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Dans une semaine, l'Allemagne élira un nouveau Bundestag. Cette échéance, est suivie naturellement avec beaucoup d'attention en France. Quels que soient les résultats de cette élection, une relance franco-allemande est pour les mois à venir une priorité. Ce mot trop souvent galvaudé, prend tout son sens au regard des échéances cruciales auxquelles les pays européens devront faire face.
Plus que jamais, le « moteur » franco-allemand est indispensable à l'Europe. L'Allemagne et la France sont deux des États membres fondateurs. Nos dirigeants et nos peuples se sont beaucoup investis depuis quarante ans dans la construction européenne. À partir de positions de départ souvent très différentes - en raison de la géographie, de la culture et de l'histoire nous avons toujours su dans cette période trouver une synthèse entraînante pour nos partenaires européens. L'euro en est le meilleur exemple.
Les élargissements successifs et le développement des compétences ont modifié le visage de l'Union. Devenue plus complexe, celle-ci a plus que jamais besoin d'une force d'entraînement et l'expérience prouve qu'il n'y a pas de substitut au moteur franco-allemand, même si celui-ci ne peut pas être exclusif car chaque pays membre a un rôle éminent à jouer. L'affirmation croissante de l'Allemagne, rétablie dans la plénitude de sa souveraineté, sur la scène internationale constitue une formidable chance de donner un supplément d'ambition à l'Europe.
Avec le gouvernement issu des élections du 27 septembre, nous devrons travailler ensemble intensément. En effet, la Communauté n'a rarement - et peut-être jamais - été confrontée à tant de défis en même temps : le budget des années 2000-2005, la réforme et l'adaptation des politiques communes qui peuvent l'accompagner, et la nécessaire prise en compte des futures arrivées des pays candidats. Cela sera difficile : les États membres qui paient beaucoup, comme l'Allemagne, veulent payer moins ; ceux qui reçoivent beaucoup, veulent recevoir toujours autant ; chacun veut conserver les politiques communes qui l'intéressent et est prêt à négliger celles qui ne l'intéressent pas. Il faudra aussi que, tous, nous financions l'élargissement. Je ne vois pas de solution à ces problèmes sans un vrai accord franco-allemand. Ensuite, il faudra que l'Europe fonctionne même après de nouveaux élargissements, et puisse agir efficacement dans les domaines voulus par nos concitoyens. Ce n'est pas acquis d'avance. D'où la nécessité d'une réforme des institutions qui n'a pu avoir lieu à Amsterdam, et la mise en oeuvre d'une subsidiarité claire à laquelle sont attachés nos deux peuples. C'est enfin la maîtrise de l'élargissement : pour le réussir nous devons le négocier sérieusement, dans l'intérêt des États membres actuels et futurs. Il s'agit de régler ces problèmes avant la conclusion des négociations d'adhésion pour qu'ils ne nous paralysent pas après.
D'autres chantiers nous attendent. Nous aurons à donner plus de corps à notre politique étrangère et de sécurité commune. Je pense aussi à ce que nous avons entrepris dans l'industrie aéronautique et à ce que nous avons commencé sur l'Europe de la connaissance, par exemple avec le projet de l'Université franco-allemande.
Des mois de négociations intenses nous attendent. Nous devrons nous y atteler, dès le 28 septembre.