les festivals. Y a-t-il une relance des festivals ?

R/ Les crus des festivals sont plus ou moins doux, brillants, comme les crus de vin. Cela dépend de facteurs qui ne sont pas forcément entre les mains des hommes.

Q/ A. GRONBEC a l'air de s'affirmer comme directeur de festival. La France a-t-elle des ressources au niveau de l'animation de ces festivals ?

R/ Je crois que oui. Vous citez A. GROMBEC qui en quelques années vient de s'affirmer comme un très grand directeur de festival. Il a réussit à la fois avec modestie, ambition et pugnacité, et avec en même temps une timidité qui est une de ses forces et qui lui permet, à l'ombre dans le calme de préparer et d'imaginer et qui lui permet, le moment venu, de faire éclater de grands évènements comme ceux que nous voyons.
Je crois qu'il y a en effet une génération de directeur de festival certains ne sont pas connus. Et le fait que notre pays éclate de fêtes multiples en est un signe.

Q/ Avez-vous l'impression qu'il existe un véritable fossé entre le monde des festivals et le monde de la télévision ?

R/ C'est une très bonne question. Elle est au coeur de mes interrogations et de celles de beaucoup de gens. C'est le vrai problème. Comment faire pour que cette formidable efflorescence artistique puisse s'exprimer aussi à travers nos écrans.
Je crois que la grande question qui se pose aux programmateurs, au Parlement, au gouvernement, à tous ceux qui ont à réfléchir et à décider pour notre télévision, c'est : comment faire pour que le pays télévisé soit à l'image du pays vivant. Et le pays vivant est bougrement talentueux.

Q/ Et le Haut Conseil de l'audiovisuel ?

R/ Nous y travaillons en ce moment. Le souci de ceux qui vont rédiger ce texte est de lui donner une composition et des pouvoirs qui lui permettront effectivement, d'une part d'assurer le respect du pluralisme, mais surtout d'obtenir de nos chaînes de radio et de télévisions qu'elles soient plus imaginatives.

Q/ Cela suppose une révision des cahiers des charges de tout le monde ?

R/ Cela suppose un certain nombre de changements : dans les mentalités, dans les règles du jeu, dans les pouvoirs de cette future Haute Autorité, bref, il y a beaucoup à faire pour redonner l'oxygène qui manque parfois à nos télévisions et à nos radios.

Q/ Vous êtes ministre du Bicentenaire. Le Bicentenaire fait-il parti des grands travaux de la République pour l'année prochaine ?

R/ On peut le dire. Il n'est pas pensable que l'on puisse franchir cette date sans que nous puissions, à notre manière, (malheureusement très rapidement parce qu'il reste très peu de mois) être à la hauteur de cet évènement historique. Ce sera aussi l'occasion d'organiser des fêtes, des manifestations, mais aussi de faire la révolution en acte. C'est-à-dire de concevoir des idées et des projets qui aient valeur de changements. Cette bibliothèque sera le parachèvement d'un grand effort pour réhabiliter le livre, l'écrit.
Nous espérons aussi que le 14 juillet prochain où seront présents à Paris les chefs d'Etat des pays du monde entier, permettra de mettre en valeur l'ensemble des réalisations scientifiques et techniques françaises.

Q/ Avez vous trouvé un directeur à l'Opéra ?

R/ J'ai 2 ou 3 petites idées dans la tête, mais j'ai encore besoin de les confronter, avant de vous les livrer