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La CFTC a présenté, fin février, son plan d'action pour les dix-huit mois à venir. Regroupé en dix programmes, ce plan est l'application directe de la résolution du congrès de Versailles en novembre dernier. Il est composé de 42 projets précis qui vont de la participation au financement des régimes sociaux.
Les 10 programmes :
Entreprise, participation et promotion des personnes
Négociation et paritarisme
Exclusion et insertion
Emploi
Famille et éducation
Protection sociale
État et développement
Europe
International
Développement CFTC.
Deux idées principales caractérisent les programmes et les projets CFTC :
– développer l'esprit d'entreprise ;
– renforcer la solidarité.
L'articulation de ces deux perspectives nous paraît de nature à mettre l'économie libérale au service d'un véritable développement des personnes de la communauté nationale.
Permettre à chaque personne d'être acteur de son avenir et dans son entreprise.
Le salarié acteur
L'un des facteurs les plus décisif de la réussite des entreprises est d'associer pleinement les salariés à l'élaboration et à la réalisation de leur projet. La loi sur la participation globale.
Organiser une formation professionnelle plus généralement qualifiante et de telle manière que chaque salarié puisse être réellement acteur de son avenir professionnel.
Faire valoir un mode de conduite des équipes qui permettent l'épanouissement de chaque salaire.
De nouvelles relations sociales
Dynamiser les négociations de branches. Rendre aux branches professionnelles leur rôle de directeur dans l'organisation des relations sociales dans l'entreprise.
Donner toute sa place à la négociation. Promouvoir le contrat de paix sociale pour la gestion des accords collectifs et la médiation des conflits.
Consolider le paritarisme et renforcer ses responsabilités dans la gestion des dossiers sociaux, dans les différents domaines de l'emploi, de la formation et de la protection sociale.
Renforcer les institutions représentatives du personnel, information-consultation des salaires, rôle des sections syndicales.
Analyser, valoriser et diffuser les expériences sociales négociées innovantes. Contribuer à leur développement, par exemple dans le domaine de l'organisation du travail et de la réduction du temps de travail.
Développer la qualification et l'organisation professionnelle des emplois de services aux personnes.
Justice sociale et solidarité
Agir sur le terrain pour réaliser l'objectif de l'égalité professionnelle en prenant en compte les aspirations et conditions de vie des femmes.
Agir dans les entreprises et administrations pour développer l'insertion professionnelle des jeunes.
Négocier une nouvelle organisation des formules d'aide au reclassement des adultes, baisse sur l'implication des personnes concernées.
Multiplie dans les entreprises et administrations les initiatives de lutte contre les pauvretés, y compris avec intervention des comités d'entreprise.
Agir pour l'embauche des personnes handicapées.
Impliquer des Unions géographiques dans les actions locales pour l'intégration des personnes immigrées.
Rétablir une forme de contrôle administratif des licenciements.
Promouvoir une politique familiale moderne avec implication des entreprises et débloquer la question scolaire en mettant réellement l'école au service des familles.
Élaborer et faire valoir les projets CFTC en matière d'assurance maladie, de dépendance, de prévoyance, de retraites.
Une nouvelle organisation de l'économie
Modifier la forme de la contribution des entreprises au financement des régimes sociaux.
Mettre la fiscalité publique au service du développement : réforme fiscale.
Aménagement du territoire : développement harmonieux (villes moyennes, logement, services publics, environnement).
Démarquage de la Communauté européenne par rapport au libre-échangisme, mise en place des structures information-consultation des salariés dans les entreprises européennes, adoption de critères de convergence sociaux aux objectifs économiques de la communauté.
Négocier un GATT social et développer la solidarité internationale.
Moderniser le syndicalisme
Conclure entre confédérations réformistes un pacte participatif sur quelques objectifs simples et vitaux pour le syndicalisme : syndicalisation, négociation, paritarisme, paix sociale.
Moderniser l'organisation de la CFTC, pour prendre en compte l'évolution des besoins : engagement militant et formation, renforcement des capacités d'accueil et mise sur pied d'une structure concrète de solidarité avec les adhérents ayant perdu leur emploi.
Enfin, la CFTC poursuivra la réforme de son organisation interne engagée depuis 1992.
Résolution d'orientation
Entreprise et solidarité : les chemins du développement
À la fois analyse précise de la situation actuelle, charte politique et ensemble de propositions concrètes, la résolution d'orientation du congrès de Versailles dessine les « chemins du développement » pour tous. Quelques extraits significatifs.
Justice pour les salaires
29. Les salaires restent le thème le plus fréquent des négociations collectives. Cependant, le tassement de la politique salariée est très préoccupant car les salariés ont droit à leur part des gains de productivité forte, la garantie du pouvoir d'achat des salaires nets est une revendication minimale réaliste. (…)
31. Le maintien du Smic s'impose. Il évite que les salariés les plus modestes ne deviennent, au fil des années, les oubliés de notre économie. La CFTC dénonce le contournement du Smic par certaines formules d'insertion dans réelle contrepartie. (…)
L'emploi, c'est comme le pain, ça se multiplie !
43. La mise en œuvre d'une politique familiale de libre choix répondrait aux besoins des familles et apporterait une réponse positive au problème de l'emploi.
44. On ne peut donc pas se limiter à attendre le retour de la croissance pour voir l'emploi revenir à un niveau satisfaisant. Le Congrès de Lille s'est prononcé clairement pour une réduction du temps de travail (35 heures) dans le but de créer des emplois. Si l'on ne veut pas que cette réduction risque de se traduire par des baisses proportionnelles de salaires, il faut mettre à profit les gains de productivité en les affectant au moins partiellement à l'emploi ou à la formation à l'emploi.
Les régimes sociaux : un puissant outil de solidarité
49. Le régime d'assurance-chômage doit participer encore davantage aux politiques actives de réinsertion. Quand on dénombre 1 000 000 de chômeurs de longue durée, l'indemnisation ne suffit plus.
51. L'assurance-maladie doit être complétée d'urgence par un régime dépendance, notamment les personnes âgées, reposant sur les solidarités naturelles, familiales et locales en développant en particulier le maintien à domicile.
52. La dégradation du remboursement des dépenses d'assurance-maladie rend de plus en plus urgente la généralisation de la prévoyance complémentaire, comme la CFTC le propose depuis plusieurs années.
Formation professionnelle
L'enjeu des négociations
Ouvertes le 8 février dernier, les négociations professionnelles se poursuivront ce printemps jusqu'en juillet. « L'Affaire » du CIP a mobilisé ces temps-ci toutes les attentions. Mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt : la formation professionnelle toute entière représente un enjeu majeur pour les salariés en période de crise. Secrétaire général confédéral et spécialiste de ces questions, Jacques Voisin nous explique ce que la CFTC a proposé à ses partenaires.
La Vie à Défendre : La formation professionnelle était régie par l'accord de juillet 1991. Pourquoi de nouvelles négociations ?
Jacques Voisin : Ces négociations ont en quelques sortes deux origines. D'une part, elles étaient prévues par l'accord de 1991, qui prévoyait un bilan des dispositions exprimées. Les partenaires sociaux se sont donc rencontrés le 12 janvier. De fait, ils ont décidé d'ouvrir des négociations. L'actualité sociale nous y poussait naturellement avec le vote de la loi quinquennale. Le gouvernement souhaite que les discussions articulent autour de quatre champs ouverts par la loi, le capital temps-formation, la formation professionnelle des jeunes en entreprises, qui comprends tous les dispositifs de formation en alternance, le congé enseignement. Celui-ci permet aux professeurs d'exercer temporairement dans un centre de formation professionnelle. Dernier point : la réorganisation des organismes de formation professionnelle.
À la CFTC, nous souhaiterions élargir le débat à un projet global de formation professionnelle, passer du concept de formation continue à celui de « formation continuée ». La formation doit accompagner chacun durant toutes les étapes de la vie active, de l'école à l'insertion puis tout au long de la carrière, avec ses aléas, en prenant en compte à la fois les souhaits de la personne et les besoins de l'entreprise.
La Vie à Défendre : Les négociations actuelles vont-elles vous fournir l'occasion d'une telle ouverture ?
Jacques Voisin : L'idée du capital-formation contenue dans la loi quinquennale, nous paraît aller dans ce sens. Il s'agit d'ouvrir à tout salarié la formation, aujourd'hui encore trop exclusivement réservée aux cadres. Mais cette mesure reste limitée par le plan de formation prévu par l'entreprise. Si l'on n'y « colle » pas impossible d'en bénéficier.
La Vie à Défendre : Que propose la CFTC dans l'optique de la formation continuée ?
Jacques Voisin : Aujourd'hui, la formation professionnelle s'articule autour de quatre dispositifs étanches. D'un côté, l'insertion des jeunes, c'est le dispositif de l'alternance contrats d'orientation, de qualité, d'adaptation, et maintenir le CIP. De l'autre, La formation salarié adulte : c'est le plan de formation continuée. Autre formule encore, le congé individuel de formation ; qui permet au salarié de poursuivre un projet personnel de formation. Enfin, dernier avantage : la formation-réinsertion.
Tous ces dispositifs sont conçus pour répondre à une situation particulière. À la CFTC, nous disons ; quel que soit son niveau, le salarié doit avoir accès à la formation tout au long de sa vie professionnelle. D'où l'idée du chèque formation qui peut être géré par les organismes classiques et intégrer tous les dispositifs existants. L'idée du capital-formation nous paraît intéressante à ce titre. C'est en quelque sorte le « chèque-formation » à tous les moments de la vie active.
Conçue sous cette forme, la formation continuée est un facteur puissant d'intégration des jeunes et de tous ceux qui perdent pied. Elle correspond à la nécessité urgente de prévenir les ruptures auxquelles la crise nous soumet trop souvent. La formation continuée permet au travailleur de devenir acteur de son propre plan de formation. Et plus participatif dans l'entreprise qui, au bout du chemin, y trouvera aussi, son compte.