Texte intégral
Le Figaro : 10 mai 1994
Le Figaro : Vous avez gagné la bataille de « l'exception culturelle » : l'audiovisuel ne fait pas partie de l'accord de libre-échange du Gatt. Mais le cinéma français, à l'abri de son système protecteur, perd pied même en France. Parallèlement, jamais les professionnels n'ont semblé vivre aussi confortablement. Est-ce qu'un système de production qui permet largement de se passer de l'approbation du public n'est pas condamné ?
Jacques Toubon : Non, c'est exagéré ! Le cinéma, comme l'a dit le plus grand de mes prédécesseurs, c'est une industrie, mais c'est aussi un art. Et donc, tout système qui façonne la création cinématographique est au fond un bon système. Seul le nôtre permet aujourd'hui d'inventer et de promouvoir de nouveaux talents. Mais, pour le reste, il est tout à fait clair que nous ne sommes pas à l'abri.
L'exception culturelle, c'est une liberté. Une liberté de continuer à agir, en Europe, en France, et une liberté de s'adapter à l'évolution de l'économie, du cinéma et de l'audiovisuel. Rien de plus. Soit, comme nous le proposons avec Alain Carignon, nous utilisons cette liberté pour construire un système de soutien européen, et adapter la réglementation à l'évolution des techniques de diffusion. Soit nous continuons à subir le paradoxe de l'Europe : elle est un marché intérieur pour les Américains, et pas pour les Européens !
Soyons clairs : nous produisons et nous distribuons sans garantie de résultat. Cette année, la part du cinéma français dans les salles est tombée à 20 % du marché national ! En 1993, le succès des Visiteurs a été le baobab qui cachait la forêt.
Le Figaro : On a cependant l'impression que le débat sur l'exception culturelle a complètement enterré celui sur le fait que notre système produit de moins en moins de films qui rencontrent le goût du public.
Jacques Toubon : Non ! J'ai le sentiment au contraire, que depuis le début de l'année, la question est posée. Je n'ai jamais rencontré autant de gens conscients du problème. Malheureusement, on ne peut pas rencontrer le goût du public par décret… ni régler la création de la même manière ! Mais prenons un exemple : pour le système de l'avance sur recettes, la commission de Jeanne Moreau, l'année dernière, s'est toujours demandé quel serait l'accueil du public sur un scénario ou l'autre…
Le Figaro : C'est révolutionnaire…
Jacques Toubon : C'est un débat actuel. On sait que le système n'est pas parfait, mais soyons prudents ! Révolutionner le système de manière inconsidérée me paraîtrait dangereux et imprudent. Dans l'état actuel des choses, je préfère une réflexion lucide, un vrai dialogue dans la profession. C'est capital, car la majorité des Français veut conserver une fenêtre ouverte sur notre création. Dans d'autres pays, on s'en moque.
Le Figaro : Depuis votre arrivée, les sujets télévisés ayant une ambition culturelle ont-ils progressé sur les antennes du secteur public ?
Jacques Toubon : La réponse est non. Il est clair qu'il y a une sorte de facilité, de laisser-aller. Voyez par exemple le grand débat de la langue française. La télévision a ironisé sur le capital culturel majeur : notre langue. Aujourd'hui, à la télévision, faut-il simplement capter et diffuser les événements culturels ? Ou faut-il inventer un langage propre à la télévision, pour parler de culture ? Évidemment, « Lecture pour tous » ou « Le Magazine des arts », c'est terminé ! Les nouveaux dirigeants du service public vont-ils faire cette démarche créative ?
Le Figaro : Savez-vous ce qu'il y aura sur la chaîne du savoir ?
Jacques Toubon : Je ne crois pas que cette chaîne doive s'inscrire dans un format classique. Je pense qu'il conviendrait d'imaginer une grille d'émissions interactives. Je souhaiterais donc que cette chaîne soit faite par son public même. Et en particulier – puisque c'est une chaîne du savoir et de la connaissance – par les jeunes. On se rend compte que les jeunes ont une grande indifférence aux institutions culturelles. En revanche, ils ont une formidable demande ne matière d'art et de culture, mais ils voudraient pouvoir y répondre eux-mêmes. Cette chaîne devrait devenir le lieu d'expression des pratiques culturelles des téléspectateurs, des jeunes en particulier. C'est tout à fait possible. Mais quel pari !
Le Figaro : Et Jean-Marie Cavada (le président de cette nouvelle chaîne) est d'accord pour cela ?
Jacques Toubon : Je n'en sais rien. Je le rencontre prochainement.
Le Figaro : Le paradoxe, lorsque vous êtes arrivé, est qu'un ministre de la Culture émette des réserves sur Arte, la chaîne culturelle.
Jacques Toubon : Dans la mesure où ma politique est la démocratisation de la culture, c'est-à-dire le plus large public possible, je continue d'émettre ces réserves. Très peu de gens regardent cette chaîne, et l'exemple d'Arte me sert pour celui de la chaîne du savoir et de la connaissance. Il ne faut pas que sur cette nouvelle chaîne on proclame, comme sur Arte : voilà, messieurs-mesdames, à 8 h 30 du soir, vous aurez le grand film du grand cinéaste allemand des années 30…
Le Figaro : La chaîne de la connaissance, ça doit être de l'anti-Arte ?
Jacques Toubon : Non. Je ne dirais pas cela. La vraie question de la télévision, c'est la manière dont elle présente les choses… Peut-on aujourd'hui présenter en trois minutes en extrait d'un ballet ? La réponse est désormais non. À partir de là, une solution consiste à ne rien faire du tout. Il n'y a plus de magazine culturel, parce qu'on ne sait pas comment le faire. L'autre consiste à réfléchir à une alternative, et c'est ce que doit faire le service public. C'est son originalité par rapport aux chaînes commerciales.
Le Figaro : En ce qui concerne les grands travaux, vous êtes arrivé au mauvais moment. Les projets étaient mal préparés ou déjà bloqués…
Jacques Toubon : Il y avait trois grands dossiers. C'est à l'opéra que j'ai agi d'abord. Un grand coup de barre, étant entendu que l'Opéra est comme un pétrolier qui met longtemps à changer de route. J'ai ensuite confirmé la Bibliothèque nationale de France (BNF), l'affaire la plus importante pour l'avenir de la politique culturelle de notre pays. J'ai défini ce qui, jusque-là, était resté dans le flou. D'une part, le sort de la bibliothèque publique. De l'autre, le programme informatique. Enjeu extrêmement important qui n'est pas réglé sur le plan technique et commercial, mais qui l'est sur le plan de la conception, c'est quand même l'essentiel. J'ai également mis en place une équipe qui me paraît être la bonne pour l'ouverture, en décembre 1996. La BNF sera au XXIe siècle, par sa taille et son dynamise, le vaisseau amiral de notre politique culturelle. La troisième affaire s'est le Louvre et les Tuileries, bien engagés et bien menés.
Le Figaro : Enfin, vous fermez le Grand Palais, l'Opéra Garnier, la Comédie-Française et, en partie, le Centre Georges Pompidou…
Jacques Toubon : Il se trouve qu'ayant consacré l'ensemble des énergies et des moyens à faire du neuf, on a négligé avant moi un certain nombre d'éléments de notre patrimoine et de nos grandes institutions. Il s'agit effectivement de réparer, d'entretenir. C'est une action qui se tourne vers l'avenir. Au centre Pompidou, il ne s'agit pas simplement de faire en sorte que le Centre puisse continuer à accueillir ses 8 millions de visiteurs par an. Il s'agit aussi de lui permettre d'être à l'avant-garde au début du XXIe siècle, comme il l'a été dans les années 70. De la même façon, quand on travaille sur l'Opéra Garnier, c'est pour que l'Opéra national de Paris puisse mener son projet artistique avec les deux salles à partir de 1996-1997. C'est donc un nouveau projet. De même pour la Comédie-Française, le travail que l'on fait, on le fait aussi dans l'idée de voir la Comédie-Française retrouver une position, une place reconnue et identifiable.
Le Figaro : Vous allez pousser le projet de bibliothèque d'art, à la place de l'actuelle Bibliothèque nationale, rue Vivienne ?
Jacques Toubon : La décision a été confirmée par le gouvernement et nous allons très rapidement mettre en place un groupe de pilotage du projet.
Le Figaro : Quand doit être inaugurée cette bibliothèque ?
Jacques Toubon : Fin 1996, tout ce qui va à Tolbiac sera déménagé. À partir de 1997-1998, on y installera l'Institut de l'histoire d l'art et on redéploiera les collections artistiques de la Bibliothèque nationale. De l'Institut, quai Conti, jusqu'à la rue Vivienne, nous aurons un parcours qui sera matérialisé, une ville de l'art à l'intérieur de la ville. Peut-être un jour cela ira-t-il jusqu'à la Bourse.
Le Figaro : Les grands travaux, c'est en province maintenant ?
Jacques Toubon : À partir de 1996, puisque nous aurons donc une forte décroissance des crédits pour les grands travaux à Paris, nous lançons une vingtaine de grands projets régionaux. Dans une région ce sera plutôt la musique, dans une autre l'art contemporain, dans une troisième ce sera le théâtre… Nous voulons inscrire cela dans un programme quinquennal cohérent avec la politique d'aménagement du territoire. Cela implique une étroite collaboration avec les régions, les départements et les communes. Ces grands projets régions ne sont pas seulement les grands projets régionaux de l'État.
Le Figaro : Ils sont déjà définis ?
Jacques Toubon : Non. Nous sommes en train d'y travailler.
Le Figaro : Peut-on réussir dans un ministère aussi miné que celui de la Culture sans être un démagogue…
Jacques Toubon : La question, c'est : faut-il être menteur ou sincère ? Moi j'ai indiscutablement fait le pari de la sincérité.
Le Figaro : La loi sur le français soulève beaucoup d'ironie et pas mal de scepticisme. Les Français n'y croient plus ?
Jacques Toubon : Il y a d'abord beaucoup de fatalisme dans notre pays. Depuis le début des années 80, la volonté est en crise. Moi je crois que, si on veut, on peut. Ensuite, il y a un phénomène de surcommunication qui nous fait perdre de vue l'essentiel, au sens propre du mot. La langue fondement de la culture, de notre place dans le monde, ciment social, gage irremplaçable de l'intégration, comme cela n'apparaît pas immédiatement nécessaire, on ne se rend pas compte que c'est essentiel, comme l'air qu'on respire…
Sur nombre de sujets fondamentaux, d'ailleurs, nous adoptons une conception purement utilitariste. « À quoi ça sert ? », se demande-t-on, et l'on perd de vue l'essentiel.
Le Figaro : Légiférer sur le français en danger, n'est-ce pas reconnaître que nous n'avons plus confiance dans le rayonnement de notre culture ?
Jacques Toubon : Non, c'est exactement l'inverse ! C'est d'abord une affirmation de liberté. C'est dire : je ne veux pas voir le monde, le décrire, l'écrire d'une seule façon. Je veux plusieurs fenêtres, plusieurs lumières dans ma maison de l'exception culturelle à la langue française, ma démarche c'est le pluralisme. Chaque fois que je songe à cela, j'ai dans la tête une fenêtre de Matisse. Nous sommes dans une chambre, nous regardons le monde à travers la fenêtre. Mais la lumière de l'extérieur est dans la pièce aussi. C'est ce qui explique tout Matisse. Je ne veux pas que cette fenêtre soit fermée.
Le Monde : 12 mai 1994
Le Festival de Cannes va une fois de plus illustrer la singularité du cinéma français, c'est-à-dire cette capacité à unir en une seule voix l'art et l'industrie. La cohérence du système français – qu'il s'agisse de notre conception du droit d'auteur, du mode de répartition du compte de soutien ou des relations avec la puissance publique – a jusqu'ici représenté le meilleur espoir de survie et de succès pour notre cinéma. Ma vision de l'avenir implique le respect de ce difficile équilibre. Mais nous ne pouvons, non plus, feindre d'ignorer la contradiction objective qu'implique cette volonté de promouvoir l'économie du cinéma en respectant le talent. Et même si nous le voulions, les derniers résultats du cinéma français devraient nous contraindre à ouvrir les yeux.
Qu'observons-nous ? En 1993, le maintien de la part de marché du film français dans les salles (35 %, ce qui représente une performance en Europe), a reposé pour une très large part sur le succès de deux films – les Visiteurs et Germinal – qui ont, à eux seuls, réuni environ 40 % de la fréquentation. En revanche, les trois quarts des films français n'ont sans doute pas récupéré les sommes dépensées par leur distributeur pour leur sortie en salles, et je ne parle même pas de l'amortissement du film. Depuis le début de 1994, la part de marché du film français tourne, au mieux, autour de 25 %.
Cependant la mondialisation de l'industrie audiovisuelle progresse chaque jour, menaçant non seulement les dispositions prises en faveur de la production, mais également la position des diffuseurs nationaux, qui risquent d'être court-circuités, en fait, par les satellites et les nouvelles technologies. Tout se passe comme si notre système, après quarante ans d'une réussite exceptionnelle, était en train d'atteindre ses limites. Il faut en prendre conscience, sans alarme inutile, mais avec lucidité.
L'exemple allemand et la fascination américaine
Que faire ? Sommairement, la profession se partage entre deux réponses. La première consiste à privilégier le côté « production » et à soutenir que la majorité des films n'est plus en adéquation avec le goût du public, et qu'il faut produire ce que le public attend. L'autre discours consiste à dire que le cinéma commercial se vendant très bien tout seul, il convient de réserver l'aide publique aux films qui ne se feraient pas sans elle. Les deux discours se rejoignent quant à leur résultat. L'exemple européen – je pense en particulier à nos voisins allemands- nous montre comment peuvent cohabiter une industrie puissante, en complète symbiose avec le système américain, mais coupée des talents nationaux, et une création abondante de films nationaux qui bénéficient d'un accès aisé aux subventions, mais dont la majorité ne parviendra jamais sur les écrans.
Il faut donc résister à la tentation d'une solution miracle. L'industrie américaine, qui fascine beaucoup à juste titre, est une industrie lourde, que nous ne créerons pas sur notre sol du jour au lendemain. Il convient de partir de l'originalité française, également soucieuse de l'existence du film commercial et du film d'auteur – et en tirer toutes les conséquences. Si nous maintenons la position, difficile mais nécessaire, d'une politique du cinéma français également soucieuse du « film commercial » et du « film d'auteur », nous devons sauvegarder la place respective de chacun des deux types de film.
En ce qui concerne la production, notre premier souci doit être, d'abord, de venir au secours des industries techniques, et des techniciens du film, menacés par une tendance croissante à la délocalisation. Un plan de relance a été engagé ; il ne peut exister d'industrie sans outil national. Quant à la production proprement dite, quels films devons-nous faire ? Le débat récent sur l'avance sur recettes concentre les enjeux de cette question. Elle ne peut continuer à remplir son rôle qu'en reflétant le consensus du système français. Comme vivier de nouveaux talents, elle est infiniment précieuse : ainsi en 1993, 60 des 100 films d'initiative française ont été des premiers et deuxièmes films. Mais le risque pour un producteur n'est plus seulement celui du « jeune talent ». Il n'est donc pas anormal que l'avance sur recettes intervienne également pour alléger le risque pris par un producteur sur un film dont le budget représente trois, quatre fois ou davantage le budget moyen. Le renouveau de l'intérêt du public pour le film français est également à ce prix.
L'avance sur recettes et les films de télévision
Depuis quelques années, la commission d‘avance sur recettes, dans ses successives compositions, a réalisé la conciliation de ces deux objectifs. Pour mieux l'assurer, il nous faut étudier une réforme de l'avance sur recettes visant à regrouper dans un même collège l'examen des premiers et seconds films – qui posent des problèmes semblables, le second film d'un auteur étant presque plus difficile à produire que le premier – et à réserver l'examen des talents plus confirmés à un deuxième collège susceptible de mieux tenir compte du risque pris par le producteur.
Il est clair cependant, que pour porter remède au sentiment d'éloignement croissant et pour partie injuste d'une partie du public vis-à-vis des « petits » films français, ceci ne suffira pas. La recherche d'exigence et la prise en compte des marchés extérieurs dans la production de films doivent être poussées plus loin, sinon les effets pervers de notre système de protection l'emporteront sur les aspects bénéfiques. À plus long terme, cela passe par une réflexion collective : le succès de plus en plus affirmé des « films de télévision », comparé aux difficultés des films en salles, nous incite à réexaminer la frontière séparant ces deux types de production, ainsi que l'avait déjà souligné le rapport Cluzel.
Il faut aussi affronter avec lucidité le problème redoutable de la distribution de films. L'évolution du marché du film – notamment son intégration croissante dans le système beaucoup plus puissant et complexe de la communication – accentue la concentration économique et financière. Celle-ci est souvent inévitable, parfois nécessaire, mais il est de la responsabilité de l'État de veiller à ce que la vie d'un film, en particulier sa diffusion, ne soit pas victime d'une monopolisation des décisions la concernant. Or, la nécessité d'alimenter les circuits de salles en films nombreux et forts, le plus souvent d'origine américaine, paraît conduire inexorablement à une raréfaction progressive de l'offre de films français et européens, victimes d'une certaine désaffection du public et, dans nombre de cas, d'une réelle sous-exposition commerciale. En dehors de quelques films vedettes très attendus – une dizaine par an -, la sortie en salles devient un casse-tête pour les producteurs et distributeurs de films français et européens.
De bons films de cinéma, ambitieux, dotés d'un vrai potentiel public, ne bénéficient pas des mêmes atouts que beaucoup de films américains. La forte concentration de la programmation doit entraîner, en contrepartie, de la part des grands circuits, des engagements clairs, vérifiables, en faveur du cinéma européen et indépendant. Au-delà, il s'agit de réfléchir à une modulation du soutien financier aux salles, qui prendrait également en compte, là où cela est possible, c'est-à-dire là où la possibilité de diversifier la programmation l'autorise, la part réservée au film européen. A priori, il n'est pas totalement absurde que la redistribution des sommes prélevées par une taxe à caractère public tienne compte de cette orientation nécessaire.
Le développement des « multiplexes »
Le balancement entre « concentration » et « pluralisme » n'affecte pas seulement le domaine de la distribution, mais aussi la situation du parc de salles. Nous entrons dans une nouvelle phase avec le développement des « multiplexes », qui proposent dans un seul lieu un très grand nombre d'écrans, dans des conditions de confort, de vision et d'écoute excellentes, en périphérie des villes et accolés à un centre commercial. Interdire ce nouveau type de complexes risquerait d nous faire prendre un dangereux retard vis-à-vis des autres pays européens. Mais il faut éviter les conséquences néfastes que peut avoir ce type d'investissements, susceptibles de désertifier les centres-villes, de réduire la part du cinéma français et de menacer gravement le maintien de l'exploitation indépendante, indispensable à notre vie cinématographique.
Restent la diffusion du film à l'exportation et sur d'autres supports : la vidéo, le paiement à la séance, les multimédias. Nous devons sortir de cette situation paradoxale où l'Europe est un marché unique pour les distributeurs américains alors que le cinéma de chaque pays d'Europe n'arrive pas à vendre dans les autres pays du continent !
Beaucoup de professionnels saisissent l'ampleur des bouleversements qui s'opèrent actuellement. La marche de l'économie et l'évolution technologique nous conduiront beaucoup plus avant dans cinq ans. Nous devons donc porter notre réflexion plus loin, pour répondre à ces nouveaux défis. Je lance un appel pressant à tous, pour que, dès aujourd'hui, prenant conscience de toutes ces évolutions, nous puissions maîtriser sans les subir les mutations qui nous attendent.