Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
C'est avec grand plaisir que j'ai répondu à l'invitation des organisateurs de cette conférence de presse qui correspond au lancement d'une grande campagne nationale d'information sur la prévention de l'hépatite B dans notre pays.
Vous savez que depuis le début de l'année 1994, j'ai demandé la mise en place d'une campagne de vaccination contre l'hépatite B, notamment auprès des adolescents et des enfants, et je souhaiterais en quelques mots faire le point avec vous sur cette campagne.
Tout d'abord, pourquoi une campagne de vaccination contre l'hépatite B ?
L'hépatite B est une maladie virale qui se transmet par le sang et les injections effectuées avec des aiguilles contaminées, par contact sexuel, ou par les liquides organiques lors de l'accouchement.
Le virus de l'hépatite B peut être retrouvé dans le sang, le sperme, les sécrétions vaginales, la salive et les larmes.
L'hépatite B est une maladie fréquente qui touche environ 5 % de la population, ce qui correspond à environ 10 000 cas nouveaux recensés chaque année.
L'hépatite B est une maladie grave puisqu'elle peut entraîner soit une destruction massive et rapide du foie (hépatite fulminante) soit une maladie chronique du foie qui risque à long terme d'évoluer vers la cirrhose et le cancer du foie.
L'hépatite B est une maladie contagieuse insidieuse qui passe inaperçue dans un grand nombre de cas, ce qui explique le risque élevé de dissémination de ce virus résistant.
Enfin, la dissémination du virus de l'hépatite B est telle qu'elle justifie un changement d'attitude des pouvoirs publics. En effet, depuis la découverte d'un vaccin efficace en 1981, la vaccination était orientée prioritairement vers les sujets à risque :
– nouveau-nés de mère contaminée par le virus,
– insuffisants rénaux,
– hémophiles,
– polytransfusés,
– personnes de l'entourage des sujets contaminés, et notamment leurs partenaires sexuels,
– toxicomanes,
– voyageurs en zone d'endémie,
– enfin, les personnels de santé pour lesquels le risque était tel que la loi du 18 janvier 1991 avait institué l'obligation légale de la vaccination.
En outre, pour renforcer la prise en charge des nouveau-nés de mères contaminées, le dépistage des femmes enceintes au 6e mois de grossesse a été rendu obligatoire par le décret du 14 février 1992.
Aujourd'hui, la prévention chez les sujets à risque est insuffisante pour diminuer le risque de dissémination du virus. L'OMS a préconisé l'introduction de la vaccination contre l'hépatite B chez les adolescents avant le début des relations sexuelles, et progressivement chez tous les enfants à leur naissance.
C'est ce programme dont j'ai décidé la mise en œuvre dès l'année 1994, en considérant plusieurs étapes.
Première question : Quelle est la prise en charge sociale de la vaccination anti-hépatite B ?
Il faut distinguer deux situations :
D'une part celles de personnes souhaitant se faire vacciner par leur médecin et qui achètent le vaccin chez leur pharmacien. La vaccination sera remboursée à 65 % par les Caisses Primaires d'Assurance Maladie, un complément de remboursement pourrait être accordé par les mutuelles.
D'autre part, la vaccination des adolescents entrant en classe de 6e, pour lesquels aucune participation ne sera demandée aux familles.
Deuxième question : Qui peut vacciner contre l'hépatite B ?
Tous les médecins généralistes ou spécialistes peuvent vacciner leurs patients contre l'hépatite B.
En ce qui concerne la vaccination des élèves des classes de 6e, elle sera proposée et effectuée gratuitement par les médecins de la santé scolaire.
Troisième question : Quand doit-on vacciner ?
En dehors du cas particulier des adolescents entrant en classe de 6e, ce qui représente près de 500 000 jeunes, la vaccination peut être proposée actuellement à tout le monde car il s'agit d'un vaccin bien toléré, pratiquement sans contre-indication, y compris chez la femme enceinte.
Par ailleurs, d'ici la fin de l'année 1994 et dès que sera généralisée la fourniture de la forme pédiatrique du vaccin, la vaccination contre l'hépatite B sera incluse dans le calendrier vaccinal des nourrissons en même temps que l'immunisation contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la poliomyélite.
Ainsi dans 12 ans (en 2007) lorsque les premiers nourrissons vaccinés aujourd'hui entreront en 6e, seule la vaccination des nourrissons restera nécessaire.
Quatrième question : Comment doit-on vacciner et avec quel vaccin ?
Aujourd'hui et depuis 1988, il existe deux vaccins destinés à l'adulte et à l'enfant, l'ENGERIX B et le GENHEVAC B, dosés à 20 microg, par ampoule, et qui nécessitent 4 injections : 0, 1 mois, 2 mois et 12 mois. L'ENGERIX B est produit par le Laboratoire Smith Kline Beecham et le GENHEVAC B est produit par le laboratoire Pasteur Mérieux.
Depuis le début de l'année 1994, un nouveau schéma est en cours de validation, celui-ci étant sont mieux adapté à l'enfant et à l'adolescent car il ne comporte que 3 injections : 0, 1 mois et 6 mois (ce qui permet notamment de vacciner les jeunes au cours d'une seule année scolaire).
La validation de ce schéma vaccinal en 3 injections vient d'être obtenue pour l'ENGERIX B du laboratoire Smith Kline Beecham et le sera très prochainement pour le vaccin du laboratoire Pasteur Mérieux.
Il est évident que pour des raisons de commodités, c'est la vaccination en 3 injections seulement qui sera recommandée au cours de la campagne qui est lancée pour l'automne et l'hiver 1994-1995.
Certains articles de presse alarmistes ont évoqué des ruptures de stocks dans les pharmacies. Je voudrais ici donner deux précisions importantes : d'une part, il faut reconnaître l'effort d'augmentation de la production que nous demandons aux laboratoires pharmaceutiques producteurs de ces vaccins. Cette augmentation ne se réalise pas en 1 jour ! Il faut en effet de 6 à 8 mois de processus industriel et de contrôles pour fabriquer une dose de vaccin. Ces laboratoires nous ont garanti que la production de vaccin à 3 injections sera suffisante dès le mois de novembre 1994 pour Smith Kline Beecham et dès le mois de janvier 1995 pour Pasteur Mérieux, et d'autre part, il n'y a aucune raison de se précipiter pour se faire vacciner dès demain matin. La vaccination en classe de 6e commencera à l'automne et sera bien évidemment étalée sur plusieurs mois. Hormis ce cas, les personnes qui souhaitent se faire vacciner peuvent commander le vaccin chez leur pharmacien. La vaccination en 4 injections est effectuée depuis plusieurs années, la vaccination en 3 injections le sera dans quelques semaines.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je tenais à vous dire aujourd'hui. J'ai voulu qu'une grande campagne d'information sur l'hépatite B et la vaccination soit lancée dès 1994.
Les informations seront diffusées avec l'appui de l'Ordre des Médecins, de l'Ordre des Pharmaciens, du ministère de l'Éducation nationale et des associations de parents d'élèves. L'efficacité de ce programme repose sur l'implication massive des professionnels de santé, des jeunes concernés et de leurs parents.
Les enjeux de cette campagne sont d'une importance majeure pour la population de notre pays et je me réjouis que des initiatives privées, comme celle lancée aujourd'hui par Fun Radio et le Comité Français pour l'Adolescence avec l'aide du laboratoire Smith Kline Beecham, viennent soutenir l'action des pouvoirs publics.
Nous devons tout faire, en effet, pour que l'hépatite B soit progressivement éradiquée comme ont été d'autres grandes maladies infectieuses, comme la diphtérie ou la poliomyélite.
C'est l'objectif de mon action aujourd'hui et nous en verrons les résultats dès le début du 21e siècle.
Je vous remercie.