Texte intégral
Je suis heureux de vous accueillir et de vous présenter mes vœux pour 1994. Vœux de santé, de bonheur et de prospérité, témoignage d'estime et de considération réciproques.
Vœux à ceux qui nous accueillent : le général Schmitt, gouverneur des Invalides, et le médecin général Lantrade qui vient de prendre ses fonctions, comme vous le savez sans doute, à la tête de l'Institution nationale.
Vœux à tous les présidents et responsables d'associations qui ont répondu à mon invitation et que je retrouve ainsi dans des circonstances autres que celles des audiences et des congrès.
Vœux à tous les membres des commissions nationales qui nous font l'honneur cette année de se joindre à nous.
Ces vœux, je les forme aussi pour la famille que vous représentez : tous les ressortissants de notre grande maison qui ont donné beaucoup d'eux-mêmes à la France.
Je tiens également à remercier celles et ceux qui, par leur présence, viennent témoigner de la place et de l'importance du monde combattant dans notre société, qu'ils soient titulaires de hautes responsabilités civiles ou militaires ou en charge d'un mandat électif au sein de la représentation nationale.
Parce que les discussions budgétaires faisaient encore la une des journaux nationaux et associatifs il y a peu, vous attendez bien évidement que je fasse le point sur la politique mise en œuvre depuis que j'ai en charge le ministère des anciens combattants et victimes de guerre, ainsi que sur les perspectives.
J'ai, dès mon arrivée, veillé à ce que les textes d'application des mesures prises en début d'année fassent l'objet d'une publication rapide. L'indemnisation des patriotes résistants à l'occupation a pu être entamée dès le début du mois de mai et les textes relatifs à l'amélioration des conditions de l'attribution de la carte du combattant et de la carte de combattant volontaire de la résistance ont été publiés dès septembre malgré leur complexité. La liste des associations d'anciens combattants habilités à rester en justice a également été élargie.
Après avoir marqué l'estime dans laquelle il tenait le monde combattant en rétablissant un ministère de plein exercice, le Gouvernement a, dans le contexte actuel de redressement des finances publiques, réaffirmé la reconnaissance de la Nation dans le projet de budget pour 1994.
Les déflations d'effectifs, tant au ministère qu'à l'ONAC, dont j'ai, dès mon arrivée, affirmé la pérennité, ont pris fin et les crédits de fonctionnement ont été maintenus. Les moyens d'intervention ont même été améliorés pour les invalides. L'indemnisation des déportés évadés des trains dont les dossiers de pension étaient bloqués sera réglée cette année.
Les deux revendications prioritaires des anciens d'Afrique du Nord, l'amélioration des conditions d'attribution de la carte du combattant et le départ à la retraite par anticipation, que j'ai mis à l'étude dès mon arrivée, feront très prochainement l'objet de propositions gouvernementales qui révéleront une marque tangible de la reconnaissance de notre pays.
Je n'aurai garde, enfin, d'oublier l'autre priorité essentielle pour nous tous, la commémoration du cinquantenaire de la libération de notre pays. La mission du cinquantenaire, dont j'assure la présidence, a effectué un travail considérable et de grande qualité. Les exploits héroïques des résistants et les étapes de la marche glorieuse des armées alliées seront célébrés avec la dignité et le recueillement, mais aussi avec le cérémonial qui conviennent.
Souvenons-nous de ces lieux, aujourd'hui havres de paix, mais où résonnent encore à nos oreilles le fracas du canon, des bombes et des grenades, les tirs des mitrailleuses, les cris des blessés et des mourants, et où nous voyons encore nos camarades se battre, et, pour trop d'entre eux, mourir à nos côtés pour nous rendre notre liberté.
Souvenons-nous de toutes ces souffrances, et tirons du passé que nous avons connu toutes les leçons nécessaires pour faire du cinquantenaire de la libération de notre pays un anniversaire porteur d'espoirs de paix, de solidarité et de fraternité.
Face à une situation économique et sociale grave, un chômage qui s'étend, une société qui se fragilise avec un nombre croissant de personnes en situation d'échec, le gouvernement s'est engagé dans une politique de réformes, nécessitant des mesures parfois difficiles à prendre.
Le monde combattant, qui n'a jamais manqué de répondre présent à l'appel de la France, comprend d'autant mieux la préoccupation constante du gouvernement : veiller à l'intérêt de la nation toute entière Mais qu'il soit bien clair que rien ne se fait sans vous, que rien ne peut se faire sans vous.
Œuvrer au redressement de la France avec toutes nos forces, avec courage et avec des idées généreuses, lever au plus tôt les contraintes financières qui pèsent sur nos marges de manœuvre, tel est notre objectif.
Le général de Gaulle déclarait en 1945 : « … Dans le monde, à la fois très actif et très rude que nous voyons se dessiner par-delà la victoire, il apparaît que ce que nous sommes et ce que nous valons, pour notre propre bien et pour le bien des autres, ne pèserait pas lourd et ne pèserait pas longtemps, si nous n'entreprenions pas, une fois de plus dans notre histoire, l'ascension vers la puissance. »
L'ascension vers la puissance, nous la trouvons aussi dans cette allégorie qu'affectionnait l'homme du 18 juin : « Homme de la plaine, pourquoi gravis-tu la colline ? » « C'est pour mieux regarder la plaine. Je n'ai compris la plaine qu'en la voyant du haut des sommets. »
Alors, Mesdames et Messieurs, pour une France digne des grands moments de l'histoire dont vous avez été les acteurs, dont nous avons été les acteurs, confrontés que nous sommes à un monde très actif et très rude, sachons oser, sachons espérer, sachons agir !
Et rappelons-nous cette phrase forte du Premier ministre : « la France n'a jamais été aussi grande que lorsqu'elle s'ouvre sur le monde. »
Bonne année à tous !