Texte intégral
Un feu de paille : ainsi les scoliastes et les scribes des temps modernes que sont les politologues et les éditorialistes avaient-ils cru pouvoir définir l'irruption du Front national sur la scène politique. Les années passant, on a pu voir à quel point ce jugement était erroné.
Le Front national n'appartient pas au règne de l'éphémère. Il n'est en aucune manière un épiphénomène surgit de l'ère du vide. Par-delà les clichés et les caricatures, les analyses superficielles et les procès d'intention, qui donc s'est interrogé avec sérieux sur les raisons profondes de sa naissance et de son épanouissement ? Peu de gens sans doute. Pourtant, l'examen attentif de sa genèse reflète une dimension transhistorique, dont la compréhension se révèle capitale à l'aube du nouveau millénaire.
Le Front national est né d'un réflexe naturel. Ce grand corps qu'est la nation a pris un jour conscience qu'il se trouvait menacé non seulement dans son existence mais aussi et surtout dans son essence. Les maladies dont souffre notre société, chômage, insécurité, immigration, fiscalisme, laxisme, déculturation, faillite de notre système d'enseignement, déracinement physique et moral, sont le produit de la gangrène qui ronge notre pays et se nomme esprit de décadence. Or les lois de la nature veulent que tout corps sain se sentant en danger génère des anticorps qui lui permettent de résister et de contre-attaquer.
Notre nation n'échappe pas à la règle. N'en déplaise aux tenants des conceptions mécanistes, la nation demeure bel et bien un grand ensemble organique. Le Front national est le fruit d'un regard lucide posé sur notre société. C'est pour cela que, dès son avènement, il n'a pas pris la forme d'un parti s'avançant dans l'arène précédé de son cortège de dogmes, mais qu'il a choisi d'apparaître comme un mouvement vers lequel convergeaient des hommes et des femmes de sensibilité différente, unis cependant sur l'essentiel, c'est-à-dire préoccupés avant tout du bien commun et de l'avenir de leur pays. Ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous divise. C'est notre capacité à tenir ce cap et à déjouer les manœuvres de division suscitées par nos adversaires qui les désarçonne et les plonge dans des abîmés de perplexité. L'essentiel prime l'accessoire À l'heure du plus grand péril, celui de notre disparition lente et insidieuse, fariboles et arguties sont impuissantes contre le surgissement de l'instinct de vie.
La conception que le Front national a de la politique n'est ni constructiviste, ni idéologique, ni rétrograde, ni moderniste. Elle est plus simple et plus saine. Elle se fonde d'abord sur le bon sens, le respect des traditions et l'observation attentive des lois de la vie.
Dès la plus haute Antiquité, des philosophes grecs n'eurent de cesse de flétrir « hybris » et « anomia », la démesure et le non-respect de l'ordre naturel du monde. Les lois de la Cité étant d'essence divine, c'est-à-dire étant en accord avec les lois de la nature, l'homme raisonnable se devait de les respecter. Cette vision humaniste est aussi celle de notre mouvement.
Or cette conception de l'homme et du monde empreinte de bon sens apparaît aujourd'hui comme une exception incongrue sur la scène politique. Et nous, nous sommes voués aux gémonies pour oser rappeler et clamer haut et fort que ce qui est bon pour la Cité doit être choisi et ce qui est mauvais rejeté. Respecter cette exigence de bon sens constitua de tout temps la règle d'or des gouvernements stables et prospères. Nous n'avons pas pour ambition de créer un hypothétique « homme nouveau », encore moins de fonder ici-bas un utopique paradis, lequel « du passé ferait table rase ». Toutes les expériences de ce genre, depuis deux siècles en particulier, se sont soldées par des échecs cinglants et sanglants. Notre siècle s'efface dans l'effritement des idéologies. Le temps se réduit à l'instant. Plus rien n'est pensé ni établi sur le long terme. Les modes se succèdent à une cadence accélérée. Être dans le vent équivaut à se montrer déboussolé, sans but et sans racines. C'est le règne tout-puissant de la bassesse et de la laideur, le triomphe de l'apparence et du clinquant, sans profondeur et sans vie.
Les modes apparaîtront bientôt pour ce qu'elles sont : des rêves sans consistance qui ont échoué devant le réel. Elles n'abusent plus que les snobs et les paumés. Les hommes et les femmes de notre fin de XXe siècle ne croient plus dans les slogans surannés qui agitèrent Mai-68. Ils sont en quête d'authentique et non de paradis artificiel. Et nombreux sont ceux qui se posent la question : en quoi croire aujourd'hui après tant de tentatives aussi ubuesques que criminelles ? Il semble que, dans un ultime sursaut, les idéologies moribondes s'efforcent de créer de toutes pièces un pâle succédané, le nouvel ordre mondial accommodé à la sauce des droits de l'homme. Face à cette société niveleuse, égalitariste et grise, les nations se réveillent. L'apparition du Front national sur la scène politique européenne a sonné l'heure du redressement. Partout, les sentiments identitaires se manifestent, consacrant la volonté des peuples de reprendre en main leur destinée. Là se situe le cœur du débat. D'un côté, le mondialisme. De l'autre, l'identité nationale. Il n'y aura bientôt plus de place pour les compromis et les faux-semblants. Nos compatriotes devront se déterminer sur des clivages simples, qui auront le mérite de la clarté.
À l'aube du troisième millénaire, le Front national apparaît comme le porteur des prémices d'une possible et nécessaire renaissance. Réaction saine d'un corps affaibli, il se révèle comme une certaine manière de voir le monde dans sa réalité crue, dans sa globalité, sans fard, sans tabous, sans dogmes, ce que les nouveaux censeurs ne lui pardonnent guère. Il est aussi et surtout une manière de se comporter dans le monde. L'idéal vers lequel il tend est celui de l'honnête homme, nourri d'humanisme et pétri par une éducation aussi longue que notre mémoire, une « paidéia » au sens premier du terme. Cet homme n'est ni nouveau ni ancien. Il est d'aujourd'hui et de toujours. Notre honneur et notre raison d'être résident en une affirmation tranquille de notre destin. Voilà pourquoi nous sommes fiers de notre héritage, de notre histoire qui remonte à la nuit des temps et que nous entendons les assumer fièrement, sans en renier la moindre parcelle et en en rejetant toute culpabilité, tout en maintenant intacte notre intégrité territoriale.
“Right or wrong, my country” : nous n'avons ni peur ni tabous et n'entendons pas nous en laisser dicter, à l'instar de nos lointains ancêtres qui ne craignaient somme toute qu'une chose, que le ciel ne leur tombe sur la tête. De notre aptitude à maintenir sans faiblir ce cap rigoureux dépendra notre capacité d'affronter les épreuves que nous réserve l'avenir. Notre destin est à ce prix. Sinon ce sera la mort lente, consacrée par notre disparition dans les entrailles de la machine à broyer les peuples.
Dieu merci, le feu de paille n'est pas près de s'éteindre.