Texte intégral
La Tribune : Quelle attitude votre groupe adoptera-t-il aujourd’hui lors du vote définitif sur le projet de loi contre les exclusions ?
Philippe Douste-Blazy : Le groupe UDF-Alliance s’abstiendra, pour une raison simple : si nous refusons une société qui ne tend pas la main aux exclus, nous croyons que les plus démunis doivent avant tout conserver leur dignité. Il faut leur proposer la seule insertion qui vaille : le travail. Or sur ce point ce texte est en recul par rapport au projet de loi présenté par le précédent gouvernement.
La Tribune : Par ce biais, ne cherchez-vous pas aussi à affirmer une identité centriste au sein de l’opposition ?
Philippe Douste-Blazy : Il ne faut pas chercher à fait de la politique politicienne sur un problème aussi grave que celui de l’exclusion. Ne comptez pas sur moi pour cela.
La Tribune : Est-ce à dire qu’à l’avenir votre groupe choisira de ne pas s’opposer systématiquement aux projets de loi du Gouvernement ?
Philippe Douste-Blazy : J’ai toujours dit que l’opposition systématique était sans issue. Le groupe UDF-Alliance se veut l’incarnation d’une opposition moderne, généreuse et constructive. Si la majorité accepte des amendements que nous proposons permettant à un texte de s’améliorer à nos yeux, il est possible que nous le votions. Mais nous ne voterons que des textes sur lesquels nous jugerons avoir obtenu gain de cause.
La Tribune : Que jugez-vous positif dans ce projet de loi ?
Philippe Douste-Blazy : Je me félicite que nos propositions en matière de logement social et de surendettement aient été reprises par le Gouvernement.
La Tribune : À l’inverse, quelles propositions vous semblent aller dans le mauvais sens ?
Philippe Douste-Blazy : Une fois encore, le Gouvernement fait le choix de l’assistanat contre la responsabilisation et la véritable intégration sociale. Par ailleurs, pour être efficace, la lutte contre l’exclusion doit se faire au plus près des publics concernés. Or ce projet de loi s’inscrit dans une logique trop étatique et centralisée. Les acteurs de terrain sont quasiment ignorés. Ainsi les associations intermédiaires, maillons essentiels de la lutte contre l’exclusion, sont fragilisées et contrariées dans leur action. Le rôle de la famille, dans la prévention initiale de l’exclusion, est oublié. En outre, le financement de ce texte reste flou et non garanti pour l’avenir. La comparaison avec les sommes engagées pour les emplois-jeunes (35 milliards de francs pour 350 000 emplois-jeunes) ou les 35 heures (7 milliards en 1999) témoignent que l’exclusion (12 milliards de francs en moyenne) n’est pas la priorité du Gouvernement. Je souhaite un jour voir ce texte nettement amélioré et complété. Il faudra bien par exemple lui ajouter un vote aujourd’hui totalement absent sur l’activation des revenus minimum.