Texte intégral
Le Parti communiste est à l'origine d'une grande initiative qui peut bousculer les données de la vie politique française. En proposant aux citoyens, aux forces de gauche et progressistes, de contribuer à conduire ensemble un « Pacte unitaire pour le progrès ». Il a pris ses responsabilités pour trouver avec notre peuple les réponses et les solutions que nécessite la grave situation à laquelle est confrontée le pays.
En effet, il existe une contradiction entre l'existence d'un réel malaise, d'un profond mécontentement, d'idées et de sentiments qu'il faudrait « faire autre chose » et l'absence de propositions, de force et de moyens pour concrétiser la volonté de changement. C'est ce nœud qu'il faut trancher, cette situation qu'il faut débloquer. L'initiative proposée par notre parti est le fruit de l'analyse de la réalité politique, économique et sociale sur la dernière période.
La vie du pays est marquée par l'opposition grandissante, dans une très grande partie de la population, entre la conscience de la situation de plus en plus difficile qui lui est faite et le comportement, l'action du gouvernement de droite qui continue d'affirmer sa volonté de maintenir le cap d'une politique désastreuse, alors même qu'il est inquiet levant la montée du mécontentement. On voit, depuis un an maintenant, la gravité de leur bilan, et à l'ampleur de leurs projets, que les droites sont engagées dans une vaste entreprise de restructuration du pays : ce que Balladur a lui-même appelé « une nouvelle « étape ».
Elle se traduit très concrètement par un million quatre cent mille personnes qui s'enfoncent dans l'exclusion sociale, le chômage qui ne cesse de croître, des suppressions d'emplois, des prélèvements fiscaux accrus sur les revenus du travail, une consommation qui, avec les attaques contre l'emploi et les salaires, ne cesse de chuter entraînant une baisse des débouchés qui, à son tour, aggrave encore la situation de l'emploi. À l'inverse, ce gouvernement favorise le grand patronat et les promoteurs immobiliers, les financiers, les privilégiés de la fortune. L'essentiel des mesures qui prend sont souvent ressenties comme autant d'injustices par rapport à la conscience nationale : que ce soit la suppression du décalage d'un mois dans le remboursement de la TVA aux entreprises, la fiscalisation des allocations familiales, l'allègement de la taxe professionnelle, les diverses « aides » à l'emploi et incitations au chômage partiel, ce sont au total plus de 80 milliards de francs offert au patronat sans aucune contrepartie, sans aucun résultat positif pour le pays. C'est dans ces conditions qu'avec la pression sur l'emploi et les salaires, la baisse des dépenses d'investissement, la part des profits des sociétés a considérablement augmenter dans l'ensemble des richesses produites. À cela s'ajoutent les privatisations d'entreprises qui après avoir été renflouées par la collectivité et avoir subi de multiples plans de restructuration et de licenciements sont offertes à bas prix aux spéculateurs privés. C'est d'ailleurs avec le produit des privatisations que le gouvernement a prétendu réduire le déficit budgétaire de l'État, lui-même creusé pour une grande part par les cadeaux fiscaux consentis aux entreprises qui utilisent cet argent contre l'emploi et dans la spéculation.
Cette politique a une logique : préserver par tous les moyens la rentabilité du capital ; elle se traduit par le chômage et l'exclusion qui gangrènent la société, par les injustices et les inégalités qui se développent, par l'argent roi qui domine tout.
C'est dans ce contexte que des idées ont progressé « travaillés » le corps social ; elles se sont manifestées au plan politique, avec le résultat des élections cantonales, et dans le mouvement social à travers des luttes importantes.
Depuis un an que la droite est revenue au pouvoir, sa victoire éclatante, même acquise faute de mieux, pesait encore sur l'opinion en entretenant le sentiment qu'il ne serait pas possible avant longtemps de s'opposer avec succès à tout ce qu'elle mettait en place. Pourtant, de luttes en luttes, après les agriculteurs, les salariés d'Air France, les défenseurs de l'école laïque, ou encore les pêcheurs, des reculs du pouvoir étaient obtenus à partir des refus, de revendications ou d'aspirations qui, au-delà de leurs aspects ponctuels, renvoyaient sur le fond à des questions de société.
Avec la grande victoire que les jeunes ont remportée en obtenant le retrait du CIP, nous sommes passés à une étape qualitativement nouvelle. Dans ses profondeurs, la masse de la jeunesse s'est mise en mouvement, avec la sympathie de la majorité de la population, pour refuser le sort de cette société et la droite lui préparaient. En faisant la démonstration qu'il était possible de battre le gouvernement, le patronat et la droite dans l'action unie, ce mouvement a fourni un atout considérable à notre peuple en lui ouvrant la voie pour de nouveaux succès.
Pourtant, ce que nous avons vécu a montré que l'expression du mécontentement, majoritaire dans le pays, avec la montée du mouvement social, n'apportait pas en elle-même des réponses aux questions posées par notre peuple. Certes de résultat des élections cantonales a permis de mesurer l'évolution de quelques grandes tendances dans l'opinion qui n'ont jamais été sans effets au plan électoral. La force que conserve ma droite est due au manque d'alternative à sa politique plus qu'à une adhésion à ce qu'elle met en œuvre et si le Parti Socialiste retrouve une partie de son influence. Il est bon d'avoir surmonté le rejet suscité par la politique menée pendant plusieurs années. Pour sa part, le Parti communiste a opéré un début de redressement et réalisé son meilleur résultat depuis six ans. Mais cela confirme que le rapport entre les luttes sociales et leur prolongement politique est complexe, n'a rien de mécanique, et que la grande question qui reste posée à notre peuple est bien celle de la traduction du mécontentement au plan politique, de la perspective à ouvrir pour répondre à la volonté du changement.
C'est pour y répondre que le Parti communiste est à l'initiative avec des idées et des pratiques politiques nouvelles en engageant une démarche politique inédite afin de ne pas recommencer ce qui a échoué, il s'agit de créer dans notre pays, dès maintenant, les conditions pour permettre à notre peuple de réfléchir, d'agir tout en élaborant le projet politique de transformation de la société qui fait encore défaut.
À toutes celles et tous ceux qui souffrent de la politique de droite et la refusent, qui s'interrogent sur l'avenir de la société nous proposons concrètement d'exprimer et de mettre en forme leurs aspirations et leurs exigences dans les espaces de rencontres et de dialogues organisés à tous les niveaux de la vie sociale.
Nous nous adressons en même temps aux forces de gauches et de progrès pour qu'elles participent à cette élaboration collective car l'objet de ce « Pacte unitaire pour le progrès » est bien de rassembler et d'unir les gens, les citoyens entre eux et, dans un même mouvement, d'établir le lien entre ceux-ci et les forces de progrès afin de traduire en mesures politiques les orientations et les choix définis en commun.
Dans ce cadre, nous parlons des aspirations qui se font jour, Des valeurs dans lesquelles se reconnaissent déjà un grand nombre d'hommes et de femmes dans ce pays, pour en faire découler des propositions concrètes qui peuvent être autant de points de départ des dialogues. À cet égard, notre revue, les membres de notre commission économique et nous espérons nos lecteurs auront un rôle particulier à jouer dans cet immense travail de réflexion et de propositions.
Nous nous sommes engagés dans un processus de longue haleine, dans lequel le Parti communiste est déterminé à tenir toute sa place au service du mouvement populaire pour promouvoir une alternative politique au pouvoir de droite et aider à faire renaître l'espoir.