Interviews de M. Laurent Fabius, député PS, dans "Le Nouvel observateur" du 1er septembre 1994 et à RTL les 5 et 12, sur la popularité et la politique de M. Balladur, notamment en matière d'emploi ("La France aura perdu 2 ans"), sur la "candidature impérieuse" de Jacques Delors et la nouvelle stratégie du PS, sur la privatisation de Renault et sur l'affaire du sang contaminé.

Prononcé le 1er septembre 1994

Intervenant(s) : 

Média : Le Nouvel Observateur - RTL

Texte intégral

LE NOUVEL OBSERVATEUR : 1er septembre 1994 

Le Nouvel Observateur : Quand les socialistes doivent-ils désigner leur candidat à la présidentielle, et selon quelle procédure ?

Laurent Fabius : Nous n'avons aucune raison de nous presser. Une désignation au début de l'an prochain serait raisonnable. Je suis d'ailleurs d'avis de soutenir notre candidat sur la base d'un contrat plutôt que de le désigner d'une façon étroite. Mais il y a plus important que la procédure : je pense que la gauche peut parfaitement gagner cette élection. Non seulement parce que la droite va se diviser - elle a commencé -, mais parce que le prochain président, dont je souhaite qu'il exerce un mandat de cinq ans rééquilibré dans le sens parlementaire, affrontera trois problèmes majeurs, dont aucun ne peut recevoir de solution positive avec une approche néolibérale : le renforcement de l'Europe ou sa dilution dans un élargissement fourre-tout ; une stratégie beaucoup plus active de l'emploi ou bien l'acceptation de l'exclusion ; la démolition de la protection sociale ou sa défense, laquelle suppose notamment une politique familiale différenciée, une réforme de notre politique de santé et de nos prélèvements obligatoires. Si l'élection présidentielle, comme elle le doit, porte là-dessus, nous pouvons l'emporter.

N. O. : Jacques Delors est-il un candidat incontournable ? Y a-t-il à gauche d'autres candidats possibles ? Si oui, qui ?

L. Fabius : Des volontaires, qu'ils soient circonstanciels, perpétuels ou résiduels, il y en a certainement plusieurs. Leurs qualités ne sont pas en cause. Seulement, une des différences entre Delors et eux, c'est que lui a une bonne chance d'être élu. Cette différence est énorme. Voilà pourquoi - même s'il n'est pas demandeur - Jacques Delors a ce que j'appellerai un devoir impérieux de candidature. Cela dit, nous n'allons pas jouer tous les jours pendant six mois au petit jeu stérile du « sera, sera pas ». Ma conviction sur la bonne solution est faite. Jacques Delors s'exprimera le moment venu. Je m'en suis directement ouvert à lui il y a déjà plusieurs mois.

N. O. : Doit-il y avoir une majorité et une minorité au sein du PS lors de son prochain congrès, ou bien faut-il réaliser une synthèse générale ?

L. Fabius : j'ai appuyé l'élection d'Henri Emmanuelli parce qu'il me parait capable d'aider le PS à sortir de sa faiblesse. Dans cette tâche, il a besoin d'une majorité qui l'épaule vraiment. Vraiment, cela veut dire sans que coexistent des phrases aimables à la bouche et des peaux de banane dépassant des poches. Une ligne claire, une stratégie offensive, une équipe unie : voilà mon approche du congrès, pour laquelle je soutiens le premier secrétaire.

N. O. : Au début de l'année, vous vous étiez opposé à Henri Emmanuelli, qui réclamait l'instauration de la semaine de 35 heures sans réduction de salaire. Avez-vous changé d'avis ?

L. Fabius : Cette affaire des 35 heures, c'est l'exemple même du débat mal conduit. Il existe sur ce sujet deux positions extrêmes qu'on entend souvent. Elles sont aussi fausses l'une que l'autre. Pour certains, le mouvement historique de réduction de la durée individuelle du travail, qui a commencé au XIX' siècle, va soudain s'arrêter. Pourquoi s'arrêterait-il précisément au moment où les progrès de productivité sont fulgurants ? Le mouvement au contraire va continuer, il faut l'organiser sans que cela porte détriment ni aux salariés ni aux entreprises : c'est une grande tâche des temps qui viennent. D'autres soutiennent qu'on pourrait immédiatement et uniformément diminuer fortement la durée du travail tout en maintenant chaque salaire. Ceux-là n'ont visiblement pas compris le fonctionnement des entreprises en économie ouverte. La vérité, c'est qu'il va falloir réduire progressivement et aménager la durée individuelle du travail sans déflation salariale. Plus largement, c'est la question majeure de la réorganisation du temps dans notre société qui est posée, avec ses conséquences sur la vie urbaine, la vie scolaire, les loisirs, les rapports sociaux. Voilà le choix politique, le choix de société qui est devant nous. Emmanuelli et moi, nous en sommes bien d'accord.

N. O. : Le PS a déclaré que la lutte contre la privatisation de Renault serait un « objectif prioritaire » de la rentrée Êtes-vous d'accord ?

L. Fabius : La question principale qui se pose à Renault, c'est celle de sa stratégie industrielle. L'accord avec Volvo a capoté. Dans l'univers des géants automobiles du XXIe siècle, Renault ne pourra pas avancer seul. Où seront ses partenaires, qui contrôlera qui, quelles en seront les conséquences pour les salariés ? Voilà l'interrogation majeure. On ne peut pas y répondre en disant : « Privatisons, on verra ensuite. » La démarche actuelle du gouvernement, même s'il semble l'avoir récemment infléchie, est purement budgétaire. Il a besoin de cash avant les élections, alors il souhaite vendre Renault, du moins en partie. Cela s'appelle de la cavalerie.

N. O. : Pensez-vous que la justice soit allée trop loin en relançant l'affaire du sang contaminé ?

L. Fabius : Elle a cherché à faire son travail. Dix ans après les événements, dans un domaine où les douleurs et les passions demeurent à vif, c'est très difficile. Et puis existe actuellement une dérive médiatique de la justice qui ne simplifie pas les problèmes.

N. O. : Avez-vous le sentiment d'être victime d'une injustice ?

L. Fabius : Pour vous répondre, il faut partir des faits. S'agissant des hémophiles et de la diffusion par le CNTS de produits sanguins contaminés, je n'ai pour ma part jamais, strictement jamais, été saisi de cette question. Je ne vois pas d'ailleurs comment ni pourquoi le Premier ministre aurait pu en connaître. Concernant l'autre aspect, la décision de rendre systématique le test de dépistage du sida, deux données sont claires, et il faut les rappeler. La première, c'est qu'à l'époque les spécialistes eux-mêmes étaient en désaccord sur le sida, sur sa gravité, sur ses origines, sur son ampleur, beaucoup soutenant même que la séropositivité protégeait de la maladie. La deuxième donnée, c'est que la France a été néanmoins un des tout premiers pays du monde à décider le dépistage systématique, et que si elle l'a fait, c'est notamment que j'ai agi personnellement en ce sens. D'ailleurs pas un professionnel de la santé, pas un commentateur à l'époque n'a critiqué la décision, sauf certains qui l'ont jugée… trop rapide.

Sur la base de ces faits, je ne pouvais évidemment imaginer être judiciairement mêlé à ce drame, ayant été un des rares hommes de gouvernement dans le monde à agir positivement et rapidement. Puis la politique s'en est mêlée, en France seulement. Un amalgame a été opéré. J'ai été mis en cause. Une procédure a été déclenchée. Dans le système français, vous savez qu'on ne peut avoir accès au dossier judiciaire sans mise en examen. Il est donc vraisemblable qu'elle aura lieu en septembre, Eh bien, il faut aller au bout de la démarche et, aussi pénible que cela soit sur le plan personnel, s'expliquer dans une instruction. Je n'ai strictement rien à cacher, au contraire. J'ai agi comme je le devais.

N. O. : Comment expliquer la popularité persistante d'Edouard Balladur ? Est-elle seulement imputable à ses talents de communicateur ?

L. Fabius : Au moment où il a été nommé, on attendait d'Edouard Balladur qu'il prit à bras le corps le problème de l'emploi et qu'il évitât l'électoralisme, Résultat ? Il devait s'occuper d'économie : elle est languissante. Il ne devait pas s'occuper de propagande : elle est florissante. « Premier ministre-candidat » : tout s'explique par là. Enlevez les mises en scène, les complaisances télévisées et quelques actions ponctuelles, regardez les faits : la France, je vous l'ai indiqué, aura perdu deux ans. Ce message qu'on n'entend pas aujourd'hui, il faut le marteler. Parce qu'il est vrai. Et parce qu'il laisse augurer de ce que serait, sans les garde-fous de la cohabitation cette fois, un septennat conservateur. Seulement la gauche ne le dit pas avec assez de netteté, et la « vice-présidence » balladurienne brouille les cartes.

Sur le plan économique, la reprise est limitée. Structurellement, elle ne résoudra rien. On ment aux Français lorsqu'on leur laisse croire que leur avenir, s'agissant de l'emploi, dépend de 1 % de taux d'intérêt en moins ou de 1 % de croissance en plus. La difficulté est d'une autre ampleur ! Pour la première fois, voilà que nous nous trouvons en compétition farouche et universelle avec des pays cumulant hautes technologies et bas salaires. Comment progresser, comment résister ? Si l'on suit la pente actuelle, on se retrouvera dans quelques années avec d'un côté de grandes entreprises présumées françaises dégageant des résultats financiers satisfaisants sur la base d'une stratégie mondiale, et de l'autre côté, sur notre sol même, un nombre croissant de chômeurs et d'exclus. C'est cette contradiction explosive socialement, culturellement, économiquement, démocratiquement qu'il faut lever. Un tandem Balladur-Pasqua pour diviser la France sept années de plus et pour entrer dans le XXIe siècle : voilà l'idéal qu'on propose à notre démocratie ! Ce n'est en tout cas pas le mien.


RTL : Lundi 5 septembre 1994

Q. : Comment le PS compte redevenir crédible aux yeux de l'opinion, quelle plate-forme, quels alliés, quel chef ?

L. FABIUS : Le patron du PS est H. EMMANUELLI, nous n'allons pas le remettre en cause, nous allons le soutenir, c'est une affaire claire. En ce qui concerne la ligne générale, il faut que les choses redeviennent normales, que le PS retrouve la gauche et que la droite retrouve ses divisions. C'est comme ça que ça doit se passer. Il faut que le PS soit unit, et il faut qu'il développe ses propres propositions autour des valeurs qui sont les siennes : les valeurs de justice, de laïcité et de solidarité.

Q. : On a l'impression que ce qui remplace le programme du PS c'est : « plein feu sur E. BALLADUR ».

L. FABIUS : Ça le complète.

Q. : Le gouvernement d'E. BALLADUR, c'est deux ans perdu ?

L. FABIUS : Deux années de trompe-l'œil, mais de trompe-l'œil magistral, il faut le reconnaître. Un ou deux exemples : en matière économique, la situation est en train de s'améliorer, ça ne veut pas dire que le chômage va baisser, mais la croissance va repartir. Elle repart parce que l'environnement international est meilleur, parce que les entreprises font du restockage, et parce qu'il va y avoir un peu plus d'investissements. Il faut reconnaître que le gouvernement a commis l'erreur de brider la consommation et de dire que les choses allaient repartir, alors que ce n'est pas suffisant pour régler le problème de l'emploi. La présentation qui nous est faite c'est : « bravo à ce gouvernement qui va nous sortir définitivement de la crise ». Ça n'est pas le cas. JM. COLOMBANI considère qu'il y a le projet de J. CHIRAC et celui de E. BALLADUR. Je ne suis pas d'accord : il y a deux variantes d'une même approche néo-libérale que je combats parce qu'elle est incapable de combattre les problèmes de la France des années 2000-2005. On a besoin de changer la donne, et ce n'est pas une politique de laisser-aller accompagnée d'une magistrale gestion des médias qui permettra de nous en sortir.

Q. : Vous vous sentez bien dans un PS qui met cap à gauche ?

L. FABIUS : C'est normal que le PS soit à gauche, mais pas une gauche irresponsable, excessive, qui a le couteau entre les dents. Il faut que cette gauche soit tolérante, qu'elle sache être fidèle à ses racines et comprendre le monde moderne. Être à gauche ne veut pas dire s'interdire des soutiens. C'est d'abord être de ceux-là, hommes et femmes, qui pensent qu'il faut plus de justice dans le monde dans lequel nous sommes.

Q. : C'est la ligne que défendrait J. DELORS s'il était candidat du PS ?

L. FABIUS : Chacun a sa personnalité, mais J. DELORS est un membre du PS, c'est quelqu'un qui a une vision de la France et de l'Europe et ce sont ces thèmes-là qui doivent prévaloir dans les mois qui viennent. On parle de l'élection, mais je voudrais aller au fond, comment appréhender les grands problèmes, ceux de la France dans les dix années qui viennent : la question européenne, la question de l'emploi, la question de la protection sociale et sur ces trois questions, il y a une approche de la gauche qui n'est pas une approche fermée, mais qui est une approche qui permet de s'en sortir. L'une des différences entre E. BALLADUR, J. CHIRAC et la gauche, c'est qu'ils estiment qu'on améliorera l'emploi en effritant la protection sociale, je pense que c'est une erreur complète. Aux États-Unis, le Président CLINTON est en train de rechercher une amélioration de la protection sociale puisqu'il s'est aperçu qu'on ne peut pas bâtir une prospérité durable et un refus de l'exclusion, sur une protection sociale faible, et lit-dessus la gauche doit savoir développer ses propositions.

Q. : La nomination d'E. CRESSON comme Commissaire est une bonne chose ?

L. FABIUS : Oui ! Mais sur l'Europe on a commis l'erreur de l'élargir sans avoir défini les institutions. Ma crainte est qu'on aille vers une dilution de l'idée européenne dans une zone de libre-échange, de terrain vague, alors que je plaide pour une identité européenne forte où la France ait toute sa place. Pour E. CRESSON, c'est une bonne chose d'avoir respecté le principe de nomination d'un proche de la majorité et d'un autre proche de l'opposition. Madame E. CRESSON est une femme de caractère, convaincue des vertus de l'Europe, et le fait qu'elle ait été Premier ministre est plutôt un avantage parce qu'elle sera d'autant plus respectée, et la France avec.


RTL : Lundi 12 septembre 1994

Q. : Vos réactions à l'intervention d'E. BALLADUR hier. Réduire le chômage à 2 millions en sept ans, c'est possible ?

R. :C'est d'abord la prestation d'ensemble d'E. BALLADUR qui m'a intéressée, comme une espèce d'entomologiste que je suis, qui regarde avec maintenant un peu d'expérience -puisque cela fait un an et demi que M. BALLADUR est là - sa méthode, et j'aboutis à la conclusion que le gouverner balladurien, cela ne consiste pas à résoudre les problèmes sur le fond mais à essayer d'annuler les conséquences de ses propres erreurs. J'ai deux ou trois exemples. La grande affaire qui a marqué le début du gouvernement Balladur, c'était l'affaire de l'aggravation de la loi Falloux. E. BALLADUR propose d'aggraver la loi Falloux Un million de personnes se mettent dans la rue pour dire que c'est inacceptable. Moyennant quoi, il renonce à ce qu'il proposait, tout le monde dit « Bravo l'artiste ! ». Après, le CIP - le sous-SMIC pour les jeunes - il le propose. Évidemment, c'est une mauvaise mesure. Grand émoi, il le retire, on dit « c'est superbe ! » Enfin, E. BALLADUR commet une erreur de diagnostic formidable au début de son gouvernement en creusant le déficit de la consommation, en ponctionnant des revenus sur les ménages, moyennant quoi il aggrave la crise, il fait un tête-à-queue, on dit « bravo ! ». Enfin, hier, il y a eu depuis un an et demi qu'il gouverne, une augmentation dramatique du RMI, et donc E. BALLADUR essaie d'annuler les conséquences de ses propres décisions.

Q. : Cela fait partie de sa tactique. Il faut se concerter et, si on fait une erreur, mieux vaut reculer.

R. : Cela présente deux graves inconvénients. Je considère que gouverner consiste tout de mémo à essayer de résoudre les problèmes et non pas d'annuler ses propres erreurs, et deuxièmement, cela ne garantit absolument rien pour la suite. Tous les exemples que j'ai cités, E. BALLADUR peut revenir là-dessus. On a parlé hier de la privatisation de Renault. Là-encore, E. BALLADUR propose de vendre Renault. Grand émoi. Il revient là-dessus. Personne ne dit que, après les élections présidentielles, si jamais c'est la même orientation qui est confirmée, on ne recommencera pas. C'est un gouvernement du point mort avec beaucoup d'habileté.

Q. : Sur le chômage, les deux mesures envisagées, est-ce que vous les trouvez mauvaises ou bonnes ? Sont-elles de nature à résoudre le problème du chômage sur le fond ?

R. : Certainement pas. La question du chômage est une question beaucoup plus grave que ce qu'on dit. La question de fond - on n'a pas le temps d'y consacrer ce qu'il faudrait - c'est que, pour la première fois dans l'histoire du monde, nous sommes en concurrence avec des pays qui à la fois ont une haute technologie et des bas salaires. Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde complet qui implique des mesures profondes. La mesure sur le RMI va permettre, alors qu'il y avait eu une augmentation dramatique des RMI, de revenir un peu là-dessus. Quant à la mesure de douceur fiscale à l'égard des personnes qui ont des employés de maison, je ne crois pas que ce soit de nature à résoudre le problème du chômage en France.

Q. : On ne peut les écarter d'un revers de la main.

R. : Bien sûr que non. Mais elles auront probablement des effets statistiques.

Q. : Une concertation annuelle avec les syndicats, une « grand-messe » comme dit M. BLONDEL, cela vous paraît nécessaire ?

R. : Si c'est autre chose qu'une grand-messe, oui. J'ai proposé dans ma région, cela devrait être fait partout, que, chaque année, les patrons, les syndicats, les pouvoirs publics se rencontrent pour faire le point sur les besoins en termes de main-d'œuvre, sur ce qu'il faudrait faire en matière de formation mais, en général, dans les régions, ce n'est pas fait. Au niveau national, cela peut être utile à condition que ce soit autre chose qu'une grand-messe, que ce soit des choses concrètes. Tout ce qui est concertation est positif.

Q. : Quand le Président dit que la reprise vient de l'extérieur et que E. BALLLADUR répond que les gouvernements ne serviraient à rien, vous pensez aussi comme le Président ?

R. : Non, les gouvernements peuvent servir à quelque chose mais regardez la séquence qui a lieu depuis un an et demi. Au début, il y avait des difficultés considérables du fait d'une faiblesse de consommation des ménages. Le gouvernement a fait à mon avis une erreur de diagnostic, il a ponctionné la consommation et cela a aggravé la crise. Après, il a fait un tête-à-queue et, aujourd'hui, c'est vrai qu'il y a une reprise internationale qui permet d'avoir de meilleurs chiffres et je pense qu'il y aura une croissance un peu plus forte l'année prochaine mais cela ne sera pas de nature à résoudre la question de l'emploi.

Q. : Quand F. MITTERRAND parle d'une tendance du Premier ministre à la personnalisation, est-ce que vous pensez qu'il y a une tendance à la personnalisation ? Est-ce que E. BALLADUR en fait trop ?

R. : C'est un peu la règle du jeu quand un Premier ministre veut être candidat à l'élection présidentielle et qu'on est à quelques mois de l'élection. C'est difficile pour lui de faire autrement mais il y a - je suis toujours frappé par ça -une espèce d'habilité, une componction souriante qui peut impressionner.

Q. : Est-ce que les révélations de P. PEAN vous ont surprises, l'amitié qui a résisté avec R. BOUSQUET ?

R. : Je ne vais pas m'étendre là-dessus mais j'ai trouvé tout ça très triste.

Q. : Quoi ?

R. : L'ensemble. L'ensemble ?

Q. : C'est-à-dire ? Que l'amitié ait survécu ?

R. : Ce serait une longue conversation. Il y a beaucoup de choses que l'on savait sur F. MITTERRAND, sur sa jeunesse. On sait que c'est un homme qui a commencé à droite et qui est passé à gauche. Je maintiens que je préfère ce parcours-là à l'autre. En même temps, en ce qui concerne BOUSQUET, si ce qui est dit est exact, cela pose des problèmes sérieux.

Q. : Sur sa santé ?

R. : Je trouve les commentaires et les pronostics souvent déplacés, indélicats encore plus.

Q. : Mais impossibles à éviter ?

R. : Impossibles.