Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
C'est un grand plaisir pour moi de vous accueillir ici, au nom du Gouvernement Français, pour célébrer le 75ème Anniversaire de la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
L'acte fondateur de la Fédération a été signé en France à l'Hôtel Régina, tout proche d'ici, et mon pays se devait de répondre positivement à la proposition de votre Président d'accueillir à nouveau les membres des sociétés nationales qui, il y a 75 ans, décidaient de s'unir pour alléger les souffrances humaines et contribuer ainsi au maintien de la paix dans le monde.
Lors de ce printemps 1919 où l'Europe sortait d'une guerre aux ravages sans précédent, les sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, dont le travail avait été exemplaire durant les combats, ont ressenti la nécessité de franchir un pas décisif dans l'entraide et la coopération. Les représentants des États réunis à Versailles pour tenter de bâtir sur des bases plus justes un ordre international de stabilité, en avaient eux-mêmes pris conscience puisqu'ils avaient inscrit, à l'article 25 du traité de Versailles, le projet d'encourager la coopération des organisations volontaires nationales de la Croix-Rouge.
Aujourd'hui, devant la recrudescence des conflits, des guerres, des massacres, cette entraide reste tout aussi nécessaire qu'il y a 75 ans. Elle est une condition du renforcement des sociétés nationales de la Croix Rouge et du Croissant Rouge.
Que de chemin parcouru en 75 ans.
Dans tous les conflits, grands et petits, qui ont malheureusement jalonné notre siècle, jetant sur les routes des millions de réfugiés, aussi bien qu'en temps de paix, l'action obstinée et courageuse des sociétés nationales a permis de soulager les douleurs individuelles, mais aussi de défendre les principes qui sont à la base de l'action humanitaire : humanité, impartialité, neutralité, indépendance, sans oublier ces corollaires : le volontariat, l'unité, l'universalité.
Ces principes, Mesdames et Messieurs les Présidents, vous avez su, depuis 75 ans, les maintenir et les faire partager, en sachant constamment vous adapter aux changements des situations.
Et cela, parce que les principes dont s'inspire l'action humanitaire du Gouvernement français sont très proches de ceux qui vous animent : privilégier l'efficacité dans la discrétion, préférer le respect de la dignité des victimes à la médiatisation de leurs souffrances.
Parmi les tâches que la Fédération Internationale s'est fixée, plusieurs rencontrent les préoccupations de la diplomatie française et du gouvernement dans son ensemble ; il y travaille, conjointement avec la Croix-Rouge française, interlocuteur privilégié du Gouvernement dans le domaine de la diffusion et de la promotion du droit international humanitaire. Le dynamisme et la vigueur des sociétés nationales constituent en effet la base de l'action de la Fédération, et la Croix-Rouge Française, dont l'action inspire le respect à tous les Français, est un ardent défenseur et un brillant avocat de votre cause.
Trois axes de travail devraient constituer notre priorité.
La diffusion du Droit Humanitaire tout d'abord. Il demeure mal connu et mal compris. Le Ministre délégué à l'Action Humanitaire et aux Droits de l'Homme, en accord avec le Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, envisage de renforcer l'étude de ce droit dans les enceintes universitaires par la création d'un doctorat de troisième cycle sur cette question qui souffre actuellement d'une certaine confusion. Cela pourrait être un premier pas vers la connaissance des textes, condition indispensable à leur respect.
Et je souhaite, au nom du Gouvernement et en mon nom personnel, vous en rendre hommage et exprimer notre soutien aux activités de la Fédération, ainsi qu'à celles du Mouvement international dont vous faites partie et qui, sur tous les terrains où il est intervenu, ont forcé l'admiration et le respect.
L'action humanitaire de l'État, à laquelle le ministère de la Santé participe très régulièrement, est une composante importante de la politique étrangère de la France. Elle ne saurait, bien entendu, se confondre avec votre action. Mais, sur le terrain, dans les quelques 70 États où elle est intervenue, je sais combien la collaboration entre les sociétés nationales de croix rouge et de croissant rouge et l'action humanitaire du Gouvernement Français a été fructueuse.
La protection des victimes doit également être notre priorité, la France sera toujours à vos côtés dans ce combat. Elle entend prendre une part active au processus amorcé lors de la Conférence sur la protection des victimes de la Guerre qui s'est tenue à Genève en août 1993. La réaffirmation par plus de 150 États des grands principes du droit humanitaire était en soi un succès. Il faut maintenant aller plus loin. Nous espérons que le groupe d'experts qui a été prévu à notre initiative pour superviser le suivi de cette Conférence jouera pleinement son rôle et proposera de nouvelles impulsions. La création d'un tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, par le Conseil de sécurité des Nations-Unies est une étape importante qu'il faut saluer et vous savez la part que mon pays a prise dans sa création.
Rappelons qu'en tête des atteintes au droit des gens qu'il a pour mission de sanctionner, figurent "les violations graves du droit humanitaire" et aux Conventions de Genève.
J'évoquerai enfin un des aspects de notre collaboration qui revêt aujourd'hui un caractère de particulière urgence : la lutte contre l'utilisation des mines anti-personnel. La Croix-Rouge française a été associée à toutes les étapes de cette négociation et a enrichi notre réflexion. Je n'entrerai pas dans le détail de la négociation juridique qui est actuellement en cours pour réglementer la prolifération des mines anti-personnel. Sachez cependant que le Gouvernement français partage votre indignation devant ces armes qui frappent essentiellement des civils et des enfants et que nous sommes sur la bonne voie pour en limiter l'usage. Un projet de protocole amendé, a été proposé par la France à un groupe d'experts qui doit l'examiner et nous souhaitons que la révision aboutisse dans le courant de l'année 1995.
Comme vous le voyez, la France ne s'est pas contentée de jouer un rôle historique dans la fondation de la Fédération des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, elle continue à entretenir des relations dynamiques et fructueuses avec l'ensemble des composantes du Mouvement international que nous tenons à considérer comme un tout. L'affirmation de l'unité de mouvement est, en effet, indispensable pour renforcer constamment la place des idéaux de la Croix-Rouge sur la scène internationale.
La Conférence internationale qui doit avoir lieu en 1995 en sera, j'en suis convaincu, une nouvelle manifestation.
Soyez assurés que la France vous accordera tout le soutien nécessaire pour que cette Conférence, fondamentale pour le bon fonctionnement des institutions que vous vous êtes données, puisse avoir lieu et joue un rôle moteur dans l'élaboration du Droit.
Je vous adresse donc au nom de tout le Gouvernement français et en mon nom personnel mes vœux chaleureux pour la célébration de ce 75ème anniversaire. Je salue la longue expérience de votre Fédération. Vous demeurez dans le domaine de la défense du droit et par votre action sur le terrain, une des principales références pour les très nombreux volontaires qui se lancent dans l'action humanitaire ; vous êtes aussi l'un des seuls espoirs pour les populations de plus en plus nombreuses héla, qui ont besoin de secours à travers le monde.
Pour le travail déjà accompli, et pour celui qui est encore devant nous, je voudrais vous adresser mes félicitations et mes encouragements.
Je vous remercie.