Texte intégral
LE FIGARO : 19 avril 1994
LE FIGARO : Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez su que vous étiez désigné tête de liste de la majorité pour les élections européennes ?
Dominique BAUDIS : C'est une lourde responsabilité. Depuis la fin des années 80, l'Europe traverse une crise grave. Déception et désillusion s'expriment aujourd'hui à son encontre. Il faut en prendre la mesure et engager l'Europe sur une nouvelle voie.
Nous avons vécu des années d'adhésion quasiment générale, au cours desquelles l'Europe a été perçue comme un facteur de sécurité, de protection, un élément de réconciliation entre les peuples au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et du pire massacre de l'histoire de l'humanité, l'Union européenne fait aujourd'hui un peu peur, A l'origine, l'Europe, c'était la volonté forte de dire « Plus jamais ça » et de créer un ensemble puissant face à l'empire soviétique : elle était donc un facteur de paix, de sécurité, facteur de prospérité aussi, avec la réussite du Marché commun.
La crise a entamé cette prospérité. L'effondrement du mur de Berlin et de l'empire soviétique – qui auraient pu apparaître comme la grande victoire de l'Europe libre – ont ensuite laissé se développer, paradoxalement, une très forte contestation de l'Europe. L'existence de l'Europe, qui se justifiait aux yeux de beaucoup comme un rempart face à une menace, a soudain été remise en cause.
Les Français n'ont plus vu que les contrôles, les contraintes, et même les menaces qui peuvent peser sur une profession, sur une corporation, sur un métier, sur une région. Tout l'enjeu de cette élection, c'est de proposer un projet européen qui redonne à l'Europe ce rôle protecteur. D'ailleurs, de tout temps dans l'histoire de l'humanité, les citoyens, les femmes et les hommes qui appartiennent à un ensemble politique (cité, empire, nation) n'ont accepté d'y adhérer que dans la mesure où cette organisation apportait protection et sécurité.
Q. : Comment retrouver cette confiance en l'Europe ?
R. : En la remettant à la place qui est la sienne. Je suis convaincu qu'on la rétablira le jour où on aura aiguillé différemment l'Europe. L'Europe, on la trouve trop souvent là où on n'a pas besoin d'elle, et on ne la trouve pas sur les terrains où les gens l'attendent. L'Europe, elle irrite, elle exaspère, quand elle s'occupe des dates d'ouverture, de fermeture la chasse, de la pêche, du calibre des munitions, des bactéries dans le fromage au lait cru… Les gens, y compris les plus européens, sont exaspérés. En revanche, on la sent impuissante face à la crise, face au chômage, impuissante face à la guerre dans l'ancienne Yougoslavie. Il faut donc changer les aiguillages. Alors que certains voudraient faire dérailler le train, ce qui serait catastrophique.
L'Europe, il ne faut pas l'oublier, a été le théâtre et les Européens les acteurs des pages les plus sombres de notre histoire. Cela ne s'est pas passé dans la nuit des temps, ça s'est passé il y a quelques décennies, deux fois au cours de ce siècle.
La tragédie dans l'ex-Yougoslavie est là pour nous démontrer tous les jours que nous devons avoir une politique étrangère et de sécurité commune. Le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui n'est pas moins dangereux que celui dans lequel nous vivions avant que ne disparaisse le rideau de fer. Il est peut-être maintenant encore plus dangereux parce qu'il est imprévisible.
Q. : Au moment de Maastricht, on défendait une Europe plus optimiste, plus enthousiaste. Aujourd'hui, vous parlez de protection et de sécurité, c'est un tout autre langage…
R. : Ce référendum, comme tout référendum, était une procédure binaire, c'était oui ou non. Et au fond de chaque Français, il y avait un peu de oui et un peu de non. Beaucoup de gens se sont posé la question, certains ont hésité longtemps, d'autres se sont décidés plus vite. Mais chacun comprenait bien qu'il y avait des raisons de voter oui et des raisons également de voter non.
Là, ce n'est pas un référendum. C'est une élection au Parlement européen. Donc désigner des femmes et des hommes qui vont représenter les citoyens do notre pays dans l'Assemblée européenne pendant cinq ans. Il s'agit d'adopter un projet européen pour les cinq années à venir. Ce n'est pas la procédure binaire et un peu manichéenne du référendum. Ce référendum a laissé beaucoup de mauvais souvenirs ; beaucoup de considérations de politique intérieure s'y étaient mêlées, L. jeu politique était devenu d'une complexité et parfois d'une perversité qui a laissé un goût amer à beaucoup de gens. Voilà pourquoi d'ailleurs certains s'acharnent à réveiller le souvenir de cette période.
Q. : Quels sont les thèmes que vous voulez développer durant cette campagne ?
R. : La défense des intérêts de la France en Europe et la défense des intérêts de l'Europe dans le monde. Et pour que les intérêts de l'Europe dans le monde soient défendus, il faut que l'Europe soit forte. Je prendrai pour exemple les négociations du Gatt. Au mois de septembre et au mois d'octobre, la France paraissait isolée.
Le gouvernement, le premier ministre, le ministre des Affaires étrangères, le ministre des Affaires européennes ont réussi au mois d'octobre à reconstituer une solidarité européenne. L'Europe a fait bloc, à la grande surprise des Américains qui jouaient de nos divisions, des concurrences, du manque de solidarité. L'Europe a été un multiplicateur de puissance.
Q. : L'Europe n'est-elle pas menacée par un nouveau phénomène, le populisme ?
R. : Il y a une tentative d'exploitation de cette désillusion à l'égard de l'Europe. Elle est conduite par ceux qui ont toujours été réfractaires à l'idée européenne et qui se sont jetés sur l'aubaine que constitue cette période de flottement où se superposent la crise, les difficultés, le chômage, la guerre à nos portes, pour essayer d'en faire porter à l'Europe toutes la responsabilité, alors qu'en réalité, c'est l'inachèvement de la construction européenne qui en est largement responsable.
Q. : Beaucoup de listes axent leurs discours autour des peurs que l'Europe inspire. Comment pouvez-vous répondre à ces angoisses ?
R. : Il est toujours plus facile de susciter les peurs et de les exploiter, plutôt que d'essayer de faire renaître l'espoir. A Toulouse, nous avons chaque jour sous les yeux la réussite de l'Europe. Allemands, Britanniques, Espagnols, Français. travaillent ensemble sur des programmes industriels ou scientifiques qui seraient trop complexes ou trop onéreux pour qu'une seule nation puisse les engager à elle toute seule. Cette conjonction des savoir-faire et des potentiels techniques et humains a permis à l'Europe de prendre, en vingt ans, le tiers du marché mondial des avions de transport civil. Ce n'est pas seulement une affaire toulousaine : l'aéronautique, en France, c'est 400 000 emplois ; et 2 millions d'emplois en Europe. Voilà un exemple de réussite exceptionnelle qui aurait été Impensable sans la coopération industrielle entre les pays européens, mais que nous devons détendre avec la plus grande énergie face à une très violente offensive américaine.
Q. : Vous êtes l'une des rares tôles de listes à bien connaître le fonctionnement de l'Europe, puisque vous avez siégé à Strasbourg…
R. : Durant quatre ans.
Q. : Qu'est-ce qui mériterait un remodelage dans les institutions européennes ?
R. : Le Parlement européen doit travailler beaucoup plus en relation avec les Parlements nationaux. Il y a trop d'ignorance et d'Indifférence mutuelle qui introduisent beaucoup de malentendus et de distorsions. Il faut établir une relation beaucoup plus directe entre les Parlements nationaux et le Parlement européen. Ce que l'on appelle le déficit démocratique en Europe est réel. Les citoyens ont le sentiment que, d'une façon ou d'une autre, ils ont entre les mains une part du destin de leur commune, de leur département, de leur région ou de leur pays. En revanche, dans l'édifice politique et administratif d'une nation, qui est d'ailleurs un édifice particulièrement étagé, on a le sentiment que l'étage européen est tout à fait en haut de la tour et qu'il est inaccessible. Ou qu'il n'est accessible qu'à ceux qui disposent d'un code qui leur permet d'entrer : les hauts fonctionnaires, les hommes politiques, quelques observateurs ou quelques chefs d'entreprise, mais pas les citoyens. C'est aussi une des raisons de frustration : l'Europe est de plus en plus présente dans notre avenir et dans notre présent, et, en même temps les gens ont le sentiment qu'ils n'ont pas prise sur elle. Il faut donc une relation de plus grande proximité entre l'Europe et les citoyens. Il faut également que le rôle d'impulsion, d'orientation politique du conseil des chefs d'Etat et de gouvernement, soit plus clairement reconnu et affirmé. C'est ce qui figure dans le projet commun UDF-RPR. Nous devons envisager l'élection par ce conseil des chefs d'Etal et de gouvernement d'une personnalité qui soit, notamment vis-à-vis de l'extérieur, l'incarnation de l'Union européenne.
Q. : Comment avez-vous réagi aux propos de certains membres du PR après votre nomination ?
R. : Sans grande surprise. Dès qu'il y a un élément nouveau et un peu inattendu dans la vie publique, cela provoque toujours un peu de trouble et d'effervescence. C'est inévitable. Par ailleurs, le monde médiatique est ainsi fait que l'on reprend et on répercute plus volontiers les propos négatifs que les propos positifs ou les encouragements. Il y a tout de même eu plus d'encouragements que de réserves ! Pour certains médias, le résultat était une surprise.
Qu'il y ait une amertume, je le comprends. Lorsque l'on on soutient un candidat, on vit toujours mal le fait qu'il n'ait pas été retenu, d'autant que Jean-François Deniau est un homme qui a d'immenses qualités. Si je n'avais pas été désigné, ce sont mes amis qui en auraient éprouvé de la tristesse ou de l'amertume. C'est humain et c'est logique, il n'y a pas lieu de s'en étonner ou de dramatiser les choses.
Q. : Au-delà de cette surprise, certains membres du RPR risquent d'être avares de leur soutien.
R. : Non, je suis convaincu que les deux formations de la majorité vont soutenir et participer activement à la campagne. Tous les dirigeants me l'ont affirmé. De même que le premier ministre m'a assuré du soutien du gouvernement.
Q. : Que pensez-vous de l'« autre liste » de la majorité celle de Philippe de Villiers ?
R. : Ce n'est pas une autre liste de la majorité, c'est une liste dissidente dont l'approche est violemment antieuropéenne, radicalement différente de la politique conduite par le gouvernement et soutenue par la majorité. Il y a une seule liste de la majorité, et vous verrez que dans les jours qui viennent, ce fait se trouvera confirmé par l'ensemble des responsables politiques.
Toute autre liste est une entreprise de division qui combat la majorité, qui cherche à l'affaiblir. J'ajoute que notre liste est ouverte aux sensibilités différentes qui co-existent au sein de la majorité, c'est une liste d'union. Ce qui est intéressant, c'est que, finalement, on va voir dans cette élection, sur une série d'autres listes, des candidats qui auront tous voté oui ou bien tous voté non au dernier référendum.
La seule liste qui sera ouverte à des gens qui ont voté oui et à des gens qui ont voté non, ce sera la nôtre. Celte liste sera le mieux à l'image de la France.
LE JOURNAL DU DIMANCHE : 8 mai 1994
Q. : Vous dites : Dans un siècle, tout le monde aura oublié nos médiocres querelles de partis, Mais le métro que j'ai construit à Toulouse, lui, continuera à Fonctionner. Européen convaincu, qu'avez-vous fait, concrètement pour l'Europe ?
R. : J'ai beaucoup milité pour l'Europe. Elle est à l'origine de mon premier engagement politique, à 18 ans, nous n'avions pas encore le droit de vote. Je suis parti à la découverte de l'Europe dans le cadre des accords de Gaulle-Adenauer, pas seulement en touriste, en militant de l'idée européenne.
Plus tard, quand j'ai été élu maire de Toulouse, après avoir été journaliste au Liban, j'ai renoué avec l'Europe. Une Europe plus pragmatique, plus tangible, avec l'aéronautique et le spatial, qui ont fait de ma ville un symbole de dynamisme et d'ambition européenne. Quand on gère une des villes les plus européennes de France, on travaille concrètement à la construction de l'Europe. J'ai défendu l'Europe aéronautique et spatiale durant quatre ans au Parlement européen.
Q. : Etes-vous toujours partisan de l'Europe fédérale ?
R. : Ce débat entre partisans de l'Europe fédérale, confédérale, et de l'Europe des nations est dépassé. Un vrai débat byzantin, comme ces évêques qui discutaient du sexe des anges pendant que Constantinople brûlait. L'Europe est assiégée par le chômage, la guerre est à nos portes, ne perdons pas de temps ni d'énergie dans ces débats stériles !
Nous devons bâtir une union sur un modèle qui n'a jamais existé. Pourquoi faire entrer la construction européenne dans des moules existants ? Par réalisme, attaché à mon pays et â la liberté de créer une architecture nouvelle, je ne vais pas me laisser enfermer dans des vieux tiroirs.
Q. : Après l'europtimisme des années 80, c'est l'europessimisme ?
R. : La crise prend une ampleur terrible. Ce n'est plus la prospérité, c'est la récession. Et la chute de l'empire communiste donne à beaucoup le sentiment qu'il n'y a plus de menace. Dès lors, pourquoi accepter des règles de vie commune forcément contraignantes ? Mais chaque jour, nous prenons davantage conscience que notre continent est aussi dangereux et peut-être même plus qu'avant : une sorte de volcan qui libère des torrents de haine.
Q. : Répétez-vous comme d'autres : « L'Europe est morte à Sarajevo » ?
R. : L'histoire de ce siècle a commencé à Sarajevo : un assassinat y a déclenché la Première Guerre mondiale. L'Europe était une poudrière, la mèche était à Sarajevo. Aujourd'hui, personne n'imagine que ce qui se passe là-bas peut jeter les Européens les uns contre les autres. Si l'Europe était morte à Sarajevo, nous serions tous en train de nous battre. Elle a permis au contraire, et même si ce n'est pas suffisant, à nos pays de ne pas être aspirés dans ce conflit.
Ce que l'on peut dire, c'est que l'Europe à Sarajevo, Gorazde et Vukovar, n'a pas été suffisamment entendue et respectée. Parce qu'elle n'a pas parlé d'une seule voix. Et parce que, quand une décision est prise, nous n'avons pas les moyens militaires de la faire respecter sur le terrain.
Q. : C'est l'OTAN qui agit ?
R. : Il faut construire le pilier européen de l'OTAN. Si un conflit semblable éclatait en Amérique latine, nous dirions aux Américains : « Débrouillez-vous ! »
Q. : Pendant la campagne pour la ratification du traité de l'Union européenne, les partisans du oui disaient : Maastricht, ce sont des emplois, c'est la paix…
R. : Je n'ai jamais fait ce genre de promesses. Face aux périls, je pensais qu'il fallait construire une politique extérieure et une politique de défense communes. Le traité d'union le prévoit mais en y allant peu à peu, pas à pas. Alors que la situation en Bosnie requiert d'avancer de toute urgence.
Je n'ai jamais dit que le traité allait faire des miracles. Mais, tout de même, l'Europe a créé des millions d'emplois. L'aéronautique, c'est deux millions d'emplois dont 400.000 en France. Si l'Europe n'avait pas créé cette industrie aéronautique, nous aurions 400.000 chômeurs de plus en France. Si l'Europe fait bloc dans les secteurs d'avenir : communication, bio-technologies, environnement, elle créera des millions d'emplois.
Q. : Vous faites de l'emploi le thème majeur de votre campagne. Etes-vous partisan, comme Michel Rocard, de l'Europe sociale ?
R. : Il faut une Europe sociale mais dix années de pouvoir du PS en France ont, je crois, révélé très clairement aux Français que les résultats d'une politique menée par les socialistes étaient malheureusement catastrophiques sur le plan social. La liste du PS veut faire à l'Europe ce qu'ils ont fait à la France. Comparons la France de 1981 et celle de 1993, la situation sociale est-elle meilleure ou aggravée ? Comme maire, j'ai observé sur le terrain la dégradation sociale de notre pays.
Q. : A voir votre liste, vous paraissez moins féministe que Michel Rocard ?
R. : Pas moins que lui. Je souhaite qu'il y ait beaucoup de femmes sur ma liste, mais, comme le président de la République l'a dit : le système des quotas a quelque chose d'humiliant. Les femmes qui seront sur ma liste le seront par leurs qualités.
Q. : Un autre UDF conduit une liste, êtes-vous partisan de l'exclusion de Philippe de Villiers de votre courant ?
R. : Je suis le candidat de l'union de la majorité. L'UDF et le RPR constituent et soutiennent ma liste. C'est donc la liste de toute la majorité rassemblée pour un projet européen. Je ne connais pas d'autres listes soutenues par la majorité.
Q. : Pas d'exclusion donc ?
R. : Ça n'intéresse personne. Il y a 10 listes. Si on ne parle que d'elles, on ne parle plus de l'essentiel.
Q. : Le Premier ministre vous soutient ?
R. : Il vient le 16 à Toulouse pour participer au premier meeting de la campagne.
Q. : Présidera-t-il votre comité de soutien ?
R. : Ce n'est pas son travail : il dirige le gouvernement. Mais il prend position clairement : il ne pouvait pas mieux le faire qu'en traversant la France pour venir me soutenir ici à Toulouse.
Q. : Est-ce que le RPR vous soutient sans réticence ?
R. : Sans réticence aucune.
Q. : Jean-Louis Debré revient pourtant au nom du RPR sur l'accord qui prévoyait que les élus de votre liste siégeraient ensemble au groupe (démocrate-chrétien) du PPE à Strasbourg.
R. : Non, il dit qu'il n'est pas d'accord avec un mot qui figure dans la charte d'Athènes. Mais tout a évolué depuis. Quand, après l'élection, les groupes se formeront, ils le feront comme toujours autour d'une « profession de foi ». On recherchera un accord sur un texte de synthèse.
Au Parlement européen, si les Français sont éparpillés, ils gagnent en influence mais ils perdent en puissance. Je l'ai vu, de 1984 à 1988 lorsque j'étais déjà député européen et je souhaite que nous soyons le plus efficace possible pour défendre les intérêts de la France.
Q. : Après Berlusconi, votre candidature ainsi que celle de Tapie, est-ce la victoire de la télé-politique ?
R. : Je n'ai jamais été propriétaire ou actionnaire d'une chaine de télévision. J'ai été salarié du service public. Comme reporter, comme présentateur. Je n'ai pas fait partie de ceux qui donnent des ordres dans leur bureau derrière leur cigare.
Q. : Réponse un peu populiste ?
R. : Bon, alors retirez le cigare.