Texte intégral
Déclarations à l'aéroport Helsinki-Vantaa (Helsinki, 12 janvier 1995)
Q. : Face à la situation en Tchétchénie, pouvez-vous envisager le gel de l'accord économique avec la Russie ?
R. : Nous verrons à l'occasion de la prochaine réunion du conseil des ministres, le 23 janvier, et nous déciderons en fonction de l'évolution de la situation.
Q. : Qu'attendez-vous du prochain voyage de M Ahtisaari en Russie ?
R. : Il sera très intéressant d'avoir le point de vue du Président sur la situation réelle en Russie et je souhaite également qu'il puisse relayer ce que l'Union européenne a déjà dit, à savoir que la Russie, compte tenu des engagements qu'elle a pris dans le cadre de l'OCSE, doit arrêter les combats et engager une négociation pour trouver une solution politique. Il ne peut y avoir qu'une solution politique à ce conflit.
Conférence de presse conjointe du ministre des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, et du ministre des Affaires étrangères de Finlande, M. Haavisto (Helsinki, 13 janvier 1995) - Propos du ministre
Mesdames, Messieurs, le voyage que je fais aujourd'hui en ma qualité de président du Conseil de l'Union européenne est évidemment d'une grande importance. Si je n'hésitais à utiliser des mots trop forts, je me risquerais à dire que ce voyage est, d'une certaine manière, historique, puisque c'est la première fois que la présidence de l'Union européenne vient à Helsinki, dans un État membre de l'Union européenne ! Je suis évidemment heureux de marquer ainsi le nouveau départ de l'Union européenne à quinze.
Dans les entretiens que j'ai eus ce matin avec le Président de la République, le Premier ministre et mon collègue M. Haavisto, j'ai exposé quelles étaient les grandes priorités de la présidence française durant ces six mois. Je pense que vous les connaissez et je n'ai pas l'intention de me livrer à un grand exposé. Il sera plus intéressant de répondre à vos questions.
Je voudrais seulement rappeler les cinq grandes têtes de chapitres : d'abord, tout ce qui touche à la croissance et à l'emploi, préoccupation commune de nos peuples. Ensuite, la dimension sociale de la construction européenne. Il y a, en troisième lieu, les questions de sécurité et de politique extérieure. La quatrième priorité vise à rechercher un meilleur équilibre dans les relations extérieures, qu'il s'agisse des relations structurées avec les pays d'Europe centrale et orientale, de la négociation d'accords d'association avec les États baltes ou d'efforts accrus en direction du sud et de la Méditerranée. Dans ce cas, la perspective n'est évidemment pas celle de l'adhésion, mais d'un partenariat renforce. Notre cinquième et dernière grande priorité porte sur les questions culturelles et audiovisuelles : nous sommes très attachés à développer la production et la diffusion d'œuvres audiovisuelles européennes, de même que nous attachons beaucoup d'importance au plurilinguisme européen.
Je terminerai en disant que la présidence française amorcera la préparation de la conférence intergouvernementale de 1996, en établissant notamment le rapport du Conseil et en préparant le groupe de travail qui se mettra à fonctionner pendant la présidence espagnole.
Un mot encore en ma qualité de ministre français des affaires étrangères. J'ai réaffirmé à tous mes interlocuteurs la volonté de la France de renforcer ses liens bilatéraux avec la Finlande et c'est dans cet esprit que nous nous apprêtons à accueillir à Paris, dans un peu plus d'un mois, le Président Ahtisaari. Maintenant je suis prêt à répondre à vos questions.
Q. : Avez-vous abordé la question de la Tchétchénie avec le Président et vos autres interlocuteurs finlandais ?
R. : Nous avons, bien entendu, parlé longuement de la Tchétchénie. Je sais que le Président de la République et le Premier ministre de Finlande doivent se rendre dans les prochains jours en Russie et je pense que ces voyages peuvent être utiles pour faire passer le message et informer l'Union de ce qui se passe en Russie.
Vous savez la position qu'a prise l'Union européenne depuis le début de ce drame. Tout en soulignant que la Tchétchénie était partie intégrante de la fédération de Russie, nous avons rappelé à la Russie qu'elle avait pris des engagements, d'abord dans le cadre de l'OSCE, ensuite dans le cadre de son partenariat avec l'Union européenne, engagements vis-à-vis des Droits de l'Homme, mais aussi engagements dans la conduite des opérations de la sécurité intérieure dans le code de conduite de l'OSCE.
Nous avons donc appelé la Russie à la cessation des combats et à l'ouverture de négociations. Il faut trouver une solution politique à cette crise. Nous avons déjà fait, en accord avec tous les États membres, plusieurs démarches en ce sens. Nous avons soutenu les initiatives de l'OSCE et nous suivons attentivement l'évolution de la situation pour renouveler, le cas échéant, ces démarches.
Q. : Quel sentiment vous inspire la prudence controversée de la Finlande face à la question tchétchène ?
R. : Je n'ai pas à m'immiscer dans le débat interne de la Finlande. Vous savez, face à ce genre de drames, vous avez toujours des gens qui trouvent qu'on en fait trop et d'autres pas assez. Je crois que la bonne ligne, c'est être fidèle à ses principes et de rappeler très clairement à la Russie que sa volonté de partenariat avec l'Europe l'oblige au respect de certains principes. Je crois néanmoins qu'il faut poursuivre le dialogue et ne pas faire monter les choses à l'extrême.
Q. : Votre avis sur l'Europe à deux vitesses ?
R. : Je me méfie beaucoup des formules comme celles d'Europe à deux ou à plusieurs vitesses ou encore d'Europe à géométrie variable. On utilise beaucoup la géométrie, les cercles, les noyaux, c'est presque de la physique nucléaire.
Je crois qu'il y a quelques idées simples qui permettent de s'y retrouver. La première, c'est qu'il faudra continuer à élargir l'Europe. Vous savez dans quelles conditions et je n'y reviens pas. La deuxième, c'est que cette Europe élargie doit rester Union et ne pas devenir une simple zone de libre-échange. La troisième, qui me paraît rencontrer l'adhésion de la plupart, c'est que dans cette Europe élargie, ceux qui le veulent et ceux qui le peuvent doivent pouvoir aller un peu plus vite, à condition que personne ne soit exclu. Il ne s'agit pas d'une sorte de club fermé dont la liste serait arrêtée à l'avance. Je suis désolé de tenir des propos un peu trop généraux, mais pour être plus précis, il me faudrait du temps. Je crois par ailleurs qu'au stade de la réflexion ou nous en sommes tous, nous avons le temps devant nous jusqu'en 1996.
Q. : Pensez-vous que le Président Doudaïev soit un représentant légitime de la Tchétchénie ?
R. : Dans ma conversation avec Andreï Kozyrev, il y a quarante-huit heures, j'ai insisté sur la nécessité d'ouvrir le dialogue avec toutes les forces tchétchènes. Le général Doudaïev est un interlocuteur. La réaction d'Andreï Kozyrev a été, d'ailleurs, très ouverte. Ce que je souhaite maintenant, c'est que ces discussions puissent s'engager, mais ce n'est évidemment pas à nous de nous substituer aux autorités russes.
Conférence de presse conjointe du ministre des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, et du ministre des Affaires étrangères de Norvège, M. Bjoern Tore Godal (Oslo, 13 janvier 1995) - Propos du ministre
Mesdames et Messieurs, j'aurais évidemment beaucoup aimé venir ici à Oslo en ma qualité de président en exercice de l'Union européenne sur le territoire d'un État membre de l'Union, le peuple norvégien en a décidé autrement et c'est ainsi. J'ai néanmoins maintenu mon escale à Oslo parce que je souhaitais discuter avec M. Godal, et tout à l'heure avec Madame le Premier ministre, de la manière de maintenir des relations aussi étroites que possible entre l'Union européenne et la Norvège.
Je pense que nous voyons mieux maintenant comment ces relations peuvent s'organiser. Il y a d'abord le domaine très important de la sécurité. La Norvège est membre à part entière, et depuis longtemps, de l'Alliance atlantique, elle est membre associé de l'Union de l'Europe occidentale, et elle participera à ce titre à la réflexion que nous souhaitons engager pour élaborer un Livre blanc sur la sécurité en Europe. Il y a donc là, je crois, un cadre tout désigné pour notre coopération.
En ce qui concerne le dialogue politique et par ailleurs les questions économiques et commerciales, le cadre-là aussi est tout désigné. Comme le disait M. Godal à l'instant, il s'agit de l'Espace économique européen, auquel il faut faire donner toutes ses potentialités. La Norvège a fait tout récemment de nouvelles propositions pour l'organisation du dialogue politique, la présidence qui les a examinées avec attention va les soumettre à nos partenaires de l'Union européenne et je pense qu'il sera possible de trouver ainsi des solutions rapides et opérationnelles.
Nous ne devons pas nous dissimuler qu'il pourra bien sûr y avoir des difficultés puisque la frontière extérieure de l'Union européenne passe maintenant entre la Norvège et la Suède pour ne prendre que cet exemple, mais avec de la bonne volonté, je suis convaincu que nous parviendrons à résoudre ces difficultés et sachez que la présidence française fera preuve du maximum de bonne volonté en ce sens.
Comme l'a dit M. Godal nous avons également parlé de quelques grandes crises internationales, Tchétchénie, ex-Yougoslavie. Nous avons également évoqué notre volonté de développer les relations bilatérales entre la France et la Norvège, notamment dans le domaine de l'énergie et comme nous avons peu de temps je préfère m'arrêter là et vous laisser le temps maintenant de poser vos questions si vous le souhaitez.
Q. : Votre visite ici aujourd'hui signifie-t-elle que la Norvège aura une relation avec l'Union européenne plus étroite que les pays d'Europe orientale qui ont signé des accords européens ?
R. : Je ne crois pas qu'on puisse faire cette comparaison. Les pays d'Europe centrale sont candidats à l'adhésion à l'Union européenne et nous avons mis au point avec eux une stratégie de pré-adhésion. La Norvège n'est pas dans cette perspective, mais, je le répète, nous sommes prêts à voir comment maintenir avec elle des relations étroites et je crois que notre conversation d'aujourd'hui telle que nous vous l'avons rapportée est encourageante.
Q. : Vous avez évoqué les questions énergétiques. Pensez-vous que l'Union européenne souhaitera associer la Norvège à l'élaboration d'une politique énergétique commune, du fait que la Norvège est le plus gros producteur d'énergie de l'Europe occidentale, ou le non norvégien a-t-il exclu une telle possibilité ?
R. : Je vous ai dit combien grande était notre bonne volonté, mais quand on n'est pas, il faut que les choses soient claires, membre de l'Union européenne, on n'est naturellement pas partie prenante des politiques communes de l'Union européenne. Donc il faut trouver d'autres formules, mais cela ne peut pas être évidemment comme si on était dedans.
Q. : Vous avez parlé d'une coopération plus étroite en dépit du fait que la Norvège a dit non. Peut-on voir une différence entre la position française et la position allemande, car M. Kinkel a récemment déclaré très clairement qu'on ne peut pas à la fois dire non et prétendre coopérer étroitement quand même ? La France serait-elle plus intéressée que l'Allemagne à coopérer avec la Norvège ?
R. : Écoutez, j'ai dit très clairement que dire non, ce n'est pas la même chose que dire oui. Sur ce point-là, tout le monde est d'accord, je pense. Mais je crois que les choses ont évolué depuis un mois. Chacun maintenant a mis ses idées en place, aussi bien du côté norvégien que du côté européen. Nous déciderons à quinze, bien entendu, au sein de l'Union européenne, mais je suis convaincu que nous trouverons les modalités qui iront dans le sens de ce que j'ai dit tout à l'heure.
Q. : Quelle est à votre avis la conséquence la plus grave pour la Norvège après le non à l'Union ?
R. : Je ne veux pas me substituer aux Norvégiens eux-mêmes, c'est à vous d'examiner la situation. Je disais tout à l'heure qu'il y aurait des difficultés, je pense notamment à tout ce qui concerne le contrôle des frontières externes de l'Union européenne, s'agissant par exemple de la circulation des personnes. Il y a là des difficultés, et on trouvera des solutions. Mais il ne faut pas se dissimuler que cela pose des problèmes.
Conférence de presse conjointe du ministre des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, et du ministre des Affaires étrangères de Suède, Mme Lena Hjelm-Wallem (Stockholm, 13 janvier 1995) - Propos du ministre
Je ferai un très bref exposé préliminaire. Je voudrais d'abord remercier Mme Hjelm-Wallen de m'avoir accueilli de manière très cordiale ici pour ce qui est la première visite de la Présidence de l'Union dans l'État membre de Suède.
Mon voyage avait pour objet d'exposer les priorités de la Présidence française, vous les connaissez déjà, je me bornerai à les énumérer.
En numéro un, la croissance et l'emploi parce que c'est la préoccupation majeure de toutes nos opinions publiques et sous ce thème, nous avons un certain nombre de travaux très concrets à faire, je pense notamment au lancement des grands projets de réseaux trans-européens qui nous intéressent tous.
Deuxième priorité, la dimension sociale qu'il convient de donner à la construction de l'Europe, et je suis sûr que dans ce domaine la Suède pourra apporter beaucoup aux réflexions que nous avons l'intention de lancer.
Troisième priorité, la sécurité et la stabilité de notre Union et de notre continent. À ce titre, nous avons le projet d'achever la conférence sur la stabilité qui a été lancée l'année dernière, et également de donner à l'UEO un contenu encore plus opérationnel.
Quatrième grand thème, les relations extérieures de l'Union ; il faut progresser dans la stratégie d'adhésion des pays d'Europe centrale ; nous souhaitons notamment achever la discussion des accords d'association avec les États Baltes. Mais dans le même temps, nous voulons aussi développer une politique méditerranéenne plus ambitieuse que par le passé.
Enfin, dernier sujet, la culture, l'audiovisuel, les langues ; nous avons là aussi des projets sur lesquels je suis prêt à revenir.
Je conclurai en disant que bien sûr la Présidence française commencera aussi à préparer le Conférence intergouvernementale de 1996 ; nous aurons notamment la responsabilité d'élaborer le rapport du Conseil sur le fonctionnement du Traité de Maastricht.
Voilà je vous laisse la parole.
Q. : La question algérienne et le GIA ?
R. : La France est déterminée à lutter contre le terrorisme. Sur son sol, bien entendu, mais elle souhaite aussi développer sa coopération avec tous les États membres de l'Union pour lutter contre ce fléau que constitue le terrorisme. Cela c'est ma réponse sur le GIA, ce n'est pas ma réponse sur l'Algérie. Pour ce qui concerne l'Algérie, nous l'avons toujours dit, c'est d'abord aux Algériens de choisir leur destin, et pas à la France. Cela dit, nous condamnons la violence, d'où qu'elle vienne, et nous souhaitons qu'une solution démocratique, c'est-à-dire des élections soit organisée par la voie du dialogue.
Q. : La Suède et la politique de sécurité de l'Union européenne ?
R. : Je crois que la Suède peut apporter beaucoup. Elle est observatrice à l'UEO, et nous souhaitons qu'à ce titre elle puisse participer pleinement à l'élaboration du Livre Blanc sur la sécurité qui a été décidé. La Suède il également une connaissance et des relations particulières avec les États Baltes et peut jouer donc un rôle tout à fait important dans le cadre du Pacte de Stabilité. Enfin, nous avons pour but d'organiser pendant la Présidence française une réflexion approfondie sur les relations de l'Union européenne avec la Russie, et là-dessus la Suède aura beaucoup à dire. Et il y aurait beaucoup d'autres sujets encore.
Q. : Sur les langues de l'Union ?
R. : La France est attachée à la défense de sa culture mais elle est aussi attachée globalement à la défense de toutes les cultures européennes, et plus globalement de l'identité européenne. Ce n'est pas du chauvinisme. Deuxième précision, nous n'avons jamais proposé de réduire le nombre des langues utilisées dans l'Union européenne. Ceci est un malentendu, M. Lamassoure l'a d'ailleurs expliqué hier à Bruxelles. Nous avons dit qu'un jour viendrait, lorsqu'il y aura 25 membres dans l'Union européenne, où il faudra peut-être se poser le problème des langues de travail, mais ce n'est pas à l'ordre du jour de notre présidence. Je dirais même au contraire que ce que nous chercherons à faire, c'est à favoriser le caractère obligatoire de l'enseignement d'au moins deux langues étrangères dans tous les pays de l'Union, et de ce point de vue la Suède est évidemment en avance sur le mouvement. Un dernier mot sur la question audiovisuelle, je pose simplement une question : est-ce que nous pouvons nous résigner définitivement à ce que 80 à 90 % des films que nous voyons sur nos écrans de télévision ne soient pas européens. Si on répond oui à cette question, très bien, reposons-nous ; si on répond non, cherchons les moyens de développer nos moyens de production. Je dis tout de suite que, moi, je réponds non.
Q. : Les relations de la Norvège et de l'Union européenne ?
R. : J'ai tenu à maintenir mon voyage en Norvège malgré le « non » norvégien, pour bien montrer que l'Union européenne souhaitait garder avec la Norvège des relations étroites, et nous pensons que c'est dans le cadre de l'EEE que ces relations doivent maintenant s'organiser, y compris dans le domaine du dialogue politique. C'est de cela que je vais discuter dans quelques heures, dans une heure à Oslo.
Q. : La démocratie et le respect de l'influence des petits États dans l'Union européenne ? (Cf. interview du ministre dans « Libération »)
R. : Je dis tout de suite qu'il s'agit là de réflexions du ministre français des affaires étrangères et non pas de la Présidence de l'Union européenne. Après tout, chaque pays a bien le droit d'avancer quelques idées. Je crois qu'il faut tout faire pour éviter que la Conférence intergouvernementale ne se présente comme un affrontement entre, comme on dit, grands et petits pays, même si ce vocabulaire n'est pas très adapté. Néanmoins, si on veut rendre encore plus démocratique le fonctionnement des institutions européennes, il faudra se poser la question du rapport entre le processus de décision et le poids des populations au sein de l'ensemble européen. Il est vrai que c'est en partie un problème théorique parce que je constate que dans le passé, il n'y a jamais eu d'affrontement entre un bloc des grands pays et un bloc des petits pays ; les alliances au sein de l'Union sont en réalité très différentes. Voilà, on y réfléchira.
Q. : Le rôle de la Suède dans la construction européenne ?
R. : La Suède peut répondre à cette question. Je m'empresse tout de suite de dire, pour rebondir sur votre question, que l'intérêt majeur que nous voyons à l'arrivée de la Suède n'est pas le fait que ce soit un pays contributeur. Nous souhaitons que la Suède joue son rôle à plein comme État membre au même titre que les autres et je crois qu'elle a beaucoup à apporter à la construction européenne. J'évoquais tout à l'heure la dimension sociale de cette construction, la Suède a dans ce domaine une expérience ancienne et riche. La Suède garde par ailleurs des relations actives avec les pays nordiques, qu'ils soient dans l'Union européenne ou qu'ils n'y soient pas, et ceci est aussi un enrichissement pour l'Union. La Suède a aussi une longue tradition d'aide au développement et elle peut aussi aider à l'action de l'Union européenne dans ce domaine. Vous savez que nous aurons à décider sous Présidence française du montant du 8e Fonds européen de développement ; voilà un sujet sur lequel la sensibilité suédoise nous sera utile. Ce sont quelques exemples.
Q. : Centre de gravité de l'Union européenne plus au Sud du point de vue de la France que par rapport à la précédente Présidence allemande ?
R. : Non, je ne dirais pas cela. Il est très important de poursuivre notre action vis-à-vis de l'Europe centrale, j'ai parlé tout à l'heure des pays Baltes, et je rappelle que dans ce cas-là la perspective c'est l'adhésion de ces pays à l'Union européenne. La France sera très active en ce sens, mais il n'en reste pas moins qu'au cours des dernières années nous avons négligé le Sud. C'est pour tous les pays de l'Union européenne très important, économiquement, politiquement, sur le plan de la sécurité ; la perspective là est différente, ce n'est pas une perspective d'adhésion mais de partenariat. Mais il faut mettre un peu le projecteur aussi vers le Sud, et ce qui m'a sinon surpris, du moins conforté, c'est qu'à Helsinki comme ici à Stockholm, je me suis rendu compte que même dans les Pays nordiques, on était très ouvert à cette idée.