Texte intégral
Les Échos : 7 juin 1994
Q. : Quel regard portez-vous sur la campagne électorale ?
Valéry GISCARD D'ESTAING : Elle a été centrée à son début sur la Bosnie, sujet qui comporte une charge émotionnelle forte et qui, dans le subconscient des Français, est considéré comme un test de l'impuissance de l'Europe. L'autre thème dominant a été le chômage, qui exprime aussi un sentiment d'échec relatif de l'action de l'Europe. En revanche, deux questions fondamentales ne sont guère entrées jusqu'ici dans la campagne : quel type d'Europe les Français veulent-ils ? Et quelles sont les prochaines étapes de la construction européenne ? À entendre la plupart des candidats, ils suggèrent que la France se dégage plus ou moins – sans en sortir complètement – des institutions européennes, et que l'on cherche à établir un système moins contraignant.
L'opinion des Français est plus nuancée. À la question : « Souhaitez-vous que l'Europe soit plus intégrée ou s'oriente vers une organisation plus souple ? », ils se prononcent, dans un sondage récent « Financial Times-Les Échos », en nette majorité pour la première solution. Par contre, les Britanniques sont, évidemment, pour la deuxième. Mais, élément tout à fait nouveau, les Allemands se prononcent assez nettement en faveur de la deuxième solution. C'est le signe qu'ils commencent à se poser des questions sur l'avenir de la construction européenne. Ma recommandation est celle d'une Europe plus intégrée, traitant de sujets moins nombreux.
Q. : L'élargissement à quatre nouveaux pays va-t-il dans la bonne direction ?
R. : Je ne voterai pas la ratification de ces traités d'adhésion à l'Assemblée nationale. La France n'aurait pas dû accepter l'élargissement sans la réforme des institutions, il a été accepté par François Mitterrand au Conseil européen de Lisbonne en juin 1992. Dans l'avenir, il faut absolument clarifier un débat rendu extraordinairement confus à l'heure actuelle par le mélange de deux grands sujets. L'un, c'est l'achèvement de l'Union de l'Europe occidentale. L'autre est la recherche d'un système d'organisation de toute l'Europe qui soit mutuellement satisfaisant pour les pays qui s'y trouvent.
Q. : Quand vous entendez Dominique Baudis, tête de liste RPR-UDF, dire : « L'Europe fédérale, c'est dépassé », comment réagissez-vous ?
R. : J'essaie d'éviter les querelles sur les mots, parce que c'est un débat typiquement français, qui peut égarer l'opinion. Il n'est pas question de faire en Europe l'équivalent des États-Unis d'Amérique, c'est-à-dire un système fédéral à larges compétences et à tendance unificatrice, parce que nous sommes des pays de cultures différentes, de langues différentes et d'identités historiques différentes. Par contre, toute association d'États qui se dotent d'institutions communes et permanentes, et qui leur délègue un pouvoir de décision, s'inscrit bien dans une démarche fédérale, comme l'a écrit Montesquieu dans « L'Esprit des lois » !
L'Europe doit-elle avoir des institutions permanentes capables de prendre des décisions selon des règles démocratiques ? Je pense que oui, alors que la réponse britannique est négative. C'est le premier enjeu européen.
Le second est de déterminer ce qu'il faut faire en Europe dans les cinq prochaines années. La monnaie européenne d'abord : va-t-on la mettre en place, oui ou non ? Les électeurs doivent savoir que la France a un intérêt évident à l'Union monétaire européenne. Le pays pour lequel elle posera le plus de questions, c'est l'Allemagne. Pour nous, cela consiste à passer de la zone Mark à une murale cogérée par les Etats européens. Pour les Allemands, c'est le contraire : passer du deutsche Mark à une monnaie cogérée avec ses partenaires.
La réforme des institutions communautaires, ensuite. La question est de savoir si nous allons évoluer vers un système plus organisé ou moins organisé. Le problème se posera dès la réforme des institutions, prévue pour 1996.
Q. : Êtes-vous partisan d'associer dès maintenant les députés européens à la réflexion qu'engagent notamment les Français et les Allemands ?
R. : Je crois que c'est souhaitable. Le Parlement européen a déjà contribué à ce type de débats. Il a mis au point des projets. Mais il est évident que, s'agissant de la révision d'un traité, le pouvoir de décision reste entre les mains des signataires, Or cette réflexion, je l'annonce aux « Échos » va âtre très difficile. Il existe dans l'Union européenne trois groupes de pays qui ne sont pas d'accord entre eux. Ceux qui souhaitent des institutions faibles et une Europe relativement passive : à l'heure actuelle l'Angleterre et le Danemark, bientôt renforcés, après l'élargissement, par au moins deux des nouveaux membres scandinaves. Ceux qui poussent activement l'idée de structures plus efficaces et plus fortes, qui sont l'Allemagne, la France, l'Espagne et la Belgique. Enfin un troisième groupe qui voudrait bien que les institutions européennes soient rénovées, mais qui ne veut pas en faire les frais : ce sont les petits pays, qui ont été avantagés jusqu'ici par le système.
Q. : Est-ce que la France peut compter sur l'Allemagne pour cette politique ?
R. : La rupture du couple franco-allemand serait un désastre pour l'Europe. Il n'y a aucun moyen de bâtir un système stable en Europe sans un haut degré d'entente entre les deux pays. Ce qui a changé pour l'Allemagne, c'est la perception de sa situation géographique. Elle était bordée par le rideau de fer et totalement tournée vers l'Ouest. Actuellement, elle n'est plus bordée par rien. Et elle s'interroge. La diplomatie de Bonn s'adresse nécessairement à quatre points cardinaux, alors que la nôtre s'adresse à un seul. Est-ce que l'option de l'Allemagne en faveur de l'Union de l'Europe a changé ? Personnellement, je ne le crois pas. Mais cela suppose un partenariat très actif de notre part. Jusque-là, c'était une évidence. Un élément positif tient au fait que les Allemands ont toujours la crainte d'être seuls. C'est un pays qui vit mal l'isolement et recherche des partenaires. Comme partenaire possible, les Allemands n'ont en réalité que nous. Dans une certaine mesure, ils pouvaient aussi compter sur les États-Unis, mais la relation avec l'Amérique s'est profondément modifiée. Dans la réforme des institutions communautaires, il faut être capable de présenter un projet conjoint franco-allemand. Et dans la recherche de la crédibilité de l'Union monétaire, il faut une attitude commune à la France et à l'Allemagne.
Q. : Comment appréciez-vous le symbole du défilé de l'Eurocorps le 14 juillet ?
R. : Je m'interroge sur son opportunité. Pour être bien perçus, les symboles doivent intégrer la globalité des sentiments d'une population. Il y a un moment pour la réconciliation mais il y a aussi un temps pour le souvenir. 1994, pour beaucoup de Français comme pour moi, est une année chargée de souvenirs qui sont lourds à porter.
Q. : Est-ce que vous croyez encore à une Europe à géométrie variable ?
R. : On a cru, et j'ai cru moi-même, pendant longtemps, que nous disposions d'une solution de secours, qui était l'Europe à deux vitesses qu'on appelle aussi l'Europe à géométrie variable. L'idée est la suivante si, dans l'Union européenne, il y a des pays qui veulent avancer, qu'ils puissent le faire et que les autres ne l'empêchent pas. Le montent venu, ils verront s'ils souhaitent ou non les rejoindre. Je crois malheureusement que ce raisonnement perd beaucoup de son réalisme dans la situation dans laquelle nous allons nous trouver : celte d'une Europe beaucoup plus nombreuse, et comportant un participant, l'Allemagne, doté d'une importance particulière. Je m'explique : dans l'état actuel des choses, ce serait déjà très difficile au point de vue institutionnel. Est-ce que les pays retardataires pourront voter au Parlement européen sur les sujets auxquels ils ne participent pas ? Est-ce que leurs commissaires et leurs ministres participent aux délibérations sur des sujets dont ils se sont exclus ? On réussirait difficilement à faire fonctionner des institutions dans de telles conditions. Mais, à la limite, à neuf ou à douze, on pourrait l'imaginer comme système de transition. Ce que nous avions fait pour le SME, par exemple. Dans le cas de la Grande-Bretagne, nous avions admis qu'elle participait au système monétaire européen, mais pas au mécanisme de change. Mais, à seize ou dix-huit et au-delà, cela devient pratiquement ingérable.
Quant au poids de l'Allemagne, si celle-ci ne fait pas partie du système à géométrie variable, il cesse d'être réellement représentatif. Nous avons eu la démonstration de cette situation au moment de la crise du SME d'août 1993, lorsque certains ont suggéré que l'Allemagne se mette en congé du SME.
Q. : C'était d'ailleurs une thèse qui semblait défendue par Matignon…
R. : C'était une thèse qui n'avait pas de réalisme, puisque, sans le deutsche Mark, il n'existait pratiquement plus de SME.
Cette roue de secours rassurante consistait à dire que ce qu'on ne réussira pas à faire à seize on le fera à neuf ou dix. Je crois que, malheureusement, elle ne correspond plus à une possibilité pratique.
Si on constate un jour l'impossibilité de se mettre d'accord sur la réforme des institutions, l'idée viendra qu'il existe en Europe deux groupes de pays, ceux qui souhaitent aboutir à des institutions comportant un degré suffisant d'intégration politique, et ceux qui ne le souhaitent pas. Ces deux groupes auront à en tirer ensemble les conclusions. Et il peut se faire que des pays qui ne font pas actuellement partie des Douze acceptent ce projet politique : la Pologne ou la République tchèque, par exemple : et que des pays qui sont actuellement dans les Douze continuent à rejeter cette idée. Il faudra alors procéder au remodelage d'une Europe qui serait sans doute plus continentale, et dans laquelle l'équilibre serait autant méditerranéen que nordique. Parce que la volonté d'intégration est plus forte dans le sud de l'Europe qu'elle ne l'est dans le Nord.
Q. : Est-ce que vous pensez que le renouveau européen peut être réalisé avec une Grande-Bretagne qui traîne les pieds ?
R. : La Grande-Bretagne évolue. Néanmoins, elle continue à ne pas souhaiter une intégration européenne poussée. Au lieu d'en faire un sujet de discorde, il vaut mieux se demander comment gérer une telle situation. D'ici à la fin du siècle, la question de savoir si l'on met en place une structure politique efficace pour l'Europe appellera inévitablement une réponse tranchée. Le projet initial de Jean Monnet n'a toujours pas convaincu la Grande-Bretagne.
Q. : Comment voyez-vous l'avenir de la monnaie unique ? Est-il crédible ?
R. : Si l'on respire l'air du temps, on est tenté d'adopter une attitude sceptique vis-à-vis de la démarche d'union monétaire. Nous avons connu des dévaluations compétitives l'année dernière. Avec des marges de 15 %, le SME n'a plus d'effet contraignant. Mais, en sens inverse, il y a plusieurs facteurs encourageants. Nous sommes liés par un traité extrêmement précis. Chaque fois qu'une étape doit être franchie, elle l'est effectivement : l'Institut monétaire européen a été mis en place comme convenu le 1er janvier dernier. Enfin, les marchés n'exercent pas de pressions fortes allant dans le sens de la dislocation des parités de change. Le milieu économique est en train de percevoir les inconvénients de l'instabilité des taux de change à l'intérieur de l'Union. L'idée que le fonctionnement du marché unique est incompatible avec un système permanent de flottement des monnaies ou de dévaluation compétitive a gagné du terrain parmi les décideurs à la suite du mauvais impact des dévaluations de 1992 sur les résultats de nos entreprises en 1993. La difficulté qui demeure serait la crainte de l'opinion publique allemande devant le passage à une monnaie moins forte que le deutsche Mark.
Q. : Quel est votre jugement sur le fonctionnement du conseil de politique monétaire ?
R. : Je ne connais pas la manière dont il conduit ses délibérations, mais sa gestion est responsable et raisonnable. En quelques mois, l'action technique de la Banque de France, qu'il s'agisse des taux d'intérêt ou de la gestion des marchés, a été conforme à nos intérêts économiques et monétaires.
Q. : Faudrait-il, selon vous, modifier les critères de convergence choisis par le traité de Maastricht ?
R. : Non, il faut les respecter. Ce sont des critères de bon sens. La convergence des taux d'inflation sera très vraisemblablement respectée. Sur les déficits budgétaires, l'action devra être beaucoup plus énergique. Aussitôt que les signes de reprise auront été confirmés, la totalité des plus-values tirées de l'expansion, au lieu d'alimenter, comme cela fut le cas en 1990-1991, des dépenses publiques et sociales supplémentaires, devront être consacrées à la réduction des déficits et des charges.
Q. : Est-ce que vous le souhaitez pour la France dès 1995 ?
R. : Oui, dès 1995. La protection actuelle nous donne encore un déficit budgétaire de 4,8 % du MB. C'est trop élevé.
Q. : Dans le débat baisse des impôts ou des charges, pensez-vous que la priorité va à la réduction du déficit budgétaire ?
R. : Je pense que la priorité de la politique économique en 1994 et 1995, c'est la réduction du taux de chômage. On ne peut y parvenir sans une réduction forte de certaines charges sociales. Sur les bas salaires essentiellement. Quand on conduit une manœuvre, il faut avoir te courage de taire bouger les gros bataillons ! Nous devons réaliser un déplacement de nos masses financières pour recréer les conditions macroéconomiques du plein emploi ! Dans cette manœuvre, il y aura dans le court terme des pertes de recette qui devront être compensées. La TVA est le seul moyen d'y parvenir. la GSG comportant trop d'inconvénients psychologiques et techniques. Mais la stratégie sur le long ternie sera réductrice de charges puisqu'elle débouchera sur la diminution des dépenses d'indemnisation du chômage. Dans ta conduite de cette manœuvre, réalisée sur deux ou trois exercices budgétaires, il faudra revenir au taux européen de la TVA, au voisinage de 17 %, et affecter les plus-values fiscales tirées de la croissance à deux emplois prioritaires la réduction du déficit budgétaire et la recherche de taux d'imposition modérés, qui soient plus supportables pour les contribuables et pour l'économie.
Les Dernières nouvelles d'Alsace" le 7 juin 1994
Q. : Beaucoup de citoyens ont l'impression que le débat de fond concernant l'Union européenne a été occulté pendant cette campagne. Vous n'êtes pas candidat, mais est-ce votre sentiment, vous qui soutenez la liste UDF-RPR ?
R. : La raison essentielle réside dans le fait que la préoccupation première des Français – et on peut les comprendre – concerne le chômage. Elle passe, à leurs yeux, avant les problèmes de fond sur l'Europe. Mais comment ne pas parler de l'Union, issue du Traité de Maastricht, qui est appelée à jouer un rôle de plus en plus important à l'avenir, y compris peur le chômage ? Comment croire que la question du sous-emploi est de la seule compétence des États ? On ne peut pas faire l'impasse sur l'Europe.
Q. : Il n'empêche que l'Union européenne est aujourd'hui au milieu du gué. Elle manque de souffle alors qu'elle s'apprête à s'élargir à quatre nouveaux États membres. Comment voyez-vous son avenir ?
R. : Les Douze ont commis une faute politique lourde de conséquences en voulant changer de position au milieu du gué, selon votre expression, et en acceptant finalement l'élargissement sans avoir obtenu préalablement une réforme des institutions. Nous risquons de ce fait d'avoir à la fois une Europe trop élargie et trop faible. Le pitoyable spectacle de la Bosnie nous montre, avant même l'élargissement proprement dit, les risques encourus par l'Europe.
Q. : En 1996, les problèmes de l'Union seront quand même remis à plat…
R. : Oui. Et j'espère bien qu'à ce moment-là nous nous attaquerons hardiment à la réforme des institutions que je préconise depuis longtemps. L'objet de cette révision devrait permettre à l'Europe, d'agir plus efficacement, en privilégiant, au sein du conseil, les décisions à l'unanimité et non à la majorité qualifiée, mais aussi en respectant davantage les droits des États membres et des collectivités dans certains domaines, selon le principe de subsidiarité que j'ai toujours défendu devant le Parlement européen.
Q. : D'ici là, l'élargissement n'aura-t-il pas déjà porté un coup fatal à l'approfondissement ?
R. : Fatal non ! Mais l'élargissement, sans garantie institutionnelle, risque de compliquer les choses pour deux raisons. D'abord, parce qu'un certain nombre d'État membres ne souhaitent pas que nous avancions davantage vers l'Union politique. Ensuite, parce qu'ils accepteront difficilement de voir modifier les institutions au sein desquelles Ils seront entrés.
Q. : Comment expliquez-vous aujourd'hui la précipitation des Allemands de voir cette Union s'élargir au plus vite, y compris aux pays de l'Est ?
R. : Il faut comprendre les raisons de cette démarche. Nos voisins ne souhaitent pas que la frontière à l'Est de l'Union européenne coïncide avec leurs propres frontières. Cela dit, je pense qu'un nouvel élargissement précipité sonnerait le glas du projet tel qu'il avait été conçu initialement par Robert Schuman et Konrad Adenauer. L'Union européenne ne serait alors nullement en état de doter d'institutions politiques efficaces un ensemble aussi vaste comprenant plus de vingt pays.
Q. : Sauf si nous savons créer un « noyau dur » entre les États fondateurs de la CEE, capable de maintenir le cap…
R. : Je dirais qu'il faut aller plus loin et se poser la question de savoir s'il doit y avoir deux démarches au sein de l'Union européenne. Celle qui rassemblé exclusivement les États approuvant l'idée d'aller vers l'Union politique. Celle qui regroupe les autres pays souhaitant seulement une bonne organisation des relations entre partenaires européens. Ce distinguo est important pour l'avenir.
La question mériterait alors d'être clairement posée à l'opinion publique de chacun des États membres pour que l'on sache enfin qui est décidé d'approuver la démarche vers l'Union politique et qui ne l'est pas. Elle pourrait se faire à travers un référendum européen sur l'Union politique. Si le référendum était négatif, dans certains pays. Il faudrait alors en tirer les conséquences.
Q. : Pour en revenir à la campagne électorale, Dominique Baudis, tête de liste UDF-RPR, a clairement laissé entendre qu'il renonçait au fédéralisme qui a toujours été défendu par votre famille politique. Comment interprétez-vous cette prise de position ? Le fédéralisme serait-il devenu un sujet tabou ?
R. : Personnellement, je reste très attaché au principe fédéraliste de l'Union européenne et je crois qu'il n'en existe pas d'autre. Seulement faut-il préciser qu'à l'époque des « pères fondateurs », il existait une petite Communauté. On imaginait alors un fédéralisme centralisateur et unificateur à la manière des États-Unis d'Amérique où l'on ne parle qu'une seule langue et où le mode de vie est identique de l'Atlantique au Pacifique. Pour l'Union européenne, en raison de sa diversité, le type de fédéralisme doit être fortement décentralisé et les compétences de l'autorité centrale limitées de façon précise.
Q. : Cela dit, car il y a quand même quelques notes de fédéralisme dans le Traité de Maastricht, croyez-vous-en la monnaie unique au plus tôt en 1997 et au plus tard en .1999 ?
R. : La monnaie unique, même limitée à quelques pays, se fera à mon sens entre 1997 et 1999 qui est la date butoir. Mais il est probable, d'ici là, qu'il faudra faire un saut politique qui me paraît indispensable.
Q. : Les taux de convergence vous paraissent ils en bonne voie ?
R. : Pour l'inflation, oui, mais en matière de déficit budgétaire, il faudra entreprendre un effort encore plus énergique.
Q. : Jacques Delors, dans une récente déclaration, a affirmé que l'Union européenne devrait être dotée d'un président pendant deux ans et demi et de deux vice-présidents. Êtes-vous d'accord avec lui ?
R. : Je suis heureux de voir que Jacques Delors se rallie à une proposition que j'ai faite depuis longtemps ! Lorsque j'en parlais, elle était taxée d'irréalisme. On en reconnaît aujourd'hui la nécessité. Tant mieux ! Mais dépêchons-nous d'agir car il en va de l'avenir de l'Union européenne.
Q. : Vous avez toujours accordé beaucoup d'importance à la Bosnie quand vous étiez au Parlement européen. Comment jugez-vous la présentation d'une liste « L'Europe commence à Sarajevo » et le retrait un peu théâtral de Bernard-Henri Lévy ?
R. : Bernard-Henri Lévy a eu raison d'introduire la Bosnie dans la campagne, mais il ne fallait pas mettre la Bosnie sur une liste !
Q. : Pour beaucoup d'observateurs vous êtes déjà dans la course à l’Élysée. Votre décision est-elle prise ?
R. : Je refuse d'aborder ce sujet. Nous sommes dans les élections européennes et je ne veux aujourd'hui que parier de l'Europe.