Texte intégral
Mesdames et messieurs les chefs de mission,
Je suis très heureux de vous accueillir aujourd'hui pour l'ouverture de cette rencontre plénière, d'autant que, depuis mon arrivée à ce ministère, divers événements m'avaient empêché d'honorer ce rendez-vous annuel et que, de report en annulation, il n'avait pas été encore possible d'organiser à cette échelle une telle réunion.
Certes, mes déplacements à l'étranger sont toujours l'occasion de contacts directs avec vous.
Vos missions en France vous permettent, à vous aussi, des échanges, mais il reste que seul un moment comme celui-ci, mobilisant en même temps l'ensemble de l'encadrement à Paris et à l'étranger, permet à notre Maison de s'accorder cet indispensable moment de débat et de réflexion.
J'y tiens beaucoup.
Vous avez pu percevoir en effet que ce ministère, depuis son retour à un statut de plein exercice, s'efforce d'être présent et actif dans l'ensemble des domaines que lui définit son décret d'attributions, qu'il assure sa mission avec détermination là où il est pleinement compétent, qu'il fait également entendre sa voix, là où il n'est que partenaire et que, partout où ils sont en cause, il met en avant les enjeux du développement.
La phase qui s'ouvre ces prochaines semaines, avec de grands rendez-vous internationaux à Paris sur le SIDA ou sur la désertification, à Copenhague sur les problèmes du travail et de l'emploi, à Bruxelles surtout pour l'examen à mi-parcours de la Convention de Lomé, est pour nous très chargée.
Nous aurons, dans ces instances, l'occasion de défendre cet idéal moral que le Premier ministre attache à « l'exemple français » et qui, pour ce ministère, a tant de traductions concrètes.
Vous avez donc besoin, représentants de ce département dans les 37 États qui composent le champ, d'un information claire et actualisée sur nos positions ; j'ai besoin moi-même des analyses que vous développez à partir des situations rencontrées sur le terrain.
Mais cet échange revêt pour nous, au-delà des échéances internationales que j'évoquais, une importance particulière après les événements politiques et économiques qu'a connu l'Afrique tout au long de cette année.
Qu'il s'agisse en effet du véritable bouleversement qu'a constitué le 12 janvier la dévaluation du franc CFA pour la zone franc, ou des tragiques événements du Rwanda, la relation franco-africaine a vécu des phases d'une particulière intensité, et donc les conséquences sont fondamentales pour la définition même de notre politique de coopération et son évolution.
Le Premier ministre a très précisément exposé le 30 août dernier les trois principes qui fondent notre politique africaine :
– le développement de l'aide et de la coopération, fondé sur des réalités et non pas des illusions ;
– l'établissement dans les États d'une véritable démocratie politique ;
– la stabilité des États et le respect de leurs frontières.
Je voudrais prendre appui sur ces lignes directrices pour vous indiquer comment nous souhaitons, dans les semaines qui viennent, mettre en œuvre un programme qui n'est pas sans définir les termes d'un nouveau contrat pour l'Afrique.
Je ne veux pas céder, en employant cette expression, à un quelconque goût de la formule, mais j'estime que, de fait, l'évolution des réalités économiques, politiques et sociales africaines, les enjeux de l'après-dévaluation, la prise de conscience de nouvelles responsabilités en Afrique, le contenu nouveau, enfin, à donner à la solidarité franco-africaine appellent à entrer désormais dans une nouvelle phase de notre coopération.
Cette phase n'est pas celle de l'abandon ou du retrait. Le premier ministre l'a dit : « peu de gouvernement ont fait autant pour l'Afrique que celui-ci ».
Elle est celle où nous devons saisir les chances d'un espace nouveau offert au développement, réintroduisant l'Afrique dans les circuits d'échanges mondiaux.
Pas à n'importe quel prix, ni dans n'importe quelles conditions, notre position sur le renouvellement des accords de Lomé traduira à cet égard la volonté de ne pas rompre une approche spécifique de la relation entre l'Europe et l'Afrique.
Cette phase est aussi celle où solidaires avec nos partenaires, leur consacrant un volume d'aide exceptionnel et considérable, nous pouvons mieux les inviter à opérer les modernisations nécessaires, à établir les structures d'accueil et d'accompagnement du développement économique, à rechercher le consensus politique.
D'une certaine manière, le succès de cette démarche sera le succès des africains à aborder les défis du troisième millénaire, avec pragmatisme et progressivité.
Il y a dans cette perspective ni diktat, ni laxisme. C'est une exigence mutuellement consentie, acceptant les échecs, stimulant les réussites, où la « conditionnalité » est réaliste et où les succès sont partagés, parce que, je le répète, la France et l'Afrique continuent d'entretenir une relation unique, que notre politique de coopération traduit et reflète, et qui s'adapte aux changements nécessaires.
Je voudrais donc présenter plus en détail ce nouveau contrat.
Un espace nouveau de développement
La dévaluation du franc CFA a profondément remis en cause un certain nombre de politiques étatiques, notamment dans les secteurs sociaux, et créé des opportunités qu'il convient d'exploiter.
Ces conséquences, je le disais tout à l'heure, doivent aussi influer sur l'organisation même de notre dispositif d'aide, sur nos stratégies ; et cette remise en cause renouvelle plus largement notre vision du dispositif dans l'ensemble des pays du champ.
Notre politique de coopération est une, même si, dans le champ, certains pays concentrent davantage notre attention que d'autres.
Je crois qu'il faut à cet égard diversifier nos instruments, élargir notre partenariat, concentrer nos interventions dans les secteurs prioritaires.
– Depuis le 12 janvier les perspectives de développement dans la zone franc, ont été radicalement transformées ; à ce jour, le bilan est encourageant.
Certes, rien n'est définitivement gagné. Il serait dangereux de relâcher notre vigilance parce qu'aucun des graves dérèglements sociaux ou économiques, que certains avaient prédit, ne s'est produit dans les pays de la zone.
L'inflation reste à un niveau raisonnable, les ruptures d'approvisionnement dans les domaines sensibles ont été évitées. Le déroulement des programmes, marqué par un engagement remarquable des institutions financières internationales, s'effectue sans heurts majeurs.
Je vous demande dans ces pays de continuer, comme vous l'avez fait, à vous investir pour assurer le suivi des mesures d'accompagnement, à conseiller nos partenaires, à réadapter nos interventions.
Le domaine productif d'abord : nous avons constaté avec beaucoup de satisfaction les progrès très sensibles que le secteur agricole, la base essentielle du développement africain, avait enregistré depuis quelques mois.
Les chiffres sont là, les exemples sont nombreux : élevage au Burkina Faso, coton en zone subsaharienne, filières de grandes exportations en zone tropicale.
L'amélioration de la compétitivité est réelle, malgré l'augmentation du coût des intrants importés.
De ce fait, avec l'appui complémentaire de la Caisse française de développement, nous avons maintenant à consolider ces résultats. La reconquête des marchés intérieurs, et notamment des marchés urbains, par les productions nationales doit se poursuivre.
Les efforts de restructuration des filières doivent permettre de relancer les projets de transformation de produits agricoles.
On observe aussi, avec la diminution des disparités de politique économique entre les pays de la zone franc, un renforcement de la coopération régionale. La construction de marchés régionaux apparaît de nouveau possible.
Notre appui à l'amélioration de l'environnement des entreprises sera encore plus important, et nous pourrions approfondir notre réflexion pour proposer à nos partenaires des initiatives nouvelles.
J'y reviendrai en abordant la question de la diversification de nos instruments.
Le projet du budget 1995 devrait favoriser cette politique nouvelle, d'abord en préservant les moyens d'action du Fonds d'aide et de coopération (FAC), dont les enveloppes seront reconduites, ensuite en remettant à niveau, après plusieurs années d'affaiblissement, l'enveloppe dons-projets de la Caisse française de développement.
Le Premier ministre a annoncé en effet, au cours de son déplacement en Afrique, dont je remercie au passage ceux d'entre-vous qui en ont facilité le déroulement, qu'un volume de 1,5 milliard de F de ressources additionnelles serait libéré pour permettre une meilleure participation de notre aide au financement d'investissement dans la zone franc.
Mais nous avons d'abord à achever la phase de transition et à gérer au mieux les mesures d'urgence mises en place depuis le début de l'année.
Conçu pour permettre un appui immédiat et concret aux besoins sociaux exprimés dans les villes, le fonds spécial de développement, a, c'est manifeste, bien répondu à sa mission.
Vous savez que 100 millions de francs supplémentaires ont été dégagés afin de poursuivre cette aide jusqu'à la fin de l'année 1994.
C'est la première fois dans l'histoire de ce Ministère qu'une somme aussi élevée (400 millions de francs, c'est l'équivalent de 1/3 du FAC) est ainsi consacrée au financement de petits projets déconcentrés.
Le fonds spécial de développement a beaucoup exigé de vous et vos efforts ont porté leurs fruits.
J'attends que vos réflexions au cours de cette semaine enrichissent aussi le rapport d'évaluation actuellement entrepris, pour que nous fassions en sorte de prolonger cette réussite.
Au-delà des projets, de leur impact auprès des populations les plus fragiles, c'est notre image qui en a été transformée et nous avons réussi à donner de notre ministère une perception plus large, et je crois très positive à la rencontre d'acteurs nouveaux.
Les actions relatives au livre, dont le test de réussite est cette rentrée scolaire, et l'appui à la distribution du médicament doivent faire l'objet du même soin continu.
S'agissant de notre approche plus globale de la santé ou de l'éducation, il faudra tenir compte des modifications de l'environnement désormais marquées : renchérissement du coût des importations, nécessite d'équilibrer les systèmes, responsabilisation plus grande des partenaires.
À terme, en consacrant une part plus grande de nos secteurs, nous accompagnerons les réajustements nécessaires sur un terrain où les besoins sont encore écrasants, et qui déterminent la croissance économique de demain :
– dans la santé : accélérer les réformes institutionnelles pour une meilleure gestion des établissements hospitaliers, faciliter l'accès du plus grand nombre aux soins élémentaires dans le cadre de structures légères, dispensaires et centres de santé, réussir les projets spécifiques dans la lutte contre le SIDA et les grandes endémies ;
– dans l'éducation : favoriser les productions locales dans l'édition scolaire, aider à la formation et à la qualification professionnelle en adaptant l'enseignement technique aux vrais besoins du secteur productif. Concevoir un enseignement supérieur intégré à une dimension régionale.
J'attache aussi beaucoup de prix à l'élaboration de réponses adaptées dans le domaine de l'enseignement primaire et de l'alphabétisation de masse, où nécessairement nous devons travailler en tenant compte de la diversité des partenaires, y compris de l'enseignement privé.
Il y a un champ très prometteur.
Ces réorientations de stratégie peuvent conduire à nous interroger sur la répartition des rôles entre le Ministère de la Coopération et la Caisse française de développement.
Nous voyons bien que nos instruments financiers sont complémentaires et que notre articulation doit en tenir compte.
Nous avons aussi nos, propres limites, à l'administration centrale comme sur le terrain, lorsqu'il s'agit de concevoir, d'examiner et de mettre en œuvre des projets.
La coordination avec l'action de la Caisse française de développement est un impératif majeur.
– Il nous appartiendra en effet, dans ce nouveau contexte économique, de renouveler aussi les moyens de notre coopération, en opérant d'autres réorientations :
– dans l'élargissement de notre partenariat ;
– dans la diversification de nos instruments.
Dans les prochaines semaines plusieurs rendez-vous sont organisés à ma demande avec les autres partenaires de la coopération, que vous connaissez bien, et qui sur le terrain sont aussi vos interlocuteurs.
Les rencontres nationales de la coopération décentralisée le 27 octobre 1994 à Paris me permettrons de définir les bases d'une relation plus étroite avec les collectivités locales.
Dans ce domaine des progrès restent en effet, à réaliser pour coordonner nos interventions, et établir une véritable cohérence entre la coopération d'État et les initiatives décentralisées. Les améliorations enregistrées dans ce domaine sont insuffisantes, et nous devons aller de l'avant.
Avec les ONG, le prochain Forum d'Agen et la table ronde du 20 novembre avec les pouvoir publics confirmeront les avancées de notre dialogue.
J'espère à cette occasion que les mesures d'encouragement aux actions des ONG discutées avec le ministère du Budget à l'occasion de la proposition de la loi de finance pourront être confirmées, aussi bien en matière fiscale que dans le domaine de la protection sociale des volontaires.
Certaines d'entre-elles ont été proposées dans le rapport que M. CAZENAVE, parlementaire en mission, a récemment présenté au Premier ministre.
Avec les entreprises enfin, nous devrons rechercher aussi les moyens d'une meilleure synergie.
Je me suis engagé dans une concertation régulière avec elles, concertation qu'a rendu par ailleurs plus nécessaire encore la phase d'accompagnement de la dévaluation.
Des rencontres ont été organisées à Paris au printemps dernier pour faire le point de la situation dans la zone. De nouveau, il faudra évaluer l'évolution des choses à la fin de l'année.
Je vous engage à rechercher ces contacts dans vos postes, et je sais que certains d'entre-vous les organisent très volontiers.
Nous devons en fait privilégier les projets susceptibles de fédérer les interventions publiques et privées, encore trop isolées entre-elles.
Je serais heureux que me soient, par exemple, proposés des projets associant à un financement public, une intervention de la Caisse de développement et des engagements du secteur privé, ou du secteur associatif.
Il n'y a pas de contradiction à voir opérer sur un projet donné, notamment dans le secteur productif, l'ensemble des partenaires français de développement.
Nous savons très bien faire cela en France, notamment dans le développement local. Pourquoi ne pourrions-nous pas le favoriser au-delà ?
De cette organisation nouvelle de notre partenariat avec les entreprises, les collectivités locales, les ONG et cette diversification de nos instruments, j'attends la construction d'un nouveau savoir-faire de la coopération adapté à une période dont j'ai rappelé les opportunités.
Il s'agit bien d'organiser au mieux l'expression de notre solidarité avec l'Afrique, il s'agit aussi d'affirmer que cette solidarité est exigeante.
Dans une Afrique stabilisée
Exigeants avec nous-mêmes, nous devons avec nos partenaires africains qui, en contre-partie du soutien massif de la France à leurs côtés, doivent poursuivre avec rigueur et détermination l'œuvre de redressement qu'ils ont entreprise, singulièrement depuis la dévaluation pour les pays de la zone franc.
Cet effort de rigueur passe essentiellement par la construction d'un État de droit, qui est seul à même d'offrir à tous les acteurs du développement les perspectives d'une égalité des chances, d'une équité de traitement, d'une sécurité des échanges et des biens.
Nous avons consacré depuis un an et demi de très sérieux efforts à l'appui au développement institutionnel et démontré, sans intervenir de manière intempestive en multipliant les jugements ou les condamnations, qu'il ne peut y avoir de progrès véritable sans ce progrès moral inséparable de la démocratie.
Des États l'ont heureusement compris et nous allons ainsi reprendre notre coopération avec le Togo, à l'issue d'un processus lent et difficile de construction progressive d'une plus grande démocratie.
Nous espérons que l'évolution favorable, observée ces derniers mois au Zaïre, nous permettra de reprendre là encore nos relations d'aide.
Ce processus de rapprochement contrôlé, qui, en cas de manquement, peut être aussi celui de la rupture, se différencie de ce qu'avait pu être une démarche précédente, dans sa progressivité et son pragmatisme.
J'entends donc donner une priorité aux aides assurant, dans ces différentes composantes, l'émergence de cet État consensuel et pacifié qui remplira sa mission de développement.
C'est en ce sens qu'outre les projets de réforme et d'amélioration des systèmes judiciaires, d'appui à l'organisation des pouvoirs publics, à l'organisation et à l'expression d'une presse libre et indépendante, je consacre dès cette année aux projets de sécurité intérieure une part importante de nos financements.
Les projets instruits dans ce cadre par la Mission militaire de coopération sont désormais éligibles au financement du FAC et vous aurez à l'occasion de l'exercice de programmation 1995 la possibilité d'intégrer dans vos programmes, en relation étroite avec le Chef de la mission militaire, des actions dans ce domaine au titre du FAC.
Le drame du Rwanda nous enseigne que nous devons être particulièrement vigilants dans le domaine de la prévention des conflits internes, et que nos moyens d'accompagnement de la construction de l'État de droit doivent être tout entier orientés vers cette logique de prévention.
C'est la logique la moins onéreuse, celle aussi qui permet à la France d'adopter des positions à la fois simples et actives, permettant de réagir à différents niveaux.
Nos actions peuvent aussi bien permettre aux institutions démocratiques mises en place d'accomplir leur mission dans de meilleures conditions, qu'aux minorités de faire valoir leurs droits d'expression.
Cette gestion adaptée à chaque contexte particulier doit permettre d'éviter l'intervention, vécue toujours comme un échec de la prévention.
Dans tous les cas, le recours à l'intervention doit se concevoir essentiellement à l'échelle régionale, dans un cadre africain. C'est en ce sens que le Premier ministre a suggéré à Dakar que les pays africains se dotent d'un mécanisme de prévention des conflits et des crises, et d'une force d'intervention permanente.
Une réflexion est en cours sur ces questions. On peut relever avec beaucoup de satisfaction que dans le cadre de l'opération Turquoise, plusieurs pays ont d'ores et déjà témoigné de leur ouverture à un modèle de ce type.
Sur des bases affirmées, conduisant à l'édification d'une société moderne, l'État joue le véritable rôle qui est le sien ; pas seulement d'ailleurs sous l'angle sécuritaire, mais aussi dans la conduite des politiques régionales.
Je dois noter, sans revenir sur les aspects économiques déjà évoqués, que la période actuelle de restauration des grands équilibres de filières agricoles, notamment dans le domaine des cultures d'exportation, peut conduire de nouveau l'État à prélever indûment sa part, et reconstituer ainsi des capacités de financement non contrôlées.
Soyons attentifs à ce que s'impose une logique saine de développement seule créatrice de l'indispensable consensus politique.
Mesdames et Messieurs les chefs de mission,
En dressant très largement ces perspectives qui dessinent ainsi les contours du nouveau contrat entre la France et l'Afrique, j'ai bien conscience de vos tâches et de vos responsabilités.
Sur le terrain, vous saurez à être les acteurs de ce changement, en conservant la confiance de nos partenaires et en expliquant les enjeux de cette phase nouvelle.
Cette mission est difficile, elle suppose une communication permanente entre les services et les postes. Vos rapports trimestriels d'information complètent les échanges entretenus quotidiennement, et je vous remercie de les transmettre régulièrement.
Le chef de mission tour à tour négociateur, expert, conseiller et observateur, est aussi le responsable d'une équipe qui doit savoir s'adapter à ce changement, en faisant preuve à la fois d'un professionnalisme aigu et d'un sens confirmé du service public.
Les travaux que vous allez entamer cette semaine seront fortement axés sur le rôle que vous avez à jouer, dans le cadre d'une déconcentration que j'ai renforcée. Conjointement avec les directeurs d'agence de la Caisse française de développement, et selon les directives qui vous sont données, il vous appartient de proposer des orientations à moyen terme pour la coopération dans votre pays de résidence. J'attache beaucoup d'importance à cette capacité de proposition qui vous est reconnue, car elle est pour moi gage de réalisme, de saine appréciation des conditions locales, que vous êtes les plus à même d'analyser.
Une fois ces orientations validées par le Comité d'orientation et de programmation dont j'assure la Présidence, elles doivent être mises en œuvre au moyen de votre programmation.
Pour faciliter votre tâche, nous étudions avec votre participation les voies et les moyens d'une meilleure organisation, en vous dotant par exemple d'instruments informatiques plus performants. Nous poursuivons également un effort de formation permanente de vos conseillers et de vos agents, et, pour la première fois cette année, de nouveaux chefs de mission.
Ces questions seront reprises en détail au cours de cette semaine. Je ne m'y attarderai pas davantage. Je voulais cependant que vous compreniez, que pour moi, la définition d'une politique concrète, s'appuyant sur les principes que j'ai rappelés, doit être complétée par l'amélioration des moyens dont vous disposez, et l'accroissement de vos responsabilités.
Je souhaite aussi qu'avec les directeurs d'agence de la Caisse française de développement, dans le cadre d'un réseau qu'il nous est nécessaire de faire évoluer, les meilleures relations de travail soient établies pour la coordination efficace de notre aide.
J'approuve presque par avance les expériences locales de synergie, de mise en commun des moyens de rapprochement pragmatique qui pourraient se développer, entre vous et, pourquoi pas, à l'échelle régionale.
Sachons adapter nos moyens aux réalités du moment, et démontrer que ce ministère est l'instrument le plus qualifié pour animer les nombreux acteurs de notre politique de coopération.
S'agissant de l'administration centrale, un décret d'organisation et des arrêtés ministériels ont été ou vont être présentés aux instances paritaires. Au-delà de la sécheresse des textes, ils visent à resserrer le dispositif, à définir plus précisément ses fonctions et ses tâches, pour la rendre plus apte à l'indispensable effort de réflexion, et augmenter ces capacités de proposition. Vos travaux commenceront par la discussion de ces mesures.
Mesdames et Messieurs les chefs de mission,
Des contacts que j'ai à Paris ou en Afrique, des messages que je reçois, je retire aujourd'hui un optimisme raisonnable pour l'avenir de l'Afrique et de notre coopération.
Bien sûr, des drames divisent encore ce continent mais en-a-t-il le singulier privilège ?
Sachons alors discerner dans ce défi les succès et les espoirs ; ils confirment que la France a raison d'ambitionner pour l'Afrique un développement mutuellement profitable.